Document 1 : Tozeur ravagée par le tourisme
Tozeur est une petite ville de Tunisie, à la frontière de l'Algérie et au nord-est du Sahara. C'est aussi, irriguée par 200
sources, l'une des oasis les plus célèbres du monde. Elle abrite une splendide palmeraie de plus de 1 000 hectares avec
400 000 arbres. Un véritable coin de verdure entouré de dunes (erg) et de désert de pierre (reg). Depuis des
générations, la palmeraie nourrit les êtres humains qui y vivent... La production maraîchère (salades, blettes, carottes,
bananes, dattes...) garantit l'équilibre alimentaire d'une population sédentarisée ; l'organisation agricole, centrée sur
une utilisation raisonnable de l'eau, permet une production vivrière importante...
Or ce fragile équilibre économique et social va être fortement remis en question au début des années 1990, période
durant laquelle le gouvernement donne la priorité au tourisme international II finance la construction d'un aéroport
international à Tozeur pour désengorger la côte surpeuplée de la Méditerranée. Une douzaine d’hôtels de grand
standing apparaissent pour attirer des touristes du monde entier vers des séjours clés en main. Tout est garanti par le
tour-opérateur, de la fête berbère le soir, avec musiciens « folklorisés », jusqu'à la méharée de quelques heures sur des
dromadaires.
Coupés de toute communication avec la population locale les visiteurs participent à cet apartheid touristique dans la
juxtaposition d’un monde schizophrène où les quelques contacts existants sont d’origine commerciale.
Couplée à une fragilisation du régime des pluies et à une montée générale de la moyenne des températures annuelles,
la situation des agriculteurs de la palmeraie s'est ainsi fortement dégradée...
De plus, depuis l'année dernière, un chantier pharaonique de construction de golf en plein désert défigure les abords
de la palmeraie. Comment faire pousser du gazon avec 50°C à l'ombre durant la moitié de l'année ? C'est le pari
relevé par ce chantier de terrassement qui va puiser dans la nappe phréatique pour maintenir des gazons plantés en
plein désert. On peut donc penser que le pire est encore à venir ...
Claude LLENA Le Monde diplomatique, juillet 2004.
Document 2 : La Charte du développement durable (extraits)
Ce texte est le résultat d'une conférence mondiale tenue à Lanzarote (îles Canaries) en avril 1995, organisée par
l'Unesco, le programme des Nations Unies pour l'Environnement, l'Organisation Mondiale du Tourisme, la
Commission des Communautés Européennes...
« Les participants de la Conférence mondiale du Tourisme durable, réunis à Lanzarote, îles Canaries Espagne les 27 et
28 avril 1995,
Conscients que le tourisme est un phénomène de portée mondiale qui répond aux plus profondes aspirations de tous les
peuples, ainsi qu'un important élément de développement social, économique et politique pour de nombreux pays ...
S'inspirant des principes énoncés dans la Déclaration de Rio sur l'Environnement et le Développement, ainsi que des
recommandations de l'Agenda 21 ...
Considérant comme prioritaires la protection et la consolidation de la dignité humaine des populations locales tout
comme des touristes...
En appellent à la communauté internationale et demandent, en particulier, aux gouvernements, aux pouvoirs publics,
aux décideurs et aux professionnels du monde du tourisme, aux associations et aux institutions publiques et privées
dont les activités sont liées au tourisme et aux touristes eux-mêmes, d'adopter les principes et les objectifs de cette
Déclaration, qui sont les suivants :
1) Le développement touristique doit reposer sur des critères de durabilité; il doit être supportable à long terme sur le
plan écologique, viable sur le plan économique et équitable sur le plan éthique et social pour les populations locales...
3) L'activité touristique doit considérer ses effets induits sur le patrimoine culturel et sur les éléments, les activités et
la dynamique traditionnels de chaque population locale. La reconnaissance de ces facteurs locaux et le soutien de leur
identité, de leur culture et de leurs intérêts doivent être des points de référence incontournables lors de la conception
des stratégies touristiques, en particulier dans les pays en voie de développement...
