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Dossier Introductif - Politique : de quoi parle-t-on ?
Doc. 1 : A quoi sert le politique ?
La collectivité, en effet, induit nécessairement la pluralité et cette diversité est conflictuelle. Non,
encore une fois, en raison d'une nature humaine éventuellement violente, cruelle ou agressive, mais parce
que les individus ont tous, ne serait-ce qu'en fonction de l'âge, du sexe, des croyances, de la religion ou de
la position sociale, des intérêts, des attentes et des aspirations différents les uns des autres. Et, au moins
certains de ces intérêts et certaines de ces attentes, ne sont pas d'emblée compatibles ou s'opposent
radicalement les uns aux autres. […]
En bref, vivre ensemble ne va pas de soi, et cette conflictualité constitue une menace permanente
pesant sur la survie du groupe. Pourtant, ces groupes, le plus souvent, perdurent. Certes, ils se modifient,
ils se transforment, parfois se divisent, mais, surtout, ils s'adaptent, font des choix, prennent des décisions,
ou en tout cas les acceptent (ou ne les refusent pas)... et ils se maintiennent. C'est que ces tensions, sans
disparaître, ont été, au moins partiellement et provisoirement, atténuées, pacifiées dans leur expression,
rendues compatibles avec la coexistence sociale et la conservation du groupe.
[…] Cette entreprise visant à faire de l'Un, de l'unité, à partir du multiple (et d'un multiple
conflictuel), suppose la constitution d'un pouvoir coordinateur, conciliateur et régulateur. […] Une telle
approche permet alors de préciser certaines questions. Quand un pouvoir est-il politique? […] on peut
considérer comme politique un pouvoir dont l'action participe de cette fonction de régulation sociale - ce
pouvoir ne fut-il ; que partiellement ou transitoirement politique. Quand un problème, une décision, un choix,
sont-ils politiques ? Dès lors que le conflit est régulé par le pouvoir politique au lieu de l'être à un autre
niveau. Rien n'est intrinsèquement politique, tout peut le devenir. Les OGM, les relations salariés-
employeurs, le harcèlement moral ou la chasse ne sont pas en eux-même des questions politiques, ils le
deviennent lorsque les désaccords ou les conflits qu'ils suscitent sont portés à l'arbitrage du pouvoir
politique - ou que le pouvoir politique s'en saisit.
Jean-Philippe Lecomte, Sociologie Politique, Gualino, 2005
1. Pourquoi une collectivité a-t-elle besoin « du » politique?
2. Proposez-en une définition du terme politique
3. A quel moment peut-on qualifier un problème de « politique »?
4. Illustrez avec des exemples précis la phrase soulignée.
Activité 1
Pour chacun de ces évènements, vous direz s'il correspond à la définition du terme « politique », en
justifiant votre réponse.
1. La fonte des glaces au pôle Nord
2. La création du revenu de solidarité active, financé par une taxe sur les revenus du patrimoine
3. Des incendies autour d'Athènes
5. Les élections européennes de 2009
6. Les championnats du monde d'athlétisme à Berlin
8. La rémunération des traders dans les banques françaises
9. La mort de Mickaël Jackson
10. Les vacances de Nicolas Sarkozy
Doc. 2 :
Quel est le "juste prix" des fruits et légumes ?
LE MONDE | 21.08.09 | 16h07 • Mis à jour le 21.08.09 | 16h31
AFP/MYCHELE DANIAU
Des cageots de tomates, dans le rayon de fruits et légumes d'une grande surface.
« Consommez les fruits et légumes de nos régions" : l'invitation vient de la FNSEA, dont des
adhérents ont organisé un barrage filtrant au péage du Boulou (Pyrénées-Orientales) sur
l'autoroute A9, jeudi 20 août, bloquant les camions de fruits espagnols.
D'autres s'en prennent aux importations marocaines ou brésiliennes. Il faut mettre en place
"la préférence communautaire", réclame le Modef, un autre syndicat agricole, qui organisait
le même jour des ventes directes pour alerter les consommateurs sur la crise que traverse la
profession. Partout, la revendication est la même : pouvoir se battre "à armes égales" avec les
concurrents pour faire reculer les importations. "On ne peut pas suivre. On voit arriver des
tomates de Hollande à 33 centimes le kilo ou des salades emballées d'Allemagne à 20
centimes", explique Denis Digel, maraîcher en Alsace et administrateur de la Fédération
nationale des producteurs de légumes, une branche de la FNSEA. Chez lui, le coût de revient
d'une salade s'élève à 38 centimes. Depuis le mois d'avril, dans sa coopérative, pas une n'a été
vendue au-dessus de ce prix, et plus d'un million d'entre elles ont été détruites.
Depuis des années, les maraîchers et les arboriculteurs français alertent les gouvernements
sur les avantages concurrentiels de leurs voisins. Leurs arguments pourraient commencer à
peser. Dans ce secteur, "le coût du travail est trop élevé", a reconnu le ministre de
l'agriculture, Bruno Le Maire, fin juillet, citant les chiffres de 6 euros de l'heure en Allemagne
et 7 en Espagne, contre de 11 à 13 en France.
