LE MOYEN-ORIENT OTTOMAN JUSQU`EN 1914 Introduction Le

LE MOYEN-ORIENT OTTOMAN JUSQU’EN 1914
Introduction
Le Moyen-Orient est une expression qui apparaît au début du XXe s, il s’agit d’un
concept géopolitique : ce sont les Britanniques qui conçoivent une zone d’influence nvelle
entre l’Egypte et les Indes. Entre 1798 (date de l’expédition d’Egypte par Napoléon) et le
début de la Première Guerre mondiale en 1914, le Moyen-Orient n’est donc pas désigné
comme tel. Il présente toutefois une certaine unité : il est composé de tous les Etats arabes
de l’Orient, qui sont sous domination ottomane depuis le XVIe siècle.
Durant toute la période, l’ensemble de ces pays connaît des évolutions semblables : ils sont
soumis à des ingérences européennes, prennent progressivement conscience de leur arabité
et vont peu à peu revendiquer leur autonomie.
On peut organiser l’étude du Moyen-Orient ottoman entre 1798 et 1914 autour de 3 axes
principaux : tout d’abord, il s’agit d’envisager comment l’Empire ottoman exerce son pouvoir
sur l’Orient arabe. Ensuite, tout au long de la période, le Moyen-Orient ottoman va être
confronter à 2 thématiques qu’il conviendra d’analyser : l’influence occidentale et la
naissance du nationalisme arabe.
I Les fondements du pouvoir ottoman
1) Les Ottomans
Composition ethnique :
- Très grande majorité de la population du Moyen-Orient = les Arabes. Tous les Arabes ne
sont pas musulmans. Sont de souche sémitique. Les Arabes se définissent d’abord par leur
langue et leur généalogie.
- Les Turcs : au début du XVIe siècle, s’emparent de l’ensemble de l’Orient arabe
souveraineté ottomane s’établit sur les Arabes jusqu’au XXe siècle. Les régions arabes sont
fortement marquées par la présence turque, mais pas de colonisation de peuplement par les
Ottomans.
- Les Kurdes : dans les régions montagneuses aux confins de l’Iran, de l’Irak et de la Turquie
actuels. Quelques Kurdes dans le Caucase et en Syrie.
- Les Arméniens : dans les régions anatoliennes.
Une mosaïque religieuse :
- L’Islam sunnite est majoritaire. Sunna = tradition détenue par les textes sacrés (le Coran
et les hadiths, c’est-à-dire paroles rapportées du prophète Mahomet). La légitimité
religieuse de Mahomet est fondamentale pour le sunnisme. Depuis les débuts de l’Islam, le
sunnisme est un instrument de légitimité des pouvoirs en place, afin d’unifier les populations
(aux pratiques sociales variées et aux allégeances incertaines). C’est pourquoi les dissidences
religieuses ne sont pas acceptées.
- Les minorités musulmanes n’ont donc aucun statut :
- les chiites
- les druzes et les alaouites sont issus du chiisme.
- Les communautés non musulmanes : des minorités chrétiennes et juives. La dhimma=
selon la loi islamique, protection des Gens du Livre (c-à-d la Bible). La dhimma impose en
échange un impôt aux Juifs et aux Chrétiens, mais aussi le port d’un insigne, l’interdiction de
monter à cheval ou de porter certains vêtements, etc. L’Empire ott laisse une grande liberté
d’action aux communautés non musulmanes, permet à leurs chefs d’exercer un pouvoir
autonome et de gérer librement leurs affaires intérieures = le système du millet.
2) Les provinces arabes au XVIIIe siècle
La gestion ottomane des populations et des territoires au Moyen-Orient :
Depuis les conquêtes du XVIe siècle, l’ensemble du Moyen-Orient arabe est passé sous
contrôle de l’Empire ottoman. Système administratif ottoman = Etat centralisé autour d’un
gouvernement (la Porte). Ce gouvernement est nommé par le sultan.
Problème essentiel = distance géographique entre la capitale (Constantinople) et ses
provinces.
3) Les réformes de l’Etat
Les réformes administratives :
Dans la 2nde moitié du XIXe siècle, dans tout l’Empire, les territoires sont réorganisés en
vilayet (ce qui correspond à peu près à une préfecture), eux-mêmes divisés en sandjak. Ce
découpage administratif est doublé d’un découpage militaire : dans chaque vilayet, le
gouverneur (appelé vali) est assisté d’un chef militaire (le muchir).
