Les animaux non-indigènes semblent tenir le mauvais bout: ils ne font pas partie d’espèces dignes d’intérêt et ce ne sont
pas des individus qui attirent une sympathie à caractère éthique (Rolls 1969, Soulé/Lease 1995, Reads 2003). Bien
souvent, ils sont considérés comme de la vermine. Rats, chats, lapins, chiens, renards, chevaux, singes, cochons, chèvres,
buffles –des animaux importés sciemment ou accidentellement par l’homme sur le continent Australien ou Américain–
perturbent l’écosystème car ils menacent la biodiversité locale. Ces animaux sont susceptibles de détruire l’équilibre
originel. Ceux qui agissent en prédateurs font souvent disparaître des espèces indigènes dont les membres ne trouvent
aucune parade contre ces envahisseurs. Ces animaux herbivores rendus à l’état sauvage peuvent totalement dévaster les
habitats dont dépendent des espèces locales (Reads 2003). Bien malheureusement, cela est souvent minimisé ou ignoré
par le mouvement de protection animale.
Des verts de tendance radicale perçoivent ce type d’animaux comme appartenant à des espèces indésirables et prônent leur
destruction, par des moyens souvent inhumains. Jusqu’à présent, les parcs nationaux et les gardes de ces parcs avaient
l’habitude de tirer sur les “brumbies” (des chevaux sauvages) d’hélicoptère, massacrant indistinctement les individus,
décimant des populations et destructurant des familles entières d’animaux. Ainsi, sur le continent nord, les buffles d’eau
sont poursuivis et écrasés par des 4X4 équipés de pare-chocs anti-buffles, les lapins sont, quant à eux, à dessein
contaminés par des maladies mortelles, souvent transmises par le biais de puces infectées lâchées dans leurs terriers
(Reads 2003). Renards, chats et chiens sauvages sont tués par l’ingestion d’appâts empoisonnés. Par des cas relatés
d’empoisonnements humains (Bell 2001) et de très récents cas de nourriture empoisonnée en Chine (article de septembre
2002), nous savons les souffrances horribles qu’implique une mort par empoisonnement. Cela n’est guère différent pour
les animaux. Pour les radicaux écologistes, la souffrance des animaux sauvages et celle des animaux de ferme n’est pas
d’un grand intérêt.
Dans ce discours écologiste radical, la sensibilité est souvent traitée comme un sous-produit de la vie animale, de même
que l’individualité : nous découvrons que la sensibilité ne fait pas partie de la notion d’environnement, d’écologie ou de
nature.
Quelques radicaux écologistes tels que Aldo Leopold, Gary Snyder, Paul Shepard (cf. Leopold 1949, Shepard 1996),
présentent la chasse sportive comme un moyen d’être plus proche de la nature. Peu de radicaux verts sont critiques vis-à-
vis de la chasse sauf quand elle menace des espèces protégées et c’est alors le nombre d’animaux qui compte, plus que la
valeur des vies individuelles. Ils ne prennent pas non plus parti contre l’expérimentation animale. Mais, après tout, des
écologistes et des biologistes ne conduisent-ils pas eux-mêmes ce type d’expériences? Les expérimentateurs utilisent des