EXISTE-T-IL UN DILEMME INFLATION – CHOMAGE ? attention au

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EXISTE-T-IL UN DILEMME INFLATION – CHOMAGE ?
 attention au sens du sujet :
dilemme : situation qui nécessite de faire un choix entre deux solutions contradictoires, chacune
étant aussi insatisfaisante que l'autre
arbitrage : jugement rendu par un arbitre
Introduction
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Samuelson : « Le seul problème économique essentiel qui ne soit pas résolu réside dans le cruel marchandage entre le plein-emploi et la stabilité des prix »
Question renvoie à un enjeu théorique et à des questions de politique économique (politique conjoncturelle des 30 Glorieuses)
 interrogation sur les fondements et sur la pratique d’un arbitrage inflation – chômage dans les années d’après guerre
 remise en cause théorique et pratique du dilemme
 interrogation sur les enjeux contemporains
A- Du dilemme inflation – chômage à l’arbitrage dans les politiques conjoncturelles
1- Le cadre de réflexion : la courbe de Phillips et ses développements
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Courbe de Phillips (58) établit une corrélation entre taux de chômage et taux de croissance des salaires (travail empirique)
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Interprétation théorique : dynamique des salaires est liée à la situation du marché du travail (détermination des salaires par négociation – perspective keynésienne)
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Développement
Lipsey : passage de la corrélation croissance des salaires – chômage au lien inflation – chômage
Samuelson et Solow : mesure de l’arbitrage inflation – chômage pour les États Unis
 identification du dilemme : impossibilité d’avoir une réduction parallèle du chômage et de l’inflation,
plus précisément toute baisse du chômage en dessous du NAIRU se traduit par de l’inflation
2- Les choix de politique des 30 Glorieuses
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politique conjoncturelles des 30 Glorieuses renvoient, en cas de tensions, à un arbitrage entre lutte
contre l’inflation et logique de relance (déplacements sur la courbe de Phillips)
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arbitrage peut correspondre à un choix (plans de refroidissements français), à l’expression de préférences idéologiques (républicains – démocrates aux États Unis) ou à des contraintes majeures (stop
and go britannique)
3- Comprendre les choix réalisés
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choix de politique apparaissent privilégier la relance de l’activité et la recherche du plein emploi (cf.
citations de G. Pompidou et H. Schmidt)
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crainte des conséquences sociales du chômage couplée à l’idée que l’inflation n’a pas un impact négatif sur la croissance
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dynamique forte de croissance dans les pays européens garantit un quasi plein emploi que les gouvernement cherchent à conserver
 s’il y a une impossibilité d’améliorer simultanément la situation de l’emploi et de l’inflation, la politique
conjoncturelle des 30 Glorieuses met en avant la possibilité d’un « fine tuning » permettant de garantir la
poursuite de la croissance aux environs du plein emploi avec la mise en place de logiques de stabilisation
en cas de déséquilibre inflationniste jugé excessif
B- Des risques des politiques de relance à la remise en cause du dilemme inflation
– chômage
1- La stagflation des années 70
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apparition d’un phénomène nouveau : coexistence de chômage et d’une accélération de l’inflation
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signes de l’évolution lisibles à la fin des années 60, accélération avec le 1 er choc pétrolier
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interprétation peut être faite en terme de chocs externes, pratiquement inexistants durant les 30 Glorieuses
2- De nouvelles interprétations théoriques
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critiques théoriques du dilemme inflation – chômage à travers la courbe de Phillips
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Friedman : arbitrage inflation – chômage n’est possible qu’à court terme en raison de phénomènes
d’illusion monétaire de la part des salariés (relance monétaire a un impact sur les prix mais son impact sur l’activité se dissout rapidement avec un retour au taux de chômage naturel)
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Nouvelle Économie Classique : hypothèse des anticipations rationnelles conduit à remettre en cause
toute possibilité d’arbitrage
 dilemme disparaît : inflation et chômage sont déterminés par des logiques distinctes (inflation correspond à un phénomène monétaire causé par l’excès d’offre de monnaie par les autorités, chômage renvoie
à des déséquilibres du marché du travail)
3- La mutation des politiques
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remise en cause des politiques keynésiennes inefficaces et jugées responsables de l’inflation
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mise en œuvre de politiques privilégiant la lutte contre l’inflation comme condition à une reprise de la
croissance + réformes libérales des marchés du travail (impulsion : M. Thatcher, R. Reagan) : entrée
dans la Grande Modération
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interrogation actuelle autour de risques d’une politique excessive de relance aux USA au nom de la
lutte contre le chômage fournissant les bases d’une reprise de l’inflations
C- Le renouvellement des perspectives
1- Comment interpréter la désinflation ?
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Expériences de désinflation s’accompagnent de récessions avec montée significative du chômage
(Royaume Uni et USA du début des années 80)
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Débat autour du sens à donner à ces phénomènes : coût nécessaire pour garantir la désinflation ou
preuve de la pertinence du raisonnement de Phillips avec nécessité de montée du chômage pour obtenir une réduction de l’inflation (désindexation salariale) ?
2- Les risques liés à la priorité donnée à la lutte contre l’inflation
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politiques anti-inflationnistes seraient exagérément restrictives et pèseraient sur la croissance
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situation de l’Europe dans le cadre de la mise en place du SME et de la convergence vers l’UEM : politique anti inflationniste se paye en terme de chômage (J. P. Fitoussi), réactualisation possible de la
courbe de Phillips avec arbitrage excessif en faveur de la stabilité des prix
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accent sur la qualité du policy mix et la possibilité de conjuguer une gestion efficace de la demande
globale
3- Le dilemme inflation - chômage dans une économie mondialisée
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aplatissement de la courbe de Phillips : mondialisation conduit à une inflexion structurelle de
l’inflation donc un gain en matière de chômage est possible sans risque important de hausse de
l’inflation (interrogation sur le déplacement de l’inflation du prix des biens vers celui des actifs)
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situation des BRICS aujourd’hui : forte dynamique de croissance avec des tensions inflationnistes qui
amène à s’interroger sur la nécessité de politiques de stabilisation.
Conclusion
L’expérience de la période récente amène à considérer que le dilemme inflation – chômage est une réalité
dans la conjoncture des économies développées depuis les 30 Glorieuses, même si certaines périodes ont
pu laisser croire à sa disparition et que les fondements théoriques de ce dilemme ont été l’objet de débats
significatifs.
On peut cependant considérer que ce dilemme ne renvoie pas seulement aux déterminants de l’inflation et
du chômage mais qu’il est également en partie lié aux choix de politiques qui, paradoxalement, cherchent
généralement une solution au problème du choix entre inflation et chômage.
Derrière cette question, c’est donc la question majeure de la logique et de l’impact des politiques conjoncturelles qui se trouve posée.
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