Au début du XXe siècle, l’Orient arabe est composé de 3 vilayet syriens (Alep, Damas et
Beyrouth) et de 3 vilayet mésopotamiens (Mossoul, Bagdad et Bassorah). Dans la zone
syrienne, 2 régions ont un statut à part : le sandjak de Jérusalem et le Mont-Liban. Le
sandjak de Jérusalem est une sous-division administrative, mais ne dépend d’aucun vilayet,
dépend directement de la Porte, ce qui permet un suivi direct de la zone par les autorités
ottomanes. Cette situation d’exception est mise en place au milieu du XIXe siècle en raison
de la tension autour des Lieux-Saints.
cette tension autour des Lieux-Saints, ainsi que la tension au sujet des détroits (ceux
des Dardanelles et du Bosphore) traduit l’influence croissante qu’a l’Occident au
Moyen-Orient.
II Le Moyen-Orient ottoman, une région sous influence occidentale
Le Moyen-Orient, une région sous influence occidentale :
Les Capitulations = des traités conclus par l’Empire ottoman avec les principales puissances
européennes, depuis le XVIe siècle tarifs douaniers préférentiels et droit de protection
consulaire sur leurs ressortissants (qui ne sont justiciables que dans les tribunaux de leur
pays).
Au XIXe siècle, les Capitulations deviennent un instrument de domination, à mettre en
parallèle avec la montée en puissance de l’Europe. Il devient impossible à la Porte de
rectifier les tarifs douaniers, ainsi toute initiative industrielle locale est-elle ruinée et
l’Empire est-il de plus en plus dépendant des importations de produits manufacturés
européens.
1) La question d’Orient
La question d’Orient est due à la percée européenne dans l’Empire. Il s’agit du problème de
l’avenir de l’Empire ottoman. Chaque puissance cherche à préparer l’éventualité d’une
disparition de l’Emp en établissant son influence sur une région.
Russie convoite Anatolie orientale et entend exercer une protection sur Arméniens.
France revendique un droit d’influence exclusif sur la Syrie (car dans les 1880’s, le sultan
éloigne la menace d’une mainmise britannique sur la Syrie en impliquant la France,
appliquant la méthode d’internationalisation des crises).
GB possède Chypre depuis 1878 et occupe l’Egypte depuis 1882, elle cherche à établir
une influence exclusive sur la Péninsule arabique et sur la Mésopotamie.
Au XIXe s, la question d’Orient se cristallise autour de 2 sujets : les détroits et les lieux-saints.
1854 : heurts entre orthodoxes et catho à Jérusalem crise internationale Russie / France-
GB guerre de Crimée.
A partir du milieu du XIXe s, l’offensive missionnaire (avec les puissances européennes qui
établissent de véritables protectorats au sein de l’Emp) : entraîne un regain d’intérêt pour la
Terre Ste (région de Jérusalem).
2) La domination britannique, ou la « pax britannica »
L’Egypte :
Afin de contrôler le canal de Suez, inauguré en 1869 dans le cadre de la modernisation du
pays engagée par Mehmet Ali. En 1882, occupation militaire de l’Egypte par les Britanniques.
Pas de modification du statut administratif (Egypte a un statut de province autonome depuis
le traite de Londres de 1841). Pays demeure officiellement sous l’autorité du sultan ott, mais
en réalité c’est la GB qui contrôle l’avenir du pays. La présence des Britanniques renforce le
sentiment national égyptien (apparu avec l’implantation de la dynastie khédiviale).
La route des Indes :
Son contrôle = préoccupation stratégique essentielle des Britanniques. Pour assurer son
contrôle, GB cherche à dominer la Péninsule arabique. GB y établit une sorte de chasse
gardée. Pour la GB, les villes stes doivent rester sous contrôle musulman, car une occupation
européenne entraînerait des troubles dans les possessions musulmanes des Britanniques.
Les visées syro-palestiniennes de Londres :
1906 : crise diplo de la Porte VS GB à propos du tracé de la nvelle ligne de chemin de fer du
Hedjaz. Pour GB, le projet ott = menace directe sur l’Egypte car cette nvelle ligne permettrait
d’acheminer rapidement vers le Sinaï des troupes importantes pour s’emparer du Canal de
Suez. Empott abandonne projet.
Conséquence diplo de cette crise = rapprochement la Porte All. En cas de guerre, All
envisage alliance avec Ott pour transférer des troupes au MO et menacer directement la
présence britannique en Egypte.
GB prend immédiatement conscience de cette menace pour ses intérêts dans la région : dès
1907, les stratèges britanniques considèrent que la Palestine doit être intégrée au système
de défense impérial. En cas de guerre, la GB débarquerait un corps expéditionnaire en Syrie
et soutiendrait un mouvement insurrectionnel arabe.
3) L’influence française au Moyen-Orient
France : pas de présence directe au MO, mais une influence considérable, une sorte de
« Protectorat catho » de la France en Orient.
La crise syrienne :
(En 1841, la Porte tente de profiter de l’effondrement de l’ordre égyptien pour établir une
autorité directe sur le Mont-Liban.) En 1860, les troubles entre musulmans et non-
musulmans commencent dans les gions de peuplement mixte de la Montagne libanaise.
