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1. Le rapport du chercheur avec son « objet » d’études est au centre de la
démarche de recherche en sciences sociales. Posez le problème et indiquez
comment il se présente à travers les différentes méthodes de recherche que nous
avons vues.
On croit qu’il y a une relation directe et non médiatisée entre le chercheur et son objet : « les données » sont là, il suffit de les prélever. C’est la
métaphore du miroir (correspondance parfaite) ! Il y a une relation de conformité ou de similitude entre le fait et son interprétation.
Cette conception de la relation entre le chercheur et l’objet repose sur 3 présupposés :
1.Notre perception ne modifie pas l’objet tel qu’il se présente
2.Il existe 1 séparation nette entre le sujet de la connaissance et l’objet de la connaissance
3.La pensée reflète une réalité externe objective
Ces trois présupposés sont à critiquer
1. Notre perception ne modifie pas l’objet tel qu’il se le représente
L’objet (l’être humain) est susceptible de réagir à l’acte même d’observation. Mais les objets, sont-ils conscients d’être observés ? La plupart du
temps ils savent qu’ils le sont. Si on effectue une enquête, il est impossible d’être inaperçu. Donc, notre perception, notre manière d’aborder les
choses lors d’une observation, risque fort de modifier l’objet.
En sciences sociales, l’objet observé, se situant dans un contexte marqué par des significations, conserve la « liberté » d’agir dans un sens ou dans
un autre, y compris par rapport aux prévisions du chercheur. C’est ce qu’on appelle la réactivité du sujet ou encore l’hawthorne effect.
2. Il existe une séparation nette entre le sujet de la connaissance et l’objet de la connaissance. Or, le physicien fait partie du monde physique autant
que le chercheur en sciences sociales fait partie de l’objet qu’il étudie, il doit dès lors, comme le physicien :
-faire preuve de capacité autoréflexive
-se départir des opinions courantes et intégrer dans ses théories une explication des raisons pour lesquelles le sens commun se
méprend. (ex : soleil tourne autour de la terre)
Mais, ce qui est spécifique aux sciences socialses :
c’est qu’elles ont affaire à des activités auxquelles ceux qui s’y engagent confèrent du sens. Le chercheur en sc soc doit s
lors :
-prendre le sens commun au sérieux en « l’assumant pour le dépasser » et non construire son discours scientifique en opposition au sens
commun
-reconnaître au sujet étudié sa compétence réflexive
Après avoir interviewé quelqu’un, je ne peux pas dire que l’explication est bonne. Le chercheur retourne alors vers la personne pour lui
demander plus de précisons afin que l’interview soit affiné. Le dialoguisme rigoureux permet au chercher d’affiner ses propositions
scientifiques et au sujet de se les réapproprier.
que ces significations ne sont pas les mêmes pour tous (diversité des espaces sociaux) ; ce qui rend difficile la recherche
d’invariants commun à ts.
3.La pensée reflète une réalité externe objective
Exemple : relevé des chiffres de la criminalité par un organe qui est la police. Cet exemple montre que les faits ne parlent pas d’eux-mêmes, ils sont
construits par le chercheur, les « données » ne sont jamais données, elles sont produites ! Le chercheur ne va pas faire refléter l’objet comme dans
un miroir, mais il va traduire ce qu’il voit. Il existe donc différents points de vue apportant chacun un éclairage particulier mais tous ne se valent
pas. A la métaphore du miroir s’oppose donc la métaphore du navigateur : il doit traverser des récifs sans carte. S’il y parvient, il pourra tout
juste dire que le chemin qu’il a pris convient à la topographie des lieux puisqu’il n’a pas coulé. Le chercheur se dit que ce savoir lui convient.
DONC :
-Le chercheur construit une image de la réalité qui convient plus ou moins bien à celle-ci, càd la réalité. (// situation navigateur).
-La relation entre le chercheur et son sujet est médiatisée par le langage. Le chercheur va produire un discours, une interprétation de la
réalité et ce n’est possible qu’à travers le langage.
