Farge 2011-2012 Damien 01 Octobre 2012 CAPES Notions

Farge 2011-2012
Damien 01 Octobre 2012
LMPHI382, J. LACAILLE CAPES AGREG 1
CAPES Notions
Préparation à la dissertation générale de l'agrégation (7h) et du CAPES (5h).
Préparation à la leçon : 5h pour l'agrégation avec un entretien sans préparation. Pour le CAPES, 4h avec une
leçon de 40 min avec ensuite un entretien.
Chaque lundi, quelqu'un présentera une leçon. L'idéal serait de faire la leçon dans les conditions réelles : la
préparer en 5h pour passer ensuite en cours. Le temps de présentation doit d'être de 30-40 min. Temps d'analyse
suivi d'une reprise. Une lecture éventuelle pourrait conclure le cours.
Considérations générales sur les concours :
Concours difficiles, peu de postes, avec donc une grande concurrence parmi les universitaires. Il faut donc se
montrer très bons. Les meilleurs candidats ne sont pas les plus dos, mais les mieux préparés. Il faut en
particuliers préparer l'oral. La réussite dépend de trois facteurs :
L'acquisition d'une culture la plus large et maîtrisée possible, sans toutefois s'interdire d'avoir une
culture littéraire et scientifique. Il semble nécessaire d'avoir une grande familiarité avec un ou deux des
grands auteurs de philosophie. Il faut connaître le programme de terminale sur le bout des doigts. Il faut
être capable d'intégrer n'importe quel sujet, connaître les repères conceptuels (concepts opératoires très
courants qui permettent d'analyser un sujet, une flexion (distinguer fait/droit,
singulier/particulier/universel)). Confronter les différents manuels et voir quels sont les textes qui
reviennent systématiquement.
Maîtrise de la méthode propre à ses exigences. Il ne suffit pas de connaître les règles des dissertations et
d'explication de texte. Faire le maximum de sujet sur table, voir en groupe.
Il faut pouvoir développer une réflexion personnelle, originale. La leçon faite doit montrer que l'on ne
se contente pas de ressortir un cours que l'on a eu quelque part. Il faut montrer le chemin de réflexion
qui conduit à apporter une réponse convaincante et sensée au sujet donné.
Dans le cas d'un échec, il ne faut pas se décourager. Un échec signifie que l'on a déjà une bonne base pour la
prochaine tentative. Il faut comprendre les causes de l'échec au concours. Comprendre pourquoi on échoue afin
d'éviter de refaire les mes erreurs. Il ne suffit donc pas de répéter les règles orthodoxes pour éliminer ses
erreurs. Ce qui tient souvent à l'échec au concours, c'est une méconnaissance de la situation au moment du
concours.
Les reproches adressés aux copies sont toujours les mes : illisibles, ou inaudible. Incompréhension du sujet.
Manque d'originalité. Références mal maîtrisées. Incapacité à mettre en place une problématique.
Trois considérations générales qui permettent de comprendre l'échec aux concours :
La forme : ce sont des concours de « recrutement d'enseignants du second degré. » On ne recrute pas
des chercheurs au CNRS. On recrute des enseignants capables d'expliquer à des jeunes de 17-18 ans ce
que c'est que philosopher. Comme c'est un concours pour devenir enseignant, il y a un certain nombre
d'impératifs à respecter :
Nécessité absolue de la correction écrite et oral ; autrement dit un maniement impeccable de la
langue française.
Nécessité d'être lu sans peine et sans effort. Une copie sale et raturée ne fait pas bonne impression.
Nécessité absolue de l'audibilité immédiate. Il ne faut pas rester pendant 40 minutes à lire un
papier. Le jury doit sentir que l'on est là.
Le fond :
La clarté. Il faut éviter le langage hermétique, trop compliqué. Utiliser des exemples concrets et les
exploiter. Ce n'est alors pas un simple discours abstrait, mais ce que l'on dit peut parler à des élèves.
La manière dont on va s'exprimer c'est la manière dont on devrait s'exprimer face à une classe de
terminale.
Beaucoup de copie pour peu de correcteurs, sachant qu'il y a une double correction, et donc deux
fois plus de copies à corriger. Les correcteurs n'étant pas des surhommes, il faut prendre en
considération sa (sur)charge éventuelle de travail. Sur un paquet de copies, les premières peuvent
donner des effets de surprises, mais sans plus. Mais au bout de cinquante copies, toujours lire les
mêmes fauts ou mêmes maladresses vont plus pénaliser le malheureux corrigé en cinquantième
par rapport au second.
