AGRICULTURAL TRADE AND FOOD SECURITY

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PARLEMENT EUROPÉEN
Direction-Générale des Études
NOTE À L’ATTENTION DE LA
COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA COOPÉRATION
LA SITUATION EN CÔTE D’IVOIRE
WIP 2002/10/0052
7-11-2002
PE 325.139
CONTENU
Page
I.
La Côte d’Ivoire en chiffres
1
II. Aperçu historique
5
III. Causes et origines du conflit
7
IV. La Côte d’Ivoire dans son contexte régional
14
V. Relations Côte d’Ivoire – Union Européenne
16
VI. Relations financières avec l’Union Européenne
17
VII. Conclusions
18
I - La Côte d’Ivoire en Chiffres
1) Données Géographiques
Superficie du pays : environ 322 465 km², dont 318 000 km² de terre et 4 460 km²
d'eau.
Situation Géographique : La Côte d'Ivoire est située en Afrique de l'Ouest et possède
3110 km de frontière terrestre avec ses voisins. Au Nord de celle-ci, on trouve le Mali
et le Burkina Faso , qui partagent respectivement 532 km et 584 km de frontière avec
la Côte d'Ivoire. A l'Ouest, la Guinée et le Liberia . A l'Est, le Ghana borde la frontière
de la Côte d'Ivoire sur 668 km. Finalement, on trouve l'Océan Atlantique au Sud.
La Côte d'Ivoire est un rectangle d'environ 500 km de côté d'Ouest en Est et de 700 km
du Nord au Sud.
Relief : La Côte d'Ivoire a un relief en général plat excepté dans les régions Ouest qui
sont légèrement montagneuses. On trouve la savane arborescente au nord du pays, de
luxuriante forêts tropicales au sud. A l'Ouest, on découvre une région forestière
montagneuse. Le point culminant de la Côte d'Ivoire est le Mont Nimba (1751 m). Le
littoral qui s'étend sur 515 km, représente quant à lui 174 km de réseau lagunaire
essentiellement à l'Est.
Les fleuves principaux de Côte d'Ivoire sont : La Comoé, Le Bandama et
le Sassandra.
La forêt ivoirienne est passée d'une surface d'environ 11 millions d'hectares en 1956 à
2.5 millions d'hectares en 2002.
2) Population
Population Totale : 15.98 millions d’habitants (données 2001)
Population Etrangère :
 Les Ivoiriens de souche représentent approximativement 65% de la population
 Cinq millions d’étrangers sont présents en Côte d’Ivoire dont 2,5 millions environ
venant du Burkina Faso, 800 000 du Mali, 230 000 de Guinée et sur les populations
non Africaines l’on trouve 30 000 Français et entre 100 000 et 300 000 Libanais.
Capitale politique : Yamoussoukro (environ 100 000 hab.)
Capitale économique et culturelle : Abidjan (2 500 000 hab.)
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Villes principales : Abidjan (2 500 000 hab.), Bouaké (450 000 hab.), Daloa
(102 300 hab.), Yamoussoukro (environ 100 000 hab.), Gagnoa (91 000 hab.),
 800 hab.), Man (59 500 hab.), Abengourou (50 600 hab.), San Pedro
Korhogo (87
(48 000 hab.)
Statistiques démographiques
Taux de croissance de la population : +2.58 % (estimation 2000)
Taux de natalité : 40.78 o/oo (estimation 2000)
Taux de mortalité : 16.57 o/oo (estimation 2000)
Ratio hommes/femmes : 1.03 (estimation 2000)
Taux d'alphabétisme : 48.5 % (hommes : 57 %, femmes : 40 %)
Taux de mortalité infantile : 95.06 o/oo (estimation 2000)
Les Ethnies en Côte d'Ivoire (environ 60) :
Au nord : Sénoufo (15 %), Malinkes (11%), Dioulas
Au centre : Baoulés (23%), Gouros, Mangoros
A l'Est : Abron, Agni, Lobis
A l'Ouest : Bétés (18%), Yacoubas, Dans, Guérés, Wobés, Krous, Didas
Au Sud : Ebriés, Adiokrous, Apolloniens, Abbeys
Langue officielle : Français
Autres langues : Dioula (la plus couramment parlée), Sénoufo (au Nord), Yacouba (à
l'Ouest), Baoulé (Centre et Sud Est)
Religions :
Les animistes représentent 65 % de la population, les musulmans 23 %, les chrétiens 12 %



Les religions traditionnelles africaines que l’on classe d’une manière générale comme
animistes sont restés majoritaires
L’Islam représente une force non négligeable avec environ 23 % de fidèles présents
majoritairement dans le nord du pays (particulièrement bien organisé en Côte d’Ivoire, la
religion islamique dispose de toute une hiérarchie, chapeauté par le Conseil supérieur
Islamique)
Le Christianisme malgré un regain d’intérêt actuel n’arrive qu’en troisième position
3) Agriculture - Industrie - Tourisme
La Côte d'Ivoire a une population de 15,98 millions et un PIB par habitants d'environ 630
euros.
La Côte d'Ivoire se situe parmi les plus importants producteurs et exportateurs de café, de
fèves de cacao et d'huile de palme. Malgré des tentatives de diversification de l'économie,
celle-ci est toujours largement dépendante des produits agricoles et des matières premières.
68% de la population travaille dans ces secteurs.
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Entre 1985 et 1991, la croissance économique fut lente. L'économie ivoirienne a été
forte à partir de 1994, suite à la dévaluation du franc CFA, et grâce au bon niveau des
prix mondiaux pour le cacao et le café. Durant ces années, les exportations d'ananas ont
augmenté, des gisements de gaz et de pétrole ont été découverts au large des côtes
ivoiriennes et le système bancaire a été partiellement libéralisé.
La dette internationale de la Côte d'Ivoire a été rééchelonnée, notamment grâce à l'action
de la France. Entre 1996 et 1998, la Côte d'Ivoire a connu un taux de croissance
économique annuel de 6%. Cette croissance s'est arrêtée brusquement en 1999 en raison
de l'instabilité politique, ainsi que d'une baisse des prix des exportations. L'économie a
reculé de - 2,5% en 2000 et de - 1% en 2001.
L'activité principale du pays est donc l'agriculture :
 Cacao (1er producteur mondial)
 Café
 Coton
 Poissons, crustacés : la pêche représente environ 100 000 tonnes par an
L'industrie est axée autour de l'exploitation des ressources naturelles suivantes : pétrole,
diamants, manganese, cobalt, bauxite, cuivre et l’on trouve également de l'industrie
chimique (cimenterie, raffinage du pétrole, savonnerie) et de l'agro-alimentaire
(brasseries, poudre de café).
Les principaux partenaires commerciaux sont : la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, le
Burkina Faso.
