Une analyse régionale du Mexique Le Mexique est un pays charnière entre Amérique du nord et Amérique latine. Couvrant plus d’1,9 millions de kilomètres carrés, il abrite 116 millions d’habitants, soit 1/5e de la population d’Amérique latine. Avec le Chili, il est le seul pays membre de l’OCDE. Avec le Brésil, il est le plus gros récepteur d’investissements directs étrangers de la région (11e pays au niveau mondial). Ces performances économiques, qui semblent le rattacher à l’Amérique du nord, tout autant que ses alliances économiques fortes avec ses voisins étatsunien et canadien, ne masquent pas les difficultés qu’il rencontre. Avec son indice de développement humain de 0,775 (61e rang mondial), il se situe au dessous des performances de l’Uruguay, du Costa Rica, du Panama. Selon les données de la Banque Mondiale, le taux de pauvreté moyen, de 51,3% (2010) est largement au dessus de celui du Brésil (22%), de la Colombie (34,3%), et proche de celui de la Bolivie (50,6%) (PIB par habitant au Mexique: 10 989 USD en 2013). Enfin, le pays abrite une très grande diversité culturelle : 1,5 million de personnes parlent le nahuatl, 800 000 le maya. Les langues et cultures mixtèques et zapotèques (voir plus loin sont également très vivantes. Le catholicisme populaire (81% de la population) rattache le pays à l’Amérique latine plutôt qu’à l’Amérique du nord (à dominante protestante) mais il est fortement imprégné d’éléments d’origine indienne : exemple de la Virgen de Guadalupe, l’une des nombreuses Vierges métisses de la région, que l’on fête le 12 décembre. En reprenant les principaux débats de géographie régionale qui permettent de brosser à grands traits la forte diversité territoriale, nous tenterons de rendre compte de cette complexité. I- Mexique du nord, Mexique du sud Une première approche consiste à mettre en évidence les contradictions d’un pays polarisé par deux identités : le rattachement au Nord, la pesanteur du Sud. En 1981, Joel Garreau publie l’ouvrage Les neuf nations de l’Amérique du nord, dans lequel apparaît l’expression de Mexamerica : liens linguistiques, économiques, culturels et migratoires. Comme l’indique A. Musset (2004), tous les états du nord mexicain appartiendraient à ce vaste espace réunissant les anciennes provinces perdues par le Mexique entre 1835 et 1853 (Texas, Californie, Nouveau-Mexique, Arizona). La réflexion est poursuivie en 1987 par Louis B. Casagrande, qui riposte en parlant des Cinq Nations du Mexique, en insistant sur les profondes disparités et les divisions internes du peuple mexicain. Cette « coupure » se matérialise d’abord par une division géophysique : en effet, l’isthme de Tehuantepec [diapo 5] divise l’Amérique du nord de l’Amérique du sud. C’est là que s’interrompent les Sierras Madres occidentales et orientales situées dans le prolongement de la chaîne des Rocheuses. En outre, il représente la plus courte distance (130 kms) entre le golfe du Mexique et l’océan Pacifique. Enfin, jusqu'au début du xxe siècle, cette zone était une zone de moindre contrôle entre les foyers de peuplement de l’état de Veracruz sur la plaine nord-est, de l'état d’Oaxaca dans les montagnes du sud-ouest, de l’état de Tabasco dans les plaines et deltas de l'est et de l’état du Chiapas au sud-est. [diapo 5] 1 1- Mexamérique : un nord peuplé, industriel, développé . Avant la conquête espagnole, le Mexique du nord est en grande partie désertique et souspeuplé. L’un des foyers de peuplement les plus anciens est celui des peuples nomades du nord, les Aztèques, implantés dans le centre du Mexique : à proximité des volcans du Popocatepetl et l’Ixtaccihuatl (5286 m). Fondation de Mexico par les Mexicas en 1325. Entretien de liens étroits avec les peuples du sud : consolidation de réseaux de circulation de marchandises. Entre 1960 et 2000, le Mexique connaît une évolution spectaculaire de son urbanisation : le taux de celle-ci passe de 50% à 75%, et ce sont surtout les états du nord et du centre qui en retirent les bénéfices. Au cours des années 1980, les conditions de vie connaissent une amélioration généralisée, surtout en ville. [diapo 6] (transformations détaillées dans le point II.1). Ces mutations sont allées de pair avec la concentration d’une grande part de l’activité industrielle au nord du pays. Ce secteur produit 36 % du PIB et 24 % de la population active. L’agroalimentaire, l’industrie lourde (Cemex occupe le 1er rang mondial pour la production de béton) et les nouvelles technologies (en fort développement au Mexique et en particulier dans la région de Guadalajara) sont des spécialités fortes de l’économie