Notre existence a-t-elle un sens ? Jean Staune.
1- Relativité et théorie du Big-Bang - Implications philosophiques
En 1905, Einstein produit la théorie de la relativité (E=MC², cette fameuse équation permet d’expliquer
que les quantités de mouvements de deux particules élémentaires qui entrent en collision vont
contribuer à créer une nouvelle particule).
Le temps et l’espace n’étant donc plus des absolus, ils peuvent avoir une origine. C’est ainsi qu’en
suivant la théorie d’Einstein, Friedmann et Lemaitre vont poser les bases de la théorie du « Big-
Bang ». Un commencement du temps et de l’espace peuvent se déduire logiquement de la relativité.
Comme le dit Hubert Reeves : « l’univers a une histoire ». Il est en changement, il a un début et une
fin, il évolue. Il y a 15 milliards d’années, l’univers était beaucoup plus chaud, plus lumineux, plus
dense, c’est ce que l’on nomme le Big-Bang. L’univers des premiers temps était chaotique, mais les
particules élémentaires avaient le potentiel pour s’associer. Elles ont fabriqué des systèmes structurés
de plus en plus complexes selon les lois de la physique, du déterminisme, du hasard... Aujourd’hui
l’univers est admirablement structuré à toutes les échelles (atomes, molécules, cellules vivantes,
planètes, étoiles, galaxies…).
2- Physique quantique - Implications philosophiques
En 1926, les découvertes de la mécanique quantique conduisent Heisenberg à énoncer le principe
d’incertitude qui stipule que l’on ne peut connaître à la fois la position et la vitesse d’une particule.
En 1935, Einstein remet en cause ce principe, en raison du caractère fini de la lumière.
En 1982, sous la direction du français Bernard d’Espagnat, l’expérience d’Alain Aspect prouve pour la
première fois la non séparabilité : il existe un lien qui relie deux particules. Ce lien va six millions de
fois plus vite que la vitesse de la lumière et ne dépend ni du temps ni de l’énergie ni de l’espace.
Cette découverte oblige à postuler que notre monde ne s’explique pas entièrement par lui-même,
qu’il n’est pas autosuffisant et qu’il y a une limite absolue à la connaissance que nous pouvons avoir du
monde.
Un principe créateur devient nécessaire pour expliquer l’univers, d’Espagnat parle de « sentiment
d’une grandeur qui nous dépasse », « une partie du réel ne sera jamais accessible parce qu’il n’est
pas dans le temps, pas dans l’espace, pas dans la matière ».
3- Emergence d’une nouvelle vision du monde - Implications
philosophiques
L’homme non (uniquement) neuronal
Jean-Pierre Changeux, ancien élève de Jacques Monod, dit : « l’homme est un homme neuronal qui
n’a plus rien à faire de l’esprit ». Serons-nous tous alors un jour remplacés par des machines ?
Jean-François Lambert (psychophysiologiste) pose la question : « sommes-nous assimilables à un
ensemble de processus formalisables, reproductibles dans une machine » ?
Dans une expérience, Benjamin Libet enregistre ce qui se passe au niveau du cerveau d’une
personne qui appuie sur un bouton. Il en conclut qu’une grande partie de nos gestes se font
inconsciemment mais qu’à tout moment nous pouvons arrêter un mouvement non encore effectué mais
déjà initié. C’est la première expérience scientifique qui permet de dire qu’il existe une différence entre
le moi et le cerveau. Contrairement à ce que pensent les scientifiques classiques, l’homme est
responsable de ses actes, il est son libre arbitre. (Modèle de l’arbitre dans un match de football).
Jean-François Lambert a obtenu les mêmes conclusions en interprétant des
électroencéphalogrammes effectués sur des moines tibétains en pleine méditation et recevant un flash
dans les yeux. Ces expériences apportent aussi la preuve particulièrement nette d’une déconnexion
entre le neuronal et le mental. La connaissance de l’état neuronal de ces sujets ne peut permettre
d’en déduire leur état mental à l’instant où l’expérience est effectuée.
Tout cela nous montre que ce qui nous constitue fondamentalement échappe partiellement à la
description. Si l’homme ne peut se passer des neurones pour être conscient, notre conscience est un
phénomène plus vaste qui ne peut s’interpréter uniquement au plan neuronal.