SPC5 UEF1 COURS/TD SPECTROSCOPIES SPECTROSCOPIES MOLECULAIRES (UV - visible, IR, RMN de 1H et 13C, masse) : Application à l’élucidation structurale des composés organiques. (cours de M. LE BLANC) La spectroscopie correspond à l’étude du rayonnement électromagnétique émis, absorbé ou diffusé par des atomes ou des molécules. L’interaction de la matière avec le rayonnement électromagnétique se fait généralement par l’intermédiaire de sa composante électrique. SPECTROSCOPIE ATOMIQUE : La spectroscopie atomique a joué un rôle important dans le développement de la théorie quantique, mais le nombre des atomes est limité et les ions possédant plus de trois ou quatre charges sont difficiles à obtenir. La plupart des spectres sont déjà connus et interprétés. Ils gardent cependant un intérêt en astronomie, en chimie analytique et en physico - chimie du solide, notamment pour l’étude de nouveaux matériaux inorganiques. LE SPECTRE DE L’HYDROGENE : Il nous permettra d’énoncer quelques définitions et principes fondamentaux :on sait que la théorie quantique, qui s’applique aux atomes et aux molécules, nous dit qu’ils ne peuvent exister que dans des états dont l’énergie a une valeur discrète E, liée à certains paramètres quantiques. L’exemple le plus connu est le spectre d’émission de l’atome d’hydrogène, dont l’observation a permis d’illustrer la théorie quantique : c’est un spectre de raies, dont le nombre d’onde est déterminé par : n1 < n2 correspondent à deux valeurs du nombre quantique principal n de l’atome 1 _ = _ = R ( 1_ - 1_ ) H 2 2 n1 n2 d’hydrogène et RH à la constante de Rydberg, ce qui traduit la condition de fréquence de Bohr : E2 - E1 = h, qui traduit que l’énergie totale du système doit être conservée quand se produit une transition. La précision E avec laquelle on peut connaître l’énergie E d’une molécule ou d’un atome est reliée au temps d’observation t par le principe d’incertitude : E.t > h/2. On voit que la précision sera encore très bonne tant que t sera supérieure à 10-10 s. Le principe d’incertitude aura des répercussions sur la largeur des bandes spectrales. L’état fondamental d’une molécule ou d’un atome est l’état le plus peuplé lorsque, le matériau étant en équilibre thermique, on le refroidit progressivement jusqu’au zéro absolu, sans qu’il y ait modification chimique. Tous les états d’énergie supérieure sont dits états excités. 1 Soit A l’état fondamental et B, C,… les états excités. Pour décrire une transition, on place toujours l’état d’énergie le plus élevé à gauche. Ainsi plusieurs processus peuvent se produire lors de l’interaction de : B A correspond à l’absorption d’un rayonnement correspondant à la transition de l’état fondamental vers un état excité. B A correspond à l’émission d’un rayonnement correspondant à la transition d’un état excité vers l’état fondamental B A indique que la transition a lieu dans les deux sens. SPECTROSCOPIES MOLECULAIRES : INTERACTIONS RADIATION - MOLECULE : Le nombre de molécules est très grand et ne cesse de grandir. Les spectroscopies moléculaires continuent donc à se développer. Des radiations de longueur d'onde très variable (cf. Fig. 1) peuvent induire des changements dans les mouvements ou la structure des molécules. Ces interactions, détectées et mesurées dans un spectromètre, sont matérialisées sous forme de spectres (UV, visible, IR, RMN, masse...). Longueurs d'onde ( ) croissantes 200 nm 400 nm 800 nm 2,5 m Rayons UV Proche X lointain UV Visible Transitions électroniques 20 m 1m Infrarouge Ondes M icroondes radio RM N Vibrations moléculaires Rotations moléculaires 5m Spins nucléaires Fréquences (énergies) décroissantes Fig. 1: Zônes du spectre électromagnétique utilisés dans l'élucidation des structures des composés chimiques et nature des phénomènes mis en jeu. La plupart des états énergétiques d’une molécule (rotation, vibration, spin nucléaire, répartition électronique sur les orbitales moléculaires) étant quantifiés, un changement d’état (transition) se traduira par l’absorption, ou l’émission d’une radiation quasi - monochromatique. 