L’exploitation du pétrole (le Mexique est le 5ème producteur mondial de pétrole) a profondément transformé ces rivages. L’essentiel du pétrole mexicain est exporté vers les EU. Le Mexique est devenu le 2d fournisseur des EU (pétrole brut, minerais, cultures fruitières, textile, automobile, électronique, meubles) après le Canada. Les ports (Veracruz, Tampico, Merida) concentrent l’activité économique et cette façade assure le lien entre le Mexique et le reste du monde. Le long de la frontière EU-Mexique, depuis les années 1970, des villes-jumelles (twin cities) se sont développées, de part et d’autre du Rio Grande, avec les maquiladoras (entreprises installées au Mexique à partir de capitaux américains, qui bénéficient d’avantages fiscaux, qui emploient de la main d’œuvre bon marché et sous-traitent pour les grandes firmes). Les deux pays sont interdépendants et profitent de leur complémentarité économique. Pourtant, les maquiladoras n’attirent que des activités de fabrication et d’assemblage tandis que la main d’œuvre qualifiée vient des EU et du Canada, si bien qu’on peut dire que l’ALENA aggrave les contrastes économiques entre les différents pays. L’économie mexicaine est dépendante et fragile, dominée par les EU. Les maquiladoras ont fourni en 2001 la moitié des exportations du Mexique, mais la population nationale n’en bénéficie guère. Le bilan est d’autant plus mitigé que beaucoup d’unités de production ont aujourd’hui fermé du fait de la concurrence asiatique (au début des années 2000 il y avait 3 700 usines, en 2007, il n’en reste que 2 800). Dans un autre domaine, les producteurs de maïs mexicains ont dénoncé à Cancun, en sept 2003, l’impossibilité pour eux de concurrencer le maïs californien, vendu 20% moins cher grâce aux subventions de l’Etat américain. Depuis une vingtaine d’années le tourisme est en plein essor. L’activité touristique crée aussi des liens forts entre les 2 pays. Les rivages de la presqu’île du Yucatan sont bordés de stations balnéaires (Cancun, Cozumel) et sont considérés comme un prolongement de la Floride. Ils accueillent surtout des touristes du Midwest et de la Megalopole. Au total, l’industrie touristique mexicaine est dominée par des firmes étrangères sans réel impact sur l’emploi et le développement régional. Le niveau de vie s’est amélioré pour une partie de la population, mais au sud, des populations vivent d’activités peu qualifiée, à faible revenu. On y trouve les taux d’alphabétisation et les niveaux sanitaires les plus faibles de la façade nordaméricaine. Les services américains refoulent chaque année près de 1 M d’hispaniques, majoritairement mexicains. Tandis que l’ALENA a fêté ses 10 ans en janvier 2004, les 34 ministres du Commerce des Amériques (sauf Cuba) s’apprêtent à créer une Zone de LibreEchange des Amériques (ZLEA). Pourtant les obstacles à surmonter restent importants : écarts de développement économique, instabilité politique de certains Etats, subventions à l’agriculture, questions environnementales. Certains pays tels que le Brésil et l’Argentine refusent d’être inféodés économiquement aux EU. Ils sont intégrés au Mercosur et développent leurs échanges avec l’UE et d’autres pays du Sud. La mondialisation a pour conséquence : de renforcer la littoralisation des économies le long des côtes de renforcer le rôle des métropoles du NE des EU de renforcer les inégalités économiques et sociales (maquiladoras du Mexique, migrations de Mexicains vers les EU). La frontière américano-mexicaine est ambivalente, elle présente de contrastes de développement (elle est encore caractéristique d’une limite Nord-Sud) qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde, mais elle est aussi un lieu d’échanges et d’interpénétration entre cultures.