le courant d’idée néolibérale de la compétitivité refusant les augmentations de pouvoir d’achat et il
refuse une des explications les plus évidentes de la crise : le surendettement. C’est pour le moins une
analyse myope.
Une croissance sans avenir
Nous savions qu’Etienne Schneider était également un adepte inconditionnel de la croissance à tout
prix. Il justifie son idolâtrie en affirmant que « sans croissance nous ne pouvons pas financer à terme
le système social » (son discours d’ouverture de la foire), respectivement «Les perspectives du
potentiel de croissance à long terme sont actuellement trop faibles pour financer l’Etat providence. Si
on veut éviter de s’engouffrer dans une logique infernale de réduction des prestations et de
démantèlement des services publics et de réduction du pouvoir d’achat, il faut miser résolument sur la
croissance économique. » Voilà d’une bouche avertie la confirmation que nous vivons un système de
chaîne de Ponzi à qui il faut de la croissance (de l’emploi et de la productivité) afin de maintenir son
équilibre. Or un tel système n’est jamais en équilibre, c’est comme un véhicule qui doit accélérer en
permanence pour ne pas basculer. Nous savons que ceci n’est pas possible, à terme ce schéma
s’écroule comme une maison de cartes. Nous devrions oser réfléchir nos politiques et choisir des
voies alternatives.
Du coup, son analyse de la conjoncture atone nous laisse un peu sur notre faim. Il constate que
« l’affaiblissement n’est pas que conjoncturel », et déduit donc que « le vrai défi est la croissance
potentielle à long terme, celle qui résulte de la combinaison des ressources humaines disponibles, de
l’utilisation des équipements productifs et du progrès technologique ». Sans devoir nécessairement
adhérer aux propos des économistes écologiques, il serait pertinent de tenir compte du troisième
facteur de l’activité économique : les ressources naturelles ! Envisager de nos jours l’économie
comme un système autonome, purement anthropocentrique et indépendant de la biosphère conduit
à des politiques économiques visant une croissance sans avenir.
D’une analyse défaillante à des recettes bidons
Au départ, nous partageons l’analyse d’Etienne Schneider quand il dit que « le vrai défi est la
croissance potentielle à long terme, celle qui résulte de la combinaison des ressources humaines
disponibles, de l’utilisation des équipements productifs et du progrès technologique ». Il est vrai qu’il
oublie le troisième facteur de production dans son analyse. Pourtant cela n’enlève pas toute justesse
à son analyse, car nous exploitons les ressources naturelles déjà à fond, il n’y a de ce côté pas de
potentiel de croissance à développer.
Y aurait-il donc du potentiel de croissance du côté des « ressources humaines » ? Sachant que la
population européenne est en recul, comment peut-on miser sur une croissance de la main
d’œuvre ? Seule issue : soumettre de plus en plus de domaines de la vie des gens au marché et à
l’économie monétaire. Cela signifie un taux d’occupation de plus en plus élevé, des temps de garde
d’enfants de plus en plus longs, des services à la personne de plus en plus étendus, une économie de
moins en moins domestique. Nous doutons que ceci puisse préserver notre cohésion sociale. Ce
n’est certes pas une solution aux problèmes posés par la conjoncture atone.
Quid alors des gains de productivité comme source essentielle de la croissance ? Dans les économies
matures, les gains de productivité ont tendance de baisser. Ainsi au courant des années 70, les gains
de productivité étaient en moyenne de 2,8% par an. Au cours de la première décennie du XXIème
siècle ce taux est tombé à 0,6%.
Les idées du Gouvernement
Les perspectives d’une relance par la croissance ne sont donc pas roses, reste donc la course
sisyphienne de la compétitivité. Oui, cette course est sisyphienne, car elle se fait sans ligne d’arrivée,