PARTIE III: LE CONTEXTE HISTORIQUE DU 19è SIECLE COMME L'ARRIERE-FOND
POUR COMPRENDRE LA PERSONNALITE ET L'ACTIVITE DON BOSCO
Chap. 1: Le contexte socio-politique et ses incidences sur la vie de l'Eglise
Art. 1. Les principaux problèmes
1848: c'est une année cruciale dans l'histoire de l'Italie du siècle passé. C'est le début de la
divergence entre les aristocrates plus conservateurs, unis aux politiciens absolutistes de la
Restauration après 1815, et la classe moyenne des libéraux, adhérents à une politique révolutionnaire,
représentée par des figures telles que le Comte Cavour, Bettine Ricasoli, Urban Ratazzi, et après vers
la fin de la vie de D. Bosco: France Crispi. Ce sont des hommes avec qui Don Bosco était en relation,
et avec lesquels il a entretenu parfois des rapports cordiaux. Les deux classes socio-politiques
opposées entraînèrent une agitation sociale et des bouleversements qui accentuèrent les divisions entre
une Italie légale et une Italie réelle.
Pour un homme comme Don Bosco, fortement enraciné dans la Tradition catholique, mais
aussi aimant sont identité italienne, la rupture des relations entre Etat et Eglise devint une douloureuse
réalité qui causa parfois un problème fondamental de conscience, spécialement là le mouvement se
tournait contre la papauté qu'il aimait ardemment.
Dans les années après 1848 jusqu'en 1860, l'attitude de D. Bosco fut traditionnelle; seulement
après 1860 son langage commençait à changer: la phrase habituelle "trône et autel" devint maintenant
"religion et patrie", "bonnes moeurs et patrie" etc., exprimant synthétiquement comme dans une
formule sa visée d'un ordre social et d'une idéologie politique idéale. C'est un fait qu'il a toujours
montré du respect pour les bases constitutionnelles du nouveau régime, et qu'il a oeuvré pour la
réconciliation entre Etat et Eglise, spécialement dans les dernières années. Cela contraste avec
l'attitude officielle du S. Siège qui n'accepta jamais le fait accompli, et qui en 1874 interdit dans un
Etat qu'on considérait "usurpateur" (le "non expedi").
Sur le plan socio-économique, l'Italie était encore bien loin d'être unifiée. L'unité politique
avait beaucoup plus vite avancée que l'économie. Cela causa une crise sociale très rieuse, et par
conséquent un mouvement migratoire (vers les villes, vers d'autres pays et même vers l'Amérique). La
migration est ainsi le problème social principal de ce siècle en Italie.
Turin connut une énorme expansion démographique, économique et urbanistique. La
population - au cours d'un siècle - devint 5 fois plus nombreuse (65000 au début du siècle et 320000
vers la fin du siècle). La révolution industrielle qui démarra après 1830, et créa des emplois nouveaux
n'entraîna pas immédiatement le bien-être: les ouvriers avaient à peine le nécessaire pour vivre. Les
étudiants (comme J. Bosco) qui dérivent d'une classe paysanne manquent constamment d'argent pour
se payer les études, et doivent travailler à mi-temps, chercher d'obtenir des Bourses (par des concours
académiques) pur continuer leurs études.
Le paupérisme est le fléau social conditionné par les bas prix agricoles et les salaires de
famine. P. ex. Turin, entre 1845 et 1849, furent enregistrés 33.000 mendiants ou clochards (soit 10%
de la population de la ville) et la plupart n'avaient aucun logement.
Note: des données intéressantes dans le livre de G.M. BRAVO, Torino Operaia. Mondo del lavoro
e idee sociali nell'et à di Carlo Alberto, Torino, Fondazio et L Einaudi, 1968.
Les immigrants de la ville étaient souvent des jeunes venant des villages pour un travail
saisonnier: le plus souvent analphabètes. On comprend alors pourquoi l'oratoire classique (récréatif et
catéchétique) était destiné à prendre la forme d'un centre d'alphabétisation et de rattrapage scolaire.
Cet intérêt pour la culture et l'école populaire était d'ailleurs une préoccupation générale (le
mouvement romantique avec ses pédagogues tels que Froebel, Pestalozzi, Girard); et au Piémont, il y
a d'abord la législation scolaire réactionnaire du Roi Charles (1822), mais en 1848, la loi
Boncompagni revendique un certain monopole de l'Etat, ce qui bouleverse la situation précédente.