Une révolte de paysans maronites (chrétiens) dirigée contre la domination des notables
traditionnels (aussi bien chrétiens que musulmans) provoque des massacres de chrétiens par
les Druzes. Puis des massacres de chrétiens à Damas par populations musulmanes. Une part
de la population chrétienne est sauvée par l’intervention de l’émir Abdel-Kader et des
Algériens exilés à Damas. La véritable raison de ces massacres = le changement de statut des
chrétiens apparaît être, pour les musulmans, comme le début d’un mouvement voulant
l’élimination des musulmans. Ces massacres indignation en Europe. L’Empire ott semble
impuissant face à cette succession de crises confessionnelles (après la Guerre de Crimée)
d’où expédition de Nap III (la 1ère à but « humaniste »).
Fouad précède les Français, prend le contrôle de Damas répression. Un double objectif =
rendre sans objet une intervention européenne, mais aussi porter un coup décisif aux
autonomies provinciales syriennes et renforcer la centralisation politique. Tandis que
l’armée française se déploie dans le Liban chrétien, la diplomatie britannique s’oppose aux
desseins présumés de la France dans la région.
En 1861, la province autonome du Mont-Liban est fondée, sous l’autorité d’un gverneur
chrétien. Jusqu’en 1914, il s’agira d’un chrétien non libanais venu d’une autre communauté
catho de l’Empire, nommé par la Porte après accord des puissances occid.
Les Maronites constituent un outil majeur de la France afin qu’elle puisse assurer son
rang en Orient. Paradoxe : la France publicaine et laïque exerce au MO une
politique pro-catho.
4) La réponse orientale à l’ingérence européenne
Fin XIXe s : entrée de 2 nouvelles puissances dans la question d’Orient : l’All et l’Italie.
Car, l’Empott tente de faire face à l’ingérence européenne avec 2 types de réponses : tout
d’abord en opérant des réformes sur le modèle européen, mais également en
internationalisant les crises.
Lorsqu’une puissance cherche à s’emparer d’une région de l’Empire, la Porte peut inciter
une autre puissance à dvlpper ses prétentions sur la même région, entraînant ainsi une crise
qui finit par neutraliser les 2 parties.
A l’échelle provinciale, le même processus a lieu : les populations qui sont des clientèles
protégées par différentes puissances défendent leurs privilèges vis-à-vis de la Porte en
dvlppantdes revendications en faveur de l’occupation de la région par leur puissance
tutélaire. Mais il est rare que ces populations souhaitent réellement l’installation d’une
puissance européenne, il s’agit seulement d’un moyen de défendre leurs positions par
rapport à l’autorité ottomane. Par ex, dans la Péninsule arabique, Ibn Sa’ud veut
reconstituer l’ancien Etat des Saoudiens, et c’est dans cet objectif qu’il envisage une alliance
avec la GB (pour contrer l’emprise ott sur la région, qui s’appuie sur l’émir du Hedjaz = le
chérif Hussein).
Donc, en + des prétentions britanniques, françaises et russes :
Italie convoite côtes méditerranéennes de l’Anatolie et s’empare de Rhodes en 1912.
All revendique influence économique sur Anatolie centrale mais a aussi des visées sur le
nord de la Syrie et Mésopotamie.
Entre 1911 et 1913 : des accords diplo passés entre les puissances pour déterminer des
concessions ferroviaires = apaisement des tensions. Après les guerres balkaniques, l’Emp
ottoman octroie des concessions afin de se relever. La question d’Orient est donc mise en
veilleuse à la veille de la Première Guerre mondiale.
III Les débuts du nationalisme arabe
1) L’arabisme culturel
Avant la Première Guerre mondiale, on ne peut pas parler de nationalisme arabe (car le
nationalisme implique un projet politique séparatiste). Or l’arabisme est plutôt la
revendication d’une conscience arabe, de l’arabité. Cet arabisme est avant tout une
renaissance culturelle, il est le fait d’Arabes aussi bien chrétiens ou juifs que musulmans. Cet
arabisme culturel naît en Syrie. La conscience arabe se distingue des autres groupes
ethniques de l’Empire ott, elle se base sur une langue et une hist commune.
2) Le réformisme musulman
La salafiyyah = réformisme musulman
Une prise de conscience (par certains penseurs musulmans) du retard du monde de l’Islam
sur l’Europe. Pour combler ce retard, il est nécessaire de réformer l’Islam : c’est la naissce de
l’islamisme. Cette réforme est surtout conçue comme un retour aux sources de la religion
musulmane : une épuration. En outre, il y a une contestation des nationalités au sein de
l’Islam, car elles brisent l’union des musulmans. Dans cette optique, les réformistes
musulmans condamnent les pvoirs en place et participent aux mvts révolutionnaires du MO.
Sur le plan extérieur, l’Islam doit être un instrument de combat face à l’agression
européenne, et sur le plan intérieur, l’Islam est vu comme un moyen de transformation de la
société.
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