12_GEOG_AL_MEXIQUE_COURS

publicité
Une analyse régionale du Mexique
Le Mexique est un pays charnière entre Amérique du nord et Amérique latine. Couvrant plus
d’1,9 millions de kilomètres carrés, il abrite 116 millions d’habitants, soit 1/5e de la
population d’Amérique latine. Avec le Chili, il est le seul pays membre de l’OCDE. Avec le
Brésil, il est le plus gros récepteur d’investissements directs étrangers de la région (11e pays
au niveau mondial). Ces performances économiques, qui semblent le rattacher à l’Amérique
du nord, tout autant que ses alliances économiques fortes avec ses voisins étatsunien et
canadien, ne masquent pas les difficultés qu’il rencontre. Avec son indice de développement
humain de 0,775 (61e rang mondial), il se situe au dessous des performances de l’Uruguay, du
Costa Rica, du Panama. Selon les données de la Banque Mondiale, le taux de pauvreté moyen,
de 51,3% (2010) est largement au dessus de celui du Brésil (22%), de la Colombie (34,3%), et
proche de celui de la Bolivie (50,6%) (PIB par habitant au Mexique: 10 989 USD en 2013).
Enfin, le pays abrite une très grande diversité culturelle : 1,5 million de personnes parlent le
nahuatl, 800 000 le maya. Les langues et cultures mixtèques et zapotèques (voir plus loin sont
également très vivantes. Le catholicisme populaire (81% de la population) rattache le pays à
l’Amérique latine plutôt qu’à l’Amérique du nord (à dominante protestante) mais il est
fortement imprégné d’éléments d’origine indienne : exemple de la Virgen de Guadalupe,
l’une des nombreuses Vierges métisses de la région, que l’on fête le 12 décembre.
En reprenant les principaux débats de géographie régionale qui permettent de brosser à grands
traits la forte diversité territoriale, nous tenterons de rendre compte de cette complexité.
I-
Mexique du nord, Mexique du sud
Une première approche consiste à mettre en évidence les contradictions d’un pays polarisé par
deux identités : le rattachement au Nord, la pesanteur du Sud.
En 1981, Joel Garreau publie l’ouvrage Les neuf nations de l’Amérique du nord, dans lequel
apparaît l’expression de Mexamerica : liens linguistiques, économiques, culturels et
migratoires. Comme l’indique A. Musset (2004), tous les états du nord mexicain
appartiendraient à ce vaste espace réunissant les anciennes provinces perdues par le Mexique
entre 1835 et 1853 (Texas, Californie, Nouveau-Mexique, Arizona).
La réflexion est poursuivie en 1987 par Louis B. Casagrande, qui riposte en parlant des Cinq
Nations du Mexique, en insistant sur les profondes disparités et les divisions internes du
peuple mexicain.
Cette « coupure » se matérialise d’abord par une division géophysique : en effet, l’isthme de
Tehuantepec [diapo 5] divise l’Amérique du nord de l’Amérique du sud. C’est là que
s’interrompent les Sierras Madres occidentales et orientales situées dans le prolongement de
la chaîne des Rocheuses. En outre, il représente la plus courte distance (130 kms) entre le
golfe du Mexique et l’océan Pacifique. Enfin, jusqu'au début du xxe siècle, cette zone était une
zone de moindre contrôle entre les foyers de peuplement de l’état de Veracruz sur la plaine
nord-est, de l'état d’Oaxaca dans les montagnes du sud-ouest, de l’état de Tabasco dans les
plaines et deltas de l'est et de l’état du Chiapas au sud-est. [diapo 5]
1
1- Mexamérique : un nord peuplé, industriel, développé
.
Avant la conquête espagnole, le Mexique du nord est en grande partie désertique et souspeuplé. L’un des foyers de peuplement les plus anciens est celui des peuples nomades du
nord, les Aztèques, implantés dans le centre du Mexique : à proximité des volcans du
Popocatepetl et l’Ixtaccihuatl (5286 m). Fondation de Mexico par les Mexicas en 1325.
Entretien de liens étroits avec les peuples du sud : consolidation de réseaux de circulation de
marchandises.
Entre 1960 et 2000, le Mexique connaît une évolution spectaculaire de son urbanisation : le
taux de celle-ci passe de 50% à 75%, et ce sont surtout les états du nord et du centre qui en
retirent les bénéfices. Au cours des années 1980, les conditions de vie connaissent une
amélioration généralisée, surtout en ville. [diapo 6] (transformations détaillées dans le
point II.1).
