Géographie
3e partie : deux grandes aires de puissance dans le monde
Chapitre 2. Les Etats-Unis, la superpuissance
Problématique :
Comment et à quelles échelles la superpuissance américaine s’exerce-t-elle ? Quelles en sont les limites ?
Pourquoi peut-on dire que le territoire et la population sont des fondements de la puissance américaine ? Enfin, quels sont les
espaces moteurs du territoire américain ?
I. Manifestations et limites de la superpuissance
A. Les signes de l’hégémonie
Ouvrir sur les documents de la page 80 et de la page 81 : une puissance attirante et contraignante, avec
des éléments de domination multiforme (selon la carte, domination militaire et économique. Une
superpuissance qui présente des faiblesses (donc éviter d’employer le terme d’hyperpuissance) : les
attentats du 11 septembre 2001 ont révélé la fragilité de cette puissance, atteinte en son cœur économique
et politique. Traumatisme de l’opinion publique américaine : une crise morale. Mais l’élection récente de
Barack Obama a révélé une fois de plus la capacité de rebond du modèle américain (cette campagne était
placé sous le signe de l’optimisme et de la détermination politique : slogan « yes, we can »)
(a) une hégémonie économique
Disposant d'un espace varié et riche, les Américains ont développé une agriculture moderne,
fortement excédentaire, parfois utilisée comme un moyen de pression dans les relations bilatérales
(food power)
. Elle est relayée par une puissante agro-industrie (1/4 du marché mondial, 1/5 des
actifs) dominée par les multinationales, comme Monsanto, qui diffuse ses productions sur la planète
entière, contribuant à une uniformisation des modes alimentaires
(fast food)
.
La mise en valeur de l’espace agricole est variée. Les Grandes Plaines et le Middle West restent le
cœur céréalier mais se diversifient (soja) tandis que l’agriculture de la Sun Belt est intensive et
fortement intégrée (agrumes, coton, vin ; distinguez ici production agricole liée à un climat
subtropical et celle liée à un climat méditerranéen). L’élevage se partage entre une production
extensive (ranching) à l’ouest et les parcs d’engraissement (feed lots) du cœur céréalier).
L'industrie est tout aussi puissante. Certains secteurs traditionnels comme le textile, la sidérurgie et
les chantiers navals sont en déclin (on a fait le choix de les sacrifier), mais d'autres occupent toujours
le premier plan: électronique, informatique, aéronautique et armement (le complexe militaro-
industriel profite de la relance des crédits). Dans chacun d'entre eux, les entreprises américaines
occupent les tout premiers rangs (FMN). Le déclin industriel des Etats-Unis est donc à relativiser ;
les tâches d’assemblage nécessitant une main-d’œuvre peu qualifiée sont délocalisées à l’étranger dans
le cadre des FMN américaines. Les activités plus sophistiquées reposent sur la matière grise et les
capitaux.
Mais c'est surtout le secteur tertiaire (services) qui a contribué à une croissance ininterrompue de
l'économie depuis le début des années 1990. L’économie américaine est désormais postindustrielle.
Les services emploient trois quarts des actifs et représentent à peu près la même proportion de la
richesse produite. 95 % des nouveaux emplois créés depuis 1970, souvent d'ailleurs peu rémunérés et
à faible niveau de qualification, sont des emplois de service. Ne pas oublier que le tourisme se situe à
la 3e place mondiale en terme de destination (mais à la 1ère en termes de recettes).
Pour toujours conserver si possible son avance sur les autres nations, l'économie des États-Unis
s'adapte et se reconvertit sans cesse. Page 85, document 4 : une avance scientifique et
technologique. Montrez renversement par rapport au début du siècle : l’Allemagne, principal foyer
européen d’innovations pendant la Seconde Révolution industrielle, a deux fois plus de Prix Nobel
que les Etats-Unis, aujourd’hui la proportion varie de 1 à 10 en faveur des Etats-Unis. Les crédits
consacrés à la recherche sont les plus importants de la planète en valeur absolue; nombreux sont les
prix Nobel scientifiques qui travaillent dans les laboratoires et les universités des parcs
technologiques; tout cela explique que l'innovation vienne souvent d'outre-atlantique (technologies
de l'information et de la télécommunication dynamisées par les start-up); la réussite d'Internet en
est l'exemple le plus spectaculaire. Monopole des Etats-Unis sur les NTIC, quelques exemples :
- 8 des 10 premières entreprises mondiales dans le secteur
- ¾ des serveurs internet
- 100% des routeurs
- 51% de l’industrie des logiciels
- 46% des services informatiques
- 62 % des matériaux informatique hardware
Le commerce extérieur représente aujourd'hui 1/3 du PNB, ce qui est le fruit d'une politique
d'ouverture commerciale inaugurée dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale. Le poids
des États-Unis est tel, notamment à l'OMC, qu'ils inspirent très souvent les règles du commerce
mondial. Ils s'arrogent même le droit de prendre parfois des mesures de rétorsion à l'encontre
d'États qui commercent avec leurs ennemis.