Cependant, l'Etat n'est pas en mesure de réaliser ses promesses, c'est-à-dire de réaliser une école
publique accessible à tous. L'initiative privé resta irremplaçable.
Les initiatives charitatives de D. Bosco (cours du soir et les différents atelier à partir de 1846)
montrent à l'évidence combien fut rapide la réponse de D. Bosco à la condition sociologique des
jeunes: il passe dans les villes, visitant les prisons, les logements des bas-quartiers, les hôpitaux, et il
se rendit vite compte qui étaient ceux qui étaient les plus abandonnés et donc exposés à devenir
mauvais. Il faut tenir compte du fait que dans les clertus étaient si enthousiastes pour entreprendre
quelque chose. Non seulement c'était une situation inédite, nouvelle devant laquelle ils se trouvaient
désemparés, mais plusieurs (comme Mgr. Fransoni) se méfiaient de l'instruction populaire, comme
dangereuse pour l'ordre social.
L'intervention de D. Bosco dans cette problématique socio-économique complexe fut d'abord
de caractère charitatif et pastoral avant d'être éducatif et social. Il s'inséra dans le cadre des
programmes assitentiels promus par l'Oeuvre de la Mendicité Instruite, à côté de J. Cottolengo, la
famille Barolo, l'Amitié Catholique etc. Il s'agit là d'organisations philanthropiques de personnes
aisées qui aidèrent directement et indirectement les établissements d'assistance sociale Turin une
trentaine d'Instituts), mais 75% des pauvres restait en dehors de leur rayon d'action. La société de S.
Vincent de Paul, crée par Frédéric Ozanam partir de la France 1833) cherchait à y remédier. Ce fut
le premier pas vers un "mouvement social catholique" dans une période le socialisme commençait
à se développer. Ozanam était convaincu que la lutte des classes sociales pouvait être vaincu, si d'un
côté les riches assumaient plus intégralement leurs responsabilités. Contre Cays (plus tard salésien)
était promoteur de la Société de S.V. de Paul à Turin, fondée en 1850. On est encore loi de
comprendre que l'engagement pour la justice ne peut se contenter d'ériger des caisses mutuelles, mais
qu'il exige une intervention incisive et collective sur les structures de la société. Toutefois, un
processus était amorcé qui sera la semence pour une prise de conscience qui aboutira avec la première
encyclique d'un Pape sur l'ordre socio-économique: Rerum novarum de 1991, de pape Léon XIII.
Sans s'en apercevoir très clairement, on s'éloignait progressivement d'une société basée sur les
"ordres" (d'aristocratie, clergé, tiers-état) pour arriver à une société propre à une époque industrielle et
tertiaire, basée sur la division des "classes" sociales. Les socialistes étaient les premiers à tirer les
conséquences de ce changement; les catholiques ont suivi plus tard.
L'Eglise se trouva ainsi confronté à un problème de société et de désir d'émancipation
(politique - scientifique - idéologique) pour lequel elle resta malheureusement trop longtemps aveugle.
Elle aima souligner les aspects négatifs ou ambigus de cette aspiration sans reconnaître suffisamment
les aspects légitimes: elle condamna trop globalement le catholicisme libéral favorisé par Lamennais
(Mirari vos de 1832) et ce qu'elle appela les "erreurs du siècle" (voir les documents Quanta cura et
Syllabus de 1864): toute une série de libertés que l'Eglise reconnaît aujourd'hui comme "des droits de
l'homme " étaient ainsi considérées condamnables.
Une importance réunion d'évêques du Piémont, tenue en 1949 à Villanovetta, organisa - bien
que de façon plutôt défensive - une action pastorale qui voulait intervenir positivement à créer par la
presse ce qu'on peut appeler une opinion publique catholique. par la publication de journaux, livres et
brochures on se rendit apte à participer au débat du moment dans les questions politiques sociales et
religieuses. plus tard on arrivera à créer l'unité d'action entre les catholiques de l'Italie en organisant
des Congrès annuels par une élite de laïcs devenus conscients des urgences du moment (premier
Congrès à Venise en 1874).
Art. 2. L'attitude générale de D. Bosco face à son temps
La clef pour comprendre l'attitude de D. Bosco est celle de l'importance existentielle qu'avait
chez lui sa mission sacerdotale. Il la concevait comme une tâche très vaste qui englobait tous les
secteurs de ses multiples activités, y compris son engagement social, culturel et politique.
