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Le 19 mai 2005
LES PERSPECTIVES MONDIALES, LES DÉSÉQUILIBRES
INTERNATIONAUX ET LE CANADA :
UN POINT DE VUE DU FMI
…Notes pour les remarques prononcées à l’Asdeq
Kevin G. Lynch
Administrateur
Fonds monétaire international
Washington, D.C.
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LES PERSPECTIVES MONDIALES, LES DÉSÉQUILIBRES INTERNATIONAUX
ET LE CANADA :
UN POINT DE VUE DU FMI
Introduction
Je tiens à vous remercier de m’avoir invité à faire aujourd’hui cette intervention à la
conférence annuelle de l’Association des économistes québécois (ASDEQ). Après
plusieurs visites à votre association pour discuter de l’économie canadienne, je suis
heureux de pouvoir changer de sujet et de présenter une autre vision du monde, à
savoir celle du FMI, en indiquant où se situe le Canada dans les tendances et les
perspectives mondiales. J’espère que ce point de vue venant d’une institution
financière internationale peut contribuer à vos discussions sur la question clé que
vous avez posée pour cette conférence : « économies locale et internationale :
convergence ou divergence? »
Pour commencer, une brève publi-information pour le FMI. Des Canadiens tels que
Bob Bryce, Lester Pearson, Louis Rasminsky et Graham Towers ont aidé à édifier en
partie l’architecture financière mondiale d’après-guerre. Le FMI a pour mission
d’empêcher dans la mesure du possible les crises financières internationales et, si
elles éclatent, d’y remédier de manière rapide et efficace. Cette mission est aussi
pertinente aujourd’hui que lors de la création du FMI, il y a 60 ans.
Ceci étant dit, et nous reviendrons ultérieurement aux orientations stratégiques du
FMI, il ne fait aucun doute que la surveillance est au cœur de ses activités… Elle
s’appuie sur les quelque 180 rapports au titre de l’article IV établis chaque année, qui
examinent l’évolution politique et économique de presque tous les pays du monde.
Ces rapports donnent à l’institution une perspective sans égale à propos de ce qui se
passe dans le monde. La dernière étude du FMI sur le Canada publiée en mars 2005,
en est un exemple.
C’est aussi sur la base de ces rapports que sont rédigées les Perspectives de
l’économie mondiale, publiées par le FMI deux fois par an. Et cela me fournit ma
transition, peut-être pas très habile, de la publi-information à mon propos
d’aujourd’hui : comment le FMI envisage-t-il les perspectives mondiales, à la fois les
statistiques connues de tous et les déséquilibres moins visibles, et comment ces deux
éléments se combineront-ils dans les années à venir?
Dans cette présentation d’aujourd’hui, je vais aborder quatre éléments spécifiques des
perspectives internationales (graphique 1) :
- premièrement, les prévisions économiques et les déséquilibres mondiaux;
- deuxièmement, le marché pétrolier;
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- troisièmement, l’ombre du géant chinois; et
- finalement, quelques commentaires sur le Canada dans ce contexte mondial.
Les perspectives mondiales
Si l’on essaie de résumer brièvement des projections pour quelque chose d’aussi vaste
que l’économie mondiale, on songe immédiatement aux « Dernières nouvelles » de
Saturday Night Live, l’émission satirique américaine, dont chaque épisode montre le
présentateur, solennel et sûr de lui, déclarant : « et maintenant, les nouvelles
économiques de la semaine, 3, %. ».
Et pourtant, tout en espérant ne pas reproduire le stéréotype que satirise cette
émission, voici justement un tableau de statistiques (graphique) qui tente de résumer
la totalité des perspectives mondiales en moins de deux douzaines de chiffres.
Et que disent ces chiffres? La bonne nouvelle c’est que l’expansion mondiale reste
sur les rails, étayée par des politiques macroéconomiques dans l’ensemble positives et
des conditions particulièrement favorables sur les marchés financiers. On s’attend à
ce qu’après les bons résultats de l’année dernière — le plus fort taux de progression
depuis trois décennies le rythme de la croissance soit plus modéré et soutenable en
2005.
En même temps, et ce sont les moins bonnes nouvelles (graphique 3), l’expansion est
moins équilibrée. La croissance a été forte aux États-Unis, en Chine et dans la plupart
des pays en développement et à marché émergent, mais décevante en Europe et au
Japon. Par exemple, la contribution de la Chine à la croissance mondiale sera cette
année de 26 % alors que sa part du PIB mondial (mesurée en parité de pouvoir
d’achat) est d’environ 13 %. Par contre, la zone euro et le Japon ne produiront que
7 % de la croissance mondiale, alors que leur part du PIB mondial est de 22 %.
Et les déséquilibres des comptes courants mondiaux se sont encore creusés au cours
de l’année dernière (graphique 3). Le plus frappant est que le déficit extérieur
courant des États-Unis sera proche de 725 milliards de dollars en 2005, ce qui
représente plus que le PIB des Pays-Bas ou de l’Australie, et ce, malgré une
dépréciation très sensible du dollar par rapport à un certain nombre de monnaies. Les
excédents courants des pays asiatiques sont non seulement élevés, mais en
progression et les exportateurs de pétrole affichent également des excédents en forte
hausse.
