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Introduction
La production mondiale de fibres textiles représentait environ 50 millions de tonnes en 2001. On
distingue les fibres naturelles (≤ 50%) et les fibres chimiques (≥ 50%). Les fibres naturelles
comprennent les fibres d’origine végétale (coton, lin et chanvre, kapok, raphia, coco…), les fibres
d’origine animale (soie et laine) et des fibres d’origine minérale (soie et laine).
Les fibres sont en générales courtes, hormis la soie. Les fibres chimiques, obtenues par filage d’une
matière visqueuse au travers d’une filière, sont des filaments continus. Parmi elles, on distingue les
fibres artificielles, dont les produits de base d’origine végétale, animale ou minérale, ont été modifiés
(cellulose, protéines, verre), et les fibres synthétiques, qui résultent de la condensation ou
polymérisation de monomères (polyamides, polyesters). Nous ne nous intéresserons ici qu’aux fibres
d’origine végétale, les autres origines ne seront elles pas traitées.
Les fibres d’origine végétales peuvent être classifiées selon la partie de la plante dont elles seront
extraites. On peut ainsi regrouper le coton, le kapok et les palmiers pour lesquels les fibres seront
issues des gousses ou fruits ; le lin, le chanvre, la ramie et le jute pour lesquels les fibres seront issues
des tiges et enfin le sisal, l’alfa et l’abaca pour lesquels les fibres seront extraits des feuilles.
Nous décrirons pour chacune d’entre elles la botanique de la plante, la constitution de la fibre et les
techniques permettant de passer de la fibre à l’étoffe.
Généralités
Le mot textile vient du verbe latin texere, qui signifie « tisser », « tresser » ou « construire ». Les
textiles sont par conséquent des assemblages de filaments ou fibres aux propriétés diverses, et qui
forment des étoffes. Le constituant principal d’un textile est le fil, cylindre de longueur continue,
formé soit de fibres courtes discontinues, soit de fibres longues et continues.
Pour constituer les étoffes, les fils sont assemblés de différentes façons : assemblage de mailles
curvilignes, ou tricotage ; entrecroise ment des fils, ou tissage ; enchevêtrement de filaments courts,
ou feutrage. Selon les utilisations, qui sont nombreuses (habillement, linge de maison et tissus
d’ameublement, bâches, toiles de tente, parapluies, emballages, produits non-tissés, produits à
usage médical o industriel, composites, géotextiles…), les étoffes peuvent être souples ou rigides,
denses ou lâches, absorbantes ou imperméable.
Une fibre textile doit conférer aux étoffes un certain nombre de caractéristiques notamment s’il
s’agit de vêtements : souplesse, protection contre les agents extérieurs (chaleur, froid, ou pluie),
aspect agréable et confort, solidité à l’usage. De plus, elle doit être non toxique et nettoyable. Toutes
ces propriétés sont régies par la structure chimique et l’architecture morphologique de la fibre. Celle-
ci est constituée de macromolécules linéaires non solubles et doit posséder une tenue
physicochimique leur offrant à la fois une résistance mécanique et une certaine souplesse.
L’orientation des macromolécules est privilégiée dans le sens de la longueur et leur assemblage
conduit à des structures complexes et hétérogènes comportant des zones cristallines qui alternent
avec des zones amorphes.
Les zones cristallines, structures ordonnées à forte cohésion, assurent la rigidité et la solidité, tandis
que les zones amorphes, structures désordonnées à cohésion lâche, assurent souplesse et flexibilité.
Les interactions de liaison au niveau des interfaces entre les domaines sont très importantes, car
elles déterminent la cohésion de la fibre et son élasticité. Vue en section, la fibre possède aussi une
structure hétérogène avec une zone centrale, prédominent l’orientation longitudinale des
molécules, et une zone périphérique, prédomine une orientation plus désordonnée qui donne un
caractère microporeux. Divers paramètres permettent de donner à chaque fibre des propriétés
diverses. L’ondulation des fibres, dans la laine par exemple, permet l’emprisonnement de l’air et
donne au fil un caractère gonflant et isolant. Au contraire, les fibres de lin ou de soie sont lisses et
donnent des fils plats et des étoffes au toucher frais.
La forme des sections de fibres est également un caractère important qui conduit à des propriétés
optiques différentes : des phénomènes de réflexion, d’interférence, de diffraction et de diffusion
donnent aux fibres puis aux étoffes des effets de brillance, de luminosité, de chatoiement ou de
moirure. Si ces paramètres sont fixés dans les fibres naturelles, ils sont au contraire très modulables
dans les fibres chimiques. Les industriels doivent sans cesse améliorer les qualités des fibres en
jouant sur tout un ensemble de caractères, tels que la finesse, l’arrangement physique des
macromolécules, leurs caractéristiques de surface, leur comportement au cisaillement, la forme des
sections…
I. Textiles extraits de gousses ou fruits
1. Le coton
1.1 Le cotonnier
Le terme « coton » aurait pour origine le mot sanscrit karpasa-i, proche du grec karpaso et
du latin carbasus, trois termes désignant un tissu fin. Mais c’est le nom qutun ou kutun qui
aurait donné naissance au nom coton ou au cotton des Anglo-saxons.