Il adhéra ensuite à une vision traditionnelle et intégrale de la "société chrétienne" en donnant
une nette priorité aux valeurs spirituelles comme anticipation du Royaume de Dieu. Bien sûr, il songe
aussi à une société qui supprime l'ensemble des aliénations en formant des bons chrétiens et
d'honnêtes citoyens. Mais, cet idéal il le voit se réaliser selon un modèle qui lui avait été inculqué dans
la période de sa formation (la Restauration), un modèle donc plus tourné vers la conservation d'un
passé, en concret l'Etat confessionnel avec son type de société bien stratifiée. Heureusement, son
utopie (ou idéologie?) évolue un peu avec le temps. D. Bosco s'en aperçut que c'était inutile d'espérer
que la société revienne encore au passé_ Il prend acte d'une certaine émancipation de la société
politique face à l'Eglise en rompant avec l'idéal social de la "chrétienté". Dans son réalisme il arriva
même à concevoir qu'il y a moyen de collaborer avec des personnes d'autres confessions et options
politiques, au moins pour réaliser un idéal humanitaire. En collaborant avec eux et avec les institutions
civiles, il revendique pourtant un espace propre selon ses options pastorales et sa conception de
l'homme comme un être non seulement sacré mais destiné au salut éternel.
Don Bosco se met toujours sur un plan pratique: ce qui importe ce n'est pas d'arriver à un
accord idéologique avec ceux qui pensent autrement que lui mais de pouvoir conserver un terrain
d'action il peut agir comme il le conçoit; pour lui-même il ne voit pas comment un prêtre pourrait
faire abstraction de sa mission sacerdotale, pastorale et éducative dans son action sociale.
Don Bosco est convaincu que l'éducation a prise sur l'évolution de la société: il préconise la
"régénération" de la société par l'éducation de la jeunesse. L'éducation chrétienne ne vise pas autre
chose: en formant des bons chrétiens, on aura en même temps des honnêtes citoyens. Il lui est
psychologiquement impossible de détacher son effort d'évangélisation (catéchèse, sacrements) de son
effort pour la promotion humaine; il ne fait jamais une séparation entre les deux.
Il considère ses initiatives de promotion comme plus urgentes par rapport aux pauvres
(économiquement et socialement) qu'il associe très étroitement aux "abandonnés" à eux-mêmes, et
donc exposés à devenir délinquants ou rebelles en mettant en danger les fondements de la société.
Eduquer et civiliser, c'est donc pour lui un moyen pour prévenir des bouleversements violents. Certes,
spécialement au début, il conçoit ses initiatives pour les pauvres et abandonnées selon le modèle
classique de l'assistentialisme paternaliste, mais il élargira progressivement son horizon, en soulignant
que l'avenir dépend beaucoup des jeunes eux-mêmes: avec l'aide provisoire des éducateurs ils
deviennent graduellement des "acteurs". Il est attentif à leur restituer leur autonomie; après avoir
appris un métier, après avoir acquis, après avoir acquis un diplôme, en soulignant l'importance du
"devoir d'état" et l'acquisition des vertus, garantie sûre pour la réussite sociale, les jeunes sont appelés
à s'insérer dans le monde ordinaire du travail. D. Bosco leur donne surtout le sens de leur dignité
personnelle en tant que hommes, et de leur responsabilité pour leur propre avenir.
On pourrait conclure que la "société chrétienne", d'abord conçue comme une réalité existante à
maintenir de façon statique, avec les années et suite aux changements politiques intervenues, devint
chez lui un idéal futur. Sa tâche est donc d'y contribuer dans la mesure de ses possibilités par une
perméation et transformation de la société existante. De cette façon on peut même dire que son utopie
sociale prend de plus en plus l'aspect d'un humanisme et d'un "personnalisme" chrétien. (voir P.
BRAIDO, IL progetto operativo di Don Bosco e l'utopia della società cristiana, Quaderni di
salesianum n°6, Roma, 1982).
Nous constatons donc que l'utopie de D. Bosco d'une "société chrétienne" était pour ainsi dire
un glaive à double tranchant: si d'un côté il impliquait une idéologie conservatrice (et en cela D. Bosco
était déjà dépassé dans son temps), de l'autre côté, il impliquait aussi un projet opérationnel, ouvert
vers l'avenir et la praxis, permettant de travailler dans n'importe quel contexte à la réalisation d'une
société pétrie de christianisme, souvent sans s'afficher trop extérieurement.