-Il y a plusieurs images de la réalité. Dans une matière donnée, on aura une vision différente sur un même objet.
Conclusion :
nous devons analyser le sujet, l’objet d’étude
-il n’y a pas de séparation nette entre sujet et objet car on est baigné dans la société par rapport à l’objet qu’on étudie. Faut
prendre distance par rapport à l’objet.
-la construction de la réalité est médiatisée, on ne fait pas que refléter la réalité, il y a une démarche active
Le problème au niveau des différentes recherches
Expérimentation
:
-la réalité est médiatisée car soit on crée la situation en laboratoire, soit on sélectionne des groupes dans des milieux naturels. Donc, démarche
active de sélection.
-Il n’y a pas de séparation entre sujet et objet : on étudie une certaine situation pour voir comment les gens vont réagir face à celle-ci. Donc, prise
en compte de la réaction des acteurs et prise de distance avec la conceptualisation.
-Notre perception peut modifier l’objet étudié. C’est l’hawthorne effect.
Interview de recherche
:
-la réalité est médiatisée puisqu’elle s’exprime par des mots
-il n’y a pas de séparation nette entre sujet et objet car on demande aux objets d’étude d’interpréter la réalité, prise de distance par la
conceptualistaion, l’agrégation de résultats
-notre perception peut modifier l’objet observé car les questions peuvent induire certains schémas de pensée, peuvent faire réfléchir l’interviewé à
des choses qu’il ne percevait pas, peuvent cacher une partie de la pensée de l’intérieur
E
nquête par questionnair
e
2
Ex : si choix téléphonique. L’info est collectée directement. Le téléphone crée une sorte de filtre entre le répondant et l’enquêteur (ils ne se voient
pas)
-Ils peuvent se dévoiler sans crainte d’être reconnu
-On crée de toute pièce une situation d’intéraction
-C’est l’enquêteur qui est demandeur et pas l’inverse
-Enfin, quant la qualité du dispositif, celle si est importante et la question à se poser est celle de la mise en place d’un dispositif artificiel : est-
il adapté à l’objet de recherche ?
Conclusion : cadre préconstruit (succession de questions,..) et prendre en compte tout !! I↔E↔C↔S
Entretien
Sous leurs différentes formes, les méthodes d’entretien se distinguent par la mise en œuvre des processus fondamentaux de communication et
d’interaction humaine. Ces processus permettent au chercheur de retirer des entretiens des informations et des éléments de réflexion très riches et
nuancés.
A l’inverse de l’enquête par questionnaire, les méthodes d’entretien se caractérisent par un contact direct entre le chercheur et ses interlocuteurs et
par une faible directivité de sa part. Ainsi s’instaure en principe un véritable échange au cours duquel l’interlocuteur du chercheur exprime ses
perceptions d’un évènement ou d’une situation. Tandis que par ses questions ouvertes et ses réactions, le chercheur facilite cette expression, évite
qu’elle s’éloigne des objectifs de la recherche, permet d’accéder à un degré max d’authenticité et de profondeur.
Analyse secondaire des données
:
-la réalité est médiatisée car les données ont été collectées à l’avance et par d’autres
-pas de séparation entre sujet et objet : cfr. intervieuw
-modification déjà induite : cfr. intervieuw
Le chercheur en SS récolte des documents pour 2 raisons complètement différentes. Soit il envisage de les étudier en tant que tels, soit il espère y
trouver des informations utiles pour étudier un autre objet.
Observation directe
:
-la réalité est médiatisée car elle passe par les yeux et le cerveau du chercheur et va donc prendre l’emprunte du chercheur (choses qui nous
échappent, interprétation des événements, même si très sommaire)
-séparation entre sujet et objet : cfr. expérimentation
-modification de l’objet : cfr. expérimentation
Le champ d’observation du chercheur est infiniment large et ne dépend en définitive que des objectifs, de son travail, de ses hypothèses de
départ. Selon la manière dont le chercheur va s’y prendre, le rapport à l’objet sera différent. De plus, le rapport à l’objet sera différent si
méthode d’observation participante ou non participante.
