Carnets de Bal Rôle/Rêves de Licorne Jeux de Rôle ambiance Château Falkenstein - Décembre 1870 Page 1/4
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L’Italie et Venise
Des lumières à la domination française
Risorgimento : ce mot italien peut se traduire par Renaissance ou résurrection. Le Risorgimento au XIXe
siècle est conçu comme la renaissance d’une Italie libre et indépendante. Il s’agit d’abord d’un
mouvement culturel : l’objectif est de redonner la place qui revient à l’Italie dans les Lettres et les Arts.
Mais c’est aussi et surtout un mouvement d’unité destiné à passer l’Italie du stade d’expression
géographique comme l’affirme l’Autrichien Metternich, à celui d’Etat-Nation : une lutte contre
l’absolutisme et le despotisme, menée par des Libéraux comme Cavour ou par des Républicains comme
Mazzini, pour l’unité du pays.
Jusqu’au XVIIIe siècle, l’Italie donne raison à Metternich et vit sur sa gloire passée connue lors de la
Renaissance : elle abrite les Arts et Lettres, la romanité, la papauté centre de la chrétienté : tous les
romantiques du siècle y font référence. Mais elle reste cependant très morcelée, et ses petites
principautés se livrent à des guerres incessantes. Quatre puissances se partagent la péninsule : le pape
souverain temporel des Etats de l’Eglise ; les Habsbourg, qui contrôlent tout le Nord de l’Italie, la
Lombardie et Toscane ; la maison de Savoie règne sur le Piémont-Sardaigne. Les Bourbons règnent sur
le royaume des Deux-Siciles. Il reste ensuite quelques vestiges médiévaux représentés par la République
de Gênes et celle de Venise.
La Révolution Française va profondément modifier les données : l’Italie des élites soutient le
mouvement, espérant la fin de la domination des Habsbourg. La France apparaît comme la « Grande
nation » libératrice qui rend possible la création d’un espace national tout en abolissant toute trace de
féodalisme. Ces différences entre les états comme les inégalités sociales donneront naissance à un
mouvement révolutionnaire, en écho à la Révolution Française. Des conjurations républicaines ont lieu
à Turin, en Sardaigne, à Naples, à Bologne, à Gênes en 1794, et à Palerme en 1795, tandis que des
insurrections rurales explosent en Savoie en 1790, en Piémont et dans les Abruzzes en 1793, dans le
Basilicate en 1795. Mais les Princes répriment sévèrement ces mouvements.
En 1796, la France pénètre en Lombardie autrichienne : Napoléon pro-italien est très populaire. La
Lombardie est annexée par la France et des républiques sœurs sont crées. La papauté est dépouillée de
ses territoires par les Français qui créent la république romaine en février 1798.
La République cisalpine par exemple est transformée en 1802 en République italienne mais dès 1805,
elle devient un royaume dont l’Empereur est le Roi. Gênes et Venise disparaissent en tant qu’entités
indépendantes. Mais le sentiment unitaire italien issu de la création du droit civil unique et du
développement des échanges s’accompagne bientôt d’un sentiment profond antifrançais : l’attrait pour
les idéaux de la révolution va de pair avec le rejet de la puissance française dominatrice : le protecteur
devient trop envahissant. Cependant avec l’écroulement de l’Empire s’achève le rêve unitaire italien.
Le combat de l’Italie pour sa liberté inachevée, 1815-1849
La partition de l’Italie est confirmée au traité de Vienne en 1815. L’Autriche de Metternich règne en
maître sur la Nouvelle-Europe, le Nord de l’Italie et particulièrement Venise. Elle administre
directement le royaume de Lombardie-Vénétie, la plus riche des régions italiennes, dont l’empereur
d’Autriche est le Roi. Ce royaume fictif est complètement contrôlé par Vienne. L’Autriche redevient la
protectrice exclusive du Pape et des États de l’Eglise. François IV de Habsbourg redevient duc de
Modène et Ferdinand III de Habsbourg grand-duc de Toscane. Le duché de Parme est donné à
l'archiduchesse Marie-Louise, femme de Napoléon Ier.
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A part le Piémont-Sardaigne de Victor-Emmanuel I, Venise l’Italie apparaît comme une « simple
annexe de l’empire des Habsbourg. »
Le carbonarisme :
D’où va alors venir la contestation ? Les premiers Italiens à s’opposer à l’occupation autrichienne sont
des bourgeois libéraux hostiles aux barrières douanières et à l’absolutisme prôné par les Autrichiens, et
de nombreux artistes et intellectuels comme les historiens Cesare Balbo et Carlo Troya qui font
ressurgir les splendeurs du passé italien, ou comme le jeune Verdi, qui compose Nabucco, hymne à la
patrie et aux libertés perdues en 1842.
En Lombardie, Frédéric Confalonieri chef des Federati de Lombardie, société proche du carbonarisme,
met ses espoirs en la personne de Charles-Albert de Savoie-Carignan, neveu de Victor-Emmanuel Ier.
