Sujet de thèse – Correction de mouvement en imagerie interventionnelle 3D par rayons X 1 – Contexte applicatif La radiologie interventionnelle est une discipline médicale récente dont l’objectif est de permettre des thérapies minimalement invasives, pour traiter des pathologies variées (vasculaires, osseuses, etc) à l’aide de micro-outils introduits par voie percutanée et guidés grâce à des techniques d’imagerie temps réel. La méthode de guidage la plus employée est l’imagerie interventionnelle par rayons X, où le médecin utilise des images 2D à rayons X pour naviguer et déployer les micro-outils interventionnels. Des méthodes tomographiques associées à l’acquisition d’un ensemble de projections à rayons X acquises en rotation autour du patient permettent en outre de disposer sur le même système d’images tridimensionnelles de la pathologie à traiter Une des limitations actuelles de cette imagerie 3D est que, la durée de la rotation étant non négligeable (entre quelques secondes et quelques dizaines de secondes), la qualité des images 3D est parfois dégradée par des artefacts de bouger, notamment respiratoire. En effet, dans un contexte d’imagerie interventionnelle, un grand nombre de patients sont incapables de maintenir une immobilité et une apnée parfaite durant les quelques secondes de l’acquisition 3D. Par ailleurs, la solution pratique mise en œuvre en scanner, qui consiste à utiliser une vitesse de rotation de l’ensemble source-détecteur suffisante pour que les artefacts de bouger deviennent négligeables, n’est pas transposable à l’imagerie interventionnelle, car les dispositifs mécaniques utilisés sont de nature radicalement différente. L’objectif de la présente thèse est donc de développer des méthodes algorithmiques permettant de corriger les artefacts de bouger en imagerie interventionnelle 3D par rayons X, en exploitant la consistance de l’ensemble des données acquises lors d’une rotation autour du patient. 2 – Cadre de l’étude Ce sujet se situe dans la continuité de travaux en reconstruction tomographique 3D et 3D+temps ainsi qu’en en recalage et fusion d’images, menés tant au sein de GE Healthcare, que de l’équipe ISA du LORIA. Des méthodes de corrections algorithmiques basées sur l’exploitation de la consistance des données tomographiques ont été proposées dans la littérature, dans le cadre de la géométrie d’acquisition classique du scanner : 2D, équivalent-parallèle et complète. Ces méthodes sont pour l’instant limitées à la correction d’un mouvement rigide ou d’un mouvement paramétrique non rigide mais relativement simple et de petite amplitude. Elles ne sont donc pas suffisantes pour la correction des mouvements complexes (c.-à-d. non-rigides) qui peuvent se présenter en imagerie interventionnelle, notamment abdominale, où les différents éléments anatomiques présents dans le champ de vue sont généralement soumis à des mouvements de nature et 1/2 d’amplitude différentes. Leur extension à une géométrie conique incomplète n’est par ailleurs pas garantie. Diverses techniques d’enregistrement des mouvements de respiration à la surface du corps ont été proposées afin d’en déduire des modèles de correction des mouvements internes. Comptetenu de la complexité des mouvements induits, ces approches ne permettent que des améliorations limitées, au prix d’une complexification avérée de la procédure clinique. Une autre famille de méthode s’appuie sur l’identification de structures à fort contraste dans chacune des projections 2D pour estimer un modèle de mouvement 3D. Ces méthodes ont été appliquées à la reconstruction 3D+temps d’acquisitions cardiaques ou pulmonaires en géométrie conique, les structures à fort contraste servant de points de repères anatomiques pour estimer le mouvement 3D étant dans un cas les artères coronaires opacifiées par injection de produit de contraste, dans l’autre l’interface entre les poumons et l’abdomen. Ces méthodes ont l’avantage théorique de permettre la modélisation et la correction de mouvements plus complexes et de plus grande amplitude que les approches purement tomographiques. 3 – Les méthodes à développer Dans un premier temps, on s’intéressera à l’identification et à la correction d’un mouvement de patient accidentel, pouvant être considéré de complexité et d’amplitude limitées. Il s’agira donc de mettre en œuvre aussi bien les principes développés en 2D dans la littérature scanner en les généralisant au contexte interventionel conique et incomplet que les modèles issus de l’approche cardiaque reposant sur l’analyse des vaisseaux opacifiés. Dans un deuxième temps, on abordera le problème de la correction des mouvements respiratoires qui affectent les structures vasculaires abdominales. On étudiera ensuite l’extension d’une telle approche à l’ensemble des structures imagées, c’est-àdire non seulement les vaisseaux, mais également les structures osseuses et les tissus mous présents dans le champ de vue. Enfin, une fois établi un modèle de correction rétrospective de la reconstruction 3D, on s’intéressera à sa valeur prédictive pour des mouvements périodiques tels que la respiration afin de les prendre en compte dans d’autres applications – par exemple pour fusionner la reconstruction 3D avec d’autres sources d’images telles que fluoroscopie ou scanner. Le développement et la validation de chacune de ces méthodes s’appuieront à la fois sur des données simulées et des données cliniques réelles, représentatives des différentes pratiques cliniques existantes en radiologie interventionnelle. 2/2