Ces mutations sont allées de pair avec la concentration d’une grande part de l’activité
industrielle au nord du pays. Ce secteur produit 36 % du PIB et 24 % de la population active.
L’agroalimentaire, l’industrie lourde (Cemex occupe le 1er rang mondial pour la production
de béton) et les nouvelles technologies (en fort développement au Mexique et en particulier
dans la région de Guadalajara) sont des spécialités fortes de l’économie mexicaine, tout
comme l’industrie automobile (8ème producteur mondial en 2012), dont les principaux sites
de production se localisent autour de la zone métropolitaine de Mexico, dans les grands pôles
urbains de la périphérie : Puebla, Toluca, Cuernavaca. Le symbole de l’automobile, au
Mexique est le vocho (coccinelle Volkswagen), les taxis populaires qui sillonnent
l’agglomération de Mexico sont encore, pour une grande partie, de ce modèle. [diapo 7]
Le nord est empreint d’une culture industrielle. Certains groupes y ont pris leur envol à partir
du XIXe siècle, et souvent sous l’impulsion d’entrepreneurs immigrants qui avaient réussi à
s’implanter dans la ville de Mexico avant de développer l’industrie (exemple des
Barcelonnettes). Aujourd’hui, on peut relever les géants comme le groupe agroalimentaire
Bimbo, fondé en 1945 à Mexico, et spécialisé dans la boulangerie, la pâtisserie et les
douceurs. Il est présent dans 16 pays  mondialisation sud-sud. La fonderie d’acier de
Monterrey (Fundidora de Fierro y Acero de Monterrey), créée en 1900 par des investisseurs
privés, en est un autre exemple.Il s’agit du premier complexe sidérurgique intégré
d’Amérique latine [diapo 8]
 Aujourd’hui, ce patrimoine industriel est valorisé : le site de la fonderie a été
transformé en un parc-musée thématique (Parque Fundidora).
Ce fort développement a motivé et a été renforcé par l’ALENA : signé le 1er janvier 1994.
Renforce le libre-échange avec le voisin nord-américain. L’accord porte sur les produits
fabriqués dans la région (pour éviter la concurrence asiatique). Facilitation de la circulation
des capitaux. Bénéfices économiques dans le monde urbain, mais catastrophe dans le monde
rural : fragilisé par la diminution des aides fédérales, et perte des débouchés traditionnels.
2 – Le Sud, tourné vers l’Amérique centrale : indianité, ruralité, pauvreté
2
Avant la conquête, le Mexique du sud, celui de la Mésoamérique a permis l’éclosion de
grandes civilisations urbaines fondées sur l’agriculture
C’est là que s’est épanouie la civilisation olmèque, sur les terres chaudes, les forêts humides
et les marécages du littoral du Veracruz et du Tabasco (1200 – 400 avant JC).
Implantation des Zapotèques à Monte Alban (Ve siècle).
Le sud du Mexique est le premier foyer urbain : développement des premières agglomérations
dans la jungle située entre Mexique et Guatemala. Le premier siècle après JC est celui du
développement des grandes cités-états : Copan (Honduras), Tikal (Guatemala), Palenque
(Mexique).
Mais inversion de cette évolution à partir de la colonisation : le sud reste le lieu de la
résistance aux Espagnols. Il reste très éloigné des dynamiques d’urbanisation, et se caractérise
par son indianité, sa ruralité, sa pauvreté.
La carte de la diapo 11 montre que la plus grande diversité amérindienne se concentre au sud
du Mexique. Le Mexique comptabilise plusieurs dizaines d’ethnies, en tout. Le recensemenet
de 2000 a mis en évidence que plus de 6 millions de mexicains parlent une langue indigène :
parmi ceux-ci, 12% des hommes et 21% des femmes ne parlent pas l’espagnol. Les politiques
publiques sont assez ambigues et oscillent entre une intégration et la reconnaissance de la
diversité culturelle : l’Institut National Indigéniste (INI) s’attache à mettre en valeur cette
dernière.