Notre perception ne modifie pas l’objet tel qu’il se le représente
La pensée reflète une réalité externe objective
2 : Le travail scientifique obéit à deux grands principes : le principe de falsifiabilité et le principe d'intersubjectivité. Définissez et
illustrez ces deux principes.
Le travail scientifique doit donc répondre à deux critères primordiaux sans quoi on
ne peut leur reconnaître un caractère de scientificité.
Le critère de falsifiabilité (falsifiabilité de l’hypothèse)
Une hypothèse peut être testée lorsqu’il existe une possibilité de décider, à partir de l’examen de données, dans quelle mesure elle est vraie ou
fausse. Cependant, même si le chercheur conclut à la confirmation de son hypothèse au terme d’un travail empirique conduit avec soin, son
hypothèse ne peut pas être considérée comme absolument et définitivement vraie.
Aussi brillantes soient-elles, les conclusions des analyses de Durkheim sur le suicide n’en ont pas moins été largement remises en question par
d’autres auteurs. H.C. Selvin, par exemple, a mis en lumière les faiblesses méthodologiques et les biais qu’elles ont introduits dans l’analyse. M.
Halbwachs a procédé à un examen critique de l’ouvrage de Durkheim et à des recherches complémentaires. Il a pu souligner la fragilité de
certaines des analyses de Durkheim (nombre insuffisant de variables « de contrôle »).
Par ces remarques, ce n’est pas tant la valeur propre du travail de Durkheim qui est ici remise en cause. Ce sont les limites et le sort de toute
recherche qui sont d’abord soulignés. Le réel est complexe et changeant, mais les méthodes de recherche sont grossières et rigides. Nous
n’appréhendons le réel de mieux en mieux que par touches successives et imparfaites qui demandent sans cesse à être corries.
Ainsi, on ne démontrera jamais la vérité d’une hypothèse. Le lot de chacune est d’être tôt ou tard infirmée en tout ou en partie et d’être remplacée
par d’autres propositions plus fines qui correspondent mieux à ce que révèlent des observations de plus en plus précises. Si la réalité ne cesse de se
transformer et si les modèles et les méthodes d’observation et d’analyse progressent, il ne peut en être autrement.
Cela a plusieurs implications pratiques. Le véritable chercheur ne s’efforcera jamais de prouver à tout prix la valeur d’objectivité de ses hypothèses.
Il cherchera à en cerner les limites dans l’espoir de les parfaire, ce qui implique qu’il les remette en question. Cela ne peut évidemment être
envisagé que si le chercheur formule ses hypothèses empiriques sous une forme telle que leur infirmation soit possible, ou, pour reprendre
l’expression de Karl Popper, que si ses hypothèses « falsifiables ».
Cette qualité postule deux conditions :
1re condition :
Pour être falsifiable, une hypothèse doit revêtir un caractère de généralité. Ainsi, les hypothèses de Durkheim (plus la cohésion sociale est forte,
plus le taux de suicide est faible) peuvent encore être testées aujourd’hui à partir de données actuelles ou récentes. Cela n’aurait pas été possible
s’il avait formulé « le taux de suicide particulièrement élevé en Saxe entre les années 1866 et 1878 est à la faible cohésion de la religion
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protestante ». Une telle hypothèse ne nous aurait pas appris grand chose et nous n’aurions pas estimé utile de tester aujourd’hui encore une telle
hypothèse, et même si telle avait été notre intention, nous aurions éprouvé les pires difficultés à le faire.
Cet exemple nous indique une distinction essentielle. Le taux de suicide en Saxe fut donc une donnée utile pour vérifier une hypothèse générale
que Durkheim établit entre le taux de suicide et la cohésion de la société, et une telle hypothèse a pour fonction de mieux éclairer les situations
particulières. Mais si nous voyons que l’hypothèse et le taux de suicide en Saxe relèvent l’une et l’autre de deux niveaux différents : la première est
une proposition générale, la deuxième est une donnée relative à une situation singulière et non reproductible.
