Axe « Mises en relation »
Descriptif
« Le nouveau n’est pas dans ce qui est dit mais dans l’événement de son retour »
(Foucault)
Cet axe s’interrogera sur les modalités de la mise en relation de plusieurs entités
distinctes (plusieurs média, plusieurs genres, plusieurs langues, plusieurs « cultures ») dans le
contexte social, politique, linguistique et économique : questions de perception, de passage,
de médiation, d’appropriation, d’adaptation, de transfert, de traduction, mais également de
transaction. Il s’agira de penser le dialogue, d’en explorer et décrire les enjeux en dépassant
les oppositions binaires dans une perspective sociétale et politique. Le pluriel sera privilégié
par rapport au duel pour explorer et définir la complexité, les difficultés mais également les
« bonheurs » inhérents aux interactions.
La problématique centrale portera sur l’espace de cette relation – le lieu de cet
intermédiaire – des agents de sa mise en œuvre et de ses effets : quel événement s’y produit-
il ? Y a-t-il de l’irréductible, et donc de la perte, un décrochage, du reste, du
résidu (Lecercle)? Ou au contraire que gagne-t-on dans cette médiation, dans ce déplacement
de l’un et de l’autre (et du mouvement en retour), dans ces « branchements » (Amselle) ?
Débouche-t-on sur la création d’un élément tiers ? Le lien crée-t-il un nouveau savoir, une
nouvelle esthétique ? Quelle herméneutique se dessine dans les entrecroisements fertiles entre
plusieurs termes mis en relation ? Quelle est la pertinence de ce lien dans le contexte social,
culturel, politique, linguistique, historique et économique ? Cet aspect de la réflexion portera
sur l’analyse de la société et des forces qui la traversent (langue, culture, politique et
économie) et prendra en compte les diverses définitions de l’idéologie (Eagleton), mais
également les notions d’imaginaire et de représentation lorsqu’elles sont prises dans ces
rapports de forces sociales.
Les temporalités de ces mises en relation (périodes différentes, va-et-vient entre passé
et présent - statut même de ce passé qui n’est convoqué qu’à posteriori et donc reconstruit
dans le présent -, résurgences, court-circuitages, parasitages, échos historiques, effets-miroirs)
seront explorées, tout comme leur avènement et leurs incidences : sont-elles fortuites,
voulues, nécessaires, inévitables dans la recherche d’une analogie entre les termes, dans la
labilité de la rencontre ? Il s’agira de comprendre comment nos sociétés contemporaines
traitent du rapport au passé et projettent un avenir. La postmodernité certes recycle, mais elle
crée du nouveau qui se caractérise par l’hétérogénéité, l’expérimentation, le mélange des
modes linguistiques et non linguistiques de l’expression, l’intersémioticité, le brouillage des
genres. La mondialisation, communément envisagée en termes d’espace et d’échanges, sera
ici repensée en termes de temps d’un point de vue conjointement esthétique et politique. Elle
prendra la forme, par exemple, d’une analyse du rythme, du montage, dans la pratique de la
traduction par rapport au support filmique, lorsque ce medium se veut poétique, tandis que la
poésie emprunte son langage à la technique cinématographique.
On s’interrogera sur les modalités des rapports établis et leur caractérisation par les
outils (validité et impact de ces outils, emprunts d’outils à d’autres disciplines ou champs de
savoir). La question de l’interdisciplinarité sera donc au centre de nos préoccupations :
adéquations ou adaptations entre plusieurs disciplines connexes et les épistémologies qui les
sous-tendent (anthropologie, sociologie, économie, sciences politiques, linguistique, théorie