Marketing Sciences-Po Strasbourg
2° année Eco-Fi Mr Dreyfus
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Module 2
L’état d’esprit marketing
C’est un module particulier par ses aspects philosophiques, sociaux, psychologiques, moraux. Tous
les outils, les moyens, les techniques de marketing sont soutenus par une même façon de penser l’entreprise,
de tourner son esprit dans la direction du marketing. C’est une condition nécessaire mais pas suffisante
pour l’exercice du marketing.
I) Les grands principes
L’essentiel est le principe du « penser client ». Selon les entreprises, les expressions peuvent
varier : obsession du client, primauté du client. Un rappel permet de dire que la satisfaction du client est
considérée comme un moyen et pas comme une fin, laquelle réside dans la satisfaction de l’entreprise. C’est
dans ce contexte que le client doit être étudié : c’est le marketing qui a mis en premier l’accent sur ce
fameux personnage qu’est le client. Des expressions en ont vite découlé et on retiendra la plus mémorable :
« Le client est roi ». Ces principes sont souvent affichés dans les entreprises même s’ils ne sont pas pour
autant ancrés dans les esprits. Pourtant il faut que les employés de la fonction marketing-vente aient cette
optique. De même ceux qui sont au contact de cette clientèle sans un être un membre de la branche
marketing (un comptable parle désormais avec la clientèle). Les autres membres du personnel (ouvriers, par
exemple) devraient, eux aussi, adhérer à ce premier grand principe. Toute personne dans l’entreprise doit
être concernée. Ce qui se passe réellement dans l’entreprise est vécu au quotidien : des choses simples sont
d’abord abordées : le Bonjour, le sourire (dans les entreprises, des stages sur le sourire sont même
organisés pour enseigner aux salariés cette attitude (stage Sourire Bonjour Au revoir Merci (SBAM) dans
le groupe Auchan) avec l’idée obsessionnelle du client-roi ; idem pour l’accueil téléphonique). Cela dit, la prise
en compte du client peut rester encore relativement modeste (comptable). Le monde ouvrier peut aussi être
amené à ne pas se soucier de la clientèle, qui peut, elle, diffuser, une certaine image de marque de
l’entreprise (c’est parfois la ruine des politiques de communication en donnant au client une preuve de non
prise en compte de son existence). Il faut penser autrement d’autant plus que l’exception française en la
matière ne serait pas un vain mot : on a du mal à adopter cet état d’esprit tourné vers le client, en France.
François Michelin (le père d’Edouard) a pourtant souligné depuis longtemps : « Le véritable patron de
l’entreprise, c’est le client ». Les salaires ne sont pas payés avec l’argent du patron, mais avec celui des
clients. Il faut remettre en question l’idée qu’on se fait de l’entreprise. Une entreprise, c’est avant tout une
clientèle. Dans l’optique du rachat d’une entreprise, il faudra toujours privilégier une entreprise avec des
machines moyennes mais une clientèle nombreuse et fidèle plutôt qu’une entreprise avec des structures
modernes et sophistiquées mais sans clientèle. Sans client, il est difficile de convaincre et de fidéliser des
clients : c’est la clé de la réussite d’une entreprise. Il faut exprimer un certain ras-le-bol des contrôleurs
de gestion qui ne font qu’analyser des chiffres avant de commenter : « Ca va pas (les ventes) ! Y a trop (les
charges) ! Y faut que … » A ces financiers là, il faut spécifier quel est le travail du commercial : et à eux de
jouer… ! Allez-vous occuper de l’essentiel : du client. Sans client pas de chiffre d’affaire, et pas de marge,
donc moins de production, moins de salaires, moins d’emplois. Sumitomo, en rachetant Dunlop, a envoyé tous
les ouvriers pendant trois jours dans le secteur commercial : l’ouvrier en revenant dans son usine sait
désormais qu’il y a un client, qui va utiliser la production. La différence entre les salariés quand ils
deviennent eux-mêmes clients est évidente.
Le deuxième grand principe du marketing et de son état d’esprit recouvre l’humilité et la modestie.
Car l’expérience montre que le marketing n’est pas une science exacte : les méthodes ne marchent pas
toujours forcément de la même façon dans toutes les entreprises. L’évolution de la vie des entreprises est
souvent en dents de scie (voir Chrysler notamment à travers le prisme de la presse : cycle positif et
négatif). On apprend donc toujours et il faut faire preuve d’une certaine modestie face aux résultats qui ne
sont pas éternels (rien n’est jamais gagné ou perdu définitivement). La remise en question devient dès lors
nécessaire : le potentiel d’avenir doit toujours être envisagé.