Une proposition qui ne possède pas ce caractère général ne peut faire l’objet de tests répétés et, n’étant pas falsifiable, ne peut être tenue pour
scientifique.
Ce problème de l’articulation entre le général et le singulier se pose de manière très différente selon la discipline et les ambitions du chercheur.
Quand par ex. Popper écrit que « des évènements singuliers non reproductibles n’ont pas de signification pour la science », il songe à la démarche
scientifique dans les sciences naturelles dont le modèle ne peut être appliqué tel quel aux sciences humaines (pas les mêmes objectifs, objets
d’études non comparables,?)
2e condition :
Une hypothèse ne peut être falsifiée que si elle accepte des énoncés contraires qui sont théoriquement susceptibles d’être vérifiés. La vérification,
fût-elle partielle et très locale, d’une telle proposition conduirait à infirmer en tout ou en partie l’hypothèse de départ. C’est d’ailleurs ce qu’il
advint de l’hypothèse de Durkheim, puisqu’il fut amené à considérer le suicide altruiste comme le résultat d’une cohésion sociale très forte. Donc,
les véritables scientifiques formulent leurs hypothèses de façon à déduire à partir d’elles des faits observables qui pourront les confirmer si elles
sont adéquates ou !! les infirmer si elles ne le sont pas. Au contraire, dans une pseudo-sciences, l’entièreté des hypothèses peuvent être maintenues
indéfiniment, quelques soient les faits observés.
Cette seconde condition permet de comprendre le critère de vérification d’une hypothèse que suggère Popper : une hypothèse peut être tenue
pour vraie (provisoirement) tant que tous ses contraires sont faux. Ce qui implique bien entendu que les deux conditions que nous avons
soulignées soient réunies.
Il faut noter que les critères de scientifici de Popper ne peuvent être appliqués de la même manière dans les sciences naturelles et dans les
sciences humaines. L’esprit de recherche se caractérise par la remise en question des acquis provisoires et par le souci de s’imposer des règles
méthodologiques qui obligent à concrétiser cette disposition à chacune des étapes du travail.
Le principe d’intersubjectivité est le fait de rendre public les résultats de la recherche et les soumettre à la critique mutuelle.
Pour diminuer ses biais, le scientifique fait parvenir ses recherches sur le « forum » des chercheurs compétents de la discipline. Tout praticien
considère le forum des chercheurs comme l’instance de jugement à laquelle il doit se référer. La critique est le nerf de la science (Eysenck). Si la
critique est mal fondée, les théories peuvent survivre, par contre, si elle est bien fondée, il faut modifier ou abandonner ces théories. C’est
différent des pseudos-sciences qui sont irréfutables, toute critique est interprétée comme attaque ou mécompréhension.
Diverses règles conditionnent l’épreuve d’1 débat loyal dans la « République de la Science » : - le refus du dogmatisme et de l’argument d’autorité
- un travail de précision terminologique et d’opérationnalisation des concepts
- la clarté et l’évitement des ambiguïtés et des résultats.
A propos de ce dernier point, voir Popper : c’est un devoir moral de tous les intellectuels de tendre vers la simplicité et la lucidité. Dans les
pseudo-sciences, l’utilisation d’un jargon obscur est une pratique courante, qui dispense de toute vérification empirique, assure la sécurité
intellectuelle, entretient les mystifications?
L’objectivité en sciences sociales est d’ores et déjà rencontrée par la mise en oeuvre de dispositifs de recherche explicites et contrôlables à
l’intérieur d’une communauté scientifique. Cette communauté participe au travail permanent de correction et d’ajustement en légitimant ou, au
contraire, en rejetant les résultats de la recherche. Le caractère public de la recherche et la critique mutuelle sont d’une importance essentielle.
