En parallèle de ses recherches démographiques dans la région de Bandafassi au
Sénégal, Malick Kanté a mené une enquête qualitative auprès de 50 personnes sur la
fréquentation d’un hôpital « de haute technologie », fonctionnel dans la région depuis 2002.
La faible fréquentation de l'hôpital s’explique selon ses résultats par le manque
d’accessibilité de la structure (50%) (absence de route praticable, région montagneuse,
limité en véhicule), les frais occasionnés par la nourriture (32%) et le logement des
accompagnants de la personne malade (28%), enfin le coût de la consultation (25%), le
manque d’information (26%) et d’argent (13%). La discussion a porté sur les facteurs
complémentaires expliquant la non-utilisation de l’hôpital de Bandafassi, comme l’absence
de coordination claire avec les autorités locales, le manque de pertinence du lieu et de la
nature de l’offre de soin et enfin les enjeux politiques. Un débat a suivi, argumenté
d’expériences personnelles ou de propos rapportés, sur les enjeux politiques du financement
et du fonctionnement des hôpitaux privés dans les pays en voie de développement.
2) Les spécificités de la recherche en milieu hospitalier
Yann Faure effectue, dans le cadre de sa thèse, une étude sociologique sur le métier
d’anesthésiste-réanimateur en France. Il a expliqué comment le lieu de travail de ces
derniers, le bloc opératoire, est progressivement devenu son espace d’investigation. Son
travail d’observation et d’analyse, bien que complexe, montre que les anesthésistes se
voient constamment retirer la légitimité de leur rôle et de leur pratique par les chirurgiens.
Socialement, l’anesthésiste endosserait ainsi au bloc un rôle subalterne, alors que le
chirurgien lui, effectuerait la partie noble du travail et détiendrait donc un statut supérieur.
Yann Faure a ensuite détaillé les difficultés spécifiques qu’il a rencontrées au cours de son
étude, comme les résistances de ses interlocuteurs à voir analyser leurs pratiques
scientifiques en termes sociaux, une tendance chez certains à vouloir diriger ou orienter
l’enquête, ou encore les difficultés à décrypter dans le discours scientifique ce qui relève du
médical et du social. La discussion a porté sur les écueils de l’analyse sociologique du
discours scientifique et les limites du champ de d’investigation des sciences sociales.
Marie Trouche-Bonnet a présenté une réflexion issue de la recherche doctorale
qu’elle effectue à l’hôpital de la Timone à Marseille sur la prise en charge du cancer chez
l’enfant. Elle a rappelé dans un premier temps que la place que tient l’enfant dans le
processus de soins est intimement corrélée à la place que tient l’enfant dans une société
donnée. Puis elle a expliqué qu’en France, la reconnaissance des choix thérapeutiques des
enfants atteints d’un cancer remettait en question de nombreuses normes de soins comme
la relation paternaliste entre médecin et patient mais posait également des questions de
fond. L’enfant est-il véritablement libre de son choix ? Quels sont les outils dont disposent les
familles et les équipes soignantes pour faire face aux soins pédiatriques en oncologie ? La
discussion a porté sur l’apport d’une double formation en psychanalyse et en anthropologie
face à cette thématique de recherche et sur la complexité des enjeux éthiques en
anthropologie de la recherche clinique.
3) Les constructions sociales autour de la maladie
Après avoir défini le paradigme psycho-social, les relations entre objet, ego et alter, et
certains concepts et approches théoriques issus de la pensée en psychologie sociale
(Moscovici, Morin, Apostolidis), Stéphanie Blois et Dany Lionel ont présenté les résultats
d’une étude conduite à l’Hôpital de la Timone à Marseille, sur l’influence des variables
psycho-sociales sur les stratégies d’action et de pensée des acteurs de la relation soignant-
soigné en oncologique. L’étude montre un décalage entre les représentations du cancer et
des soins oncologiques entre patients et soignants, une demande en matière d’aide
psychologique et une expression de la souffrance plus importante chez les femmes, et enfin
un décalage entre les représentations de la souffrance des patients et celles des médecins.
La présente étude ayant comme objectif à plus long terme de produire un outil d’évaluation