 Tensions à partir de 1994 avec le mouvement néo-zapatiste. Pour mémoire Emiliano
Zapata est l’un des artisans de la révolution mexicaine. Contrairement à son semblable
du nord du Mexique, Pancho Villa, Zapata est issu d’une famille de paysan et plaide
pour « Terre et Liberté » (1911). Il redistribue les terres aux paysans dans l’Etat de
Morelos et s’attire les foudres du président Venustiano Carranza.
L’indianité coïncide aussi avec la pauvreté. Ce n’est pas par hasard que les états du sud du
Mexique concentrent les plus forts indicateurs de marginalisation socio-économique et que
près de 8 millions de personnes vivent dans la marginalité (CONAPO). L’alphabétisation est
de 10 points en dessous des états du nord et du centre 77 à 85% contre 96% au nord et 93% à
Mexico). Près de la moitié des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté dans les états
d’Oaxaca et Chiapas (moyenne à 30% dans états formant partie du plan Puebla Panama
contre10 à 15% au nord et au centre).
Enfin, le sud est celui de l’agriculture paysanne, avec plus du tiers de la population active
dans le secteur primaire (sauf Campeche, Yucatan, Quintana Roo, marqués par la
prédominance du tourisme). Pour désigner la situation dramatique de l’agriculture au
Mexique, et tout particulièrement celle du sud, Alain Musset parle de « l’épuisement du
monde rural » (2004).
Au nord, le principal problème était celui de l’irrigation, et tout particulièrement dans les états
désertiques (Sonora, Coahuila, Nuevo León)  aujourd’hui, les principales productions
agricoles commerciales s’y tiennent.
Au sud, le problème est celui de la répartition des terres  distribution jusqu’en 1982, mais
après cela, retrait des politiques d’état.
Cultures surtout vivrières : maïs, haricot, cacao, café.
L’intégration dans le PPP : à partir de 1994, le sud entre en dissidence avec le nord du pays
suite à la signature de l’ALENA. La rébellion néozapatiste est menée par le subcomandante
Marcos. Les années 1990 sont celles de profondes violences, des deux côtés opposés : en
1997, 45 tzotzils sont assassinés parce qu’ils sont soupçonnés de soutenir le mouvement
d’opposition.
3
A partir de 2001, le président Vicente Fox, qui met un terme à presque un siècle d’hégémonie
du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI) , lance le plan Puebla Panama, destiné à donner
des cadres au développement du sud, selon d’autres modalités que l’ALENA.
Aplanissement des tensions et efforts d’intégration de cette diversité. Slogan : « plus jamais
un Mexique sans nous ».
II-
Mexique des villes
1- Le réseau urbain : creuset de l’identité mexicaine
Le Mexique des villes est, comme on l’a compris, le plus développé. Un solide réseau urbain
de villes multimillionnaires peut être relevé : la zone métropolitaine de Mexico (ZMM) en
occupe le cœur. Et autour de celle-ci s’organisent les agglomérations de Guadalajara (presque
4 millions d’habitants) et Monterrey (3,2 millions d’habitants).
Ces villes concentrent la plupart des services urbains. Ce sont de grands pôles industriels,
comme nous l’avons vu précédemment, mais aussi des centres universitaires et
technologiques prestigieux : UNAM, UAM, COLMEX à Mexico ; Instituto Tecnológico de
Estudios Superiores de Monterrey (ITEC) (fondé en 1934 sur le modèle du MIT), etc. 1,7
millions d’étudiants en 2000.
Ces grandes agglomérations connaissent aussi d’importants problèmes de fragmentation
socio-spatiale et de pollution. Il est vrai que l’accès à l’éducation, à la sécurité sociale, aux
revenus et aux équipements de base y sont bien plus importants que dans des villes de
moindre rang. Cependant, les tensions socio-économiques, tout d’abord, y sont décuplées. A
Mexico, la séparation spatiale des niveaux socio-économiques conduit Angela Giglia et
Emilio Duhau à théoriser l’insularisation de la ville (cf bibliographie).
Par ailleurs, comme le montre la diapo correspondante, ces espaces urbains exercent une forte
pression sur les aquifères existants. La rupture des fragiles équilibres conçus par les Aztèques
lors de la colonisation (cf thèse Alain Musset), l’industrialisation peu contrôlée jusqu’à la
signature de l’ALENA (cf Vicente Ugalde et la réglementation des déchets dangereux) et la
demande toujours croissante en eau sont responsables de la dégradation des ressources en eau
et de la recherche de points d’approvisionnement toujours plus éloignés.