Voyons enfin le principe d’intersubjectivité au niveau des enjeux. En ce qui concerne les enjeux pratiques, il faut savoir que les questions que l’on
pose à la réalité évoluent entre autre en raison de mécanismes internes à la communauté scientifique, en particulier lorsque s’effectue un
changement de paradigme. En ce qui concerne les enjeux scientifiques, toute recherche s’inscrit dans un processus d’accumulation qui implique la
prise en compte de l’état de l’art, le respect de règles épistémologiques élémentaires, la communication des résultats
et l’exposition du travail à la critique de la communauté scientifique. Même dans le cas de simples études qui ne visent pas à faire progresser les
cadres conceptuels et méthodologiques de la discipline, un certain nombre de règles demandent à être respectées. Il faut faire attention à 2 types
d’erreurs : surestimer son travail d’une part, et faire à peu près n’importe quoi par manque de déontologie professionnelle d’autre part. Il s’impose
donc de bien situer l’ambition scientifique de la recherche.
3 : On attribue généralement certaines spécificités aux sciences sociales par
rapport aux autres sciences, qu'en est-il exactement ?
Le fait que le chercheur en sciences sociales fasse partie de l’objet qu’il étudie n’est pas spécifique à celles-ci. En effet, le physicien, par exemple,
fait partie du monde physique qu’il étudie tout autant que le sociologue est pris dans des rapports sociaux.
1)Ce qui est, par contre, spécifique aux sciences sociales est que celles-ci ont affaire à des activités auxquelles ceux qui s’y engagent confèrent du
sens. Or, nous ne pouvons pas comprendre le social correctement si nous ne cherchons pas à saisir les multiples significations qui y ont cours.
Les hommes ne vivent pas dans les mêmes espaces sociaux, ce qui nécessite de multiplier les recherches et rend plus difficile la recherche
d’invariants communs à tous.
Tout au long de son analyse, le chercheur en sciences sociales doit répondre aux exigences de la rupture épistémologique. Il doit donc faire un
effort constant de distanciation par rapport au sens commun. Néanmoins, pour prendre en compte les significations que les individus confèrent à
leurs actions, le chercheur doit prendre le sens commun au sérieux, reconnaître le rôle essentiel qu’il joue dans les activités sociales, puisque c’est
lui qui permet aux personnes d’orienter leurs conduites, de développer un véritable savoir social. Le discours scientifique ne doit donc pas se
construire nécessairement en opposition au sens commun mais « en l’assumant pour le dépasser. Par ailleurs, répondre aux exigences de la
rupture épistémologique ne signifie pas que le chercheur doive rompre la communication avec les sujets observés ou qu'il doive les disqualifier. Le
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chercheur doit plutôt reconnaître au sujet sa compétence réflexive c'est-à-dire qu'il doit admettre que le sujet étudié puisse contribuer à la
ratification et correction de son analyse. Le chercheur doit, à cette fin, établir un dialoguisme rigoureux avec l’objet étudié.
2)En sciences sociales, le sujet observé, se situant dans un contexte marqué par des significations, conserve la « liberté » d’agir dans un sens ou
dans un autre, y compris par rapport aux « prévisions » du chercheur. Celui-ci doit donc être conscient que le fait d’être étudié peut provoquer
des comportements atypiques ou non naturels parmi les sujets observés. Cependant, cette caractéristique n’est pas tout à fait spécifique aux
sciences sociales, puisque dans les sciences de la nature, on peut aussi assister à une réactivité de l’objet par rapport à l’observation.
Néanmoins, nous devons relativiser ces dires. En effet, même si, dans les sciences de la nature, il arrive que le sujet observé réagisse à
l’activité du chercheur, nous ne pouvons tout de même pas parler de «liberté» d’action!
3)Pour terminer, tout discours scientifique, que ce soit en sciences sociales ou autres, est un type de langage qui a pour particularité de prétendre
saisir la raison ou la signification des choses. Chaque discipline peut privilégier certaines questions plus que d’autres mais il n’existe pas a
priori de domaine réservé. De plus, les sciences sociales, tout comme les autres sciences, doivent définir leur objectivité en faisant apparaître
des invariants, des lois de validité générale dans leur champ. De ce point de vue, il n’y aurait pas de différence de statut épistémologique entre
les différentes sciences ; simplement les sciences sociales auraient davantage de chemin à parcourir pour être suffisamment accomplies, et
contrôlables à l’intérieur d’une communauté scientifique.
