ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE RESTRICTED WT/TPR/S/99/Rev.1 7 octobre 2003 (03-5155) Organe d'examen des politiques commerciales EXAMEN DES POLITIQUES COMMERCIALES HAÏTI Rapport du Secrétariat Révision Le présent rapport, préparé pour le premier examen de la politique commerciale du Haïti, a été établi par le Secrétariat sous sa propre responsabilité. Ainsi qu'il est prévu dans l'Accord établissant le Mécanisme d'examen des politiques commerciales (Annexe 3 de l'Accord de Marrakech instituant l'Organisation mondiale du commerce), le Secrétariat a demandé au gouvernement haïtien des éclaircissements sur sa politique et ses pratiques commerciales. Les questions d'ordre technique concernant le rapport peuvent être adressés à M. Jacques Degbelo (tel. 739 5583) ou à M. Clemens Boonekamp (tel. 739 5226). La déclaration de politique générale présentée par le gouvernement haïtien est reproduite dans le document WT/TPR/G/99/Rev.1. Note: Le présent rapport, qui fait l'objet d'une distribution restreinte, ne doit pas être communiqué à la presse avant la fin de la réunion de l'Organe d'examen des politiques commerciales portant sur Haïti. Haïti WT/TPR/S/99/Rev.1 Page iii TABLE DES MATIÈRES Page OBSERVATIONS RÉCAPITULATIVES I. II. III. vii 1) ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE vii 2) CADRE INSTITUTIONNEL viii 3) INSTRUMENTS DE POLITIQUE COMMERCIALE ix 4) POLITIQUES COMMERCIALES SECTORIELLES x 5) POLITIQUE COMMERCIALE ET PARTENAIRES COMMERCIAUX xi ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE 1 1) PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DE L’ECONOMIE 1 2) ÉVOLUTION ECONOMIQUE RECENTE 4 3) RESULTATS COMMERCIAUX ET INVESTISSEMENT i) Commerce de biens et services ii) Investissement 8 10 11 4) PERSPECTIVES 11 REGIME COMMERCIAL 13 1) CADRE INSTITUTIONNEL 13 2) FORMULATION ET MISE EN OEUVRE DES POLITIQUES 14 3) OBJECTIFS DE POLITIQUE COMMERCIALE 16 4) LOIS ET REGLEMENTATIONS 17 5) ACCORDS ET ARRANGEMENTS COMMERCIAUX i) Accords multilatéraux ii) Accords régionaux iii) Accords bilatéraux iv) Autres accords et arrangements v) Assistance technique dans le domaine commercial 19 19 19 24 25 27 ANALYSE DE POLITIQUE ET PRATIQUES COMMERCIALES PAR MESURE 33 1) INTRODUCTION 33 2) MESURES AGISSANT DIRECTEMENT SUR LES IMPORTATIONS i) Enregistrement, documentation et procédures ii) Droits de douane, autres droits et taxes iii) Inspection avant expédition et évaluation en douane iv) Prohibitions, restrictions et licences d'importation v) Sanctions commerciales vi) Mesures commerciales de circonstance vii) Règles d’origine viii) Prescriptions relatives à la teneur en éléments d'origine nationale ix) Marchés publics x) Autres mesures 33 33 35 42 43 44 44 45 45 45 46 3) MESURES AGISSANT DIRECTEMENT SUR LES EXPORTATIONS i) Enregistrement et documentation ii) Taxes, impositions et prélèvements à l’exportation iii) Prohibitions, contrôles et licences d’exportation iv) Contingents et autolimitation des exportations 46 46 47 47 47 WT/TPR/S/99/Rev.1 Page iv Examen des politiques commerciales Page v) vi) vii) 4) IV. Subventions, avantages tarifaires et fiscaux, promotion, et assistance à l’exportation Zones franches et zones industrielles Autres dispositions MESURES AGISSANT SUR LA PRODUCTION ET LE COMMERCE i) Incitations ii) Normes et autres prescriptions techniques iii) Politique en matière de concurrence et contrôles des prix iv) Entreprises d’État et privatisation v) Protection des droits de propriété intellectuelle 48 48 49 50 50 50 52 52 54 ANALYSE DE POLITIQUE COMMERCIALE PAR SECTEUR 57 1) INTRODUCTION 57 2) AGRICULTURE ET ACTIVITES CONNEXES i) Aperçu général ii) Principaux sous-secteurs 57 57 61 3) ACTIVITES MINIERES ET ENERGETIQUES i) Activités minières ii) Énergie 66 66 69 4) SECTEUR MANUFACTURIER 72 5) SERVICES i) Aperçu général ii) Tourisme iii) Services financiers iv) Services de télécommunications et services postaux v) Services de transport 74 74 76 78 80 82 BIBLIOGRAPHIE 85 APPENDICE - TABLEAUX 87 Haïti WT/TPR/S/99/Rev.1 Page v GRAPHIQUES Page I. ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE I.1 I.2 I.3 Répartition sectorielle du PIB réel, 1995/96 et 2001/02 Évolution du PIB réel, 1987/88-2001/02 Soldes extérieurs, 1995-02 III. ANALYSE DE POLITIQUE ET PRATIQUES COMMERCIALES PAR MESURE III.1 III.2 Répartition des droits NPF appliqués, 2002 Répartition des droits NPF par secteur, 2002 IV. ANALYSE DE POLITIQUE COMMERCIALE PAR SECTEUR IV.1 Droits de douane moyens par classification CITI, 2002 2 6 9 37 38 75 TABLEAUX I. ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE I.1 I.2 I.3 Principaux indicateurs économiques, 1994/95-2001/02 Balance des paiements, 1997-2002 Structure des investissements, 1999 II. RÉGIME COMMERCIAL II.1 II.2 Principales lois et réglementations haïtiennes en novembre 2001 Situation de prescriptions liées aux notifications à l'OMC, novembre 2001 III. ANALYSE DE POLITIQUE ET PRATIQUES COMMERCIALES PAR MESURE III.1 III.2 III.4 III.5 Progressivité des droits NPF par position à deux chiffres de la CITI Rev.2, 2002 Quotas annuels sur les exportations de produits textiles (SL) par Haïti vers les États-Unis Quotas annuels sur les exportations de produits textiles (GAL) par Haïti vers les États-Unis Situation actuelle de quelques entreprises haïtiennes, juillet 2003 Principaux textes législatifs haïtiens relatifs aux droits de propriété intellectuelle IV. ANALYSE DE POLITIQUE COMMERCIALE PAR SECTEUR IV.1 IV.2 IV.3 IV.4 IV.5 IV.6 IV.7 Importations de produits alimentaires, 1995-99 Superficie des exploitations, 2002 Production de certaines cultures de rente Exportations de certaines cultures de rente Production de certaines cultures vivrières, 1997-2001 Exportations de produits de mer Répartition de la clientèle touristique, 1997-99 III.3 5 8 11 17 21 38 48 48 53 55 58 59 61 61 63 64 76 WT/TPR/S/99/Rev.1 Page vi Examen des politiques commerciales APPENDICE – TABLEAUX III. ANALYSE DE POLITIQUE ET PRATIQUES COMMERCIALES PAR MESURE AIII.1 AIII.2 Statistiques relatives aux droits NPF, par position du SH à deux chiffres, 2002 Liste de produits assujettis aux droits d'accises, 2003 IV. ANALYSE DE POLITIQUE COMMERCIALE PAR SECTEUR AIV.1 Statistiques relatives aux droits NPF, par catégories de la CITI Rev.2, 2002 89 92 94 Haïti WT/TPR/S/99/Rev.1 Page vii OBSERVATIONS RECAPITULATIVES 1) ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE 1. Les réformes entreprises par Haïti dès 1986 font aujourd'hui de son économie l'une des plus libérales d'Amérique Latine et de la Caraïbe. Ces réformes ont créé un environnement qui aurait permis à Haïti d'améliorer ses performances économiques. Son PIB réel a crû au taux annuel moyen d'environ 2,5 pour cent entre 1995 et 2000, après s'être contracté de près de 20 pour cent entre 1991 et 1994. Néanmoins, des difficultés socio-politiques continuent de contraindre Haïti à demeurer parmi les pays les plus pauvres au monde. Depuis 2001, son économie est à nouveau en récession. Une importante partie de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et le taux de chômage atteint près de 60 pour cent. 2. Les réformes budgétaires ont contribué à réduire le déficit public de 2,8 pour cent en 1994/95 à 0,6 pour cent en 1996/97, avant que celui-ci ne remonte pour ensuite se maintenir au-dessus de 2 pour cent dès 1998/99. Le financement monétaire du déficit public et la dollarisation de l'économie limitent l'efficacité de la politique monétaire d'Haïti. Hormis les années 1998/99 et 2001/02, le taux d'inflation a généralement excédé 11 pour cent. Les taux d'intérêt sur les prêts restent élevés. Les investissements demeurent limités du fait du niveau élevé des taux d'intérêt, du faible taux de bancarisation, des risques liés à l'instabilité socio-politique, des problèmes administratifs, et des coûts élevés de production aggravés par la faiblesse des infrastructures et les tarifs élevés des services de base (électricité, eau et transports) dont la fourniture reste précaire. Ces différents facteurs expliquent plus particulièrement la faiblesse des investissements directs étrangers. 