Le tourisme représente une part non négligeable de l'économie du pays. Chaque année
quelque centaines de milliers de touristes foulent le sol de la Côte d'Ivoire.
Monnaie : Franc CFA
La monnaie de la Côte d'Ivoire (et de toute la sous-région) est le franc CFA (100 Franc
CFA = 1 FF. 1 Euro = 655,957 Franc CFA). Le franc CFA a subi une dévaluation qui a
divisé sa valeur par 2 en 1994.
Drapeau : orange, blanc, vert
Hymne national : l'Abidjanaise
Devise nationale : Union, Discipline, Travail
Régime : parlementaire
4) Gouvernement - Politique
Chef de l'état : Président de la république élu par suffrage universel pour 5 ans
Président actuel : Laurent Gbagbo
Premier ministre actuel : Pascal Affi N’Guessan
Prochaine élections prévues en 2005
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Indépendance : obtenue le 7 Août 1960 (date fériée)
Découpage administratif: 16 régions, 58 départements, 229 sous-préfectures, 9000
villages
Principaux partis politiques :



Le FPI (Front Populaire Ivoirien), dont le chef est Laurent Gbagbo
Le PDCI (Parti Démocratique de la Côte d’Ivoire) crée par Félix HouphouëtBoigny et au pouvoir de 1960 jusqu’au coup d’état du Général Gueï en 1999.
Le RDR (Rassemblement des Républicains) dirigé par Alassane Dramane
Ouattara et dont la base électorale se trouve principalement dans le Nord de la
Côte d’Ivoire
Résultats des dernières élections

Les élections présidentielles du 22 octobre 2000 auxquelles 14 des 19 candidats
n’ont pas pu participer pour des motifs juridico-politiques;
Laurent Gbagbo (FPI) :
Général Robert Gueï :
Autres petits candidats du PIT + Indépendants :

59,36 % des voix
32,72 % des voix
7% des voix
Les élections législatives de décembre 2000 boycottées par le RDR avaient donné
le résultat suivant ;
FPI :
PDCI :
Indépendants (alignés sur le FPI) :
Parti des Travailleurs Ivoiriens (alignés sur le FPI) :
Parti Indépendant :
RDR : (mais réfuté par le RDR pour cause de boycott)
96 sièges,
94 sièges
14 sièges
4 sièges
8 sièges
5 sièges
Les élections municipales du 25 mars 2001 et auxquels tous les partis politiques ont
participés, ont donnés les résultats suivants :
RDR :
PDCI :
Les Indépendants :
FPI :
PIT :
Total Communes
64 communes
59 communes
38 communes
33 communes
1 commune
195 communes
Cela montre bien la force politique du parti de l’ancien premier ministre Alassane
Ouattara qui est sorti vainqueur de ces élections mais a aussi souligné le caractère
régional de l’assise électorale du RDR (majorité des communes situées au Nord du
pays).
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II- Aperçu historique

Colonie française de 1893 au 7 août 1960
La Côte d'Ivoire a été une colonie française de 1893 au 7 août 1960, date à laquelle elle a
acquis son indépendance. Elle avait reçu son autonomie interne en 1956 et était devenue
république autonome par référendum en 1958 dans le cadre de la Communauté française.

Première république (1960-1999) : le père de la nation, Houphouët-Boigny.
Félix HOUPHOUET-BOIGNY a été chef de l'état pendant les 33 ans qui ont suivis
l'indépendance. À sa mort le 7 décembre 1993, Henri Konan BÉDIÉ, alors président de
l'Assemblée nationale, est chargé de terminer son mandat.
Le 22 octobre 1995, Monsieur Bédié est élu président. Ce scrutin a été précédé par des
manifestations de rue, les plus graves de l'histoire du pays. Le RDR et le FPI alliés dans le
"front républicain" avaient en effet appelé au boycott actif de l'élection. Seul Francis Wodié
s'était présenté contre Bédié.
Le 24 décembre 1999 : une mutinerie de soldats se transforme en coup d'État, le premier de
l'histoire du pays. Le général Gueï annonce la destitution du président Bédié et la mise en
place d'un Comité national de salut public. Le président déchu est évacué en France via le
Togo par l'armée française (présente en Côte d'Ivoire à travers le 43ème BIMA).
Le 23 et 24 juillet 2000 : par référendum les ivoiriens se prononcent sur les projets de
constitution et de code électoral. Le "oui" remporte 87% des suffrages (avec une participation
de 56%). M. Ouattara1 avait appelé à voter "oui", tout en critiquant les conditions d'éligibilité
à la présidence incluses dans la Constitution. Le 9 août 2000 : le général Gueï est candidat à
l'investiture de l'ancien parti au pouvoir, le PDCI pour la présidentielle. Le PDCI refuse et le
général se déclare une semaine plus tard "candidat du peuple".
Le 6 octobre 2000 : la cour suprême de Côte d'Ivoire ne retient que 5 candidats sur les
19 déclarés pour participer aux éléctions présidentielles du 26 octobre 2000, éliminant
notamment 2 des 3 grands partis ivoiriens (le RDR de l'ancien Premier ministre Alassane
Ouattara et le PDCI qui présentait 6 candidats). Les États-Unis et l'Union Européenne
suspendent leur aide pour l'organisation des élections.
Le 23 octobre 2000 : la Commission nationale électorale (CNE) entreprend un laborieux
décompte des votes et rapidement M. Gbagbo annonce sa victoire. Le Général Gueï
interrompt le décompte des voix et se proclame président : Ce "hold up électoral" est aussitôt
dénoncé par la communauté internationale et par les partisans de M. Gbagbo qui descendent
dans la rue.
Alassane Ouatara, président du parti le “Rassemblement Des Républicains” (RDR), ex-premier ministre sous
M. Houphouët-Boigny, est l’un des poids lourd de la politique Ivoirienne. Musulman et originaire du Nord de la
Côte d’Ivoire, il est “l’icone politique” des populations musulmanes du Nord de la Côte d’Ivoire et est le centre
d’une controverse relativement à sa nationalité (Côte d’Ivoire ou Burkina Faso).
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La deuxième république: Laurent Gbagbo
Jeudi 26 octobre 2000 : la CNE publie les résultats définitifs du scrutin présidentiel, Laurent
Gbagbo a obtenu 59% des voix, et Gueï 32%. Le nouveau président est aussitôt investi. Le
RDR d'Alassane Ouattara demande l'organisation de nouvelles élections et lance ses partisans
dans les rues. De violents affrontements ethnico-religieux se produisent avec les militants
du FPI et les forces de l'ordre, des lieux de culte sont détruits. Il y aura officiellement
171 morts. Le calme revient après une rencontre entre Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara
(ADO).