Question 4 : L’implication des « acteurs concernés » est indispensable non seulement pour des raisons éthiques mais aussi pour la
pertinence de la recherche. Développez.
1. Pertinence
1.Les 3 présupposés exposés et critiqués
Selon la métaphore du miroir, conception traditionnelle, le travail du chercheur consiste à collecter et interpréter des faits. Les phénomènes
sociaux pourraient être traités comme des faits objectifs qui n’ont qu’à être prélevés par le chercheur et qui sont extérieurs à celui-ci. Cette
conception semble impliquer qu’il y a une relation directe et non médiatisée entre le chercheur (sujet) et son objet et qu’il y a une relation de
similitude entre le fait et son interprétation. Elle sera critiquée ultérieurement notamment par Bourdieu.
Cette conception de la relation entre le chercheur et son objet repose sur 3 présupposés qui seront contestés successivement :
-Notre perception (par les sens) ne modifie pas l’objet tel qu’il se présente.
-Il existe une séparation nette entre le sujet de la connaissance (le chercheur) et l’objet de la connaissance.
-La pensée reflète une réalité externe objective.
Pour contester le présupposé selon lequel la pensée reflète une réalité externe objective, nous utiliserons la métaphore du navigateur
qui, dans une mer comportant de multiples récifs et sans balises, doit trouver un itinéraire lui permettant de traverser sans encombre un détroit qui
ne figure sur aucune carte maritime. S’il y parvient, il ne saura jamais si cet itinéraire est le meilleur possible compte tenu de la topographie des
lieux, càd s’il correspond exactement à la réalité. Le chercheur est dans la situation du navigateur puisqu’il doit construire une image de la réalité
qui convienne le mieux à celle-ci. Seul nous est accessible le monde des phénomènes càd la réalité telle qu’elle est perçue et organisée par les
catégories que nous mettons en œuvre et non le monde des noumènes (le monde en soi).
CE QUE L’HOMME CONNAIT, CE SONT LES IDEES ET NON LA REALITE ELLE-MEME.
Cette construction n’est possible que par le langage. Nous ne pouvons même concevoir quoi que ce soit du monde intérieur ou
extérieur si nous ne disposons pas des mots pour les représenter.
La relation entre le chercheur et son objet est donc médiatisée par le langage.
Wittgenstein dit : « Les limites de mon langage sont les limites de mon monde. »
Le chercheur, pour pouvoir développer un discours qui convient le mieux à la réalité, doit utiliser un vocabulaire, langage adapté.
Nous allons maintenant critiquer le présupposé selon lequel il existe une séparation nette entre le sujet de la connaissance et l’objet de
la connaissance : Le chercheur en sciences sociales fait lui-même partie de l’objet qu’il étudie. Il doit dès lors faire preuve de capacité autoréflexive,
se départir des opinions courantes et intégrer dans ses théories une explication des raisons pour lesquelles le sens commun se méprend.
Mais ce qui est spécifique aux sciences sociales est
4.qu’elles ont affaire à des activités auxquelles ceux qui s’y engagent confèrent du sens ; le chercheur en sciences sociales doit donc :
+ prendre le sens commun au sérieux « en l’assumant pour le dépasser »
+ reconnaître au sujet étudié sa compétence réflexive (dialogisme
rigoureux).
5.que ces significations ne sont pas les mêmes pour tous (diversité des
espaces sociaux), ce qui rend difficile la recherche d’invariants communs à
tous.
Critique du présupposé selon lequel notre perception ne modifie pas l’objet tel qu’il se présente. En sciences sociales, l’objet observé
se situant dans un contexte marqué par des significations conserve la « liberté » d’agir dans un sens ou dans un autre, y compris par rapport aux
prévisions du chercheur. Le sujet est réactif.
2.Rupture vs Distanciation
Ces trois présupposés et leur critique nous amène à penser que la recherche en sciences sociales fait trop souvent de la rupture entre
sujet et objet de la recherche une condition suprême de l’objectivation scientifique. Ainsi,
l’exigence d’une rupture épistémologique s’accompagne souvent
d’une rupture communicationnelle entre le chercheur et les sujets observés.