3. Le secteur agricole occupe près de 45 pour cent de la population active. Cependant, il ne contribue qu'à environ 28 pour cent du PIB réel étant donné la faiblesse des rendements. Le secteur manufacturier contribue à quelque 8 pour cent du PIB réel et enregistre, depuis plusieurs années, une croissance régulière de l’ordre de 2 pour cent par an. Le secteur des services est celui dont la contribution au PIB réel est la plus importante (environ 64 pour cent). Il est dominé par les services non marchands qui, pour l’essentiel, sont fournis par l’État, les organisations non gouvernementales et les organismes à but non lucratif. L’économie haïtienne est également caractérisée par un secteur informel dont les activités constituent une alternative au chômage massif que connaît le pays. L'artisanat (particulièrement la peinture) est pratiqué comme activité principale ou secondaire. 4. L'endettement extérieur d'Haïti reste raisonnable. Cependant, le pays a été tributaire de l’assistance étrangère, surtout pour le financement de ses différents programmes de développement et d’ajustement structurel. Par conséquent, depuis quelques années, la baisse de l'aide internationale aggrave les difficultés que connaît le pays. Le commerce extérieur de marchandises (environ 30 pour cent du PIB) est relativement faible pour une économie ouverte comme celle d'Haïti. Les soldes extérieurs des biens et des services enregistrent des déficits chroniques qui sont en partie compensés par les transferts courants dont la grande majorité provient des haïtiens vivant à l'étranger. 5. Les principales exportations d’Haïti sont les articles manufacturés (environ 76 pour cent de la valeur totale des exportations de marchandises), en particulier les produits des industries textiles et de vêtements; les produits agricoles comptent pour les 24 pour cent restants. Les importations sont largement dominées par les produits alimentaires, et les articles manufacturés dont l'importance est en constante hausse. Le principal partenaire commercial d’Haïti est les États-Unis qui reçoivent près de 90 pour cent du total des exportations haïtiennes en valeur. Les autres principaux partenaires sont l’Union européenne (UE) et la République Dominicaine. WT/TPR/S/99/Rev.1 Page viii 2) CADRE INSTITUTIONNEL 6. Selon les termes de la Constitution de 1987, la République d’Haïti est une démocratie parlementaire multipartite. Le droit haïtien obéit au principe moniste de la suprématie des instruments juridiques internationaux (y compris les Accords de l'OMC) sur le droit interne. La législation haïtienne est progressivement rendue conforme auxdits instruments. Cependant, le processus législatif reste lent, étant donné les difficultés politiques que connaît actuellement le pays. Ceci explique qu’une part importante de la législation haïtienne soit demeurée dépassée et que les réformes opérées dans maints domaines n'aient pas été soutenues par les modifications législatives nécessaires. Toutefois, l'adoption en 2002 d'une loi sur les zones franches et d'un nouveau Code des investissements semble indiquer la volonté des autorités de changer cette situation. 7. Le Ministère du commerce et de l’industrie (MCI) joue un rôle central dans la formulation et l’application de la politique commerciale d'Haïti. Il est chargé d’élaborer les projets de législation dans les domaines du commerce et de l’industrie. Le secteur privé n’est pas systématiquement consulté lors de l’élaboration de la politique commerciale mais ses représentants font quelque fois partie des commissions mixtes oeuvrant à la mise en place de cadre législatif en matière commerciale et industrielle. Les politiques commerciales ne sont ni analysées, ni évaluées; elles sont cependant discutées en certaines occasions ponctuelles. 