Nouvelle époque, folies et bulles

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Lettre boursière aux investisseurs/ No 21.
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Janvier 2005
Les Banques Centrales bientôt obligées à retourner à une parité OR ?
Par ce titre, et avant d’en venir aux perspectives pour les mois à venir, je tiens à vous faire partager l’analyse
l’Alex Wallenwein, dont le contenu complet peut être lu (en anglais) par le lien
http://www.safehaven.com/article-2416.htm.
Actuellement, les réserves internationales en dollars représentent le gros problème des banques centrales. En
effet, personne n’en veut, mais personne ne peut se permettre de les éliminer. La meilleure manière de l’illustrer,
est d’analyser la position des banques centrales asiatiques, principalement du Japon, de la Chine et de l’Inde.
Ces pays sont inondés (pardonnez-moi cette expression après le drame que vit l’Asie du Sud) de dollars
provenant de leurs excédents commerciaux avec les Etats-Unis. Ils savent que le dollar a fortement chuté et qu’il
va continuer à se déprécier. Ils savent également que :
1.
2.
3.
En les gardant, ils vont voir la valeur de leur réserve baisser à terme
En les vendant, la valeur baisserait encore plus rapidement
En continuant à accumuler le dollar, voir en l’achetant pour le soutenir ainsi que maintenir leurs
exportations, ils ne feraient que retarder l’inévitable et se retrouveraient, à terme, dans de plus gros
problèmes.
Il ne peut pas y avoir meilleur argument pour un retour à un système où l’or serait détenu comme réserve à la
place de « fiat money » (voir traduction en bas de lettre), ou tout autre forme d’obligations financières d’un autre
état.
Il est donc évident que plus les banques centrales accumulent ces fiat money d’autres pays, afin de garder leur
propre monnaie à un niveau commercialement compétitif, plus le problème s’aggravera, pour atteindre
finalement le point de non retour.
Le seul espoir des banques centrales est que leur « tactique » permette une nouvelle croissance alimentée par du
nouveau crédit (fiat). Ils savent par contre également que c’est précisément par cette tactique que nous nous
trouvons dans la situation présente. Combien de temps encore cette politique sera-t-elle possible avant que le
couvercle de la marmite à pression explose ?
La seule alternative viable, celle que les banques centrales ont essayé d’abandonner de manière collective, est
d’échanger leurs réserves en dollar contre de l’or. Voici pourquoi :
La même raison qui empêche les pays asiatiques de vendre leurs dollars (baisse de valeur de leurs réserves), les
forcera finalement à abandonner toute prétention d’être capable de maintenir un régime monétaire à l’écart de
l’or et les obligera à commencer à acheter de l’or avec leurs dollars.
En vendant des dollars contre d’autres fiat money, la valeur de leurs dollars restant perdra de la valeur, donc du
pouvoir d’achat, alors que toutes matières premières augmenteraient de prix par une spirale de dévaluation
compétitive des autres monnaies.
Il en va évidemment de même s’il achète de l’or, avec pourtant une différence importante :
En achetant de l’or contre du dollar, la valeur du dollar baisserait de manière identique, avec par contre une
hausse du prix de l’or qui compenserait la baisse de la monnaie. Et pourquoi donc ? Parce que la performance de
l’or ne dépend pas de la performance économique de quelque économie sous-jacente où se situeraient les
valeurs réelles dans lesquelles ils pourraient se diversifier.
Au lieu d’évaluer le prix de l’or en fiat money, les banques centrales, mais également les investisseurs, vont
commencer à évaluer les fiat money en or, et réaliseront que l’absence de valeur des fiat money les rendront
toujours trop chers par rapport à l’or. Quand ce processus s’entamera, combien de fiat money demandera le
détenteur d’or pour s’en séparer ? Ou combien sera-t-il prêt à en céder pour acquérir le métal ?
-2Au fur et à mesure de l’évolution, d’autres banques centrales et investisseurs suivront, ce qui accentuera encore
le mouvement. Les premiers seront les mieux placés. L’or prouvera une fois de plus sa réelle valeur,
principalement sa fonction de valeur de réserve connue depuis des millénaires, alors que les fiat money
montreront une fois de plus (l’histoire le prouve) leur manque de fiabilité.