7) Pour participer au développement durable, le tourisme doit se baser sur l'éventail de possibilités qu'offre
l'économie locale. Les activités touristiques doivent pleinement s'intégrer dans l'économie locale et contribuer de
manière positive au développement économique local ...
12) Le développement des formes alternatives de tourisme respectant les principes du développement durable ainsi
que la diversification des produits touristiques constituent des facteurs de stabilité, à moyen comme à long terme. Il
convient, dans ce sens, et en particulier dans le cas de nombreuses petites îles et des zones écologiquement fragiles, de
favoriser et de renforcer de manière active la coopération régionale ... / ...
Document 3 : Littoral, tourisme et urbanisation
Le littoral tunisien s’étend sur environ 1 300 km (…). Les côtes nord très bien arrosés offrent des paysages
pittoresques grâce à une population végétale qui croît sur un relief accidenté. Le littoral oriental est quant à lui
tributaire de ressources naturelles déterminantes. On y trouve des terres fertiles et des nappes phréatiques importantes.
L’accessibilité des côtes tant par voies terrestre que maritime a favorisé l’essor des activités économiques et
l’implantation humaine. (…).
Historiquement le littoral a toujours été occupé plus particulièrement sur la côté Est. On trouve en Tunisie plus de 200
sites antiques au bord de la Méditerranée tel Carthage, ville historique qui attire un flot considérable de touristes
chaque année. (…) Les plages constituent une ressource naturelle à exploiter entraînant le veloppement de
complexes balnéaires le long de la côte près des centres d’urbanisation actuels.
L’exemple de Hamman Sousse située au Nord Est de Sousse, qui a vu son économie muter et ses paysages se
transformer radicalement, illustre bien les nouvelles confrontations entre agricultures et urbanismes balnéaires. A la fin
des années 70, la création de la première station balnéaire de la Tunisie marque la fin d’une activité agricole
traditionnelle le long de la côte de cette région. Dès son ouverture, la station connaît un sucs économique qui
entraîne l’installation de nouveaux équipements touristiques. Cette urbanisation littorale tourne le dos à l’arrière-pays
et croît en bande étroite face à la mer en utilisant les espaces ruraux. Le paysage agricole qui présentait une agricole
traditionnelle des ouljas, parcelles agricoles sur le front de mer, s’est vu radicalement transformé en paysage hôtelier
de qualités architecturales douteuses. Il reste aujourd’hui quelques parcelles enclavées entre les hôtels. Il faut
également noter une tendance à l’abandon des activités agricoles afin de se tourner vers des activités touristiques
perçues comme plus lucratives, ce qui a pour effet une spéculation foncière autour des zones touristiques.
Document 4 : Les acteurs du développement touristique en Tunisie
L'essor touristique remonte à la période d'émergence du jeune État tunisien et à la volon de son leader Habib
Bourguiba.s 1960, le tourisme occupe une place de choix dans les plans de développement successifs. En 1959,
l'État tunisien intervient directement dans ce secteur en créant la Société hôtelière et Touristique de Tunisie (SI
FIT) qui devient le premier constructeur d'hôtels de Tunisie (90 % de la capacité d'hébergement en 1962). Depuis, sa
part a régressé (20% en 1964, 8 % en 1972, 4% eu 1985) ltat ayant décidé de vendre la totalité de son parc.