Art. 3. L'attitude politique de D. Bosco
On se rappelle en général que D. Bosco était d'avis que dans les affaires strictement politiques
il vaut mieux n'être "ni pour ni contre" (MO, pp. 216-218), ce qui lui permettait de continuer son
travail d'éducation dans n'importe quelle conjoncture.
La théorie du refus est en général basé sur trois faits
1°. le compte-rendu d'un colloque de D. Bosco avec Pie IX en 1867 tenu dans le contexte des
négociations entre l'Etat et l'Eglise concernant les sièges épiscopaux vacants. Quand le Pape Pie IX lui
demanda quels étaient ces choix politiques, sa réponse fut que sa politique était celle du Notre Père
(MB 8, pp. 593-594).
2° Dans une lettre pastorale de Mgr. Bonomelli: Le clergé et la société moderne, publie en 1889, on
affirme que Don Bosco, dès 1848 avait compris que s'il voulait atteindre ses objectifs apostoliques, il
fallait nécessairement laisser de côté tout engagement direct dans les questions politiques. Cela, selon
la lettre de l'évêque, avait permis non seulement d'éviter certains obstacles, mais encore de recevoir de
l'aide et de l'appui de ceux dont on ne l'attendrait pas (MB 6, p. 688).
Ce point de vue est confirmé par différents épisodes racontés par D. Bosco lui-même dans ses
Mémorie dell'Oratorio par exemple là où il parle des festivités pour la promulgation de la Constitution
piémontaise e 1848, et de son échec pour lancer son journal L'ami de la jeunesse.
3° Enfin, dans les Constitutions, à partir de 1864, Don Bosco établit expressément que tout
engagement politique, direct ou indirect, devait être interdit dans sa Société religieuse. Bien que cette
rigueur ne fut pas approuvée par Rome, Don Bosco y est revenu au cours du CG 1 en 1877, en
réexprimant son désir de se tenir à l'écart de toute engagement politique.
Comment interpréter son point de vue? Essayons de résumer en quelques idées l'attitude
globale de D. Bosco et ses présupposés.
Etre favorable (pour) à la politique gouvernementale c'était pour lui dans son temps choisir
pour une conception anticléricale, révolutionnaire (= rébellion contre Dieu) et anti-papale. Le pouvoir
temporel du Pape était pour lui (comme pour la majorité des catholiques de son temps) considéré
comme indispensable pour préserver l'autonomie spirituelle de la tâche apostolique du Siège de Rome.
Mais être "contre" c'était s'opposer à l'ordre constitutionnel légitime, qui selon les paroles du
Christ en de S. Paul, doit toujours être respecté dans son autonomie propre aussi longtemps qu'il ne
s'oppose pas directement contre les exigences de s Commandements de Dieu (voir p. ex. les textes du
Cg 1).
Don Bosco prend donc partie pour une vision pragmatique du processus politique: il faut
s'adapter à l'ordre légal, exploiter ses chances positives, tirer le plus grand avantage possible de l'ordre
constitué pour réaliser au maximum les propres objectifs pastoraux et éducatifs, sans s'immiscer
directement dans les questions politiques (par une prise de position très nette).
Fidèle à sa vision personnelle (son opinion privée) en tant que citoyen italien qui a droit d'avoir
son point de vue sur la politique tout comme les autres citoyens du pays, D. Bosco a parfois manifesté
sa préférence dans le climat politique serein qui régnait encore avant 1848 (un climat as encore
polarisé entre un pour et un contre). Il a ainsi exprimé sa sympathie pour un néo-guelfisme modéré: le
Pape serait le guide spirituel d'une Italie unifiée qui respecte son autonomie aux régions plus tard, dans
un climat profondément changé, il a fait comprendre qu'il sympathisait pour une politique de
conservatisme intransigeant, en refusant la doctrine de Cavour et plus encore celle de Mazzini, en
montrant à l'évidence son aversion pour l'esprit révolutionnaire. Son intervention semble alors se
justifier par l'intention de préserver les intérêts majeurs de la religion: en effet, il s'agit pour lui d'un
dilemme ou la révolution gagne, ou bien la religion. Il ne conçoit pas qu'une révolution puisse être a-
religieuse ou même pro-révolutionnaire" d'ailleurs courante dans les milieux catholiques. Dans ce sens
il ira jusqu'à exhorter les catholiques d'user massivement de leur droit électoral pour empêcher que la
révolution supprime la religion (dans les L.C de 1854). Dans ce cas, il pensait que les valeurs éthiques
et civiques (et la religion est aussi une valeur civique) ne pouvaient être sauvegardées que par l'Eglise;
puisque les opposants politique s'attaquèrent aux institutions et biens de l'Eglise, 'ce qui signifiait pour
lui attaquer en même temps les fondements d'une société civile), il pensait avoir le droit de protester
publiquement. Il ne s'agit plus pour lui d'une simple prise de position politique mais de s'opposer à
l'esprit du Mal qui exerce son emprise sur les "ennemis de l'Eglise".