2 PRINCIPE DE LA SPECTROSCOPIE : La spectroscopie est une technique permettant d’enregistrer l’intensité d’une radiation selon sa longueur d’onde (ou sa fréquence ) : une brusque variation de cette intensité (qui correspond à une absorption ou à une émission de radiation) indiquera l’existence d’une telle transition. Ceci se traduira sur l’enregistrement, du type : I (intensité) (ou A absorbance, ou T transmittance) = f () (ou appelé spectre, par l’apparition selon les cas: - d’une bande fine pour une certaine valeur de ou (RMN, IR, microondes) - d’une bande large centrée autour d’une certaine valeur de ou (UV-visible) La valeur de cette longueur d’onde (ou de cette fréquence) est une caractéristique intrinsèque de la substance. Sa mesure sera un indice qui contribuera à son identification. Dans la plupart des spectroscopies, on travaille en absorption : - on fait traverser la substance à étudier par un rayonnement - on compare, pour une même valeur de (ou ) l’intensité du rayonnement émergent I à l’intensité du rayonnement incident I0. Quand I/I0 < 1 on a absorption. Les dispositifs expérimentaux permettant de réaliser cette comparaison seront éventuellement décrits ultérieurement. HISTORIQUE DE L’ELUCIDATION STRUCTURALE EN CHIMIE ORGANIQUE: Dès le commencement de la chimie organique s’est posé le problème de la détermination de la structure des composés. Avant les années 40, la méthodologie suivante était utilisée : - On cherchait d’abord à savoir si le composé était déjà connu en comparant certaines de ses propriétés physiques (points d’ébullition, de fusion, indice de réfraction, densité, etc…) avec celles déjà tabulées dans la littérature. - Si le composé était inconnu : - il fallait d’abord le purifier le (par distillation, recristallisation,…) - s’assurer de sa pureté par le peu de méthodes dont on disposait (points de fusion et d’ébullition nets par exemple) - on cherchait ensuite à déterminer sa formule brute, à partir de mesures de masse molaire et d’analyse centésimale - on cherchait ensuite à mettre en évidence la présence de groupes fonctionnels par des tests caractéristiques (eau de brome, liqueur de Fehling, Lucas, etc..) ou l’obtention de dérivés caractéristiques (2,4-DNPH, sels de S-benzylthiouronium,…) Depuis, sont apparues de nombreuses méthodes de séparation et de purification beaucoup plus efficaces (chromatographies), la masse moléculaire, voire la formule brute peuvent être déterminées par spectrométrie de masse, la spectrométrie de résonance magnétique nucléaire (RMN) de 13C permet de préciser la structure du squelette carboné, la présence de groupes fonctionnels peut être mise en par spectroscopie infrarouge (IR) ou de RMN (1H, 13C). Le principe et quelques applications de ces différentes spectroscopies seront brièvement décrites ci-après. 3 CARACTERISTIQUES DES MOLECULES ORGANIQUES: - Elles contiennent tous du carbone, et possèdent généralement des liaisons entre atomes de carbone - La plupart contiennent des atomes d'hydrogène souvent, mais pas toujours liés à ces atomes de carbone - Elles contiennent souvent d'autres éléments, appelés hétéroatomes, présents en nombre limité: O, N, S, P, halogènes, généralement liés au carbone, quelquefois liés entre eux. - La plupart contiennent un groupe fonctionnel, défini comme un groupe d'atomes liés entre eux autrement que par des liaisons simples C-C ou C-H. COMPLEMENTARITE ET POINTS FORTS DES DIFFERENTES METHODES SPECTRO SCOPIQUES : INFRAROUGE: Permet surtout de voir quels groupes fonctionnels sont présents. Peut donner quelques indications sur le squelette carboné (ramifications par ex) RMN DU PROTON: Permet de définir l'environnement proche de chaque groupe d'atomes d'hydrogène de la molécule: on peut ainsi dire à quel type d'atome de carbone chaque atome d'hydrogène est attaché, et quel hétéroatome ou groupe fonctionnel est à proximité. RMN DU CARBONE 13: Permet de décrire le squelette carboné de la molécule. Permet de voir si des atomes de carbone ne sont pas liés à des atomes d’hydrogène SPECTROMETRIE DE MASSE: Peut permettre de déterminer la masse moléculaire du composé et de certains de ses fragments. En haute résolution, permet même de proposer la formule brute du composé et de ses fragments Il est rarement possible de déterminer la structure d'un composé organique à partir d'un seul type de spectroscopie. En pratique, plusieurs spectres