mexicaine, tout comme l’industrie automobile (8ème producteur mondial en 2012), dont les principaux sites de production se localisent autour de la zone métropolitaine de Mexico, dans les grands pôles urbains de la périphérie : Puebla, Toluca, Cuernavaca. Le symbole de l’automobile, au Mexique est le vocho (coccinelle Volkswagen), les taxis populaires qui sillonnent l’agglomération de Mexico sont encore, pour une grande partie, de ce modèle. [diapo 7] Le nord est empreint d’une culture industrielle. Certains groupes y ont pris leur envol à partir du XIXe siècle, et souvent sous l’impulsion d’entrepreneurs immigrants qui avaient réussi à s’implanter dans la ville de Mexico avant de développer l’industrie (exemple des Barcelonnettes). Aujourd’hui, on peut relever les géants comme le groupe agroalimentaire Bimbo, fondé en 1945 à Mexico, et spécialisé dans la boulangerie, la pâtisserie et les douceurs. Il est présent dans 16 pays mondialisation sud-sud. La fonderie d’acier de Monterrey (Fundidora de Fierro y Acero de Monterrey), créée en 1900 par des investisseurs privés, en est un autre exemple.Il s’agit du premier complexe sidérurgique intégré d’Amérique latine [diapo 8] Aujourd’hui, ce patrimoine industriel est valorisé : le site de la fonderie a été transformé en un parc-musée thématique (Parque Fundidora). Ce fort développement a motivé et a été renforcé par l’ALENA : signé le 1er janvier 1994. Renforce le libre-échange avec le voisin nord-américain. L’accord porte sur les produits fabriqués dans la région (pour éviter la concurrence asiatique). Facilitation de la circulation des capitaux. Bénéfices économiques dans le monde urbain, mais catastrophe dans le monde rural : fragilisé par la diminution des aides fédérales, et perte des débouchés traditionnels. 2 – Le Sud, tourné vers l’Amérique centrale : indianité, ruralité, pauvreté 2 Avant la conquête, le Mexique du sud, celui de la Mésoamérique a permis l’éclosion de grandes civilisations urbaines fondées sur l’agriculture C’est là que s’est épanouie la civilisation olmèque, sur les terres chaudes, les forêts humides et les marécages du littoral du Veracruz et du Tabasco (1200 – 400 avant JC). Implantation des Zapotèques à Monte Alban (Ve siècle). Le sud du Mexique est le premier foyer urbain : développement des premières agglomérations dans la jungle située entre Mexique et Guatemala. Le premier siècle après JC est celui du développement des grandes cités-états : Copan (Honduras), Tikal (Guatemala), Palenque (Mexique). Mais inversion de cette évolution à partir de la colonisation : le sud reste le lieu de la résistance aux Espagnols. Il reste très éloigné des dynamiques d’urbanisation, et se caractérise par son indianité, sa ruralité, sa pauvreté. La carte de la diapo 11 montre que la plus grande diversité amérindienne se concentre au sud du Mexique. Le Mexique comptabilise plusieurs dizaines d’ethnies, en tout. Le recensemenet de 2000 a mis en évidence que plus de 6 millions de mexicains parlent une langue indigène : parmi ceux-ci, 12% des hommes et 21% des femmes ne parlent pas l’espagnol. Les politiques publiques sont assez ambigues et oscillent entre une intégration et la reconnaissance de la diversité culturelle : l’Institut National Indigéniste (INI) s’attache à mettre en valeur cette dernière. Tensions à partir de 1994 avec le mouvement néo-zapatiste. Pour mémoire Emiliano Zapata est l’un des artisans de la révolution mexicaine. Contrairement à son semblable du nord du Mexique, Pancho Villa, Zapata est issu d’une famille de paysan et plaide pour « Terre et Liberté » (1911). Il redistribue les terres aux paysans dans l’Etat de Morelos et s’attire les foudres du président Venustiano Carranza. L’indianité coïncide aussi avec la pauvreté. Ce n’est pas par hasard que les états du sud du Mexique concentrent les plus forts indicateurs de marginalisation socio-économique et que près de 8 millions de personnes vivent dans la marginalité (CONAPO). L’alphabétisation est de 10 points en dessous des états du nord et du centre 77 à 85% contre 96% au nord et 93% à Mexico). Près de la moitié des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté dans les états d’Oaxaca et Chiapas (moyenne à 30% dans états formant partie du plan Puebla Panama contre10 à 15% au nord et au centre). Enfin, le sud est celui de l’agriculture paysanne, avec plus du tiers de la population active dans le secteur primaire (sauf Campeche, Yucatan, Quintana Roo, marqués par la prédominance du tourisme). Pour désigner la situation dramatique de l’agriculture au Mexique, et tout particulièrement celle du sud, Alain