8. Partie contractante du GATT dès le 1er janvier 1950, Haïti est membre de l'OMC depuis le 30 janvier 1996. Haïti accorde le traitement de la nation la plus favorisée (NPF) à tous ses partenaires commerciaux. Il n’est signataire d’aucun accord plurilatéral. Haïti attache une grande importance aux négociations commerciales multilatérales dans les domaines agricole et des services. Il souhaiterait qu'une assistance technique lui soit apportée afin de lui permettre, entre autres, d'honorer ses engagements en matière de notification, d'aligner sa législation dans Examen des politiques commerciales des domaines touchant au commerce sur les dispositions contenues dans les Accords de l'OMC et de mettre en application certains de ces Accords, notamment dans des domaines tels que l'évaluation en douane, les mesures sanitaires et phytosanitaires, les barrières techniques au commerce, et les aspects des droits de la propriété intellectuelle qui touchent au commerce. 9. Haïti participe également à d'autres organisations multilatérales dont les Nations unies et ses agences, le Fonds monétaire international (FMI) et le groupe de la Banque mondiale. Le pays fait aussi partie de groupements régionaux tels que la Communauté et marché commun de la Caraïbe (CARICOM) – dont le traité révisé attend d'être ratifié par le Parlement haïtien -, l’Association des États de la Caraïbe (AEC), et le CARIFORUM. Le gouvernement a l’intention de poursuivre ses efforts d’intégration, en particulier avec les pays géographiquement proches d’Haïti. À cet effet, Haïti participe au processus de création de la Zone de Libre-Échange des Amériques (ZLEA). 10. Dans le cadre du Système généralisé de préférences (SGP), Haïti bénéficie de traitement préférentiel non-réciproque de la part de pays développés. Une large gamme de produits haïtiens a un accès préférentiel (en franchise de droits d'entrée) sur le marché américain. Ce traitement préférentiel non réciproque est accordé notamment dans le cadre de l'Initiative pour le Bassin de la Caraibe (IBC), de l'IBC élargie et du Programme d'accès des textiles. Haïti a également signé l’Accord de Cotonou au titre duquel, l'Union européenne (UE) accorde un traitement préférentiel non-réciproque et une aide à des pays en développement d’Afrique, de la Caraïbe et du Pacifique (ACP). Haïti bénéficie enfin du régime "Everything-butArms (EBA)" mis en place par l’UE et accordant l’accès en franchise de droits aux marchés de l’UE à tous les produits originaires des pays les moins avancés, exception faite des armes et des munitions. Haïti 3) WT/TPR/S/99/Rev.1 Page ix INSTRUMENTS DE POLITIQUE COMMERCIALE 11. Depuis 1986, Haïti a substantiellement libéralisé son régime commercial à travers le démantèlement de la plupart des restrictions quantitatives aux échanges (à l'exception de celles maintenues pour des raisons de sécurité, de santé, morales ou environnementales) et l'élimination des droits et taxes d'exportation. L'informatisation contribue à la simplification des procédures douanières. La structure du tarif, actuellement principal instrument de politique commerciale, a été simplifiée à six taux (zéro, 3, 5, 10, 15 et 57,8 pour cent) dont les niveaux ont été sensiblement réduits. Le taux maximum de 57,8 pour cent s'applique uniquement aux importations de gazoline. 