Le pays devient plus calme dans les premiers mois de 2001. Cependant, des tensions
ethniques et religieuses persistent, dues aux relations tendues entre le régime de Gbagbo et le
RDR, le parti de Ouattara.
Le Président Gbagbo tente de jeter les bases d’une vie politique pacifiée, en formant
notamment un gouvernement d'unité nationale avec les 3 principaux partis politiques (FPI,
PDCI, PIT). Cela ne règle cependant pas totalement le problème des populations musulmanes
du nord du pays qui ne sont pas bien représentées au sein de l'assemblée nationale. Elles ne
représentent que 15 % des députés bien que formant 40% de la population, et il n'y a que
3 ministres du nord sur un total de 28 ministres.
C’est dans ce contexte que le 19 septembre 2002 plusieurs centaines de militaires
particulièrement déterminés et lourdement armés entre en rébellion contre les autorités du
pays. En une nuit, plus de 17 objectifs sont attaqués, le ministre de l’intérieur Ivoirien Emile
Boga Doudou est exécuté par les assaillants dés les premières heures du conflit et le Général
Gueï retrouvé mort dans une rue d’Abidjan2, plus de 40 % du territoire nationale tombent sous
le contrôle de l’armée rebelle. Depuis la Côte d’Ivoire se retrouve divisée de fait dans une
partition caricaturale entre un Nord pauvre, rural et musulman et un Sud riche, urbain et
chrétien.
L’exécution du Général Gueï par les forces loyalistes est formellement dénié par le gouvernement, et
effectivement rien n’est encore prouvé malgré de forts soupçons.
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III- Causes et Origines du Conflit
1) Introduction
Le coup d’état militaire du Général Gueï en décembre 1999 a été suivi par deux années
d’instabilités politiques en Côte d’Ivoire accompagné par un fort ralentissement économique
avec des taux de croissance négatifs en 2000 et 2001.
L’arrivée au pouvoir le 22 octobre 2000 du socialiste et opposant historique de HouphouëtBoigny, Laurent Gbagbo, avait pourtant ouvert des perspectives très positives en marquant le
retour à l’alternance démocratique et à la légalité. Cela s’était ensuite apparemment confirmé
par de réels efforts de dialogue et de réconciliation national symbolisé notamment par le
rétablissement de la nationalité ivoirienne3 du chef du parti d’opposition (le RDR) Alassane
Ouattara en juin 2002 et la formation d’un gouvernement d’Union Nationale en août 2002.
Cette évolution positive vient de se voir brutalement effacé par une mutinerie et un coup
d’état manqué, le 19 Septembre 2002, qui ont plongée la Côte d’Ivoire dans une guerre
fratricide menacent non seulement l’unité territoriale et politique du pays mais pouvant aussi
à terme déstabiliser et avoir des répercussions très graves sur l’ensemble de la Région de
l’Ouest Africain. Les motifs, l’origine et la force financière et militaire des rebelles qui
mènent l’offensive paraissent relativement mystérieux et si nul n’ignore que ceux-ci veulent
renverser le gouvernement du président Gbagno, personne ne sait encore avec certitude qui
est véritablement derrière cette armée rebelle. Ce qui ne fait aucun doute, c’est que pour la
première fois de son histoire, la Côte d’Ivoire se retrouve divisée de fait selon des critères
ethniques et religieux : les mutins contrôlent le Nord Musulman – majoritairement dioula,
sénoufro et malinké- tandis que le régime de Laurent Gbagbo contrôle le Sud –
majoritairement bété et baoulé.
Quelque soit l’origine des mutins, ce basculement dans la guerre est directement lié aux
graves tensions politiques, militaires et ethniques que vit la Côte d’Ivoire depuis quelques
années: on peut donc en tirer certains éléments explicatifs pour tenter d’expliquer la chute
brutale d’un pays qui jusqu’en 1999 était l’un des pays les plus stables et les plus prospères
d’Afrique.
2) Eléments clés pour comprendre la crise actuelle…
 La Côte d’Ivoire ; Une terre d’immigration
Terre d’accueil de tous les communautés des pays frontaliers, la réputation de « miracle
économique » de la Côte d’Ivoire en a fait un pays multiethnique et multiconfessionnelle.
Même avant les récentes vagues d’immigration économique, la Côte d’Ivoire était déjà un
pays extrêmement diversifié avec plus de 60 ethnies pouvant se regrouper – selon des critères
linguistiques, religieux et culturels – en 4 grandes « familles » qui elles mêmes se subdivisent
entre une ethnie « majoritaire » et une dizaines de petites ethnies.
Il n’est toujours pas très clair si M. Ouattara est où non présidentiable dans la mesure où pour pouvoir se
présenter aux élections présidentielles (selon la nouvelle constitution) il faut non seulement être Ivoirien (ce qui
est maintenant reconnu pour M. Ouatarra) mais aussi ne s’être jamais prévalu d’une autre nationalité (ce qui ne
semble pas être le cas de M.Ouattara dans la mesure où celui-çi a représenté le Burkina Faso au sein du FMI)
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Les racines ethniques du conflit militaire qui secoue actuellement la Côte d’Ivoire sont
indéniables, et la connaissance des grandes familles ethniques permet aussi de mieux
comprendre les formations, les alliances politiques ainsi que l’origine ethnique des hommes
d’état Ivoiriens.
Composition Ethnologique de la Côte d’Ivoire




Composition Ethnolinguistique de la Côte d’Ivoire :
Le groupe Mandé (Nord Ouest ref. 1 et 2 - 16 %), principale ethnie : Malinké / Dioula
Le Groupe Voltaïque (principalement Nord ref 3 – 16,3%), principale ethnie : Sénoufo
Le Groupe Akan (Centre, Sud et Sud Est ref 5 – 41,8%), principale ethnie : Baoulés
Le Groupe Krou (Sud Est ref 4 - 14,6 %), principale ethnie : Bété
La ligne de front actuelle gelée par le cessez le feu conclue le 17 octobre 2002 entre les
militaires rebelles et le gouvernement Ivoirien (ligne noire sur le plan 2) épouse presque
parfaitement les divisions ethniques entre les ethnies du nord (Malinké, Dioula, Sénoufo) et
les ethnies du Sud (Baoulés et Bété), entre des populations à majorité Musulmane qui au nord
se sentent humiliées et dénoncent les mesures discriminatoires prises à leur encontre et les
populations du Sud, en majorité de religion chrétienne et animistes qui se sentent
« colonisés » par les populations du Nord.