Musset parle de « l’épuisement du monde rural » (2004). Au nord, le principal problème était celui de l’irrigation, et tout particulièrement dans les états désertiques (Sonora, Coahuila, Nuevo León) aujourd’hui, les principales productions agricoles commerciales s’y tiennent. Au sud, le problème est celui de la répartition des terres distribution jusqu’en 1982, mais après cela, retrait des politiques d’état. Cultures surtout vivrières : maïs, haricot, cacao, café. L’intégration dans le PPP : à partir de 1994, le sud entre en dissidence avec le nord du pays suite à la signature de l’ALENA. La rébellion néozapatiste est menée par le subcomandante Marcos. Les années 1990 sont celles de profondes violences, des deux côtés opposés : en 1997, 45 tzotzils sont assassinés parce qu’ils sont soupçonnés de soutenir le mouvement d’opposition. 3 A partir de 2001, le président Vicente Fox, qui met un terme à presque un siècle d’hégémonie du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI) , lance le plan Puebla Panama, destiné à donner des cadres au développement du sud, selon d’autres modalités que l’ALENA. Aplanissement des tensions et efforts d’intégration de cette diversité. Slogan : « plus jamais un Mexique sans nous ». II- Mexique des villes 1- Le réseau urbain : creuset de l’identité mexicaine Le Mexique des villes est, comme on l’a compris, le plus développé. Un solide réseau urbain de villes multimillionnaires peut être relevé : la zone métropolitaine de Mexico (ZMM) en occupe le cœur. Et autour de celle-ci s’organisent les agglomérations de Guadalajara (presque 4 millions d’habitants) et Monterrey (3,2 millions d’habitants). Ces villes concentrent la plupart des services urbains. Ce sont de grands pôles industriels, comme nous l’avons vu précédemment, mais aussi des centres universitaires et technologiques prestigieux : UNAM, UAM, COLMEX à Mexico ; Instituto Tecnológico de Estudios Superiores de Monterrey (ITEC) (fondé en 1934 sur le modèle du MIT), etc. 1,7 millions d’étudiants en 2000. Ces grandes agglomérations connaissent aussi d’importants problèmes de fragmentation socio-spatiale et de pollution. Il est vrai que l’accès à l’éducation, à la sécurité sociale, aux revenus et aux équipements de base y sont bien plus importants que dans des villes de moindre rang. Cependant, les tensions socio-économiques, tout d’abord, y sont décuplées. A Mexico, la séparation spatiale des niveaux socio-économiques conduit Angela Giglia et Emilio Duhau à théoriser l’insularisation de la ville (cf bibliographie). Par ailleurs, comme le montre la diapo correspondante, ces espaces urbains exercent une forte pression sur les aquifères existants. La rupture des fragiles équilibres conçus par les Aztèques lors de la colonisation (cf thèse Alain Musset), l’industrialisation peu contrôlée jusqu’à la signature de l’ALENA (cf Vicente Ugalde et la réglementation des déchets dangereux) et la demande toujours croissante en eau sont responsables de la dégradation des ressources en eau et de la recherche de points d’approvisionnement toujours plus éloignés. Comme dans le reste des grands pays d’Amérique latine, on constate un renforcement de la trame des villes moyennes, qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu en mettant en avant leur dynamisme, leur moindre complexité, leur capacité à être attractives auprès des investisseurs privés. 2- Frontière et maquiladoras Un deuxième groupe de ville peut être identifié : celui des villes situées à la frontière, jumelées avec des pôles urbains situés aux Etats-Unis. Ciudad Juárez, Tijuana, Mexicali et Tecate en sont quelques exemples. Ces villes se caractérisent par leur forte dominante industrielle, et tout particulièrement par l’activité des maquiladoras, bonne expression de l’intégration du Mexique au monde nord-américain. Maquila : initialement, le terme désigne le travail réalisé par les meuniers pour les agriculteurs, qui leur confiaient leur grain pour produire de la farine. Puis il s’est étendu à toutes les activités effectuées pour le compte d’un tiers, et notamment celles des usines d’assemblage qui importent éléments de base des Etats-Unis et qui rééexportent les produits finis de l’autre côté de la frontière. Le système a été établi en 1960 quand le gouvernement américain a mis un terme au programme qui permettait aux ouvriers agricoles mexicains (les 4 braceros) de travailler comme saisonniers dans les grandes exploitations agricoles de Californie. La main d’œuvre y est peu qualifiée et bon marché. Elle n’est pas assujettie aux règles sociales en vigueur sur leur propre territoire. L’idée était