La note obtenue au concours n'est jamais absolue. On est par exemple noté sur 15. Certaines copies
sont notées au delà de 15, copies hors-normes donc. Mais on peut monter jusqu'à 15 si on
comprend les exigences du concours. Ainsi, même s'il y a des écarts, on remarque immédiatement
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les mauvaises des bonnes copies. Reste le problèmes des copies moyennes. Comment se distinguer
parmi un paquet de 150 copies ? Comment être original en respectant le cadre du concours ? Il faut
être les deux à la fois : il faut être original et conventionnel ; être novateur et traditionnel. Être
exemplaire dans la forme (la dissertation). Il n'y a pas de références obligées dans un sujet : il faut
surprendre le correcteur. Être là où on ne nous attend pas, mais être bien ancré là où l'on est.
Le sujet : avoir un regard neuf sur le sujet.
Une recherche assumée.
Il faut considérer que rien ne va de soi. Lorsque l'on lit un sujet, lors de son analyse, il faut trouver
une certaine étrangeté à ce que l'on pourrait trouver du sujet. Penser notamment aux éventuelles
difficultés que va rencontrer celui qui va lire notre copie.
Il faut progressivement et patiemment amener le lecteur ou l'auditeur à saisir l'intérêt de notre
propre pensée. L'intérêt d'un détour par la philosophie. Il faut montrer que la réflexion
philosophique s'impose pour répondre au sujet.
Il faut constamment penser au lecteur (éviter les « au sens kantien... »). De même, il ne faut pas
oublier que le correcteur n'est pas forcément spécialiste de votre auteur. Expliquer simplement une
complexité.
Les questions que l'auteur se posera sur notre copie resteront nécessairement sans réponses. Idem
lors de la leçon de l'agrégation. Il faut donc dialoguer avec soi-même, prendre une certaine
distance. La réflexion adoptée doit être l'image d'un dialogue intérieur. Il faut donc tout anticiper.
L'une des solution est d'être candidats et correcteur.
Cinq types de sujets :
Une notion. - Un couple de notions (voire trois). - Une expression. - Une question. - Une citation.
Analyse précise d'un sujet : Aimer.
1- Le sujet n'est pas « l'amour. » Le verbe (transitif qui plus est) met l'accent sur l'action. De quelle nature est cet
acte ? Physique ?
2- Qui dit verbe, dit sujet et objet. Aimer exprime donc une relation, ce que l'on ne retrouve pas dans « amour »
que l'on classe directement dans le sentiment, l'affection. Une préférence à l'égard de quelque chose (objet ou
autre chose, une interaction, une activité, dormir). Aimer peut donc s'approcher de multiples autres choses que la
relation.
Aimer exprime une relation asymétrique : on pourrait aimer sans être aimer. Est-ce vraiment aimer que d'aimer
sans être aimé ?Pourquoi aimer quelqu'un qui ne nous aime pas ? Relations affectives : sont-elles toutes des
relations d'amour ? Est-ce l'ensemble des relations affectives ? Comment X aime Y ? Pourquoi ?
On pourrait utiliser l’étymologie, mais il faut la connaître. Mais il ne faut pas la confondre avec son essence : ça
donne une indication, mais sans plus. Le philosophique ne nous est pas donné d'emblée. Il faut donc partir des
expressions du langage ordinaire pour cerner les différents usages du mot ordinaire. Il faut ensuite chercher les
notions proches et travailler par différenciations, tout en trouvant les couples d'opposés.
Dans le cas de l'amour, par distinction de l'amitié, il y a de l'exclusivité, en théorie. Mais ne peut-on pas penser la
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pluralité, et aimer plusieurs personnes ?
Être l'ami ou l'amant, est-ce la même chose ? La complicité pour le premier, qui va au delà dans le cadre de
l'amant puisque c'est une complicité dans l'intimité. Une égalité et une réciprocité dans l'amitié. Difficile d'être
l'ami de quelqu'un qui ne nous considère pas comme ami. Deux amants ont une relation érotique. L'amitié est
une relation dés-érotisée. On peut aimer ses parents ou enfants : c'est une relation dés-érotisée.