Cette vision un peu simpliste transmise par les médias occidentaux sur la crise Ivoirienne n’en
détient pas moins un fond de vérité dans un pays au sein duquel un tiers de la population est
d’origine étrangère et où la forte population immigrée dans les départements du Sud (à
Abidjan un habitant sur trois est immigré) crée un potentiel de xénophobie qui n’attend qu’à
être exploité par les politiciens. Il y a approximativement cinq millions d’immigrés Ouest
Africains en Côte d’Ivoire, dont la moitié originaires du Burkina Faso (ainsi que du Mali et
Guinée) et venus pour travailler dans les exploitations de café, cacao et palmiers ce qui fait
que le secteur agricole est assez dépendant de ces travailleurs immigrés.
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La crise économique et la ferveur politique nationaliste alimentée par les responsables
politiques a accentué les sentiments racistes dans certaines circonscriptions envers les
étrangers et, plus récemment, envers les Ivoiriens du Nord venant de régions frontalières du
Burkina Faso de Guinée et du Mali.
Si le contexte économique et politique actuel est particulièrement propice au développement
de sentiments de xénophobie, il faut relativiser cette division Nord - Sud, Chrétienne Musulmane dans la mesure où cela n’est certainement pas la seule cause de la situation
critique actuelle. Felix Houphouët-Boigny, à la tête de la Côte d’Ivoire de 1960 à 1993, à
ainsi su rester au pouvoir pendant plus de 30 ans en reposant sur une alliance forgée entre les
Dioulas, musulmans nordistes et les Baoulés, animistes et chrétiens du centre sud (dont il
faisait partie). Et le fait qu’aujourd’hui le président légitimement élu, Laurent Gbago, soit issu
d’une éthnie minoritaire, les Bétés, tend à montrer que l’esprit clanique et les divisions
ethniques en Côte d’Ivoire sont peut être plus récents et moins déterminants que l’ont ne le
laisse penser. Ce qui est néanmoins absolument certain c’est que depuis la mort de Felix
Houphouët–Boigny, les leaders politiques ont exploités les divisions ethniques à des fins
électoralistes et pour se débarrasser de leurs rivaux, ce qui a engendré haine et peur parmi des
populations qui avaient vécus relativement harmonieusement pendant des décennies.
 Exacerbation politique des tensions ethniques
Les tensions ethniques actuelles trouvent leurs origines dans les campagnes et discours
politiques dont le point central depuis un dizaine d’années a été la notion de citoyenneté
ivoirienne. Trois président successifs, Bédié, Gueï et dans une moindre mesure Gbagbo, ont
placé la question de la citoyenneté au centre du programme politique de leur parti.
 En 1995, le président Henri Konan Bédié fut le premier à invoquer le concept d’ivoirité,
principalement pour discréditer un de ses puissants rivaux politiques, le musulman Allassane
Ouatara, lui aussi « héritier » ex-premier ministre et proche politiquement du défunt
Houphouët-Boigny.
 Ensuite le Général Gueï après avoir mené son coup d’état pour renverser un
gouvernement perçu comme incapable et corrompue, et réparer les injustices faites au nom du
principe d’Ivoirité, prend goût au pouvoir et va institutionnaliser la ségrégation ethnique en
introduisant une nouvelle constitution, approuvée par référendum en juillet 2000 et exigeant
que les deux parents soient ivoiriens de naissance pour pouvoir se présenter aux élections
présidentielles. Cet amendement visait clairement à exclure du scrutin Alassane Ouattara
perçu comme un rival politique dangereux et fut confirmé par une décision controversée de la
Cour Suprême le 6 octobre 2000 qui disqualifia quatorze des dix-neuf candidats présidentiels
pour des motifs de nationalité douteuse.
 Le nouveau président Gbagbo n’est lui même pas totalement exempt de critiques dans la
mesure où ayant accédé au pouvoir grâce aux manifestations populaires le soutenant face au
Général Gueï qui ne voulait pas reconnaître sa défaite électorale, celui-ci n’a pas réorganisé
de nouvelles élections présidentielles auxquelles l’ensemble des hommes politiques Ivoiriens
y compris Ouattara auraient pu se présenter. Le fait que les élections d’octobre 2000 ayant
amené Gbagbo aient été vicié, a certainement discrédité d’une certaine manière les efforts
importants que le président a fait par la suite pour tenter de lancer un véritable mouvement de
réconciliation nationale. Cependant, ce processus de réconciliation nationale engagé par
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Gbagbo et symbolisé par la formation d’un Gouvernement d’Union Nationale en Août 20024
ouvert à tous les partis représentatifs que compte la Côte d’Ivoire (PDCI, FPI, RDR, PIT)
montre bien que déjà avant cette crise, Gbago avait compris à quel point les divisions
ethniques pouvaient devenir dangereuses pour la Côte d’Ivoire.
En fait, l’un des grands problèmes de la vie politique Ivoirienne depuis 1995 a toujours été le
manque de confiance totale entre les quatre grands ténors de la vie politique Ivoirienne ;
Laurent Gbagbo, Robert Gueï, Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara qui, depuis
le départ du président Houphouet-Boigny se sont livrés à un combat féroce pour le pouvoir où
tous les coups étaient permis, à commencer par l’arme ethnique et la xénophobie.
Il faut aussi ajouter qu’à la division politique et maintenant militaire de la Côte d’Ivoire, les
Médias Ivoiriens ne sont pas en reste et la presse souffle sur les braises de l’ethnicisme et de
la xénophobie. La Radio Télévision Ivoirienne (RTI) a annoncé le 20 octobre 2002 que, pour
sauver la Côte d’Ivoire, il fallait …expulser les Burkinabés, et il semble qu’en général la
presse écrite Ivoirienne ne soit pas vraiment prête à prêcher la modération.
 Le coup d’état de 1999 / Politisation de l’armée
Le coup d’état militaire du Général Gueï en décembre 1999 a clairement donné le mauvais
exemple aux militaires Ivoiriens qui pensent qu’ils peuvent et doivent dorénavant peser sur le
destin politique de leur pays. Un coup d’État manqué le 8 janvier 2001, puis la crise actuelle
ouverte par la mutinerie à Abidjan d’un bataillon appelé à être démobilisé ont tous les deux
pour origine le mécontentement et le sentiment d’impunité des militaires recrutés par le
Général Gueï5.
Pourtant l’histoire de l’armée Ivoirienne est extrêmement récente. En 1990, la Côte d’Ivoire
n’a pas d’armée. Partant du principe « pas d’armée, pas de coup d’état », Félix HouphouetBoigny s’en passe aisément et compte sur l’armée française « prépositionnée » sur une base
attenante à l’aéroport d’Abidjan pour le prémunir des agressions extérieures. Pour les besoins
du maintien de l’ordre, la police et une gendarmerie bien équipée font l’affaire. Ce n’est qu’à
la fin de son règne plus que trentenaire que le président Houphouet-Boigny met en place une
véritable armée, en partie en raison des troubles et des émeutes qui secouent le pays qui se
trouve dans une mauvaise passe économique. Il en confiera le commandement au Saint
Cyrien, le général Robert Gueï.