aussi de fixer sur place une partie des candidats à l’immigration qui franchissaient illégalement la frontière. A Mexicali, les industries maquiladoras se sont multipliées par 3 entre 1980 et 2001, passant de 70 à 208. Le fonctionnement de ces villes et industries jumelles (twin plants) est le suivant : au nord un établissement rassemble les fonctions d’encadrement et de gestion. Au sud, l’usine d’assemblage qui en dépend voit son rôle limité à des fonctions productives centrées sur le travail manuel. L’emploi qui concerne surtout des femmes : 60% de l’effectif dans le secteur électronique et 58% du textile, mais aussi industrie et produits chimiques : 55% Cette activité donne un poids considérable aux états frontaliers, qui pèsent à plus de 24% dans le total du PIB (2001) alors qu’ils n’abritent que 17% de la population. Ces villes sont aussi celles par lesquelles transitent les flux migratoires vers la frontière étatsunienne. Les Mexicains composent une part importante de la population latino aux EtatsUnis (60%, soit plus de 20 millions d’habitants). A partir de 1960, ces derniers ont provoqué une croissance incontrôlée de l’urbanisation dans cet espace restreint. Alain Musset prend l’exemple du petit village de San Luis Colorado (Sonora) où la population s’est multipliée par 241, passant de 600 habitants en 1940 à 145 000 habitants en 2004. Transfert de 10 à 14 milliards de dollars de remesas par an. Enfin, ces villes frontalières sont celles d’un transit problématique des marchandises dans le cadre de l’ALENA. Plus de 80 % des exportations mexicaines vers les États-Unis en valeur sont transportées par camion, mais actuellement, ni les camions mexicains ni les camions américains de transport longue distance ne sont autorisés à traverser la frontière. En conséquence, les retards à la frontière sont substantiels, et ils se sont même allongés ces dernières années. Par ailleurs, l’incertitude est très grande quant au temps de franchissement de la frontière. Pour les transports de marchandises vers le Sud, le temps total passé à franchir la frontière varie entre 12 heures et 3 jours voire davantage, et cela se traduit par des coûts compris entre 16 % et 40 % du coût total du camionnage de Chicago à Monterrey. Pour les transports vers le nord, le temps passé à traverser la frontière est compris entre 7 et 17 heures. Par ailleurs, plusieurs véhicules sont sollicités, y compris un tracteur, chargé de tirer les remorques sur une courte distance pour traverser la frontière. Ce processus, qui double le nombre de passages de véhicules sur les ponts, accroît la congestion du trafic aux points stratégiques, notamment sur les ponts qui traversent le Rio Bravo ou le Rio Grande. Plusieurs mesures ont été prises pour améliorer ce trafic et notamment un programme pilote de camionnage transfrontalier qui concerne 100 sociétés de chacun des deux pays. Le Fast and Secure Trade (FAST), lancé fin 2003, fonctionne actuellement dans 13 ports d’entrée à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Il s’agit d’un système qui consiste à faire une demande pour devenir transporteur certifié, le titulaire d’une certification étant autorisé à utiliser à la frontière des files réservées, où les inspections sont réduites. III- Le Mexique des littoraux 1- Des ports et du pétrole Le pétrole a été découvert au tout début du XXe siècle au Mexique (1901). En 1938, le président Lázaro Cárdenas décide de nationalise les compagnies étrangères. Il s’agit d’un 5 enjeu stratégique dans la mesure où en 1921, le Mexique est le deuxième producteur mondial de pétrole brut. Il fournit alors le quart de la demande internationale. PEMEX est créée en 1940. Renforcement de son rôle à la fin des années 1970 : en 1982, le pétrole occupe plus de 75% de la valeur des exportations. Le pétrole se transforme en véritable institution pétrolière. Le syndicat des travailleurs du pétrole (STPRM) avait le monopole de l’embauche. C’était aussi un lieu de corruption très important et d’absence de transparence dans les transactions économiques. Pour en savoir plus, consulter les travaux de Marie-France Prévôt-Schapira sur les travailleurs du pétrole. En 1992, PEMEX est divisée en quatre secteurs, dans la vague de transformations structurelles néolibérales et le gouvernement s’apprête à la vendre, lorsque la crise de 19941995 interrompt le processus engagé aujourd’hui la PEMEX reste une entreprise publique (même si de fortes menaces pèsent sur son devenir). Aujourd’hui, le Mexique est le 5e producteur mondial, les recettes pétrolières représentent 40 % des ressources totales de l’Etat mexicain en 2012 (revenus fiscaux). La compagnie pétrolière Pemex est la deuxième entreprise la plus puissante en Amérique latine selon le classement de la revue spécialisée América Economía. 