Tous les patriotes italiens sont cependant réduits à la clandestinité et s’affilient à la charbonnerie ou à la
franc-maçonnerie : les carboniers italiens, desquels a fait partie un temps le futur Napoléon III et dont
le fondement idéologique est issu de l’esprit franc-maçon, de celui des campagnons et des
révolutionnaires, est une forme de lutte nationale particulière mélangeant tradition et innovation, utopie
et réalisme, culte du passé et foi dans l’avenir. Les Carbonari appellent à l’insurrection, au Risorgimento,
de l’Italie. Mais ils sont souvent infiltrés et leurs complots déjoués par la police autrichienne qui remplit
les cachots -comme les fameux « plombs » de Venise- de patriotes et déporte les plus dangereux dans
les forteresses autrichiennes comme le Spielberg.
Ces mouvements manquent en fait d’unité : l’Italie reste un espace archaïque : agriculture peu
productive, peu d’industrie, peu de capitaux, peu de commerce. Seule un embellie s’observe avec la
progression du chemin de fer : le train est un symbole de la possibilité de l’unité de la péninsule. La
bourgeoisie libérale étend ce concept à toute l’économie et forme le fer de lance des partisans de l’unité.
Les années 1830 : Mazzinisme et libéralisme
En 1831 et 1832, des insurrections italiennes accompagnent les trente glorieuses et des Provinces unies
sont proclamées. Mais la révolte est matée par les souverains et les Autrichiens. Cependant, la prise de
conscience de l a nécessité de se débarrasser des puissances étrangères occupantes (Bourbons espagnols
au sud, Habsbourg autrichiens au Nord) devient de plus en plus évidente, notamment sous la houlette
de Mazzini. Il rallie au sein du mouvement « Jeune Italie » de jeunes bourgeois sensibles à l’idéal unitaire
et à l’appel du soulèvement populaire : édification par l’insurrection patriotique d’une Italie
républicaine, avec Rome comme capitale.
A côté des propositions de Mazzini, se développe une autre option, celle d’une Italie monarchiste, avec
l’arrivée sur le trône du Piémont-Sardaigne de Charles-Albert de Savoie-Carignan, réputé libéral. Une
idée commune se propage : c’est le Piémont-Sardaigne qui sera le noyau du futur royaume d’Italie. Mais
avant que l’unité politique ne se fasse, il faut encourager et développer l’unité culturelle et économique,
notamment douanière, comme le Zollverein allemand.
Le Printemps des peuples en 1848
Après un court sursaut lors des trois glorieuses en 1830 et le combat de Mazzini, l’espoir renaît en 1846.
Charles-Albert devenu roi du Piémont et le duc Léopold de Toscane se montrent à la pointe des
réformes. Ils accordent des constitutions à leurs sujets bien avant la révolution parisienne de février
1848. Le suffrage censitaire est instauré en Piémont-Sardaigne.
Les révolutions de 1848 voient des gouvernements provisoires se former à Parme, Modène, Milan. La
Sicile fait sécession. A Venise, les Autrichiens sont chassés. La République de Venise est proclamée
sous la direction de Niccolo Tommaseo et de Daniel Manin.
En 1848, se déclenche la première guerre d’indépendance, déclarée à l’Autriche par Charles-Albert de
Sardaigne, à la tête d'une alliance entre le son royaume de Sardaigne et d'autres États italiens. Giuseppe
Garibaldi et Giuseppe Mazzini rentrent en Italie pour participer à la révolte.
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Sur leur lancée, les Piémontais et les Vénitiens sont mobilisés par Charles-Albert qui les mène dans une
véritable guerre d’indépendance dirigée contre l’Autriche, avec le renfort de troupes papales, toscanes et
napolitaines. Cependant les Autrichiens reprennent le dessus et contre-attaquent, battant Charles
Albert à Custozza le 25 juillet 1848 : il est contraint de signer l’armistice. La Lombardie-Vénétie sauf
Venise est de nouveau autrichienne. A Venise, la République est confirmée par Manin qui dirige la
résistance au siège. Des républiques se forment un peu partout en Italie et Charles-Albert est prié par
les Génois de reprendre le combat, mais ce dernier est de nouveau battu à Novare en mars 1849. Il
abdique alors en faveur de son fils Victor-Emmanuel II qui signe l’armistice de Vignale. Le Piémont
renonce à ses conquêtes et doit payer un lourd tribut à l’Autriche. Le duc Léopold est rétabli en
Toscane par les Autrichiens. Naples et la Sicile sont reconquises par les Bourbons. Le Pape en fuite est
aidé par les Français et reprend sa capitale Rome. Tout le nord de l’Italie est repris par les Autrichiens
sauf Venise qui parvient à résister au siège autrichien. Manin devient alors le premier doge de la
nouvelle République. Pourtant, Victor-Emmanuel II nouveau roi du Piémont va faire un choix décisif :
appeler Cavour au gouvernement.