Bon nombre des rebelles aujourd’hui en lutte contre le pouvoir du président Gbagbo sont
d’anciens officiers et sous officiers déserteurs ou limogés qui ont fait leurs premières armes
sous le commandement du Général Gueï. Ceux ci, depuis la réussite du putsch de décembre
1999 – parti d’une banale revendication d’indemnités non payées par l’Etat Ivoirien à propos
d’une mission de paix de l’ONU qu’ils avaient effectuée en République Centrafricaine - ont
fait l’expérience de l’impunité militaire. Cet état d’esprit au sein de l’armée constitue l’une
des nombreuses épines dans le pied du pouvoir et fragilise grandement les fondements
démocratiques de la Côte d’Ivoire.
Le RDR (Parti de Ouattara) obtint trois ministères dont le Transport, l’Education et le Commerce Extérieur et
le PDCI (Parti crée par Houphouet-Boigny) obtint deux ministères, travaux publiques et Industries, un proche du
Général Gueï obtint un ministère.
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Pas moins de six tentatives de coup d’état entre décembre 1999 et janvier 2001.
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3) Situation Actuelle de la Côte D’Ivoire
 Division du Pays – Gel du front de Guerre – Derniers Développements
 Le jeudi 17 octobre 2002, les rebelles Ivoiriens ont signé, à Bouaké (deuxième ville de
Côte d’Ivoire et fief des rebelles), un accord de cessation des hostilités à l’issue d’une
rencontre d’une heure et demi avec le ministre Sénégalais des affaires étrangères, Cheikh
Tidiane Gadio, mandaté par la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest
(Cedeao – Ecowas), qui a mené les médiations depuis le début du soulèvement. Cet accord
avait au préalable reçu l’assentiment de principe du gouvernement Ivoirien et du Président
Gbagbo qui n’a cependant rien signé à ce jour (28-10-2002).
 Ce sont les forces françaises déployées en Côte d’Ivoire qui ont assuré le contrôle du
cessez le feu. Les militaires français ont donc entamé le lundi 21 octobre 2002, le déploiement
de leurs forces sur une ligne médiane traversant le pays d’est en ouest.
Les forces françaises actuellement en Côte d’Ivoire sont de 1 300 hommes. Leur mission
première était tout d’abord l’évacuation et la sécurisation des Français (« opération
Licorne »), et dans ce cadre les troupes françaises sont présentes à Yamoussoukro, qui abrite
l’état-major de l’opération Licorne, à Tiébissou et à Brobo (25 km. à l’est de Bouaké). Cette
mission se limite aujourd’hui à veiller à la sécurité d’une poignée de ressortissants français –
des religieux pour la plupart – restés sur leur terre d’adoption après les évacuations menées
sans accroc à Bouaké (centre), puis Korhogo (nord) ; et si besoin, d’assurer la protection des
20 000 expatriés établis plus au sud, dans les régions tenues par les forces loyalistes.
Un peu plus de la moitié du milliers d’hommes participant à l’opération Licorne a été
mobilisé pour le déploiement d’une force de paix, et ce en attendant la mise en place d’une
force d’interposition de la Cedeao. La force d’interposition (à 450 km au nord d’Abidjan)
passe par les régions de Man et de Trouba, et, plus au centre, entre les villes de Daloa, reprise
par l’armée régulière et de Vaoua, contrôlée par les insurgés. Ce dispositif n’est pas
uniquement statique mais également mobile avec des patrouilles sur les axes routiers pour
assurer le respect du cessez le feu.
 Mercredi 23 octobre 2002, le groupe de contact de la Cedeao (= Ecowas) s’est réuni au
niveau des chefs d’états pour désigner un coordinateur chargé d’organiser des négociations
entre le gouvernement et les rebelles. Au groupe de contact comprenant le Ghana, GuinéeBissau, le Mali, le Niger, et le Togo s’est rajouté l’Afrique du Sud en sa qualité de présidente
de l’Union Africaine. A été désigné le président Togolais Gnassingbe Eyadema qui a souligné
l’importance pour les deux parties de faire des concessions.
 Vendredi 25 octobre 2002, les chefs d’états majors sont censés se retrouver à leur tour pour
décider des modalités de l’envoi d’une force tampon pour assurer la relève de l’armée
française. Le mouvement pourrait se faire en deux temps : envoi dans les dix jours d’un petit
nombre d’observateurs qui travailleraient aux cotés des Français en attendant la constitution
d’une force régionale dont l’arrivée n’est pas envisagée avant la mi-novembre6.
6
Peu de précision quant à l’effectif prévue. On parle d’un engagement allant de 1 000 à 2 000 hommes.
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 Qui se trouve derrière les rebelles ? Pays voisin ou homme d’état Ivoirien ?
S’il semble évident que les rebelles ont pour objectif le renversement du régime de Gbagbo et
ont le soutien pour le moins tacite des populations rurales musulmanes du nord du pays, il est
pour l’instant très risqué et incertain de se prononcer sur les véritables organisateurs du
mouvement armée ainsi que sur l’origine des fonds. Homme politique Ivoirien, Etat étranger
ou alliance de plusieurs partis, les hypothèses les plus folles circulent et l’ont ne peut que se
limiter à retransmettre les rumeurs reprises par la presse Ivoirienne et étrangère.
Implication du Général Gueï ?
Le Général Gueï dont le corps criblé de balles a été retrouvé le soir du 19 septembre 2002
dans les rues d’Abidjan a d’abord été le coupable désigné par le gouvernement de Gbagbo, et
beaucoup de sources avancent (sans aucune preuve) qu’il aurait été tué par les forces
gouvernementales. Etait-il à la tête des insurgés lorsqu’il fut tué, ou bien fut-il enlevé de son
domicile d’Abidjan pour être sommairement exécuté ? Pour l’instant aucune réponse ne peut
être donnée.
Une semaine avant le début de l’insurrection, il avait annoncé avec fracas le retrait du
gouvernement d’union nationale formée en août 2001 de l’unique ministre issu de son parti.
Dès l’annonce de son implication dans la mutinerie, son proche entourage a immédiatement
répondu par un vigoureux démenti.
Implication d’Alassane Dramane Ouattara ?
Le Rassemblement des Républicains et Alassane Ouattara, dont les rebelles réclament
l’éligibilité, ont formellement condamné le soulèvement armé du 19 septembre 2002.