Toutefois, il est tout à fait pertinent que l’objectivation scientifique soit fondée sur un dialogisme rigoureux entre les chercheurs et les acteurs
concernés.
Comme l’expliquait G. Vincent cité dans « Ethique publique », l’objectivation scientifique doit être comprise comme distanciation et
non comme rupture. En effet, confondre distanciation et rupture reviendrait à ce que le chercheur refuse au sujet étudié toute compétence à se
comprendre et donc à lui refuser son statut de sujet normalement doué de compétence réflexive.
Par contre, reconnaître au sujet cette compétence réflexive c’est admettre que le sujet étudié puisse contribuer à la ratification mais encore à la
correction de la re-construction de ce qu’il vit et pense proposée par le chercheur.
3.Confrontation des théories aux faits
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Les chercheurs élaborent une construction méthodique du monde vécu du sujet étudié ; cette construction est donc le fruit d’une
compréhension autre, ou renouvelée, du monde du sujet par les chercheurs. Le sujet étudié, en dialoguant avec les chercheurs, peut aider les
chercheurs à mieux saisir son monde et peut aussi corriger les éventuelles erreurs faites par les chercheurs dans leur construction de la réalité.
En effet, construire un discours scientifique c’est construire des interprétations convaincantes et éclairantes de la réalité qui soient
justiciables d’une confrontation avec des données observables. Il est donc important que le chercheur confronte ses théories à la réalité et cela
notamment en écoutant les acteurs concernés, en leur présentant ses théories pour que ceux-ci puissent émettre un certain contrôle de la validité
des éléments relatés (dans les limites de leurs connaissances).
Ainsi, en confrontant ses théories à des données d’observation, le chercheur
6. va éviter l’erreur plutot que de dire « la vérité » => principe de falsifiabilité
7. va rendre public les résultats de la recherche et les soumettre à la critique
mutuelle, d’abord à la communauté scientifique, mais aussi aux acteurs concernés. Ceux ci doivent pouvoir réagir par rapport aux résultats.
1.principe d’intersubjectivité
4.Distanciation par rapport au sens commun
Après avoir établi l’importance de l’implication des acteurs concernés pour la pertinence de la recherche, il faut toutefois noter que le
chercheur doit prendre ses distances par rapport au sens commun et doit éviter de prendre pour vrai tout ce que les personnes qu’il interroge
disent (sous forme d’enquête par questionnaire, d’entretien, d’observation directe,…). En effet, il faut être très prudent quand on interprète.
2. Ethique
L’implication des acteurs concernés est indispensable pour certaines raisons éthiques dont le fait de reconnaître à l’objet de la
recherche une compétence réflexive dont chaque être humain est doté, le principe de l’intersubjectivité qui veut que les résultats de la recherche
soient soumis à la critique des personnes concernées par celle-ci,…
En effet, si les chercheurs ne faisaient pas intervenir les acteurs concernés dans leur recherche, on pourrait se demander : « Quelle est
cette science qui dénie tout droit à la parole à ceux qui font pourtant l’objet de son analyse ? ».
Il existe trois dimensions de l’éthique de la recherche qui se situent en cours, en amont et en aval de la recherche. Les questions
éthiques de la recherche ne prennent tout leur sens que si elles sont portées par les chercheurs à toutes les étapes de leur recherche : en leur cours,
en amont et en aval.