La conclusion : peu importe la quantité d’or qu’ils peuvent acheter avec leurs dollars, ils se retrouvent avec une
réserve sur laquelle ils peuvent compter, alors que les fiat money, dettes gouvernementales et même actifs
productifs (actions) d’autres nations sont à risque (parce que les économies sous-jacentes sont dépendantes du
système de fiat money), et conduiront aux mêmes problèmes.
Prenons l’exemple de l’Euro (même raisonnement pour le franc suisse) : Si les banques centrales diversifient
leurs dollars en Euro, il deviendra très cher, à cause du concept européen (et Suisse) de stabilité des prix, ce qui
signifie une limitation de l’utilisation de la planche à billets. Pour contrer cette évolution, la banque centrale
européenne devrait prendre des mesures d’affaiblir l’Euro, soit en créant de la masse monétaire, en baissant les
taux, en intervenant sur le marché des changes, ou les trois ensemble. Combien de temps l’Europe peut-elle
continuer sur les bases monétaires actuelles ? Combien de temps les états composant l’Europe seront-ils prêts à
subir la récession et l’endettement au nom de la stabilité des prix ?
Si l’Euro ne devient pas monnaie de réserve en remplacement du dollar, que reste-t-il à disposition des banques
centrales ? L’or, l’argent, les métaux précieux, les matières premières ? Tout ce qui ne peut pas être créé à partir
de « Rien », par la rotation d’une machine à imprimer, de transfert électronique ou autres émissions de papiers
« valeurs ».
Histoire, histoire…
Le 5 avril 1933, le président Roosevelt signa un décret interdisant quiconque de détenir de l’or, à l’exception de
la Réserve Fédérale ; document ratifié par le Congrès le 9 mars 1933. Le prix fixé pour cette confiscation était de
USD 20.67 par once. Le 30 janvier 1934, le « Gold Reserve Act » devint Loi, et tous les dépôts d’or des
banques fédérales régionales furent transférés au Trésor Américain. Le lendemain, la parité or du dollar fut fixée
à USD 35.-, soit une dévaluation de 41 %.
Au début des années 1960, la parité de USD 35 devenait de plus en plus difficile à tenir, en raison d’une forte
demande d’or résultant de la croissance du déficit commercial des Etats-Unis. En janvier 1961, sous la
présidence de Kennedy, les USA, l’Angleterre, l’Allemagne, la France, la Suisse, l’Italie, la Belgique, la
Hollande et le Luxembourg décidèrent de créer le « London Gold Pool », dans le but de défendre cette parité de
USD 35/l’once. La France, sous le général de Gaulle, renonça à son engagement et demanda, en paiement de ses
exportations, de l’or au lieu de bons du trésor. A la fin des années 1960, et suite à la forte baisse des réserves
d’or du pays, les Etats-Unis furent mis devant le choix d’éliminer le déficit commercial ou de dévaluer le dollar,
afin de refléter la situation économique. Le président Nixon prit une troisième décision. Il répudia l’obligation
internationale d’échange du dollar en or. A la fin de 1974, l’once d’or était passée de USD 35 à USD 200.
Le 01.01.1975, l’interdiction de détenir de l’or était levée.
Cette histoire pourrait-elle se répéter, aujourd’hui, dans le pays le plus libéral et capitaliste ?
Il est intéressant de noter, que le pays supposé être une des dernières reliques communistes au monde, conseille
fortement à ses « camarades » de détenir et d’épargner en or comme couverture sur les risques de change.
Déclaration faite en septembre dernier par le gouverneur de la banque centrale chinoise, Zhou Xiaochuan.
Si la Chine est supposée devenir le leader du monde post-dollar émergeant, comme beaucoup le pense, pouvonsnous nous attendre à ce que la détention privée d’or soit officiellement sanctionnée de part le monde ? Peut-être
que seuls les Chinois pourront le détenir ?
-3Laissons pour l’heure la « science-fiction », bien que l’impensable arrive souvent au moment où l’on s’y attend
le moins (les malheureux récents événements nous le prouvent), pour essayer de se situer dans la réalité présente.
De manière globale, l’année aura été marquée par une longue consolidation du prix de l’or, comme le graphique
ci-dessous le montre.
