2 - PRESENTATION DE L'AUTEUR
CAMUS est né en Algérie en 1913 et est mort en 1960 dans un accident de voiture sur une route
de France. Lors de sa disparition, à 47 ans, il était mondialement connu et à l'âge où d'autres
auteurs arrivent seulement à la célébrité, il laissait derrière lui une des oeuvres les plus
importantes de la littérature française du siècle. CAMUS, en quelques oeuvres denses, s'est
illustré dans presque tous les genres (Si on excepte la poésie) de l'expression écrite. Ses articles
journalistiques, au début de sa carrière, ses romans (L'Etranger, la Peste, La Chute), ses
nouvelles (L'Envers et l'Endroit, L'Exil et le Royaume), ses pièces (Caligula, Les Justes), ), ses
adaptations (Requiem pour une nonne, Les Possédés) et ses essais (Le mythe de Sysiphe,
L'Homme Révolté) lui ont assuré une célébrité que le temps ne dément pas
Celle-ci n'est pas bâtie sur du sable et la profondeur de vue de l'auteur, la justesse de ses
engagements et les questions qu'il soulève au fil de son oeuvre n'en finissent pas de nous
interpeller.
Dès ses premiers articles, il aura un ton incisif, une attitude entière qui se reflète dans toute son
oeuvre. A 26 ans déjà, avec son Enquête en Kabylie, il dérange les sphères du pouvoir ; il ne
s'arrêtera jamais. Il prendra parti pour les républicains espagnols contre Franco durant la guerre
d'Espagne ; Il luttera contre le fascisme (Mais non contre l'Allemagne) durant la seconde guerre
mondiale et tentera de concilier (réconcilier ?) les inconciliables durant la guerre d'Algérie.
CAMUS ne sera jamais un extrémiste ; il ne se bat que par nécessité. Il ne sera jamais un foudre
de guerre mais un homme refusant la lâcheté et assumant ses idées et ses idéaux.
On a voulu en faire un chef de file de l'existentialisme, à l'égal de SARTRE. C'est une étiquette
qu'il a toujours refusée, et aujourd'hui que l'existentialisme est une pièce de musée, on voit à quel
point il en était loin. De même, il est difficile de l'évoquer sans que ne surgisse l'Absurde. Mais il
ne faut pas perdre de vue que ce n'est là qu'une facette de sa pensée, illustrée par un cycle
d'oeuvre : "L'Etranger, Caligula, Le Mythe de Sysiphe." Ce n'était qu'un point de départ, non un
aboutissement, une série de questions, non des réponses absolues. CAMUS ne sacrifiait pas à
une mode, à un courant de pensée. On peut dire sans injure qu'il n'a rien inventé : Camus vient en
droite ligne des Grecs, de Nietzsche, Dostoïevsky, Pascal et Molière ; Gide, Malraux,
Montherlant dans les contemporains. Mais il était lui-même jusque dans ses doutes les plus
profonds et c'est ce qui donne encore aujourd'hui à son oeuvre une actualité qui ne s'est jamais
démentie. Certains ne s'y étaient pas trompés : le 17 octobre 1957, CAMUS reçoit, honneur
suprême, le prix Nobel de littérature pour "l'ensemble d'une oeuvre qui met en lumière les
problèmes se posant de nos jours à la conscience des hommes". Il n'avait que quarante-quatre ans
et encore peu de temps à vivre.
3 - L'ETRANGER - le roman
Si elle n'est pas la première oeuvre publiée, l'Etranger est néanmoins la première oeuvre connue
du grand public. Quatre mois à peine séparent la rédaction de l'Etranger du Mythe de Sysiphe :
Les questions que soulève l'ouvrage de philosophie agitaient donc vraisemblablement l'auteur
lors de la rédaction du roman et bien que L'Etranger aie une existence autonome, Le Mythe en
est aussi un commentaire, au moins en partie. L'origine du roman apparaît d'ailleurs comme
disparate : Des parentés avec "l'envers et l'endroit" sont évidentes, comme par ailleurs une
filiation avec un roman jamais publié "La mort heureuse".
Si on s'arrête à l'histoire, à l'anecdote, nous pourrions résumer le roman de cette façon : Le jeune
Meursault est un petit employé de bureau algérois, pauvre et solitaire. Au début du roman, il