Hôtel MERCURE Place Saint Thiebault 57000 Metz tél. 03 87 38 50 50
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Charles François Dominique de Villers, né à Bolchen1 (Boulay-Moselle), dans la Lorraine allemande, le 4 novembre
1765 et mort à Göttingen le 26 février 1815, est un écrivain français, trop peu connu et un des premiers comparatistes.
Médiateur infatigable, il a consacré sa vie à faire connaître en France les richesses de la pensée et de la culture
allemandes. Il fut dans ce domaine un précurseur de Madame de Stael. Il fut membre correspondant de l'Institut de
France, Professeur à l'université de Göttingen, Chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis et de l'ordre royal
de l'Étoile polaire de Suède
Biographie
Fils d'un receveur particulier des finances, il entra à neuf ans au collège des Bénédictins de Saint-Jacques de Metz où
il demeura jusqu'à l'âge de quinze ans. Aspirant en 1780, Charles Villers (dont le nom ne comporte pas encore de
particule) fut admis l'année suivante, non sans difficulté, à l'école d'artillerie. Il devient élève de l'école d’application
d’artillerie de Metz. Nommé second lieutenant au régiment de Toul le 1er septembre 1783, il partit pour Strasbourg,
où il fut incorporé au régime d'artillerie de Metz, Comme d'autres officiers de l'époque, tel le colonel d’artillerie
Armand Marie Jacques de Chastenet de Puységur, il s'intéresse au magnétisme animal. Il commença à publier des
essais3. Pendant la Révolution il publia un écrit De la Liberté, où il défendait l'idée que celle-ci devait être réservée
aux peuples vertueux et que la France n'était pas encore mûre pour en profiter. Cet écrit lui attira l'hostilité des
Jacobins. En 1792, il émigra et servit quelques mois dans l'armée des princes, avant de s'établir en Allemagne où il
restera jusqu'à sa mort. Il séjourne d'abord en Westphalie, puis s'inscrit en 1796 comme étudiant à l'université de
Göttingen où il sera en contact avec les professeurs les plus illustres. Il y fera la connaissance de Dorothea Schlözer,
fille de l'historien August Ludwig Schlözer, première femme docteur en philosophie de cette université et épouse du
Sénateur Matthäus von Rodde de Lübeck. C'est dans leur maison de Lübeck qu'il séjourne ensuite de 1797 à 1811 et
collabore à la revue Le Spectateur du Nord, fondée par Amable de Baudus et publiée à Hambourg, avec d'autres
émigrés français. Il publie en 1801 son grand ouvrage Philosophie de Kant qui suscite des critiques diverses en
France et est sollicité par Napoléon pour un exposé sur cette philosophie4.
Dans La Philosophie de Kant ou principes fondamentaux de la philosophie transcendantale il comparait dans la
préface la culture française, présentée comme brillante et légère, à la culture allemande, décrite comme plus grave et
plus scientifique. En octobre 1803, il rencontra à Metz Mme de Staël, avec laquelle il entretenait déjà une
correspondance amicale et qu'il influença durablement dans ses études sur la littérature germanique. En 1804, son
Essai sur la Réformation de Luther lui valut de se voir décerner un prix par l'Institut4. Il fit également paraître une
Érotique comparée, ou Essai sur la manière essentiellement différente dont les poètes français et allemands traitent
l'amour en 1807 et un Coup d'œil sur l'état actuel de la littérature ancienne et de l'histoire en Allemagne en 18093.
Mais sa sympathie pour l'Allemagne ne se bornait pas à la littérature ; il défendit constamment les intérêts du pays qui
lui avait donné asile, qu'il s'agisse de la liberté des villes hanséatiques ou de l'existence des universités menacées de
disparition par Napoléon. Lorsque les troupes françaises occupèrent et pillèrent sauvagement Lübeck, il n'hésita pas à
écrire une Lettre à Fanny de Beauharnais pour dénoncer ces exactions. Cette lettre et son courageux engagement en
faveur des villes hanséatiques lui attira l'hostilité du maréchal Davout qui le le fit chasser de Lübeck.
Villers devient alors professeur de littérature française à l'université de Göttingen et sociétaire de l'Académie royale
des sciences de cette ville. C'est d'ailleurs en partie grâce à lui et à son Coup d'œil sur les universités et le mode
d'instruction publique de l'Allemagne protestante, en particulier du royaume de Westphalie, écrit en 1808, que
l'université de Göttingen a pu éviter d'être supprimée. Il est à cette époque en contact avec la cour du roi Jérôme, frère
de Napoléon, à Kassel et fréquente à Göttingen Benjamin Constant qui est devenu son ami. Malheureusement Villers
devient de nouveau victime de son engagement et des circonstances historiques. Après le départ des Français il est
destitué de son poste de professeur en 1814. Alors qu'il a travaillé toute sa vie à un rapprochement des cultures
française et allemande, il se voit rejeté successivement par l'un et l'autre pays. Malgré les efforts de ses amis haut-
placés il ne retrouvera pas sa position et meurt des suites d'une attaque cérébrale le 26 février 1815, pleuré et regretté
par ses amis et ses étudiants.
Villers a entretenu toute sa vie des contacts et une correspondance avec les hommes les plus illustres de son temps.
En Allemagne il admirait tout particulièrement Jacobi, Jean Paul et Goethe.