2- Le tourisme : des structures balnéaires de masse Le secteur tertiaire produit une large part des ressources mexicaines (60 % du PIB et 52 % de la population active). Le tourisme en est une composante importante (8 % du PIB et plus de 5 millions d’emplois), audiovisuel (Televisa et TV Azteca), télécommunications. Les infrastructures, les programmes officiels de crédits à la construction hôtelière et les opérations touristiques ont été développés depuis les années 1950 (Jiménez, 1992). La position géographique du Mexique y est pour beaucoup : la possibilité de profiter de l’ample marché des États-Unis, privé dans les années 1950 d’une de ses destinations de prédilection, Cuba, a joué un rôle décisif dans le développement du marché touristique mexicain. Il ne faut pas oublier que le succès économique du pays – certains ont parlé de « miracle » pour l’équivalent mexicain des trente glorieuses mondiales. Il a aussi contribué non seulement à l’engagement de capitaux mexicains privés et publics dans le tourisme, mais aussi au développement d’une demande nationale significative, qui a été le grand moteur des destinations traditionnelles comme Acapulco ou Veracruz. Distribution régionale : dans son récent Baromètre du tourisme mondial (2012), l’Organisation mondiale du tourisme indique que les états situés près de la frontière au nord ne sont pas très compétitifs en matière de tourisme, à l’inverse des États du Sud en raison de leurs ressources naturelles et culturelles. Le Mexique offre des sites archéologiques (Mundo Maya), des destinations de plages (Cancún, Cozumel, Riviera Maya, Puerto Vallarta, et Ixtapa); des villes coloniales (Morelia, Guanajuato, Puebla), de grandes villes et des lieux écologiques organisés par destinations et par routes touristiques. De nombreux programmes de tourisme sont soutenus par le gouvernement au niveau fédéral, des États et des municipalités, selon un modèle de tourisme international massif, à l’image des développements connus en Europe du Sud et aux États-Unis. Les destinations de plage du Mexique sont très compétitives grâce aux efforts d’investissement privé et public, à l’exception de l’État du Guerrero, véritable joyau dans les 6 années 1960 et 1970 avec son joli port d’Acapulco et sa destination plus récente d’Ixtapa Zihuatanejo. L’exemple de la Costa Maya : nouveau pôle de développement touristique ? La Costa Maya est une région côtière du sud du Quintana Roo (Mexique), proche de l'îlet Ambergris au Bélize. Contrairement à la côte caribéenne du Mexique qui a souffert du développement du tourisme de masse à Cancun et le long de la Riviera Maya, la Costa Maya s'est orientée vers un développement durable avec notamment une faible densité de construction et le développement de l'écotourisme.Le développement s'est concentré autour de Puerto Costa Maya où un terminal de croisière a été construit en 2001. La station balnéaire (balneario) de Majahual est devenue dépendante des 10-12 bateaux de touristes qui débarquaient chaque semaine. En dépit d'importants plans de développement, les plages reculées de la Costa Maya accueillaient tout au plus des écotouristes aisés et du tourisme lié à la plongée sous-marine.Le cyclone Dean, de catégorie 5, a dévasté le paysage en août 2007 et le rétablissement économique n'a pu être entamé que fin 2008, après la réouverture du terminal de croisière et la reconstruction de Majahual. Fin 2009, le trafic de croisière n'a pas retrouvé son niveau d'avant Dean et la récession mondiale couplée avec la grippe porcine et les violences liées à la drogue ont fait diminuer le tourisme en provenance des Etats-Unis. Conclusion - L’intégration dans la Zone de Libre-Echange des Amériques : un facteur de résolution des tensions et divergences entre nord et sud ? - Quelle résilience à la crise mondiale ? Le Mexique est le pays d’Amérique latine le plus touché par la crise de 2009 (- 6,1 % de PIB en 2009 contre une moyenne latinoaméricaine de 3 %). Du fait de la vulnérabilité du pays aux chocs externes, et notamment à la conjoncture américaine, la croissance mexicaine a ralenti en 2012 (3,3 %). Elle devait se situer autour de 1,8 % en 2013 selon les dernières estimations du ministère mexicain des Finances (prévision de 3,9 % pour 2014). - La privatisation de la PEMEX en décembre 2013 signe-t-elle le renforcement des politiques économiques néolibérales ? 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