Si Alassane Ouattara est la figure de proue politique des ethnies musulmanes du nord, il
semble qu’il se soit trouvé en grand danger au moment de l’insurrection (il accuse le
gouvernement d’avoir tenté de l’assassiner), ce qui l’a amené à devoir se réfugier à
l’ambassade d’Allemagne avant de rejoindre l’Ambassade de France où il se trouve encore. Il
est probable que si celui-ci avait été au courant de l’incursion armée , il aurait pris certaines
précautions essentielles pour assurer sa sécurité et s’éloigner d’Abidjan. De nombreux
Ivoiriens favorables au gouvernement accusent M . Ouattara d’être mêlé à l’insurrection et
demandent aux autorités françaises que celui-ci leur soit livré.
Implication d’un état étranger ?
Le soulèvement Ivoirien divise l’Afrique de l’Ouest. Certains états africains, le Nigeria, le
Ghana ou le Liberia se sont engagés à soutenir militairement (mais modestement) le
gouvernement légitime. D’autres états sont plus silencieux et sont soupçonnés par la Côte
d’Ivoire de soutenir discrètement les rebelles. Ceux-ci sont les états qui ont une forte
population immigrée en Côte d’Ivoire, notamment la Guinée, le Mali et surtout le Burkina
Faso, et s’inquiètent des dérives nationalistes des politiciens Ivoiriens ces dernières années.
Les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont extrêmement tendues, les cadres
de l’armée rebelle semblent avoir passés ces dernières années à s’organiser à Ouagadougou
(capitale du Burkina) et la Côte d’Ivoire accuse le Burkina Faso de complicité avec les
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PE 325.139
rebelles 7. Même si le Burkina a réfuté toute implication dans le conflit, il semble qu’à
Ouagadougou, la population ne cache pas sa sympathie pour les mutins, et le fait que Ouattara
soit originaire du Burkina, ne fait qu’envenimer les choses. Un article du 18 octobre 2002
dans le journal Le Monde cite un diplomate occidental, selon lequel le pouvoir à
Ouagadougou aurait cherché à favoriser l’installation d’un « régime ami » à Abidjan afin de
pérenniser la présence en Côte d’Ivoire de 2,5 millions de ses ressortissants, dont l’épargne
fait vivre l’Ètat burkinabé. Cette affirmation n’est absolument pas prouvée mais participe à
l’analyse générale de la situation actuelle.
De toute manière, un affrontement entre les deux pays aurait des conséquences
catastrophiques, tant les deux économies sont liées, et représenterait des déplacements massifs
de la population ce qui pourrait déstabiliser l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. La Côte
d’Ivoire représente prés de 40 % de l’activité économique de l’Afrique Francophone, et pour
des pays enclavés comme le Burkina Faso ou le Mali, le port d’Abidjan est un débouché
naturel très important vers la mer.
7
Aucune preuve ne démontre l’implication du Burkina Faso auprés des rebelles
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IV - La Côte d'Ivoire dans son contexte régional
La Côte d'Ivoire est membre de l'UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine)
et du CEDEAO.
 L’UEMOA (L’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine) a été créée par le Traité
signé à Dakar le 10 janvier 1994 par les chefs d’État et de gouvernement des sept pays de
l’Afrique de l’Ouest ayant en commun l’usage d’une monnaie commune, le Franc CFA
(Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo). Le Traité est entré en
vigueur le 1er août 1994, après sa ratification par les États membres (le 2 mai 1997, la GuinéeBissau est devenue le 8ème Etat membre de l’Union). L’UEMOA est représentée par un logo
symbolisant la croissance, l’union, la solidarité et la complémentarité entre les Etats côtiers et
les Etats sahéliens.
Dans le contexte de l'UEMOA, la Côte d’Ivoire reçoit indirectement des aides importantes de
l'Union Européenne. Le pays constitue l'économie la plus puissante de l’Union, représentant
40% de son PNB global et reçoit des milliers d'ouvriers émigrants de pays limitrophes.
Sa stabilité est importante, politiquement et économiquement, pour toute l'Afrique de l'Ouest.
 La CEDEAO /ECOWAS « Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest»
a été créée en vertu d’un traité signé le 28 mai 1975 à Lagos (Nigéria) 8. Regroupant tous les
pays de l'Afrique de l'Ouest (les 8 pays ouest-africains de la Zone franc CFA + Cap Vert,
Gambie, Ghana, Guinée, Libéria, Nigeria, Sierra Leone), la CEDEAO (ECOWAS en anglais)
a pour missions de promouvoir la coopération et le développement dans tous les domaines de
l'activité économique et abolir à cette fin les restrictions au commerce, supprimer les obstacles
à la libre circulation des personnes, des services et des biens, et enfin assurer l'harmonisation
des politiques sectorielles régionales.
L'objectif majeur reste la constitution d'un vaste marché commun ouest-africain et la création
d'une union monétaire pour l'an 2004. Force est de constater que les résultats obtenus ne sont
pas à la hauteur des ambitions, pour de nombreuses et complexes raisons. Les pays ouest8
Le but de la communauté est de promouvoir la coopération et le développement dans tous les domaines de
l’activité économique avec pour objectif d’élever le niveau de vie de ses peuples, d’accroître et de maintenir la
stabilité économique, de renforcer les relations entre ses membres et de contribuer au progrès et au
développement du continent africain.
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africains de la Zone Franc sont membres de la CEDEAO mais leur action d'intégration se
déroule surtout au sein de l'UEMOA
La CEDEAO est très impliqué dans la crise et craint véritablement un embrasement régional
de la crise, d'autant plus redoutée que même affaiblie par les mutineries et les putschs à
répétition, la Côte d'Ivoire reste un des poids lourds d'une zone qui se remet à peine des
guerres civiles du Liberia et de la Sierra Leone. Le 23 octobre 2002, le groupe de contact de la
Cedeao s’est réuni au niveau des chefs d’états pour désigner un coordinateur chargé
d’organiser des négociations entre le gouvernement et les rebelles. Le 25 octobre 2002, les
chefs d’états majors se sont retrouvés à leur tour pour décider des modalités de l’envoi d’une
force tampon pour assurer la relève de l’armée française. Le mouvement pourrait se faire en
deux temps : envoi dans les dix jours d’un petit nombre d’observateurs qui travailleraient aux
cotés des Français en attendant la constitution d’une force régionale d’environ 500 hommes
dont l’arrivée n’est pas envisagée avant la mi-novembre.
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V - Relations Côte d’Ivoire – Union Européenne
Les relations avec l'UE étaient traditionnellement bonnes ;
La Côte d'Ivoire était l’un des principaux pays bénéficiaires de STABEX (Système de
stabilisation des exportations - mécanisme des Conventions de Lomé).
 Entre 1991 et 1997, les déboursements de l'UE dans le cadre de FED ont été de quelque
100 millions d'euros par an.
 En 1998, de graves irrégularités liées à des affaires de corruption ont été mis à jour. En
conséquence, en 1998 les déboursements n'ont atteint que 45 millions d'euros. Les montants
en 1999 n'ont été que de 12,5 millions et n'ont atteint que 11 millions en 2000. Suite à la
découverte de ces irrégularités, les sommes détournés ont été intégralements remboursés par
la Côte d’Ivoire et les coupables traduits en justice.