L'implication de l'État s'est aussi traduite par des encouragements apportés aux promoteurs touristiques. De
nombreuses mesures législatives ont permis d'encourager la production telière et touristique et d'accorder
des avantages aux industries qui, tel le tourisme, travaillaient pour l'exportation. (…) L'État a aussi multipl les
encouragements indirects aux promoteurs touristiques privés: création de l'Agence Foncière Touristique (AFT)
chargé d'établir des procédures d'acquisition des terrains par achat à l'amiable (droit de préemption) ou
confiscation pour cause d'utilité publique. De 1973 à 1980, l’AFT a réalisé 1500 acquisitions pour un coût global
de 3,5 millions de dinars. (…) À partir de 1975, des sources de financement extérieures ont été de plus en plus
fquemment sollicitées car le coût des réalisations telières se révélait excessivement élevé. Les sources de
financement ont d'abord d'origine européenne (Club Med avec Djerba la Douce en 1971 et Calypso en 1972), puis
arabes et en provenance du Moyen-Orient (Consortium koweïtien de développement immobilier, Consortium
tuniso-koweitien de développement, Compagnie touristique arabe, Banque tuniso-koweïtienne de développement,
etc.).
Document 5 : Un plan d’action et d’avenir pour le tourisme tunisien
[…] La réalité est toute autre. Une réalité qui s’est endurcie, eu égard aux objectifs ambitieux fixés par le Président de
la République, pour le secteur, à l’horizon 2014. Des objectifs pour la concrétisation desquels, il a fallu repenser
entièrement, la stratégie, l’approche, les moyens et les mécanismes.
L’étude stratégique de développement du tourisme à l’horizon 2014 n’a rien inventé de particulier, au niveau du
diagnostic du tourisme tunisien. Elle a confirmé ce qui a été établi, par deux précédentes études internationales,
désormais, restées dans les tiroirs, sans aucun suivi
La nouveauté de lactuelle étude, réside dans le fait qu’elle est accompagnée d’un plan d’action, daté, budgétisé. Pas
moins de cinq axes stratégiques, 20 actions prioritaires et 160 mesures sont issues de l’étude afin de rétablir de l’ordre
dans le secteur et de remédier aux multiples lacunes relevées par le diagnostic.
A l’exception d’un savoir-faire avéré et historique, l’état des lieux du tourisme tunisien n’est en rien reluisant. Dans le
diagnostic détaillé sur l'ensemble des composantes du secteur, réalisé par le Bureau d’étude Roland Berger, on y relève
plus de points faibles que de points forts.
Il est vrai que l’étude relève des atouts indiscutables de la destination Tunisie et de son tourisme. Il s’agit notamment
d’un emplacement géographie idéal, une histoire et un patrimoine riches, ainsi qu’une infrastructure moderne. Le
tourisme tunisien, souligne l’étude, s’est développé très tôt, suite à une politique volontariste de l’Etat, et sur la base
d’un savoir-faire unique. En tout cas, cela semble, le seul point positif du tourisme tunisien. Le diagnostic, ne relèvera
après, qu’une suite de points faibles, auxquels, il est impératif de remédier si, le tourisme national a envie de retrouver
son positionnement, en Méditerranée […]
D’ailleurs, 70% du chiffre d’affaires du secteur est réalisé au cours de la haute saison. Autre faiblesse du tourisme
tunisien, une offre d'hébergement peu diversifiée présentant une qualité hétérogène. Elle est principalement, avec plus
de 80%, une offre hôtelière avec en prime des unités en vieillissement. Sur les 240 mille lits en exploitation, environ
100 mille ont été construits, il y a plus de 20 ans. A cela s’ajoute, une qualité de services qui laisse à désirer, due à un
déficit de formation ainsi qu’une situation financière critique avec le surendettement du secteur. Un endettement
estimé à environ 3000 MD dont 800 MD, de dettes accrochées, et pour la résolution duquel, on a opté pour des
solutions au cas par cas, plutôt que pour une solution globale.
Insaf Fatnassi, « Tourisme tunisien : Un plan d’action, daté et budgétisé, pour assurer l’avenir », 19 août 2010,
[http://www.businessnews.com.tn/BN/BN-lirearticle.asp?id=1090714]. Consulté le 28 août 2010.
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