sont souvent nécessaires, d'où l'utilité d'envisager chaque type de spectroscopie en relation avec les autres, ce qui évite de trop vouloir tirer d'informations d'un seul spectre. L’identification de la structure d’un composé organique s’apparente à une enquête policière où on accumule des indices convergents à l’aide d’une logique « floue », c’est à dire n’utilisant pas (ou rarement) de relations mathématiques. La stratégie la plus efficace - c’est à dire l’ordre dans lequel les différentes spectroscopies doivent être utilisées - vous est donné ci-dessous. On peut quelquefois sauter des étapes dans le cas de molécules simples. Avant l’emploi de toute méthode spectroscopique, il faut s’être assuré de la PURETE DE L’ECHANTILLON, par la mesure de certaines constantes caractéristiques (points de fusion, d’ébullition) et 4 l’application de méthodes de purification adaptées: distillation, recristallisation, chromatographies,... On enregistre et on interprète alors les spectres obtenus dans l’ordre suivant: 1) SPECTRE DE MASSE Formule brute du composé si haute résolution 2) SPECTRE INFRAROUGE Identification de groupes fonctionnels 3) SPECTRE DE RMN DE 1H Confirmation du nombre et du type d’atomes d’hydrogène présents Identification de la connectivité des goupes hydrocarbonés 4) SPECTRE DE RMN DE 13C Confirmation du type d’atomes de carbone présents Confirmation du nombre et du type de groupements possédant des liaisons C-H PROPOSITION D’UNE STRUCTURE 5) RETOUR SUR LE SPECTRE DE MASSE Recherche et identification de fragments présents dans la structure proposée CONFIRMATION/INFIRMATION DE LA STRUCTURE 5 SPECTROSCOPIE UV-VISIBLE PRINCIPE : La région du spectre électromagnétique exploitée en spectroscopie UV – visible s’étend de 200 à 800 nm (en longueurs d’onde). Les absorptions (ou émissions) observées dans cette région correspondent à des transitions électroniques (variation de populations électroniques entre orbitales moléculaires). Les énergies mises en jeu sont de quelques dizaines de kJ.mole-1. Ces transitions sont régies par les lois de la mécanique quantique : - certaines sont interdites (pour des raisons de symétrie notamment) - les énergies de transition ont des valeurs discrètes, correspondant à la différence entre les énergies potentielles des orbitales moléculaires mises en jeu : en général l’orbitale occupée d’énergie la plus haute (OH) et l’orbitale vacante d’énergie la plus basse (BV), souvent appelées orbitales frontières. Malgré la valeur discrète des énergies de transition, les spectres d’absorption UV - visible se présentent sous forme de bandes larges, car l’énergie apportée par le rayonnement - très supérieure aux énergies mises en jeu dans les vibrations et les rotations moléculaires - provoque également des transitions entre états de vibration et de rotation. (cf. fig.2) Fig. 2 : Transitions observées en spectroscopie UV-visible N.B. : Dans le schéma , la proportionnalité entre énergies de transition électronique, de vibration et de rotation n’est pas respectée : elle est en fait de l’ordre de : Etrans/Evib/Erot = 1000/50/1 Suivant la localisation des électrons dans la molécule, différentes transitions sont possibles. Comme elles impliquent souvent une modification de la répartition des densités électroniques dans la molécule, les spectres UV sont souvent appelés spectres électroniques ou spectres de transfert de charge. Chaque transition est caractérisée sur le spectre par : 6 - sa longueur d’onde maximale max (en nm) - son coefficient d’absorption molaire (en l.mol-1.cm-1) Un exemple de spectre UV – visible est donné dans la figure 3. log (nm) 400 300 200 500 Fig. 3 : Spectres d’absorption électronique de quelques composés aromatiques DIFFERENTS TYPES DE TRANSITIONS, CORRELATIONS AVEC LA STRUCTURE : Les différents types de transitions observées dans les molécules organiques sont représentés dans le schéma ci – dessous : E n n (f) (f) n (F) si insaturation (F) 200 400 (nm) Différents types de transitions observables dans les molécules organiques, intensités et domaine de longueurs d'onde correspondants (F): transition forte (intense) (f): transition faible (peu intense) * : la grande stabilité des liaisons dans les molécules organiques