La récente baisse de USD 458 à USD 425 correspond au 38.2 % de correction du mouvement entamé en mai à
370 (lignes rouges). Un retour sur 405 représenterait une correction de 61.8 % et coïnciderait avec la ligne de
tendance haussière à long terme. Il n’est pas exclu, et pour autant que le dollar rebondisse violemment, qu’un
retour sur le fibonacci de 38.2 % de la hausse complète depuis 2001 (lignes bleues). Les supports suivants se
situent à 370 (niveau de mai 2004), 356 et 332. Ce dernier chiffre représenterait une correction de 61.8 % du
mouvement total depuis le début de la hausse. Je ne pense pas qu’une telle correction soit envisageable dans la
situation économique que nous connaissons. Il faudrait également que le dollar remonte à un niveau d’environ
1.40 contre franc suisse, ce qui me parait utopique. Ceci dit, je rappelle que dans son précédent marché haussier,
l’or était passé de USD 35 à USD 200 (voir plus haut), avant de baisser à USD 100, soit une correction de 60 %
de la hausse précédente. Il faut malgré tout relativiser cette forte correction, avec la hausse précédente de 570 %
comparée au marché haussier actuel qui a vu le métal progresser de 180 %.
-4-
L’indice des actions de mines d’or et d’argent présente certaines différences d’évolution par rapport au métal.
Premièrement, la hausse entre le plus bas de 2000 et le plus haut de décembre 2003 s’est montée à 570 % (contre
180 %). Le plus haut atteint en décembre 2003 n’a pas encore été retrouvé, bien que le prix de l’or ait dépassé
son sommet au début décembre dernier. Une situation similaire s’était produite entre mai 2002 et avril 2003.
Deuxièmement, la tendance haussière a été cassée en avril dernier et se trouve depuis dans une longue
consolidation latérale.
Au niveau des corrections fibonacci, l’indice a trouvé support en avril sur le niveau du 61.8 % de la vague
haussière de mars à décembre 2003 (lignes rouges). Ce niveau correspondait d’ailleurs à un retour de 38.2 % de
la vague totale depuis 2000 (lignes bleues). Un retour sur les niveaux de 175 n’est pas exclu (test du mois
d’avril) ; les supports suivants se situant à 150 et 120, respectivement une correction de 50 % ou 61.8 % du
grand mouvement.
Je dois préciser que cet indice ne représente que les plus importantes capitalisations boursières du secteur. Les
« juniors » et sociétés de prospection n’y sont pas représentées. Il n’existe malheureusement pas d’indice pour
ces dernières. De par leur plus faible capitalisation, les mouvements de cours sont plus importants à la hausse,
comme à la baisse. La plupart de ces sociétés ont corrigé entre 50 % et 70 % depuis leurs sommets de fin 2003.
Le graphique suivant montre la sous performance de ce secteur depuis l’euphorie de 2002. Je n’ai
malheureusement pas de graphique comparatif pour la période 2000-2002, qui montrerait une très nette sur
performance des « juniors ». Il semblerait donc que ces titres ont largement corrigé les premiers excès et seront
prêts à reprendre le dessus lors de la prochaine phase de hausse.
-5-
En conclusion, une certaine prudence est de mise pour les traders à court terme. En revanche, les investisseurs à
long terme, cherchant à se protéger des risques monétaires évoqués plus haut et lors de précédentes lettres
boursières, garderont leurs positions, en évitant de céder à la panique ou au découragement, à l’instar des
précédentes corrections.
Jacques Winter
7 janvier 2005
Fiat money : monnaie non garantie ou non couverte par un bien réel ; ou couverte de manière tautologique.


Par non couverture, allusion est fait à la perte du pouvoir d’achat
Couverture tautologique fait référence au remboursement de la monnaie non pas contre un bien
réel, mais contre une obligation de rembourser, à terme, en nouvelle fiat money
Par exemple, si vous donnez mille francs à la BNS, vous ne recevrez pas une armoire, un vélo ou 16 grammes
d’or, mais une créance du débiteur (la Confédération) s’engageant de vous rembourser mille francs à une date
ultérieure. Au remboursement, vous vous retrouvez donc avec un nouveau billet de mille francs, donc à la
situation initiale.
Disclaimer :
Les propos ci-dessus ne doivent en aucun cas être pris comme recommandation d’achat ou de vente. Ils ne sont exprimés que
dans un but éducatif, ainsi qu’avec l’objectif de susciter la réflexion et la critique du lecteur. A chacun de faire sa propre
recherche et de demander conseil à son gestionnaire. Je reste toujours volontiers à disposition pour toute information
complémentaire.
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