L’unité dans la douleur, 1850-1861
Camillo Benso, comte de Cavour, noble d’origine, a commencé comme Bismarck une carrière militaire
avant de s’intéresser à la politique, adhérant aux idéaux libéraux de la monarchie de Juillet. Il s’intéresse
énormément à la modernisation de l’agriculture, voyage beaucoup en Europe, s’intéresse aux chemins
de fer et à l’instruction, s’oppose aux hommes d’Eglise : une Eglise libre dans un Etat libre. Mais par-
dessus tout, Cavour veut faire de son pays une puissance à l’échelle italienne d’abord, à l’échelle
européenne ensuite, en modernisant le pays et en y développant la laïcisation.
Le Piémont participe à la guerre de Crimée en envoyant 21 000 hommes et peut faire entendre sa voix
au congrès de Paris en 1856. Napoléon III pense qu’il peut jouer un rôle de mentor et de tuteur de
l’Italie indépendante. Il rencontre Cavour à Plombières en 1858 et négocie l’intervention militaire de la
France contre l’Autriche au prix d’une réorganisation de l’Italie : le Piémont au nord deviendra le noyau
d’un royaume de Haute Italie annexant la Lombardie, la Vénétie autrichienne (sauf Venise toujours
indépendante), Modène, Parme, une partie de la Romagne. Napoléon III obtient la Savoie et Nice pour
prix de son intervention.
En 1859 éclatent les hostilités entre le Royaume de Sardaigne, allié à l'Empire français, et l’Empire des
Habsbourg. Garibaldi rentre en Italie pour attaquer les Autrichiens dans les pré-Alpes. Le choc a lieu
les 4 et 24 juin 1859, à Magenta et Solferino. La France est vainqueur mais préfère arrêter. La Prusse
menace sur le Rhin et l’Angleterre et la Russie font pression sur elle. De plus, Napoléon III ne veut pas
entrer en conflit avec le pape. Il signe donc la paix à Villafranca le 11 juillet.
La victoire des Piémontais et des Français en Lombardie donne un nouvel élan à l'unité nationale. Le
Piémont annexe aussi les duchés de Parme, de Modène et de Toscane, la Romagne, les Légations du
pape. À Bologne un gouvernement provisoire hostile à l'État Pontifical se constitue et proclame l’union
au Royaume de Sardaigne. D'autres territoires sous le contrôle de l'Eglise en font de même.
En 1860 le républicain Giuseppe Garibaldi occupe Palerme et s’empare avec ses « Mille » du royaume
de Naples. Pour s’opposer à la marche républicaine, l’armée du Piémont entre sur les États pontificaux,
dans les Marches et en Ombrie, bat l’armée de Pie IX, puis est sur le point de s’opposer aux troupes
garibaldiennes, mais Garibaldi s’efface et reconnaît la légitimité du Roi. Victor-Emmanuel II et
Giuseppe Garibaldi se rencontrent à Teano. Le 17 mars 1861, Victor-Emmanuel II prend le titre de Roi
d’Italie. Seuls la Vénétie et le Latium avec Rome échappent à l’Italie. Cavour meurt quelques semaines
après la proclamation du royaume d’Italie.
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De l’achèvement de l’unité aux désillusions de l’unification 1861-1869
Lors de la guerre austro-prussienne de 1866, l'Autriche et la Prusse se contestent la suprématie sur les
États allemands. Le Royaume d'Italie y voit l'occasion de s'emparer des provinces vénitiennes sous
contrôle autrichien et s’allie avec la Prusse. L'Autriche tente de convaincre le gouvernement italien
d'accepter la Vénétie en échange de la non-intervention. Cependant, le 8 avril, l'Italie et la Prusse
signaient un accord concernant l'acquisition des provinces vénitiennes par l'Italie et cette dernière
déclare la guerre à l'Autriche le 20 juin. Victor Emmanuel se met à la tête d'une armée et traverse le
Mincio pour envahir la Vénétie. Le scénario tourne à la catastrophe. L'armée italienne se heurte aux
Autrichiens qui tentent toujours de prendre la cité indépendante et subit une cuisante défaite. Pendant
ce temps, le Premier ministre prussien, Bismarck, considère que sa guerre est terminée et signe un
armistice avec l'Autriche le 26 juillet. L'Italie, lâchée par son alliée, dépose officiellement les armes le 21
août.
Les territoires pontificaux et Rome la ville éternelle
Les territoires encore sous contrôle pontifical restent sous la protection des troupes françaises.
Garibaldi qui s’est rapproché encore de Mazzini tente de reprendre Rome mais ses efforts s’effondrent
devant la défense acharnée de la garnison française. « Rome ne sera jamais italienne, la France se porte
garant de sa défense ». Cependant c’est sans compter la menace prussienne contre la France et les pays
occidentaux, qui pourrait bien obliger les Français de partir de Rome pour défendre la patrie en
danger…
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