se traduit par un écart énergétique important entre les orbitales frontières, donc une absorption dans l’UV lointain : ainsi les hydrocarbures saturés, comme le cyclohexane 7 (max = 135 nm, = 10 000) sont transparents dans le domaine de l’UV traditionnel et pourront être utilisés comme solvants. n * : un électron n est un électron présent dans un doublet libre d’un hétéroatome (OM non liante). Par absorption du rayonnement UV, il est envoyé dans une OM * antiliante. Un exemple de transition n * est donné ci-dessous dans le cas de l’aniline : NH2 h NH2 Le domaine d’absorbance des molécules présentant des transitions n * se situe généralement entre 180 et 220 nm, avec un coefficient d’absorption molaire moyen: méthanol (max = 183 nm, = 50) ; éthylamine (max = 210 nm, = 800) n * : l’électron n passe cette fois dans une OM antiliante de type *. On observe cette transition lorsqu’un hétéroatome participe à une liaison multiple : dans le cas de l’oxygène d’un carbonyle, les transitions n * se situent généralement entre 270 et 295 nm, avec un coefficient d’absorption molaire faible: éthanal (max = 293 nm, = 12, en solution dans l’éthanol) * : observable avec les électrons d’une liaison éthylénique isolée, elle donne une forte bande d’absorption vers 170 nm : éthylène (max = 165 nm, = 16000) GROUPEMENTS CHROMOPHORES : On appelle chromophore un petit groupe d’atomes (souvent assimilable à un groupement fonctionnel) responsables d’une absorption caractéristique, relativement indépendante du squelette carboné portant ce groupe : pour une série de molécules portant le même chromophore, la position et l’intensité des bandes d’absorption seront sensiblement constantes. Quand une molécule possède plusieurs chromophores isolés (séparés par au moins deux liaisons simples), on observe une superposition des effets individuels. Quand une molécule possède plusieurs chromophores conjugués (séparés par une seule liaisons simples), on observe un déplacement du maximum d’absorption vers les grandes longueurs d’onde (effet bathochrome) , associé à une augmentation du coefficient d’absorption molaire (effet hyperchrome). Un exemple est donné dans le tableau 1 pour une famille de polyènes : n Structure max (nm) max . 10-4 (L.cm-1.mol-1) 1 174 1,6 2 227 2,4 3 275 3 4 310 7,7 5 342 12,2 6 380 14,7 Tableau 1 : Déplacement de la position et de l’intensité du maximum d’absorption pour une famille de polyènes DISPOSITIF EXPERIMENTAL : Les divers appareils se composent toujours d’une source, d’un système dispersif (combiné à un monochromateur), d’un compartiment contenant la substance 8 à étudier (généralement en solution) et d’un détecteur (photomultiplicateur ou photodiode). Fig. 4 : Parcours optique, entre la sortie du monochromateur et le détecteur, de deux types d’appareils à double faisceau : à miroirs tournants (en haut) et à miroir semi-transparent (en bas) Les appareils dits à double faisceau (fig. 4) envoient alternativement (ou simultanément) le rayonnement sur l’échantillon et la référence par un système de miroir tournant (ou de miroir semi - transparent) : L’apparition de l’informatique fait qu’on utilise de plus en les appareils à simple faisceau (optiquement plus simples) qui mémorisent le spectre de la référence (Fig. 5): 9 Fig. 5 : Schéma optique d’un spectrophotomètre simple faisceau EXPLOITATION ANALYTIQUE DES SPECTRES UV-VISIBLE : IDENTIFICATION STRUCTURALE : L’analyse structurale à partir des spectres électroniques est assez aléatoire, car leur relative simplicité n’apporte qu’une faible information. Avant l’apparition de techniques beaucoup plus performantes, on a cependant pu établir certaines corrélations entre structures et maxima d’absorption, maintenant tombées en désuétude. APPLICATIONS EN ANALYSE QUANTITATIVE : COLORIMETRIE Elles reposent sur la loi de Beer - Lambert : A = . l . C, où A représente l’absorbance, nombre sans dimension : A = log [I0/I], est le coefficient d’absorption molaire en l.mol-1.cm-1, l l’épaisseur d’échantillon (généralement en solution) traversée et C sa concentration molaire (s’il est en solution). A une longueur d’onde donnée (de préférence à la longueur d’onde correspondant à un maximum d’absorption), l’absorbance sera donc proportionnelle à la quantité de matière absorbante présente. Si on connaît , on pourra en déduire C, don effectuer un dosage quantitatif de cette matière absorbante. 