Comme dans le reste des grands pays d’Amérique latine, on constate un renforcement de la
trame des villes moyennes, qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu en mettant en avant leur
dynamisme, leur moindre complexité, leur capacité à être attractives auprès des investisseurs
privés.
2- Frontière et maquiladoras
Un deuxième groupe de ville peut être identifié : celui des villes situées à la frontière,
jumelées avec des pôles urbains situés aux Etats-Unis. Ciudad Juárez, Tijuana, Mexicali et
Tecate en sont quelques exemples. Ces villes se caractérisent par leur forte dominante
industrielle, et tout particulièrement par l’activité des maquiladoras, bonne expression de
l’intégration du Mexique au monde nord-américain.
Maquila : initialement, le terme désigne le travail réalisé par les meuniers pour les
agriculteurs, qui leur confiaient leur grain pour produire de la farine. Puis il s’est étendu à
toutes les activités effectuées pour le compte d’un tiers, et notamment celles des usines
d’assemblage qui importent éléments de base des Etats-Unis et qui rééexportent les produits
finis de l’autre côté de la frontière. Le système a été établi en 1960 quand le gouvernement
américain a mis un terme au programme qui permettait aux ouvriers agricoles mexicains (les
4
braceros) de travailler comme saisonniers dans les grandes exploitations agricoles de
Californie. La main d’œuvre y est peu qualifiée et bon marché. Elle n’est pas assujettie aux
règles sociales en vigueur sur leur propre territoire. L’idée était aussi de fixer sur place une
partie des candidats à l’immigration qui franchissaient illégalement la frontière. A Mexicali,
les industries maquiladoras se sont multipliées par 3 entre 1980 et 2001, passant de 70 à 208.
Le fonctionnement de ces villes et industries jumelles (twin plants) est le suivant : au nord un
établissement rassemble les fonctions d’encadrement et de gestion. Au sud, l’usine
d’assemblage qui en dépend voit son rôle limité à des fonctions productives centrées sur le
travail manuel. L’emploi qui concerne surtout des femmes : 60% de l’effectif dans le secteur
électronique et 58% du textile, mais aussi industrie et produits chimiques : 55%
Cette activité donne un poids considérable aux états frontaliers, qui pèsent à plus de 24% dans
le total du PIB (2001) alors qu’ils n’abritent que 17% de la population.
Ces villes sont aussi celles par lesquelles transitent les flux migratoires vers la frontière
étatsunienne. Les Mexicains composent une part importante de la population latino aux EtatsUnis (60%, soit plus de 20 millions d’habitants). A partir de 1960, ces derniers ont provoqué
une croissance incontrôlée de l’urbanisation dans cet espace restreint. Alain Musset prend
l’exemple du petit village de San Luis Colorado (Sonora) où la population s’est multipliée par
241, passant de 600 habitants en 1940 à 145 000 habitants en 2004.
Transfert de 10 à 14 milliards de dollars de remesas par an.
Enfin, ces villes frontalières sont celles d’un transit problématique des marchandises dans le
cadre de l’ALENA. Plus de 80 % des exportations mexicaines vers les États-Unis en valeur
sont transportées par camion, mais actuellement, ni les camions mexicains ni les camions
américains de transport longue distance ne sont autorisés à traverser la frontière. En
conséquence, les retards à la frontière sont substantiels, et ils se sont même allongés ces
dernières années. Par ailleurs, l’incertitude est très grande quant au temps de franchissement
de la frontière.
Pour les transports de marchandises vers le Sud, le temps total passé à franchir la frontière
varie entre 12 heures et 3 jours voire davantage, et cela se traduit par des coûts compris entre
16 % et 40 % du coût total du camionnage de Chicago à Monterrey. Pour les transports vers le
nord, le temps passé à traverser la frontière est compris entre 7 et 17 heures.
Par ailleurs, plusieurs véhicules sont sollicités, y compris un tracteur, chargé de tirer les
remorques sur une courte distance pour traverser la frontière. Ce processus, qui double le
nombre de passages de véhicules sur les ponts, accroît la congestion du trafic aux points
stratégiques, notamment sur les ponts qui traversent le Rio Bravo ou le Rio Grande.
Plusieurs mesures ont été prises pour améliorer ce trafic et notamment un programme pilote
de camionnage transfrontalier qui concerne 100 sociétés de chacun des deux pays.
