- Dans la discussion qui s’en suit, le Dr THILLIEZ fait tout d’abord
observer qu’on ne retrouve pas dans ce PRS la prise en charge du « noyau
dur » des suicidants qui concernent précisément la psychiatrie, à savoir les
schizophrénies et les troubles bipolaires. Or la problématique du suicide
renvoie à ces pathologies lourdes. A sa connaissance, aucune étude ne
confirme à ce jour quelle proportion de personnes ayant fait une tentative
de suicide meure de suicide. Il émet également des réserves sur les
néologismes tels que la postvention et s’étonne qu’on puisse proposer des
référentiels de prise en charge du suicide…
- Mme Podeur s’inquiète pour sa part de l’articulation entre le PRS et le
SROS. Il lui semble qu’il faille clarifier les domaines d’intervention
respectifs de chacun, sans redondance et sans ambiguïté. Si la prise en
charge des tentatives de suicide et des suicides relève du SROS, l’ARH ne
peut à l’inverse s’engager sur un objectif de réduction de l’incidence du
suicide en population générale. Les objectifs du SROS sont différents, ils
doivent être évaluables, par des outils différents de ceux du PRS. Le PRS a
vocation à être intégré dans le Programme Régional de Santé Publique mis
en œuvre par la Préfète de région, selon les orientations définies dans la
future Loi de santé publique.
- Mme le Dr SQUILLANTE exprime son inquiétude quant à la qualité des
multiples formations qui sont proposées sur le suicide et sur lesquelles on
n’a aucune garantie de qualité (quel est le pilote ?). Elle observe aussi que le
plus grand nombre de tentatives de suicide sont admises aux urgences le
jour de la journée nationale de prévention du suicide…
- M. RAYNAL exprime sa perplexité sur l’amalgame qui lui semble être fait
entre la santé publique et la santé mentale : à l’évidence la psychiatrie a à
faire avec le suicide ! On adopte le PRS, certes, mais il faut définir
clairement le rôle du secteur psychiatrique et où se situe la prise en charge
sanitaire.
- Pour le Dr FROGER, le suicide est une énigme, un questionnement
existentiel qui renvoie au libre arbitre du sujet… Tout ce qui relève du
suicide ne relève pas forcément de la psychiatrie ; de fait, la prévention
fonctionne et chaque praticien crée ses propres référentiels.
- M. MOREL souligne le bilan globalement satisfaisant de l’unité Anjela
Duval à Brest et le taux de satisfaction élevé qui s’exprime dans les
questionnaires de sortie des malades.
- Le Dr HOUANG s’interroge sur la pertinence des unités spécifiques pour
adolescents suicidaires du fait d’un risque d’entraînement : au sein d’une
unité d’adolescents, quand il y a trop de suicidants, ça génère des suicides.
Ne vaut-il pas mieux des unités pour adolescents « polyvalentes » ?
- Le Dr PETITJEAN considère que le PRS dépasse la seule logique de la
maladie mentale et se situe dans le champ de la souffrance psychique, qui
entraîne une crise, qui entraîne à son tour le passage à l’acte. Par contre, les
acteurs de la santé mentale sont à l’intérieur de ce champ. L’articulation
entre le SROS et le programme devrait se faire assez naturellement autour
de la mutualisation des actions communes, d’autant que ces actions se
potentialisent les unes les autres.
- Mme PODEUR souhaite que les champs soient cependant bien
différenciés : les déterminants du suicide doivent être réintégrés dans le
PRSP et le PRS renverra au SROS pour tout ce qui relève de l’organisation
de l’offre de soins ; il faut partir du vécu des professionnels, ce qui
n’interdit pas qu’un hôpital participe à des actions de prévention. De plus,
les réponses peuvent être différentes selon les territoires.