La découverte et l’utilisation du coton par l’homme ont eu lieu sur différents continents à
des époques sensiblement identiques remontant à la préhistoire. Les plus anciens fragments
de cotonnades connus ont été trouvés au Pakistan, dans la vallée de l’Indus, et en Nubie et
datent d’environ 2500 ans avant notre ère. Les premiers textes faisant référence au coton
sont des textes hindous datant de 1500 ans ; vers 450 ans av. J.-C., Hérodote écrivait : « il
existe aux Indes des arbres qui fournissent une laine dont la qualité est supérieure à celle
des moutons ». L’Inde semble être l’un des plus anciens centres de culture du cotonnier. Le
coton brut et la fibre étaient envoyés par caravane jusqu’à la mer Rouge, puis étaient
distribués dans tout le bassin méditerranéen, par l’intermédiaire des Sarrasins. Cependant,
la culture et le commerce ne se sont pas limités à l’Ancien Monde, puisque des fragments de
tissu datant de 2500 ans av. J.-C. ont été découverts dans les Andes et au Mexique. De
nombreuses espèces de coton sont originaires d’Amérique latine et étaient cultivées au
Mexique, au Guatemala, en Colombie et au Pérou.
Au Moyen Age, des botanistes affirment que le cotonnier « porte une brebis entière avec ses
os, son sang et sa laine », d’où le nom allemand du coton Baumwolle, « laine d’arbre ». A
cette époque, en France, le coton est utilisé sous forme de bourre, au XIVe siècle comme
rembourrage de vêtements et courtepointes, au XIVe siècle dans la fabrication des mèches à
chandelles puis de tissus (« futaines, bombasins et boucassins ») et au XVIIe siècle dans la
confection de rubans appelés « couttons ». Les grandes régions cotonnières françaises se
situent alors dans le Nord et l’Est, en Haute-Normandie et dans le Sud-Est autour de
Montpellier.
La culture cotonnière américaine commence elle au XVIIe siècle, au sud des Etats-Unis
actuels, des émigrants européens sélectionnent des cotonniers à partir de graines
provenant du Mexique et des Antilles.
Avec le développement industriel de l’Europe et l’invention de l’égreneuse à scies, les
surfaces cultivées en coton se multiplient et la production de coton américain passe de 10
000 balles en 1794 à plus de 4 millions en 1861. Le besoin de main-d’œuvre aux champs
augmente et les esclaves y pourvoient jusqu’à l’abolition de l’esclavage, en 1865.
La Guerre de sécession paralyse temporairement la production américaine (1861-1865). Le
coton se raréfie, les prix grimpent et les pays industriels, privés de leur matière première,
décident d’implanter cette culture dans les territoires des empires coloniaux qu’ils sont en
train de constituer. Mais cela n’empêche pas la reprise du coton américain en 1866, et le
prix mondial de la fibre dépendra désormais des quantités de coton récolté aux Etats-Unis.
En Europe, l’expansion des toiles de coton marque le développement d’une industrie
moderne. L’Angleterre devient un centre important de manufactures et de commerce
cotonnier. L’apparition des premières machines à filer et celle des premières égreneuses
représentent un atout important pour cette industrie. De nombreuses améliorations
technologiques vont conduire, tout au long du XIXe siècle, à un développement considérable
de la culture et de l’industrie du coton, qui l’ont fait surnommer « l’or blanc ». Les progrès
scientifiques n’ont de cesse d’améliorer la culture et la qualité de la fibre.
(le monde des fibres)
1. Botanique
Dans la classification, le cotonnier est une dicotylédone appartenant à l’ordre des malvales,
de la famille des malvacées, genre Gossypium, dont quatre principales sont cultivées pour la
productin de fibres car leur graine possède des poils cellulosiques pouvant être utilisés par
l’industrie textile.
1.1 Les espèces cultivées pour les fibres
G. herbaceum et G. arboreum sont des cotonniers de l’Ancien Monde, qui donnent le coton
dit « indien », à fibres courtes et épaisses (coton « courte soie »), de valeur commerciale
faible. G. barbadense et G. hirsutum sont des cotonniers du Nouveau Monde. G.
barbadense, originaire d’Amérique tropicale et réintroduit en Egypte, donne le coton
« Egyptien », à fibres longues et fines (coton « longue soie ») ; il représente 1,5% de la
production mondiale. Il est considéré comme le plus beau coton du monde et est utilisé pour
les produits haut de gamme. G. hirsutum, originaire d’Amérique centrale, est le plus
commun. Il donne des fibres intermédiaires (coton « Upland » dont dérivent toutes les
variétés « moyenne soie »). Il représente plus de 90 % des variétés cultivées dans le monde
et est utilisé pour la fabrication des articles de qualité courante. A l’origine, tous ces
cotonniers sont des arbustes vivaces. Pour permettre une récolte plus facile et un meilleur
rendement en fibres, celui-ci étant maximal la première année de culture, ils sont cultivés
comme des plantes annuelles. Il existe de nombreuses espèces sauvages impropres à l’usage
textile, mais dont la conservation est essentielle au maintien de la diversité qui, seule,
permet d’envisager des améliorations génétiques.
1.2 Origines et génomes
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