Le Fast and Secure Trade (FAST), lancé fin 2003, fonctionne actuellement dans 13 ports
d’entrée à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Il s’agit d’un système qui consiste à
faire une demande pour devenir transporteur certifié, le titulaire d’une certification étant
autorisé à utiliser à la frontière des files réservées, où les inspections sont réduites.
III- Le Mexique des littoraux
1- Des ports et du pétrole
Le pétrole a été découvert au tout début du XXe siècle au Mexique (1901). En 1938, le
président Lázaro Cárdenas décide de nationalise les compagnies étrangères. Il s’agit d’un
5
enjeu stratégique dans la mesure où en 1921, le Mexique est le deuxième producteur mondial
de pétrole brut. Il fournit alors le quart de la demande internationale.
PEMEX est créée en 1940. Renforcement de son rôle à la fin des années 1970 : en 1982, le
pétrole occupe plus de 75% de la valeur des exportations.
Le pétrole se transforme en véritable institution pétrolière. Le syndicat des travailleurs du
pétrole (STPRM) avait le monopole de l’embauche. C’était aussi un lieu de corruption très
important et d’absence de transparence dans les transactions économiques. Pour en savoir
plus, consulter les travaux de Marie-France Prévôt-Schapira sur les travailleurs du pétrole.
En 1992, PEMEX est divisée en quatre secteurs, dans la vague de transformations
structurelles néolibérales et le gouvernement s’apprête à la vendre, lorsque la crise de 19941995 interrompt le processus engagé  aujourd’hui la PEMEX reste une entreprise publique
(même si de fortes menaces pèsent sur son devenir).
Aujourd’hui, le Mexique est le 5e producteur mondial, les recettes pétrolières représentent
40 % des ressources totales de l’Etat mexicain en 2012 (revenus fiscaux). La compagnie
pétrolière Pemex est la deuxième entreprise la plus puissante en Amérique latine selon le
classement de la revue spécialisée América Economía.
2- Le tourisme : des structures balnéaires de masse
Le secteur tertiaire produit une large part des ressources mexicaines (60 % du PIB et 52 % de
la population active). Le tourisme en est une composante importante (8 % du PIB et plus de 5
millions d’emplois), audiovisuel (Televisa et TV Azteca), télécommunications.
Les infrastructures, les programmes officiels de crédits à la construction hôtelière et les
opérations touristiques ont été développés depuis les années 1950 (Jiménez, 1992). La
position géographique du Mexique y est pour beaucoup : la possibilité de profiter de l’ample
marché des États-Unis, privé dans les années 1950 d’une de ses destinations de prédilection,
Cuba, a joué un rôle décisif dans le développement du marché touristique mexicain.
Il ne faut pas oublier que le succès économique du pays – certains ont parlé de « miracle »
pour l’équivalent mexicain des trente glorieuses mondiales. Il a aussi contribué non
seulement à l’engagement de capitaux mexicains privés et publics dans le tourisme, mais
aussi au développement d’une demande nationale significative, qui a été le grand moteur des
destinations traditionnelles comme Acapulco ou Veracruz.
Distribution régionale : dans son récent Baromètre du tourisme mondial (2012),
l’Organisation mondiale du tourisme indique que les états situés près de la frontière au nord
ne sont pas très compétitifs en matière de tourisme, à l’inverse des États du Sud en raison de
leurs ressources naturelles et culturelles. Le Mexique offre des sites archéologiques (Mundo
Maya), des destinations de plages (Cancún, Cozumel, Riviera Maya, Puerto Vallarta, et
Ixtapa); des villes coloniales (Morelia, Guanajuato, Puebla), de grandes villes et des lieux
écologiques organisés par destinations et par routes touristiques. De nombreux programmes
de tourisme sont soutenus par le gouvernement au niveau fédéral, des États et des
municipalités, selon un modèle de tourisme international massif, à l’image des
développements connus en Europe du Sud et aux États-Unis.
Les destinations de plage du Mexique sont très compétitives grâce aux efforts
d’investissement privé et public, à l’exception de l’État du Guerrero, véritable joyau dans les
6
années 1960 et 1970 avec son joli port d’Acapulco et sa destination plus récente d’Ixtapa
Zihuatanejo.
L’exemple de la Costa Maya : nouveau pôle de développement touristique ?
