Pour ce qui est des concentrations excessives, des monopoles sont apparus dans certains secteurs
comme l’industrie pétrolière (la Standard Oil) ou les télécommunications (American Telephone &
Telegraph), d’autres secteurs, notamment celui des transports, ont vu fleurir les oligopoles. Les
barrières d’entrée liées aux lourds infrastructures ou investissements de départ sont en effet autant
d’incitations d’abord au regroupement des agents puis à l’éviction de nouveaux entrants. De telles
situations sont nuisibles car elles maintiennent des prix artificiellement hauts ou désincitent à la
R&D.
Un premier mode d’intervention a donc été la règlementation pour faire disparaître juridiquement
de tels monopoles (par exemple les lois antitrust américaines du début du siècle ou la politique de
répression des pratiques anticoncurrentielles de l’Union européenne). Une autre possibilité est la
nationalisation de tels monopoles, qui en redistribuant à l’ensemble de la société leur profit, voient
ainsi leur caractère dommageable disparaître. C’est notamment la voie qu’a emprunté la France,
d’abord en 1937 en regroupant les compagnies ferroviaires en une SNCF nationalisée, puis à une plus
grande échelle en 1945-1946 (Air France, Banque de France…). Ce principe de nationalisation des
monopoles figure même à l’alinéa 9 du préambule de la Constitution de 1946.
Pour ce qui est des externalités, la nationalisation permet également de les internaliser et donc de
faire disparaître leur rôle souvent néfaste. Néanmoins, la voie la plus suivie est souvent celle de la
réglementation. Par exemple, la règlementation sur l’environnement, en instituant des sanctions en
cas de pollution, fait internaliser ce problème aux entreprises.
En matière d’information imparfaite, la règlementation est également la voie privilégiée. Elle est
censée assurer la transparence des secteurs concernés (notamment les marchés financiers),
l’honnêteté des agents et limiter les problèmes d’aléa moral. Les banques, au vu de leur rôle
fondamental, savent par exemple qu’il est probable que l’Etat les aide en cas de graves difficultés
financières. Cela les pousse à prendre des risques inconsidérés. La réglementation, en leur imposant
un ratio actifs sur fonds propres, est là pour limiter cette prise de risques. De fait, la plupart des
activités financières sont étroitement encadrées par des codes de déontologies, des autorités de
régulation (AMF en France) ou des standards internationaux (IAS pour les normes comptables).
Deux voies sont donc possibles pour réguler l’économie, la réglementation ou l’intervention directe,
notamment au travers des nationalisations. La France a longtemps optée pour la seconde possibilité
là où les Etats-Unis avaient choisi la première. Néanmoins, la situation évolue, l’Etat français met en
place des autorités de régulation dans les domaines à problèmes dont il se désengage (CSA et
ouverture du marché de l’audiovisuel, Arcep et ouverture du marché des télécoms), les Etats Unis
songent à nationaliser des banques.
2) Les excès de la régulation ont cependant montré qu’elle pouvait être néfaste
D’une manière générale, la régulation est devenue de plus en plus contraignante jusque dans les
années 1970. Elle a pu alors apparaître comme excessive et a révélé ses défauts au grand jour. Les
nationalisations ont ainsi parfois révélé avec fracas les mauvaises capacités de gestionnaire de l’Etat.
Nombreuses sont les entreprises françaises autrefois nationalisées à avoir connu de graves difficultés
financières (Crédit lyonnais, Snecma…). Un excès de règlementation est également dommageable, il
peut être nuisible à la concurrence en dissuadant l’entrée de nouveaux agents. Cela peut même être
conçu dans un but purement protectionniste, les normes techniques ou phytosanitaires peuvent être
la meilleure façon de restreindre l’accès des entreprises étrangères à un marché national (cas des
fixations de ski au Japon). Une règlementation trop contraignante peut également freiner l’esprit
d’entreprise et les efforts de R&D (la Commission dite Attali proposait ainsi de supprimer le principe
de précaution).