De telles différences pèsent lourd pour les maraîchers et arboriculteurs, surtout parce que
dans leur filière, les coûts salariaux représentent parfois plus de 50 % des coûts de
production, la cueillette n'étant souvent pas mécanisable. "En production d'asperges, chaque
hectare nécessite 1 200 heures de travail. Vu le différentiel du coût de main-d'oeuvre
saisonnière, le producteur allemand économise 6 000 euros par hectare sur le français",
explique une étude des producteurs de légumes publiée en avril. Difficile, dans ces
conditions, de pratiquer des prix similaires aux concurrents, sauf à vendre à perte.
Le sujet préoccupe les professionnels, d'autant qu'ils font de plus en plus appel au salariat à
la place de l'emploi familial traditionnel. De 1988 à 2005, les exploitations sont passées de 95
000 à 45 000, et beaucoup en ont profité pour s'agrandir et ont dû embaucher. De fait,
surtout des saisonniers, car cela permet de réduire les coûts. L'augmentation de la taille des
exploitations n'a pas empêché toutefois un recul global des surfaces cultivées en France
depuis dix ans, alors qu'elles ont augmenté en Allemagne ou aux Pays-Bas, par exemple pour
les fraises, les carottes, les asperges ou les oignons.
La législation peut avoir un fort impact sur le coût du travail, donc sur la compétitivité, et les
différences sont nombreuses. Ainsi en Espagne, il existe pour la filière un CDD journalier
exonéré de charges. En Allemagne, il n'y a pas de salaire minimum dans le secteur agricole,
les heures supplémentaires sont comptabilisées à partir de 60 heures de travail, et en cas de
recours à la main-d'oeuvre des pays d'Europe de l'est, il n'y a pas de charges à payer si le
salarié a une couverture sociale dans son pays d'origine.
Les Français regrettent aussi que les Espagnols et les Allemands disposent d'une plus grande
facilité d'accès à la main-d'oeuvre étrangère. Cela permet de réduire les coûts de main-
d'oeuvre, car à salaire égal, elle est souvent plus efficace - parce qu'issue du milieu agricole et
revenant chaque année - et plus "flexible".
"LEÇONS DE MORALE"
Un autre point provoque leur colère : les normes environnementales. Si leurs produits sont
soumis à la limitation du recours à certains produits phytosanitaires décidée par la France, ce
n'est pas le cas de ceux que leurs concurrents exportent sur le territoire, et dont les
rendements peuvent être plus élevés.
Vu la crise provoquée par la chute des prix de cet été, les producteurs espèrent un geste fort
du gouvernement. "Ces dernières années, les dispositifs d'allégement de charges ont été
améliorés, mais comparé à ce qui se fait ailleurs, c'est loin d'être suffisant", estime Emmanuel
Demange, directeur de la Fédération nationale de producteurs de fruits (FNSEA). Le 22
septembre, une table-ronde aura lieu au ministère de l'agriculture sur la question. Mais toute
décision devra être prise au niveau interministériel...
La FNSEA propose l'octroi d'un crédit de 3 euros par heure travaillée, mais le ministère ne
semble pas séduit par l'idée. D'autres sont avancées par la profession, comme la déductibilité
des charges patronales ou la création d'une TVA sociale pour les fruits et légumes. Cela ne
coûterait rien à l'Etat et aboutirait à taxer les importations, ce qui ne saurait déplaire aux
producteurs.
Mais plus que ces aménagements, c'est une véritable harmonisation des règles au sein de
l'UE qu'ils réclament. "Avec ces millions qu'on nous demande de rembourser pour des aides
touchées entre 1992 et 2002, on nous fait des leçons de morale sur l'équité en Europe. Mais
tous les jours, on vit des situations d'inéquité", lance François Lafitte, président de la
Fédération des comités économiques de producteurs, représentant les entreprises. "Il est
urgent que l'Europe se saisisse de la question sociale et ne se limite pas à une zone de libre-
échange", avance la Fédération nationale des producteurs de légumes.
Cependant, les coûts salariaux ne "sont pas les uniques déterminants" de la compétitivité,
estime une étude intitulée L'Emploi et la compétitivité des filières fruits et légumes, réalisée
pour le ministère de l'agriculture et publiée récemment. Les auteurs y présentent d'autres
facteurs, technologiques et commerciaux, comme les variétés utilisées, les sources d'énergie -
la cogénération, développée en Europe du Nord, permet par exemple de réduire les coûts -,
ou encore le prix de vente obtenu par les producteurs. Les auteurs y citent le cas des Pays-
Bas, où le coût du travail est plutôt élevé, mais où les producteurs restent compétitifs.
Les maraîchers et arboriculteurs français sont bien conscients des progrès à accomplir pour
se regrouper et peser plus face à la grande distribution, ou encore rendre leur offre plus
attrayante.
Laetitia Clavreul, Article paru dans l'édition du 22.08.09
Travail à rendre pour la prochaine séance
Pour les questions 3 à 6, des réponses développées, argumentées, et exemptes de paraphrase
sont attendues.
1. Qu'est-ce que la FNSEA? (1 point)
2. Recherchez la définition de « coût du travail » (1 point)
3. Expliquez les problèmes économiques rencontrés par les producteurs de fruits et légumes
français. (3 points) [expliquer = rechercher les causes]
4. Quelles peuvent être les conséquences sociales de ces problèmes? (1 point)
5. Montrez que ce problème fait l'objet d'une politisation. (2 points)
6. Synthèse: A partir de l'exemple de la vente de fruits et légumes, montrez qu'un
phénomène économique et social peut acquérir une dimension politique (2 points)
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