a) L’éthique dans le cours de la recherche
L’éthique de la recherche sur des sujets humains est souvent présentée et perçue sous l’angle exclusif d’une déontologie, soit d’une
mise en place de processus d’élaboration et d’énonciation de diverses règles ainsi que des dispositifs chargés d’évaluer la conformité des pratiques
de recherche à l’égard de celles-ci. Visant essentiellement le respect de la dignité des personnes impliquées dans une recherche à titre de sujets
d’une expérimentation, d’une observation, d’une entrevue ou d’autres techniques de récolte de données, ces règles ne constituent qu’une
dimension de l’éthique de la recherche, celle dont la mise à l’épreuve se situe dans le cours même de la recherche et que nous appelons le moment
déontologique. Voici ces règles :
Respect de l’autonomie de la personne et l’assurance d’un consentement libre et informé à participer à la recherche
Assurance de la confidentialité des informations recueillies
Priorité au bien-être de la personne sur les besoins de la recherche (bienveillance)
Garantie de suivi et de soutien adéquat en cas de besoin
Souci d’une finalité sociale partagée entre la communauté de recherche et les catégories de personnes dont la recherche se préoccupe (pertinence)
Lorsque des recherches comportent la mise en place d’entretiens qui visent à recueillir des informations sur la vie intime des
personnes, il doit s’instaurer entre elles et le chercheur une interaction où celui-ci doit susciter la confiance des sujets.
Le respect d’une balise déontologique nécessite plus que de la bonne volonté, elle implique une responsabilité compétente et une compétence
responsable. Dans cette perspective, le chercheur n’est pas que sujet épistémique, il est aussi sujet éthique.
b) L’éthique en amont de la recherche
Dans la phase d’élaboration de la recherche, on pourrait parler des ressorts éthiques de la recherche. Ce sont les options éthiques et
politiques du chercheur qui sont impliquées dès le départ dans la construction même de l’objet. C’est l’horizon éthique de la recherche qui se
forme en amont et qui marquera l’ensemble de la recherche.
Par ressorts éthiques, on évoque le « rapport aux valeurs » de M. Weber auquel il attribuait un rôle indispensable dans l’appréhension
de l’objet d’étude, dans son ciblage et sa problématisation. En même temps, on veut indiquer ici que ce rapport aux valeurs est souvent lié à un
positionnement éthique du chercheur. Ces ressorts éthiques sont souvent évoqués par les termes de dévouement, de responsabilité et de justice.
-L’éthique en aval de la recherche
Dans la phase de diffusion des résultats, on trouverait les enjeux que soulèvent les rapports entre la production du savoir et son
utilisation sociale, soit la question de son insertion dans l’espace public, en d’autres termes, la portée politique de la recherche. Se pose ici la question de
l’autonomie du chercheur, corollaire de celle de sa responsabilité sociale. On interroge donc les rapports de la connaissance à l’action.
En effet, par rapport à ceci, on pourrait se poser la question suivante : « A quoi bon des sciences sociales qui resteraient confinées au cercle des
seuls spécialistes, qui n’auraient aucune pertinence pratique pour les acteurs concernés ? »
Le savoir produit par les sciences sociales peut se moduler sur divers registres : ceux de la caution, de l’utilité ou de la médiation.
Comme caution, lorsque le savoir est mobilisé « dans les débats dont la finalité politique constitue en enjeu le sens à donner à un
événement, une prise de position, une période historique »
Comme utilité, dans la mesure où il fournit des outils qu’incorporent les experts pour les diverses activités de gestion (ex :indicateurs
sociaux)
Comme médiation lorsque, par exemple, le sociologue est sollicité avec d’autres partenaires dans le cadre d’un projet global d’intervention.
Médiation dans la mesure où le travail d’analyse sociologique est porteur « d’une capacité de problématisation pratique [… où]
interrogeant les dispositifs sociaux qui semblent aller de soi, il fait partager cette interrogation avec les acteurs concernés ».
Tout chercheur se doit de rendre sa recherche publique puisque une de ses responsabilités est de produire une visée réflexive du
monde, de la société et de l’expérience humaine, soit d’élaborer des thématisations des problèmes que les acteurs pourront discuter et où ils
pourront puiser des ressources cognitives pour évaluer les situations auxquelles ils sont confrontés et élaborer leurs projets. En ce sens, les
chercheurs sont des « médiateurs » dans le débat et l’espace public.
Dans cette perspective, le savoir « ne joue sa fonction médiatrice qu’approprié par des acteurs, retraduit dans le langage de leurs
intérêts et de leurs passions, indexé à la spécificité de leur situation. »
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