agrégations et transformations des microsociétés préhistoriques en de
grandes sociétés historiques, avec agriculture, sédentarité, villes, Etat,
armée, classes sociales, esclavage, grandes religions, arts raffinés ou
grandioses. En somme l’histoire est née d’une chaîne d’événements
intégrateurs et métamorphosant, et la dimension événementielle va
demeurer dans les guerres, formations et destructions d’empires,
batailles aux issues parfois décisives pour le sort d’une société, et à
l’intérieur des sociétés, coups d’états, régicides, révoltes, répressions et
parfois nouvelles métamorphoses comme celle qui transforma la petite
Rome semi barbare et rustique en un Empire œcuménique civilisé.
Ainsi l’histoire est à la fois seignobosienne et braudelienne,
marxienne et shakespearienne, productrice et destructrice, obéissant
à de long processus mais soudain déroutée par des événements
comme l’aventure d’un Alexandre, la prédiction d’un Jésus
universalisée par Saul de tarse devenu Paul, celle de Mahomet. Des
déviances, comme le capitalisme dans la société féodale, la science
moderne au XVIIe siècle, le socialisme au XIXe siècle, deviennent
tendances puis forces historiques formidables révolutionnant les
sociétés en se développant. D’énormes Empires parfois s’écroulent
victimes d’invasions semeuses de ruines et de morts, parfois
implosent sous l’effet de facteurs internes de désintégration à quoi
s’ajoutent souvent des facteurs externes. Il faut même introduire la
catastrophe dans l’histoire humaine.Catastrophe que l’anéantissement
de Sumer, Akkad, Babylone, l’empire perse, l’anéantissement de la
civilisation aztèque, de la civilisation maya, de la civilisation Inca…
Catastrophe que la dislocation de l’Empire austro-hongrois que
l’implosion de l’empire soviétique... De plus il nous faut introduire
l’idée de métamorphose dans l’histoire humaine puisque celle-ci naît
d’une métamorphose d’où, à partir de sociétés archaïques sans
agriculture, sans état, sans ville, apparaissent les sociétés historiques.
Si nous considérons l’histoire humaine dans tous ses aspects
complexes, de grandeurs et de décadences, de créations et de
destructions, de longue durée et d’accidents brutaux, de progrès et
de régres, d’essors et de catastrophes, c’est bien ce type d’histoire que
nous allons retrouver dans l’histoire de la vie et dans l’histoire de
l’univers. C’est ce type d’histoire que nous révèle ce qu’on croyait
continu et linéaire, l’évolution biologique et ce qu’on croyait
immobile, l’Univers.
L’évolution biologique est historique dans le sens où des
unicellulaires se sont associés pour former des êtres polycellulaires, où
le règne végétal a créé le dispositif chlorophyllien qui lui permet de
capter l'énergie solaire, où le règne animal a créé nageoire, pattes,
ailes, et des organes comme cœur, foie, cerveau. L’évolution est
créatrice comme le disait Bergson ou plutôt la créativité est le moteur