Globalement, les tensions inflationnistes restent relativement contenues dans les pays
industrialisés, mais aussi dans les pays émergents, en dépit du choc pétrolier
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(graphique 4). Cette évolution favorable est due en partie au fait que le ciblage de
l’inflation a bien fonctionné dans de nombreux pays. Compte tenu de la phase de
resserrement monétaire dans la plupart des économies avancées dans le cycle, le FMI
s’attend à ce que l’inflation reste bien maîtrisée dans les pays industrialisés. Il faudra
suivre de près les risques liés à l’inflation dans un certain nombre de marchés
émergents d’Asie, dont les flux de balance des paiements sont importants et
pourraient engendrer des tensions inflationnistes, en l’absence d’un assouplissement
de leur régime de change.
Dans ce contexte d’inflation faible et d’anticipations maîtrisées, à quoi il faut ajouter
les énormes masses de liquidités mondiales en quête de placement, les rendements
des titres de référence américains sont encore en deçà des taux réels tendanciels et les
marges des emprunts obligataires des sociétés à haut rendement et des pays émergents
sont inhabituellement faibles (graphique 5). Le coût du service de la dette est donc
abordable, en tout cas pour le moment. Mais si les taux des titres de référence
américains continuent de progresser, on peut s’attendre à ce que la « prime de
risque » soit plus proche de la normale, ce qui pourrait provoquer une augmentation
exponentielle du coût du service de la dette pour un certain nombre d’emprunteurs.
Les marchés financiers restent très ordonnés, aux États-Unis et ailleurs, favorisés par
les stratégies de communication de plus en plus transparentes et volontaristes des
grandes banques centrales. Les rendements des marchés obligataires et la volatilité
des marchés financiers restent faibles, du fait de l’abondance des liquidités mondiales
et de l’amélioration de la qualité des crédits. Les taux d’intérêt à court terme peu
élevés ont encouragé les investisseurs à prendre davantage de risques dans leur quête
de rendement, ce qui a rétréci les marges de crédit. En plus de l’amélioration des
fondamentaux de nombreux pays émergents, cette liquidité abondante et cette
recherche du rendement ont fait chuter les marges des emprunts obligataires de ces
pays à des niveaux sans précédent.
Déséquilibres internationaux
La situation budgétaire de nombreux pays reste très précaire, surtout compte tenu du
vieillissement de la population mondiale, et cela menace la stabilité
macroéconomique à moyen terme. C’est particulièrement vrai dans les plus grands
pays industrialisés (graphique 6) à l’exception du Canada.
Les améliorations prévues sont minimes : d’après les projections, le déficit des États-
Unis se situerait aux environs de 4,5 % du PIB (environ 425 milliards de dollars) au
cours des deux années à venir. Et dans de nombreux cas, comme celui des États-Unis,
aucune mesure de rééquilibrage ni aucun calendrier suffisamment ambitieux ne sont
envisagés pour réduire ce déficit. Les pays de la zone euro doivent fixer une règle
budgétaire viable qui ne soit pas à la fois un plancher et un plafond. Le Japon, après
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avoir été englué pendant dix ans dans une quasi-stagnation, souffre d’un problème
croissant d’endettement public, que masquent, pour le court terme, le niveau élevé de
l’épargne intérieure et la faiblesse des taux d’intérêt. Dans les pays émergents, les
indicateurs budgétaires sont dans l’ensemble en amélioration, mais beaucoup de pays
ont encore un long chemin à parcourir pour ramener leur ratio d’endettement public à
un niveau supportable.
Le financement de ces déséquilibres budgétaires et courants, bien qu’en apparence
sans effet sur les niveaux des taux d’intérêt et les marges, a donné lieu à des
mouvements sans précédent de liquidités au niveau mondial et à des ajustements
considérables des taux de change. Par exemple (graphique 7), depuis janvier 2002, le
dollar canadien s’est apprécié de 24 % par rapport au dollar des États-Unis, l’euro de
32 % et le yen de 19 %.
Et, pour financer les déficits du compte courant américain, l’épargne extérieure
représente maintenant 10 % du PIB des États-Unis (graphique 7). Bien qu’il s’agisse
pour la majorité de flux de capitaux privés, on a relevé l’année dernière une
progression appréciable des entrées de capitaux publics. C’est la raison pour laquelle
la dette extérieure nette des États-Unis grossit rapidement elle sera proche de 25 %
du PIB cette année, un nombre croissant de bons du Trésor et d’obligations de
sociétés étant détenus par des investisseurs étrangers (graphique 8).
Par contre, les monnaies d’un certain nombre de pays émergents d’Asie ont une parité
fixe (elles sont rattachées au dollar EU) et il se trouve que ces pays ont accumulé de
très importantes réserves, grâce aux excédents confortables de leurs comptes
courants. Le niveau des réserves d’un ensemble de pays asiatiques a augmenté de
1,1 billion de dollars EU depuis 2000 et les réserves de la Chine à elle seule sont en
passe de dépasser 200 milliards de dollars EU cette année (graphique 8).
Évolution du marché du pétrole
Étant donné l’évolution rapide du marché du pétrole, on pose la question : les prix
actuels du pétrole sont-ils préoccupants? Si l’on s’était demandé il y a tout juste deux
ans, lorsque les prix du pétrole étaient encore inférieurs à 30 dollars EU le baril,
quelle incidence des prix au comptant supérieurs à 50 dollars EU le baril en 2005
auraient sur l’économie mondiale, il est probable que l’on aurait été un peu plus
alarmiste que les analystes ne le sont aujourd’hui. Le FMI a du reste noté que le
« facteur peur » associé au pétrole est aujourd’hui moins aigu que l’année dernière
bien que les prix au comptant soient plus élevés.
C’est pourquoi les inquiétudes à court terme se sont atténuées alors que les prix au
comptant du pétrole ont récemment grimpé à des niveaux sans précédent. Comment
expliquer cela? Premièrement, contrairement aux précédentes flambées des prix du
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