 Le coup d’Etat du Général Gueï le 24 décembre 1999 s’est traduit par la suspension des
versements de la part de l’Union Européenne
 Suite à de nouvelles consultations dans le cadre de l'article 96 de Cotonou, l'UE a décidé,
le 25 juin 2001, une reprise graduelle de la coopération, soumise aux conditions suivantes:
- progrès dans le domaine de la réconciliation nationale;
- enquêtes sur les accusations de violation de droits de l'homme;
- aucune impunité pour les militaires et gendarmes impliqués dans les violations de droits
de l'homme;
- réformes du système judiciaire pour assurer son indépendance;
- campagne contre la xénophobie.
L'UE a fixé deux dates-seuils pour la reprise de la coopération :
- le 5 novembre 2001, l'UE a décidé que les conditions étaient remplies pour passer à une
reprise graduelle vu les progrès dans le programme de dialogue national vers la réconciliation;
- en février 2002, l'UE a finalement déclaré la reprise totale de la coopération, qui était
considérée comme condition préalable par une grande partie des bailleurs de fonds
internationaux. Un "staff monitoring program" du FMI a été mis en place en juillet 2001 pour
six mois. Suite à la décision de l'UE de reprendre la coopération avec la Côte d'Ivoire, le FMI
a annoncé le 27 mars 2002 le déblocage d’une enveloppe de US$365 millions, déployée sur
une période de 3 ans dans le cadre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et la
croissance (FRPC).
Dans le contexte de la crise actuelle, nulle action spécifique n’a été mise en place par la
Commission Européenne ni aucune suspension de coopération envisagée, les projets suivants
sont en cours de réflexion (mais à ce jour pas encore confirmés) :
- Poul Nielson doit se rendre le 28 et 29 novembre à Ouagadougou dans le cadre du
Sommet de l’Union Africaine. À cette occasion, il est prévu qu’il rencontre les Présidents
du Burkina Faso et du Mali. Une rencontre avec le président de la Côte d’Ivoire n’est pas
organisé mais serait manifestement approprié dans le contexte actuel;
- Les instruments de coopération financière entre l’UE et la Côte d’Ivoire sont maintenues
dans les mêmes conditions qu’auparavant;
- Une aide financière de l’UE pourrait être débloquée pour contribuer à la mise en place de
la force de paix sous l’égide de la Cedeao, et ce dans le cadre du mécanisme européen de
la force de réaction rapide.
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VI - Relations financières avec l'UE
Entre décembre 1998 et mai 1999, des audits du programme d'ajustement structurel ont
démontré des irrégularités graves de la part de la Côte d'Ivoire. En septembre 1999, selon
un accord signé par le gouvernement de la Côte d'Ivoire et la Commission, les autorités
ivoiriennes ont accepté de rembourser des fonds en question, de renforcer les procédures de
contrôle, et de poursuivre en justice les fraudeurs. Malgré le coup d'État militaire, toutes les
sommes ont été remboursées, les responsables ont été poursuivis et les contrôles ont été
renforcés.
Les 7ème et 8ème FEDs, sont actuellement en cours et déboursé à hauteur de 98,5% et
53,7% respectivement. En 1999, la somme totale des engagements était de 51,6 millions
d'euros et les déboursements de 12,5 millions d'euros, dont 2,5 dans le cadre du budget.
En 2000, les engagements étaient de 4,5 millions d'euros et les déboursements de 11 millions,
dont 6,5 du budget. Les secteurs prioritaires, sous le 8ème FED, sont la décentralisation, la
santé, le développement rural et l'environnement. Les programmes de la 8ième FED
connaissent un certain retard, notamment en raison des suspensions liés aux irrégularités
découvertes en 1998.
La 9ème FED est prévue pour débuter en 2003, mais des retards importants sont à prévoir en
raison du retard de la 8ième FED, de la suspension de la coopération et de la crise actuelle.
L’approche stratégique de la 9ème FED est actuellement en cours d’élaboration pour les cinq
années à venir. L’accent devrait être mis sur deux axes :
- la pauvreté en milieu rural
- la bonne gouvernance.
Au regard des événements actuels, l’accent sera aussi mis sur la réconciliation nationale et la
coopération régionale notamment entre le Burkina Faso, le Mali et la Côte d’Ivoire. La
résolution adoptée par le Parlement Européen le 10 octobre 20029 relative à la situation en
Côte d’Ivoire demande aussi à l’Union Européenne de mettre l’accent sur le développement
de la zone nord de la Côte d’Ivoire.
Dans le contexte de la reprise de la coopération avec l'Union Européenne, des déboursements
ont été effectués dès le mois d'août 2001, à partir des fonds de contrepartie (4,5 millions
d'euros pour la santé, 1,2 millions pour les élections, 0,5 million pour un nouveau système de
comptabilité publique, 10,5 millions pour le secteur privé, 0,4 million pour le Forum de la
Nation) ainsi que 8 millions pour l'éducation dans les zones rurales, à partir des reliquats
STABEX. Sur toute l'année 2001, le support budgétaire de l'UE a totalisé 25,1 millions
d'euros. En plus, l'UE a aussi déboursé 3,3 millions pour le secteur de la banane, à partir du
budget.
En 2002, un programme d'appui macro-économique (PARE-II) avec un volume de
40 millions d'euros a porté la contribution de la CE à un total de 96 millions d'euros.
L'enveloppe totale (182 millions + 82 millions d’euros) du 9ème FED a déjà été notifiée au
mois de juillet 2001. La stratégie pour l'utilisation de ces ressources est en préparation.
Le programme indicatif sera probablement prêt à signer en décembre 2002.
9
Voir Résolution Jointe en Annexe
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VII – Conclusions
La trêve conclue entre le pouvoir et les rebelles ivoiriens ouvre la voie à une négociation
difficile. Aux ressentiments politiques ethniques et religieux accumulés depuis une dizaine
d’années s’ajoute le sang versé depuis un mois et demi (plusieurs centaines de morts) et les
centaines de milliers de personnes qui ont été jetées sur les routes.
L’une des grandes difficultés des futures négociations va être de tenter de désamorcer le
sentiment d’humiliation du gouvernement Ivoirien et de l’ensemble des populations progouvernementales du Sud. Le président Ivoirien s’est trés difficilement résolu à la
négociation avec un groupe de sous-officiers armés accusés d’avoir lancé leur opération
depuis le Burkina Faso voisin. Deux mois après avoir ouvert son gouvernement à toutes les
grandes forces politiques du pays, dont le parti de l’ancien premier ministre Alassane
Ouattara, Laurent Gbagbo perçoit cette légitimation des rebelles comme une « trahison ».