10 SPECTROSCOPIE INFRAROUGE : PRINCIPE, CAS D’UNE MOLECULE DIATOMIQUE: Le rayonnement infrarouge émis par un filament incandescent est habituellement utilisé dans une plage de longueurs d’onde comprise entre 2,5 et 20 µm, correspondant à des énergies comprises entre 60 et 4 kJ/mole. Ces énergies sont insuffisantes pour provoquer des transitions électroniques (domaine UV – visible) mais elles peuvent provoquer des transitions entre états de vibration et/ou de rotation des molécules (qui sont eux aussi quantifiés). Les niveaux discrets des énergies correspondant à ces vibrations s’exprimeront en fonction d’un nombre quantique de vibration v (entier) selon : En = (v + ½) h. La valeur de v ne peut varier que d’une unité (v = 1) lors d’une transition, dite fondamentale. Les transitions correspondant à v = 2 sont « interdites » par la théorie, mais néanmoins observables, quoique peu intenses, lorsque la transition fondamentale correspondante est particulièrement intense (cas des carbonyles). A température ambiante, la plupart des molécules sont encore dans l’état non excité (v = 0). Dans un modèle simple, les molécules peuvent être assimilées à un ensemble de billes pesantes (les atomes) reliées entre eux par des ressorts (les liaisons). Pour une molécule diatomique A-B, le seul type de vibration possible s’effectue selon l’axe de la liaison : il sera appelé vibration de valence. Sa fréquence pourra être déterminée par la formule du pendule : = (k/M)1/2/2, où M est la masse réduite et k la constante de force de la liaison. L’expression de l’énergie potentielle de vibration en fonction de la distance (ou plus exactement de l’écart x0 par rapport à la valeur d’équilibre, c’est à dire la longueur de liaison) correspond à l’équation d’une parabole : E vib = kx02/2 Lorsque l’énergie d’une radiation infrarouge sera égale à la différence d’énergie entre deux états vibrationnels de la molécule A-B, il pourra y avoir absorption, si la vibration provoque une variation du moment dipolaire de la molécule les molécules diatomiques symétriques sont transparentes en infrarouge. Dans un modèle un peu plus complexe, où les liaisons chimiques ne sont pas des ressorts parfaits, la constante de force k diminue lorsque la longueur de liaison augmente et augmente lorsque la longueur de liaison diminue, La fonction potentielle n’est plus parabolique, mais de la forme : E vib = D(1 – e-x)2, où D représente la somme de l’énergie de dissociation ED et de l’énergie de vibration de point 0 E(vib)0, et x l’augmentation de la distance interatomique. Cette courbe, qui ressemble à une branche de parabole pour les valeurs négatives de x et tend vers une valeur finie D pour les grandes valeurs de x, est appelée courbe de Morse. Une représentation en est donnée ci-dessous . 11 Courbe de Morse GENERALISATION AUX MOLECULES POLYATOMIQUES, BANDES CARACTERISTIQUES DES COMPOSES ORGANIQUES : Une molécule constituée de n atomes est définie par 3n coordonnées, appelées degrés de liberté. Trois degrés de liberté sont nécessaires pour décrire ses mouvements de translation, et trois autres pour ses mouvements de rotation (sauf symétries particulières). Tous les autres (soit 3n – 6) correspondront aux mouvements de vibration internes. Seuls ceux provoquant une variation du moment dipolaire seront détectables par spectrométrie infrarouge. Les mouvements de vibration les plus connus correspondent à des vibrations d’élongation (stretching) ou de déformation angulaire, comme le montre la figure ci-dessous, dans le cas d’un groupe méthylène d’une chaîne hydrocarbonée. Modes de vibration d’un groupe méthylène d’une chaîne hydrocarbonée 12 Nombre d’onde (cm-1) Intensité * C(sp3) _ H C(sp2) _ H C(sp2) _ H (aromatique) C(sp2) _ H (aldéhyde) C(sp) _ H 2810 – 3000 3100 – 3000 3030 – 3080 2750 2900 3300 –3310 F m m m m O – H libres O – H (alcool avec liaison H) O – H (acide carboxylique) N – H (amine) N – H (amide) 3580 – 3670 3200 – 3400 2500 – 3200 3100 – 3500 3100 – 3500 F F F m F C–C C=C CC C = C (aromatique) 1000 – 1250 1625 – 1680 2100 – 2250 vers 1600 et vers 