Détection: des spins au signal analogique
Daniel CANET
Nancy-Université
Introduction
Le moment de spin est un moment cinétique que l’on a du mettre en avant, dans un
premier temps, pour interpréter les états des systèmes multiélectroniques. L’électron possède
un spin ½, ce qui signifie que les deux valeurs possibles de la composante du moment de spin
selon un axe donné (généralement noté z) sont +1/2 et -1/2. En fait, il s’agit des deux valeurs
propres de l’opérateur de spin
, l’opérateur moment cinétique s’écrivant
(
: constante
de Planck divisée par 2. On pensait initialement que le moment cinétique de spin permettait
de décrire la rotation de l’électron sur lui-même (d’où son appellation) par analogie avec le
moment cinétique orbital qui décrit les mouvements de rotation de l’électron par rapport au
noyau. En fait, c’est uniquement grâce à son moment magnétique associé (
) que l’on
a pu mettre en évidence le spin électronique (expérience de Stern et Gerlach ; 1922). Au
surplus, le proton et le neutron possèdent également un spin ½. Pour le neutron (particule ne
possédant pas de charge électrique), l’existence d’un spin allait à l’encontre de l’idée
simpliste selon laquelle le moment magnétique associé (au moment de spin) provenait de la
rotation de charges électriques. Les expériences d’écho de spin en diffusion neutronique
viennent apporter un démenti cinglant à cette idée reçue. L’assemblage des spins des protons
et des neutrons fait que certains isotopes ne possèdent pas de spin, d’autres possèdent un spin
½, d’autres un spin 1, 3/2, 5/2 ou 7/2… La démonstration de l’existence du spin nucléaire
remonte à 1939 (expérience de Rabi), quelque temps avant l’avènement de la RMN (Bloch et
Purcell en 1945) . Bien que le moment magnétique du proton soit 658 fois plus faible que
celui de l’électron, la RMN a connu des développements beaucoup plus importants que la
RPE, cette dernière étant réservée aux systèmes possédant un électron non apparié (systèmes
paramagnétiques). En outre, les techniques actuelles de DNP permettent de transférer la
polarisation électronique vers les noyaux et de compenser ainsi les piètres performances de la
RMN par rapport à la RPE (en matière de sensibilité).
Moment magnétique individuel et aimantation microscopique
Si on s’intéresse à un seul moment magnétique nucléaire, la mécanique quantique est
inévitable. Si le système est soumis à un champ magnétique B0, on s’aperçoit qu’il existe deux