Mais soulignons-le: la fidélité à ses principes religieux et éthiques ne le provoque ni à une
intervention proprement politique (par la polémique violente ou la contre - révolution réactionnaire) ni
à des compromis un peu ambigus pour s'assurer un appui financier.
Note: pour le premier cas nous pouvons citer G Margotti, ami de D. Bosco qui alla jusqu'à lancer
dans son journal le slogan: (en 1857) "nè eletti, electtori" en exhortant les catholiques de se retirer
complètement de la vie politique en forme de protestation. Pour le deuxième cas nous citons Giovanni
Cocchi.
Don Bosco a essayé de se frayer malgré tout un chemin dans les rapports complexes entre
l'Eglise et l'Etat, prêt à servir tantôt l'un, tantôt l'autre (ou les deux) en vue d'une réconciliation ou au
moins d'un modus vivendi qui permettait à l'Eglise de continuer à accomplir sa mission pastorale.
Si néanmoins (presque malgré lui) il fut quand même impliqué dans des affaires politiques et
des négociations concrètes, ce fut toujours dans l'optique d'un (serviteur de l'Eglise,) un médiateur et
diplomate, invite ou au moins accepté dans son rôle par les deux parties en litige (l'Etat et l'Eglise) et
dans le but de sauvegarder les intérêts majeurs de l'Eglise. Si parfois il est intervenu par sa propre
initiative, ce fut plutôt comme un prophète religieux, non parce qu'il s'intéressait aux questions
politiques comme telles mais parce qu'il était conscient que certains événements politiques
entraînèrent des effets ético - religieux néfastes.
Comme médiateur il put jouer un rôle providentiel pour débloquer la situation dans la
nomination des évêques et dans d'autres questions connexes (voir par ex. l'article de F. MOTTO,
L'azione médiatrice di Don Bosco nella questione delle sedi vescovili in Italia dal 1858 alla morte di
Pio IX (1878), in Don Bosco nella Chiesa a servizion dell'umanità, pp. 251-372.)
Nous risquons d'émettre ce paradoxe: objectivement parlant, Don Bosco fut impliqué dans
presque toutes les grandes questions politico-religieuses de son pays et de son temps, mais
subjectivement, il aurait refusé d'admettre qu'il s'agissait là d'interventions politiques.
Art. 4. Les principales transformations socio-religieuses
Les transformations que l'Italie a subi au siècle passé se prêtent à une répartition en deux
phases, ce qui correspond grosso modo aux deux moitiés du siècle. La mentalité religieuse évolue en
stricte liaison avec ses transformations.
a) La première moitié du 19è siècle
Pour le premier lustre du 19è siècle, P. Stella fait mention de "fentes" et de "crises religieuses"
produites par des faits et des idées ayant leur origine dans les attaques du déisme, du gallicanisme et
du jansénisme français.
Pendant la Restauration, le climat était favorable à l'Eglise La politique de l'union du trône et
de l'autel, l'extinction des frondes gallicanes et épiscopales en faveur de l'ultramontanisme le
romantisme avec son anti-intellectualisme, la philosophie traditionaliste, ce sont autant de facteurs qui
se lient pour favoriser une reprise de l'influence de la religion et de l'Eglise. L'Eglise catholique répond
très vite à la nouvelle demande religieuse en organisant les missions populaires, en stimulant la
fondation de nouvelles congrégations, en s'engageant dans l'assistance caritative et dans l'éducation de
la jeunesse. Les sermons orientent les chrétiens vers la conversion à une fidélité renouvelée à l'Eglise
et à la foi catholique. La Restauration avait donc comme but le renouveau de la société dont la pierre
angulaire était la Religion, qui - toujours dans l'optique de sont temps - trouva son meilleur garant
dans la monarchie royale. La clef de la transformation est donc à chercher dans un mouvement de
conversion personnelle et de contre-révolution opposée aux idéaux de la Révolution française, conçus
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