La Costa Maya est une région côtière du sud du Quintana Roo (Mexique), proche de l'îlet
Ambergris au Bélize. Contrairement à la côte caribéenne du Mexique qui a souffert du
développement du tourisme de masse à Cancun et le long de la Riviera Maya, la Costa Maya
s'est orientée vers un développement durable avec notamment une faible densité de
construction et le développement de l'écotourisme.Le développement s'est concentré autour de
Puerto Costa Maya où un terminal de croisière a été construit en 2001. La station balnéaire
(balneario) de Majahual est devenue dépendante des 10-12 bateaux de touristes qui
débarquaient chaque semaine. En dépit d'importants plans de développement, les plages
reculées de la Costa Maya accueillaient tout au plus des écotouristes aisés et du tourisme lié à
la plongée sous-marine.Le cyclone Dean, de catégorie 5, a dévasté le paysage en août 2007 et
le rétablissement économique n'a pu être entamé que fin 2008, après la réouverture du
terminal de croisière et la reconstruction de Majahual. Fin 2009, le trafic de croisière n'a pas
retrouvé son niveau d'avant Dean et la récession mondiale couplée avec la grippe porcine et
les violences liées à la drogue ont fait diminuer le tourisme en provenance des Etats-Unis.
Conclusion
- L’intégration dans la Zone de Libre-Echange des Amériques : un facteur de résolution
des tensions et divergences entre nord et sud ?
- Quelle résilience à la crise mondiale ? Le Mexique est le pays d’Amérique latine le
plus touché par la crise de 2009 (- 6,1 % de PIB en 2009 contre une moyenne latinoaméricaine de 3 %). Du fait de la vulnérabilité du pays aux chocs externes, et
notamment à la conjoncture américaine, la croissance mexicaine a ralenti en 2012
(3,3 %). Elle devait se situer autour de 1,8 % en 2013 selon les dernières estimations
du ministère mexicain des Finances (prévision de 3,9 % pour 2014).
- La privatisation de la PEMEX en décembre 2013 signe-t-elle le renforcement des
politiques économiques néolibérales ?
Bibliographie
BATAILLON Gilles, PREVOT-SCHAPIRA Marie-France, « Mexamérique : entre Mexique
et Etats-Unis », Problèmes d’Amérique latine, n°66-67, 2007, 206 p.
Courrier International, « Privatisation de PEMEX : réforme adoptée », Milenio, 13 décembre
2013. Disponible en ligne sur :
http://www.courrierinternational.com/breve/2013/12/13/privatisation-de-pemex-reformeadoptee
DIAZ-DELGADO Carlos, BÂ Khalidou M., QUENTIN Emmanuelle, MANZANO SOLIS
Luis Ricardo, « Les enjeux de l’approvisionnement en eau au Mexique », VertigO - la revue
électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Hors-série 2, septembre 2005.
http://vertigo.revues.org/1887
Etudes Economiques de l’OCDE, « Chapitre 4. Améliorer l'infrastructure au Mexique »,
Etudes économiques de l’OCDE 18/2007 (n° 18), p. 117-160.
URL : www.cairn.info/revue-etudes-economiques-de-l-ocde-2007-18-page-117.htm.
7
HIERNAUX Daniel, Tourisme au Mexique : modèle de masse, de l’étatisme au marché,
CETRI, sans date. Disponible en ligne sur : http://www.cetri.be/spip.php?article189
LETRILLIART Philippe, « Où en est l'intégration centre-américaine ? », Problèmes
d'Amérique latine, n°73, 2009, p. 9-36. Disponible en ligne sur : www.cairn.info/revueproblemes-d-amerique-latine-2009-3-page-9.htm
MUSSET Alain, Le Mexique, Paris, PUF, Que sais-je ?, 2004, 128 p.
MUSSET Alain, De l’eau vive à l’eau morte : enjeux techniques et culturels dans la vallée de
Mexico (XVIe-XIXe), Paris, Editions de la Recherche sur les Civilisations, 1991, 414 p.
PREVOT-SCHAPIRA Marie-France, « Les travailleurs du pétrole au Mexique. Pouvoir
syndical, mobilisation de la force de travail et gestion de l'espace », Cahiers des Sciences
Humaines de l'ORSTOM, 23 (2), 1987 : 273-286.
UGALDE Vicente, Los residuos peligrosos en México : el estudio de la política pública a
través del derecho, México D.F., COLMEX, 2008, 526 p.
8
Téléchargement