12. La moyenne arithmétique simple des taux du tarif haïtien est de 2,9 pour cent, avec une forte dispersion. Le taux modal est zéro et s'applique à environ 67 pour cent des lignes tarifaires du Système harmonisé à huit chiffres. À l’exception du taux modal, le taux de 5 pour cent est le plus fréquent, s’appliquant à près de 14 pour cent des lignes tarifaires. Globalement, les taux du tarif sont dégressifs du premier au second stade d'ouvraison, puis progressifs des produits semi-finis (second stade d'ouvraison) aux produits finis. L’agriculture (branche 1 de la seconde version révisée de la CITI) est le secteur qui bénéficie de la plus forte protection tarifaire avec un tarif moyen simple de 4,5 pour cent, suivie de l’industrie manufacturière pour laquelle le tarif moyen simple est de 2,8 pour cent. L’industrie extractive est le secteur le moins protégé avec un tarif moyen simple de 2,1 pour cent. 13. Les frais de vérification de 4 pour cent, perçus sur la valeur c.a.f. des importations, élèvent le taux moyen des droits d'entrée à 6,9 pour cent. Une taxe de 2 pour cent est collectée sur le montant des droits et taxes perçus à l'importation, et une taxe sur le chiffre d'affaires de 10% et des droits d'accises sont prélevés aussi bien sur les importations que sur les produits locaux. Un supplément de droit d'accise est perçu à des taux plus élevés sur les importations de bières et de cigarettes que sur leur production locale. 14. Pendant le Cycle d’Uruguay, Haïti a consolidé les droits d'entrée sur tous les produits agricoles (définition de l'OMC) et sur quelques produits non-agricoles. Les tarifs sur les produits non-agricoles ont été consolidés à des taux allant de zéro au taux plafond de 30 pour cent. Les tarifs sur les biens agricoles ont été consolidés à des taux allant de zéro au plafond de 50 pour cent. Les autres droits et charges sur tous ces produits (agricoles et non-agricoles) ont été consolidés à 16 pour cent, sauf sur certains produits comestibles d'origine animale (20 pour cent) et sur certains moûts et cidres de raisins, et les vinaigres (21 pour cent). Le taux tarifaire appliqué à la gazoline est toutefois largement supérieur à celui consolidé. Par ailleurs, les consolidations tarifaires faites par Haïti lors du Cycle d'Annecy en 1949 n'ont pas encore été transposées dans le Système harmonisé. Ceci complique l'évaluation globale de l'ampleur et de la portée des engagements pris par Haïti en la matière. En outre, Haïti a obtenu une prorogation jusqu’au 30 janvier 2003 pour mettre en application l’Accord de l’OMC sur l’évaluation en douane. Toutefois, la méthode d'évaluation basée sur la Définition de Bruxelles est toujours utilisée, une nouvelle loi sur l'évaluation en douane étant attendue pour novembre 2003. Par ailleurs, l'inspection avant expédition est requise pour toutes les importations valant au moins 5 000 dollars EU ou en conteneurs complets. 15. Haïti n’a jamais pris de mesures antidumping, compensatoires ou de sauvegarde, et ne dispose actuellement pas de législation en les matières. Il ne dispose pas non plus de législation en matière de concurrence et de normalisation. Les régimes d'exception, inscrits au Code des investissements et destinés à encourager certains types d'investissement considérés comme prioritaires et stratégiques pour le développement économique du pays, prévoient l'exemption des droits et taxes sur certains intrants, équipements et matières premières importés et nécessaires à des activités de WT/TPR/S/99/Rev.1 Page x production, notamment celles tournées vers l'exportation et la réexportation. Une exonération de l'impôt sur le revenu peut être aussi accordée pour une période limitée. A la suite de l'adoption de la loi sur les zones franches, deux espaces sont en train d'être aménagés à cet effet. 16. Un programme de modernisation des entreprises publiques a été lancé en 1996 afin de pallier leurs difficultés financières et de gestion, et de diminuer la participation de l’État aux activités productives. Cependant, le processus de privatisation n'ayant pas progressé comme prévu (seules deux entreprises ont été privatisées), l'inefficacité d'entreprises publiques en difficultés, notamment dans le secteur des services (électricité, télécommunications, services postaux, distribution d’eau, gestion des ports et aéroports, et services bancaires), affecte négativement d'autres branches d'activités économiques. 