Éros (érotique, sir physique), filia (relation non érotique entre les amis ou membres d'une même famille) et
agape (amour désintéressé). Éthique à Nicomaque, théorie de l'amitié, Aristote : soit c'est une amitié intéressée.
On aime ses amis parce qu'il y a intérêts. Soit c'est une relation fondée sur le plaisir. Soit c'est une relation fondée
sur la vertu, cette dernière constituant la véritable amitié.
J'aime une femme, j'aime une pomme, j'aime la philosophie.
J'aime une pomme, ou je prends plaisir à manger une pomme.
Je t'aime ou je prends plaisir à être avec toi : derrière le « je suis amoureux », il y a quelque chose de plus. On
passe peut être de la sensation au sentiment.
J'aime un gâteau, mais je n'aime peut être pas tous les gâteaux.
Ainsi, en fonction du sujet ou de l'objet, il y a quelque chose de variable, qui dépendrait du goût. Si le goût est
une faculté de juger du plaisir. Enfant, on n'aime pas le vin, alors qu'adulte, oui. Le goût s'éduque dans un
premier temps avant de dépendre de déterminations sociales et culturelles. Ça s'applique aux choses les plus
banales, mais une fois appliqués aux êtres ?
Aimer, est-ce la même chose qu'être amoureux ? Dans le sens contraire, oui, mais dans ce sens-ci, pas forcément.
Aimer et désirer. Comment les différencier l'une de l'autre ?
N'aime t-on pas être aimé ? Ne peut-on pas aimer être amoureux ? Ne peut-on
pas aimer l'amour ? N'importe qui ne ferai pas l'affaire, mais ce qui compte
avant tout est de se retrouver dans un état passionnel. L'amour n'est pas
inévitablement tourné vers autrui.
Si ce qui est premier, c'est le besoin d'être aimé, alors le désir est indéterminé. Si c'est un besoin, alors nous ne
sommes pas éternellement déterminé à aimer une personne plutôt qu'une autre.
Dans la relation amoureuse, on peut aimer le fait qu'une personne vienne nous compléter. Le Banquet : Mythe
d’Aristophane. Chacun est en soi déficient et cherche à réparer cette déficience. Il y a une fidélité dans l'amour,
une fidélité à la moire de l'autre. Il faut prendre en compte la dimension temporelle ou historique de la
relation.
Le sujet : si on n'arrive pas à dire pourquoi on aime ou non une personne, c'est que ces déterminations ne nous
sont pas accessibles. Le premier objet d'amour, c'est le sein, selon Freud. Déterminations socioculturelles.
Il faut critiquer l'illusion du libre choix en amour : la cristallisation amoureuse, Stendhal. Voir Schopenhauer.
« J'aime mes parents. J'aime un ami. » C'est un amour dissocié du plaisir. C'est juste vouloir le bien de celui ou
celle qu'on aime. C'est vrai aussi des amis. La différence que l'on peut faire dans cette relation, c'est qu'on choisit
ses amis, mais pas sa famille.
Comment aimer ? On peut aimer bien ou mal. L'amour ne nous rend pas nécessairement heureux. Qu'est-ce que
mal-aimer ? La possessivité, comme volonté d'appropriation du corps et des sentiments de l'autre. Exiger une
exclusivité. A l'inverse, bien-aimer, c'est respecter autrui en le laissant être ce qu'il veut être.
Bilan : Trois définitions du verbe aimer.
Prendre plaisir à faire quelque chose.
Être amoureux.
Vouloir le bien et/ou le bonheur d'autrui.
N'aime t-on jamais autrui que pour être aimé ? Un amour exclusif n'est-il pas au fond un amour narcissique ?
Est-ce vraiment aimer dans ce cas ? Le véritable amour ne serait-il pas, alors, vouloir le bien de l'autre sans
rien en retour ?
Il faut donc, pour terminer, arriver à créer une tension dans le sujet. La difficulté est de mettre le sujet sous
tension : opposer les différents sens d'aimer, entre eux. Opposer « être amoureux » et « vouloir le bien d'autrui ».
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Dans l'amour de soi, s'aimer soi-même. Deux types d'amour de soi, dans le premier discours : amour de soi et
amour propre.
Peut-on aimer autrui plus qu'on ne s'aime soi-même ?
Être amoureux, c'est s'abandonner à l'autre : ça implique un rapport de confiance et un rapport de réciprocité.
S'abandonner à l'autre si celui-ci risque de nous abandonner.
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