Les États-Unis sont les premiers importateurs et exportateurs de services, et les seconds de
marchandises (derrière l'Europe). Bien sûr ils vendent leurs productions (films, logiciels,
télécommunications, assurances, produits financiers, vêtements et friandises, produits alimentaires, etc.),
mais ils sont surtout les plus grands acheteurs de la planète, au point d'avoir un commerce extérieur
déficitaire depuis 1976, déficit qu'ils compensent grâce à une balance des services et des capitaux
excédentaires. Ces commandes contribuent toutefois au dynamisme des flux planétaires.
Document 1 page 91. Le dollar est la principale monnaie de réserve, de change (près de la moitié des
devises échangées dans le Monde) et de règlement (les États-Unis ont la chance de payer leurs achats avec
leur monnaie). Quelle que soit sa valeur, ils en tirent profit. Lorsque le dollar est fort, les États-Unis
importent au moindre coût; lorsque la monnaie est dévaluée, cela relance les ventes. Symbole de
cette puissance financière, la bourse de New York (NYSE) est encore la première de la planète. Elle est
renforcée depuis peu par le NASDAQ, indice particulier pour les nouvelles technologies.
(b) l’hégémonie militaire et diplomatique
Depuis l'éclatement de l'URSS, les États-Unis apparaissent comme la seule puissance en mesure de peser sur
les décisions engageant l'avenir de la planète. En diplomatie, ils utilisent leur position stratégique à l'ONU
(siège de membre permanent, poids de la contribution financière), et leur place au cœur des grandes
alliances pour promouvoir leurs choix. Les États-Unis sont aussi en possession du premier arsenal
militaire de la planète (48% des dépenses militaires mondiales, en 2006 ; l’US Navy possèdent 12 porte-
avions, contre 2 à la GB, 1 à la France et à la Russie) ; l'armée américaine est déployée sur l'ensemble du
globe grâce à ses bases militaires et à l'US Navy. Elle procède aussi à une surveillance par satellite et à
une écoute du Monde grâce au système Échelon. Ces leviers ont permis aux États-Unis d'intervenir
partout depuis 1945, par la diplomatie ou par les armes, lorsqu'ils l'ont estimé nécessaire. Document 2 page
89 : espace militaire centré sur le territoire ; surveillance satellitaire (balayage du monde) : maillage planétaire
des bases et des flottes (présence donc terrestre et maritime) : bases dans des endroits stratégiques afin de
verrouiller espaces surveillés par satellites.
(c) l’hégémonie culturelle
* Une exceptionnelle attractivité migratoire : plus que jamais, les États-Unis sont un des « havres» du
monde. L'accélération des flux d'immigrants observée depuis un quart de siècle a contribué pour plus de 30
% à la croissance démographique. C'est une source permanente d'enrichissement humain: la législation
migratoire est assouplie pour attirer des étrangers qualifiés. Ce « brain drain » colle à la demande : 195
000 visas «HIB » en 2000, deux fois moins en 2002. Régularisation de 800 à 900 000 clandestins par an.
* La puissance culturelle, ou « puissance douce », s'exprime à travers la culture dite populaire, largement
produite et diffusée par une poignée de grandes firmes mondialement connues: McDonald's, Coca Cola ou
Pepsi Cola, Disney; et plus encore par les grands médias de l'information et de la communication. Musique,
modes vestimentaires décontractées « à la californienne », habitudes alimentaires (du hamburger aux « soft
drinks » plus ou moins allégés), séries télévisées (soap operas et sitcoms), films à gros budget parcs à thèmes
sont autant de produits conçus pour plaire au plus grand nombre et destinés à être vendus dans le monde
entier. Cette puissance irrésistible de diffusion s'exprime dans les chiffres sur les échanges audiovisuels avec
le reste du monde: les États- Unis exportent en valeur dix fois plus qu'ils n'importent, l'Union européenne en
absorbant 80 %.