17. Le projet de loi sur les marques de fabrique indique la volonté du gouvernement à réviser sa législation sur les droits de propriété intellectuelle et à la mettre en conformité avec ses engagements multilatéraux. 4) POLITIQUES COMMERCIALES SECTORIELLES 18. Au cours des dernières décennies, l’importance du secteur agricole dans l’économie haïtienne a constamment diminué. Cette baisse est attribuable à l’accroissement du secteur des services et à la baisse de la production agricole liée à l’exode rural, aux effets de l’embargo international contre Haïti (à la suite du coup d'État de 1991) sur la production de denrées exportables et aux aléas climatiques. La production du secteur agricole reste trop faible pour satisfaire aux besoins alimentaires de la population, comblés en partie par des importations. Le café reste la principale culture d’exportation, suivi des mangues, du cacao et des huiles essentielles. L’agriculture rencontre un certain nombre de problèmes, notamment l’incertitude liée aux titres de propriété, le morcellement des terres Examen des politiques commerciales arables et le déficit d’infrastructures, y compris en matière d'irrigation. Le pays connaît également une importante déforestation qui a considérablement accéléré l’érosion des sols. L’accès au crédit pour les exploitants agricoles reste également limité et les emprunts souvent réalisés à des taux extrêmement élevés. 19. La politique agricole haïtienne vise à assurer la sécurité alimentaire, à moderniser l’agriculture et à améliorer la production destinée à l’exportation. Une importante partie du financement extérieur destiné au développement agricole étant actuellement bloquée par les bailleurs de fonds, en raison de l’impasse politique que connaît le pays, le gouvernement a dû concentrer ses efforts sur certains axes stratégiques visant notamment le développement des infrastructures hydroagricoles, la mise en valeur de nouvelles terres et la production. Des contrôles de qualité sont effectués lors des ventes domestiques, des importations ou des exportations de certains produits dont le café, les mangues et le cacao. Les autorités exercent également des contrôles phyto et zoosanitaires sur un ensemble de biens agricoles et réglementent le commerce, y compris l’exportation, des produits de la faune et de la flore. Les agriculteurs sont exonérés de l’impôt sur le revenu et bénéficient d'autres avantages, comme des prêts à des taux concessionnels, qui leur sont octroyés dans le cadre des programmes de développement. La protection tarifaire moyenne du secteur agricole (branche 1 de la seconde version révisée de la CITI) est de 4,5 pour cent. 20. La contribution des activités minières à l’économie haïtienne reste marginale. Toute activité minière visant des ressources métalliques est conditionnée par l'obtention du type de permis y afférent (trois types de permis sont en vigueur). Pour les ressources non métalliques, seul le permis d'exploitation est requis. Les principales ressources minières en Haïti sont les minerais non métalliques, en particulier l’argile, les pierres de construction, le marbre, le carbonate de calcium, le lignite et l’or. Ces minerais présentent un potentiel en termes Haïti WT/TPR/S/99/Rev.1 Page xi d’exportation, largement sous-exploité. Les principales sources d’énergie utilisées en Haïti sont le bois, les produits pétroliers et l’électricité. Les produits pétroliers sont entièrement importés tandis que la distribution d’électricité est assurée par une entreprise publique, l’Électricité d’Haïti (EDH). La protection tarifaire moyenne des industries extractives est de 2,1 pour cent. Par ailleurs, l'électricité est importée en franchise de droit tandis que la gazoline est assujettie au taux le plus élevé du tarif douanier (57,8 pour cent). 