1500 F m f m m C–O C = O (aldéhyde ou cétone) C = O (acide) C = O (ester) C = O (amide) C = O (anhydride) 1050 – 1450 1650 – 1730 1680 – 1710 1700 – 1740 1650 – 1700 1700 –1840 (2 bandes) F F F F F F C–N C=N CN C–F C – Cl C – Br C-I 1000 – 1400 1600 – 1680 2120 – 2260 1000 – 1400 700 – 800 600 – 750 500 - 600 F F m–F F F F F Vibrateur (*) : F = Forte ; m = moyenne ; f = faible Valeurs caractéristiques de quelques maxima d’absorption en infrarouge Dans le cas des molécules organiques, il avait été observé empiriquement une corrélation entre la position des maxima d’absorption de certaines bandes et la présence de certains groupes fonctionnels ou d’enchaînements atomiques particuliers dans le squelette, en particulier pour les valeurs des maxima supérieures à 1500 cm-1.(cf. tableau ci-dessus). Ceci suppose que : - la constante de force k varie peu pour un même type de liaison - les différents mouvements de vibration sont peu couplés entre eux : la masse réduite pour un groupement fonctionnel est pratiquement constante, quelle que soit la masse totale de la molécule. Au-dessus de 1500 cm-1, on n’observe donc que peu de bandes : 13 au dessus de 2700 cm-1, toutes les vibrations d’élongation entre un atome d’hydrogène et un atome plus lourd - vers 2100-2300 cm-1, liaisons triples CC et CN - vers 1600-1800 cm-1, liaisons doubles C=X (X = C, O, N) Au-dessous de 1500 cm-1, ces corrélations sont moins nombreuses. Les vibrations observées correspondent à : - des élongations C-X - des vibrations de déformation angulaire Elles sont beaucoup plus nombreuses et diffèrent avec chaque composé : il devient difficile de toutes les corréler à un mode de vibration. Elles présentent toutefois un intérêt en tant qu’empreinte digitale de la molécule. - INSTRUMENTATION : Les matériaux optiques utilisables dans le visible ou le proche infrarouge (verre, silice) sont opaques dans le moyen infrarouge : on y utilise des fenêtres en NaCl (1/ > 650 cm-1), KBr (1/ > de 400 cm-1) ou CsI (1/ > 200 cm-1), fragiles et hygroscopiques. Schéma d’un spectromètre infrarouge à transformée de Fourier Les sources optiques sont des filaments ou des bâtonnets (oxydes de Zr ou de terres rares, carbure de silicium) chauffés par effet Joule. Les détecteurs sont de type pyroélectrique ou photovoltaïque. Les appareils de type dispersif peuvent être à simple ou double faisceau, leur principe de fonctionnement est analogue à celui des spectromètres UV-visible. Le système dispersif est composé d’au moins deux réseaux associés à des filtres interférentiels pour éliminer les réflexions d’ordre différent. 14 Dans les appareils à transformée de Fourier (cf. schéma ci-dessus), les radiations émises par la source viennent frapper une séparatrice, - l’un des deux faisceaux qui en émergent se dirige vers le compartiment de mesure puis le détecteur, - le second est réfléchi par un miroir mobile, retourne sur la séparatrice et suit alors le même trajet que le premier, mais avec un certain déphasage, lié à la distance séparant le miroir mobile de la séparatrice. La valeur de est mesurée avec précision par interférométrie à l’aide de la source laser. On peut alors décrire le mouvement du miroir mobile = f(t). Le signal reçu par le détecteur peut être traduit sous forme d’un interférogramme I = f(). Un système informatique assure la numérisation et la déconvolution de cet interférogramme par un algorithme de transformée de Fourier, pour générer la représentation classique d’un spectre infrarouge I = f() ou I = f(). Pour obtenir le spectre d’un échantillon, on mémorise d’abord le spectre enregistré sans échantillon, qui sera soustrait à enregistré avec. Cette méthode d’acquisition des spectres (IRTF) est en train de supplanter la méthode traditionnelle utilisant des appareils de type dispersif , car elle présente de nombreux avantages: - signal beaucoup plus lumineux et sans lumière parasite - meilleur rapport signal/bruit - meilleure précision en longueur d’onde - résolution constante sur tout le domaine de mesure Le système informatique utilisé pour le traitement du signal permet en outre d’archiver les données obtenues, de comparer des spectres, voire d’aider à l’interprétation de spectres d’échantillons inconnus. 15