* Cette domination culturelle est portée par la place de l'anglo-américain, qui inonde de ses
néologismes les autres langues et qui s'est imposé comme le vecteur quasi-exclusif des échanges
internationaux commerciaux, scientifiques et diplomatiques. Elle n'est pas sans susciter des inquiétudes dans
les autres pays qui prétendent eux aussi participer du « village culturel mondial ».
* L'influence des élites culturelles n'est pas moins grande. Elle repose sur une exceptionnelle
infrastructure d'universités, de bibliothèques, de musées et de fondations. Écrivains, journalistes, artistes
contribuent plus que d'autres à la diffusion des valeurs américaines, et singulièrement de l'idéologie
capitaliste et libérale. Ce sont des États-Unis que partent les modes de pensée, conformistes ou non vis-à-vis
de l'idéologie dominante.
* Une idéologie capitaliste dominante
Les États-Unis sont le laboratoire du capitalisme libéral. Les économistes et les hommes d'affaires
américains ont donné au monde les méthodes modernes de travail et de gestion, les techniques de publicité,
de vente, de crédit. Depuis une vingtaine d'années, l'ultralibéralisme américain inspire les politiques
économiques dans le monde : privatisations et désengagement de l'État, remise en cause de l'État
providence, libre-échange généralisé, pressions sur les grandes organisations internationales (FMI, OMC)
pour qu'elles imposent le modèle américain dans le monde. Mais c’est aussi aux Etats-Unis que naît et
s’affirme le mouvement altermondialiste (Seattle, sommet de l’OMC, 1999).
B. Les échelles de la puissance
La présence des États-Unis hors des frontières nationales constitue un débat important outre-
Atlantique. Des lobbies, des groupes de réflexion et de proposition proches du pouvoir et qui l'influencent,
réfléchissent aux modalités de gestion du Monde (impérialiste ou non), ainsi qu'à la place des États-Unis
dans le Monde. Si l'option de la présence militaire est discutée, peu nombreux sont ceux qui
remettent aussi en cause l'expansion économique (Michael Moore, Noam Chomsky). Ainsi, depuis la
création de l'ALENA, les États-Unis cherchent méthodiquement à prendre la tête des grandes organisations
économiques.
Cette projection planétaire est aussi une nécessité pour des entreprises qui sont à l'étroit sur leur
marché national. Elles recherchent d'autre part une main-d'œuvre à faible coût et une fiscalité favorable.
Ainsi, les échanges entre filiales et maisons-mères expliquent en partie le déficit commercial des
États-Unis.
Les régions transfrontalières font le lien avec le reste de l'Amérique, longtemps considérée comme une
«chasse gardée». Le premier cercle est celui des autres États de l'ALENA (Mexique et Canada) qui
constituent avec les États-Unis une zone de libre-échange économique de 480 millions d'habitants. Elle
préfigure la ZLEA ou ALCA, un projet qui a pour objectif, d'ici 2005, de constituer une zone sans droits de
douane de l'Arctique à la Terre de Feu.
L'Europe demeure quoi qu'il en soit la région la plus importante pour le commerce et les investissements
américains. Son marché représente la moitié des gains totaux des entreprises américaines. Mais les États-
Unis la considèrent comme une forteresse commerciale, dans laquelle ils aimeraient pénétrer plus avant.
L'Asie n'est pas négligée, soit en tant que marché prometteur (Chine en particulier), soit parce que les coûts
de fabrication y sont faibles (délocalisations). Depuis 1993, les États-Unis cherchent à influencer l'APEC
(relance du sommet de Hanoï en 2006, projet de FTAAP pour créer en Asie une zone de libre-échange).
Les autres régions correspondent à une présence ponctuelle. Alliés plus ou moins fiables (Israël, Pakistan et
Arabie Saoudite) aux Moyen-Orient, zone stratégique importante pour les Etats-Unis, futurs fournisseurs
d'énergie et de matières premières (Asie centrale et Afrique).
C. Les fragilités de l’hyperpuissance
*Documents page 91
Des conséquences douloureuses : des fractures sociales et géographiques. En effet si le système libéral
favorise les initiatives et l'enrichissement individuel, la prospérité n'est pas pour tous : le 1/5e le plus riche de
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