5) 21. L’importance du secteur manufacturier a fortement baissé depuis l’embargo international décrété contre Haïti en 1991. Ce secteur est cependant à l’origine de la majorité des exportations, surtout concentrées sur les textiles, habillement et cuir, soit près de 55 pour cent du total des exportations manufacturières haïtiennes vers les États-Unis, destination de plus de 90 pour cent de ces exportations. Le taux moyen des tarifs douaniers sur les produits manufacturés est de 2,8 pour cent. En outre, des concessions tarifaires sont prévues afin de corriger partiellement l'impact négatif qu'a la dégressivité des droits de douane sur certaines industries manufacturières, notamment celles fabriquant des produits semi-finis. 24. Haïti a exécuté des réformes qui ont substantiellement libéralisé son économie et en ont fait l'une des plus ouvertes d'Amérique Latine et de la Caraïbe. Toutefois, la mise en oeuvre de la composante structurelle des réformes demeure hésitante, ce qui affecte négativement la performance de l'économie étant donné que la plupart des entreprises publiques en difficultés fournissent des services de base nécessaires à la production. 22. Au titre de l’Accord général sur le commerce des services (AGCS), Haïti a consolidé certaines mesures frappant les services d'éducation; financiers; de construction et d'ingénierie connexes; d'hôtellerie et de restauration; et vétérinaires. Les mesures frappant la fourniture des autres types de services n'ont pas été consolidées. Le tourisme et le commerce sont de loin les soussecteurs des services dont la contribution au PIB réel est la plus élevée; ces sous-secteurs font l’objet d’importants efforts de développement de la part du gouvernement. Haïti est un importateur net de services. Contrairement aux autres secteurs, la participation des pouvoirs publics à la fourniture des services demeure prépondérante. POLITIQUE COMMERCIALE ET PARTENAIRES COMMERCIAUX 23. La politique commerciale d'Haïti reflète son attachement au Système commercial multilatéral. En outre, Haïti commence progressivement à s'intégrer au sein des groupements économiques de sa région afin d'accroître ses flux commerciaux et améliorer sa coopération dans des domaines tels que la santé, l'éducation et la prévention des désastres naturels. 25. La priorité actuelle semble être la stabilité socio-politique qui pourrait permettre à Haïti de poursuivre ses réformes. L'adaptation de la législation nationale aux réformes déjà accomplies et quelques ajustements de la taxation (droits de porte et taxes intérieures), ainsi que la transposition des anciennes consolidations tarifaires d'Haïti dans le Système harmonisé, amélioreraient la transparence et la crédibilité de son régime commercial, et renforceraient son attachement aux principes de l'OMC. Une amélioration des engagements multilatéraux d'Haïti, aussi bien dans les domaines des biens que des services, y contribuerait. De telles initiatives créeraient un environnement plus favorable aux investissements et permettraient une meilleure allocation de ressources en vue d'une pleine exploitation par Haïti de ses potentialités et des opportunités qui lui sont offertes, de par sa position géographique et, en tant que pays moins avancé, à travers les différents régimes d'accès préférentiel aux marchés des pays développés. 26. Il est important que la communauté internationale soutienne les efforts de libéralisation unilatéralement accomplis par WT/TPR/S/99/Rev.1 Page xii Haïti, dans des conditions socio-politiques difficiles, et lui apporte toute l'assistance nécessaire, notamment en matière de formation et d'information sur le système commercial multilatéral, d'appui Examen des politiques commerciales 27. institutionnel, de réformes législatives, de notification, de mise en oeuvre des Accords de l'OMC, et de négociations multilatérales et régionales.