Abidjan voit défiler de nombreuses manifestations pro-gouvernementales en faveur d’une
reprise de l’offensive militaire contre les rebelles. A mots couverts par les autorités, avec
virulence dans la presse pro-gouvernemental, Alassane Ouattara, l’icône politique du nord, a
été mis en cause comme le sponsor des assaillants qui contrôlent la moitié septentrionale du
pays. La France n’est pas non plus épargnée, et il ne fait aucun doute que le gouvernement
légitime a dû se sentir trahi par la grande prudence de la France, son peu d’empressement à
s’associer militairement aux cotés des forces gouvernementales et son implication dans la
« capitulation honteuse ». Le fait que Ouattarra soit réfugié a l’Ambassade de France ne doit
pas non plus favoriser les choses10.
Les négociations vont donc être périlleuses et la situation reste extrêmement fragile : Les
rapports et les accusations mutuelles d’atrocités et de violations de droits de l’homme sur les
populations civiles « alliées » à l’ennemi se multiplient, et les déplacements de populations
vers les pays voisins (en particulier vers le Mali) sont de plus en plus massifs et risquent de
déséquilibrer l’ensemble de la région.
Le président Gbagbo à clairement suggéré que M Ouattara quitte la Côte d’Ivoire dans la mesure où il nuit aux
relations de la Côte d’Ivoire avec la France.
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SOURCES D’INFORMATION

-
Médias
Le Monde (dossier Côte d’Ivoire)
BBC Africa (dossier Côte d’Ivoire)
All Africa.com (www.allafrica.com) - dossier Côte d’Ivoire
IRINNEWS (UN Office for the Coordination of Humanitarian Action) - dossier
Côte d’Ivoire
- Courrier International, « La Crise ivoirienne menace de s’étendre » Numéro 623 –
date : 10-10-2002
- World Markets Country Analysis (www.worldmarketanalysis.com)
Rapport de 32 pages sur la situation de la Côte d’Ivoire qui peut être téléchargé à partir
du site Web

Notes de la Direction Générale des Etudes (DG 4) du Parlement Européen
- Note à l’attention du Cabinet du Président du Parlement Européen sur la situation de la
Côte d’Ivoire (WIP 2002-04-0099) – 29 Avril 2002
- Updated Note for the European Members of the ACP-EU Joint Parliamentary Assembly
on the Situation in Côte d’Ivoire – 3 July 2002

Rapport 2001 de la Commission Européenne sur la coopération de l’UE avec la Côte
d’Ivoire - Document Interne et provisoire qui attend d’être approuvé par les autorités
Ivoiriennes
Version du 21-02-2002

Rapport de Amnesty International (www.amnesty .org)
Rapport 2002- couvre la période Janvier à Décembre 2001 (téléchargeable à partir du site
Web)

Rapport de Human Rights Watch (www.hrw.org)
Le Nouveau Racisme « La manipulation politique de l'ethnicité en Côte d'Ivoire »
Août 2001 (téléchargeableà partir du site Web)
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ANNEXE
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Procès Verbal du 10/10/2002 - Edition provisoire
Situation en Côte d'Ivoire
P5_TA-PROV(2002)0467
Résolution du Parlement européen sur la situation en Côte d'Ivoire
Le Parlement européen,
- vu ses résolutions antérieures sur la Côte-d'Ivoire,
- vu la déclaration du Conseil de sécurité et du Secrétaire général des Nations unies,
- vu la déclaration de l'Union africaine,
- vu la déclaration de la Présidence, au nom de l'Union européenne,
- vu la déclaration du Président du Parlement européen,
- vu la déclaration du Coprésident de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE,
A. considérant que la tentative de coup d'État en cours depuis le 19 septembre 2002 en
République de Côte-d'Ivoire porte gravement atteinte à la légalité constitutionnelle et à l'unité
du pays,
B. déplorant les pertes en vies humaines, y compris parmi la population civile,
C. inquiet des risques d'affrontements intercommunautaires et du climat d'instabilité sociale et
politique auquel le pays est confronté,
D. considérant les risques de déstabilisation que cette crise comporte pour la sous-région tout
entière, sur le plan politique, économique et humanitaire,
E. considérant que la diversité ethnique, religieuse et politique constitue une richesse, pour
autant que l'égalité et la fraternité prédominent,
F. considérant que les chefs d'État et de gouvernement de la CEDEAO, réunis à Accra en
Sommet extraordinaire, ont décidé de créer un groupe de contact de haut niveau afin d'opérer
une tentative de médiation entre le gouvernement et les rebelles,
1. condamne fermement la tentative de coup d'État et déplore la persistance des combats et la
perte de vies humaines en Côte-d'Ivoire;
2. regrette vivement l'échec provisoire de la tentative de médiation de la CEDEAO;
3. demande un cessez-le-feu immédiat et réitère son attachement à une solution politique de la
crise, avec toutes les parties en présence, dans l'esprit de réconciliation nationale qui s'est
instauré en octobre 2001, dans le respect des institutions démocratiques et de l'unité du
territoire national de la République de Côte-d'Ivoire;
4. appelle l'Union africaine et la CEDEAO à intervenir à nouveau afin de contribuer au
règlement de cette crise;
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5. réitère son soutien au Président démocratiquement élu, M. Laurent Gbagbo, et au
gouvernement d'union nationale de la République de Côte-d'Ivoire, garant de la légitimité
démocratique et de l'unité du pays;
6. appelle le Président Gbagbo à exhorter son gouvernement et les forces militaires
ivoiriennes à assurer la protection des populations civiles, quelles que soient leurs origines
ethniques, et à intensifier leur action en faveur de l'intégration et de la réconciliation de
l'ensemble des composantes de la société ivoirienne;
7. invite l'Union européenne à intensifier sa coopération avec la Côte-d'Ivoire et à concentrer
sa politique de développement sur la partie nord du pays en particulier;
8. appelle à une amélioration radicale des mécanismes de prévention des conflits, vu leurs
défaillances évidentes;
9. appelle à l'institution d'une commission d'enquête internationale pour faire la lumière sur
les violations des droits de l'homme commises par les deux parties;
10. charge sa commission du développement et de la coopération de suivre de près l'évolution
de la situation en Côte-d'Ivoire, et souhaite l'envoi rapide sur place d'une délégation du
Parlement européen afin de soutenir les efforts de réconciliation nationale, en s'efforçant de
rencontrer les deux parties en conflit;
11. charge son Président de transmettre la présente résolution à la Commission et au Conseil,
ainsi qu'aux Secrétaires généraux de l'ONU, de l'Union africaine et de la CEDEAO, ainsi
qu'au Président et au gouvernement de la République de Côte-d'Ivoire.
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