Résumé Boltanski : Les Cités et les Mondes

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Le modèle de Boltanski :
Les cités et les mondes.
1.
Les êtres : les personnes et leurs compétences. Les objets.
La théorie de la justice de Boltanski peut s’inscrire au croisement de la
sociologie de la morale et d’une sociologie de l’ordre social.
Sociologie de la morale
Les acteurs sont supposés être dotés de capacités morales qui leurs
permettent de faire société, l’acteur s’appuie sur la capacité à justifier
publiquement ses prétentions.
L’école de Boltanski s’interdit de croire que la justification n’est que pur
comportement hypocrite. Elster dans « the cement of society » : les normes
sociales ne peuvent être construites comme de purs déguisement hypocrites des
intérêts des acteurs, parce que si il est utile de dissimuler ses intérêts derrière
des normes, il faut que ces normes soient prises au sérieu par les acteurs en
cause.
Sociologie de l’ordre social
Pour Boltanski, la justice est ce qui arrête la dispute, son interrogation ici
est « comment les membres d’une société construisent l’accord ». Cette toute
particulière attention portée aux logiques de justification s’écarte des notions
de motivations inconscientes ou d’habitus ; mais leur rôle n’y est cependant pas
négligé sans envahir totalement le domaine de la justification.
La sociologie de la justice s’intéresse à la construction et a l’utilisation des
ressources argumentatives de l’acteur en situation de justification de ses
prétentions. Les acteurs disposent d’une métaphysique de la personne, qui exclut
toutes les explications en terme de pur déterminisme social.
Les situations sociales ne sont pas essentiellement déterminées par les
personnes en présence ; les objets tiennent aussi une place importante, les
objets sont aussi des constructions sociales et la nature des objets impliqués
dans l’interaction contribuent a définir l’ensemble de l’interaction. (exp : les
atours du flic, la voiture,…)
L’unité de base est la situation, les contraintes de la situation vont
permettre de décrire les logiques argumentatives déployées.
2.
Les régimes d’action.
Equivallence
Hors Equivallence
Dispute
Paix
Dispute en justice
Paix en justesse
Dispute en violence
Paix en amour
La dispute en violence
Dans cette situation prévalent les rapports de force, les personnes sont
considérées comme des choses. Ici, l’impératif de justification a disparu, les
acteurs sont pure force l’un pour l’autre et les personnes sont identifiable a des
objets ; on applique a l’adversaire une force sencée le faire cèder. La dispute en
violence est un idéal-type de situation de guerre totale (G.Khan et ses crânes).
Mais dès qu’apparaissent les « lois de la guerre », on sors du pur rapport
de force ;les actuers disposent de ressources pour argumenter et se justifier,
on rentre alors dans la dispute en justice. (exemple : la guerre en Afghanistan
« justice sans limite » , même les conflits les plus violents peuvent être amenés a
se justifier.
La dispute en justice
Les personnes se justifient publiquement, ce qui différentie la dispute en
justice de la dispute en violence, c’est la mise en équivallence. Dans la dispute en
justice, on essaie de définir la situation pour en rendre les éléments
comparables. (exemple :le chasseur qui se refuse d’utiliser certaines techniques
pour rester « sport » et ainsi laisser une chance a sa proie équivallence entre
les acteurs).
Le modèle de la justification s’applique a chaques fois que nous sommes en
situation d’argumenter nos prétentions. Les situations de dispute ne sont pas la
règle dans une société, sinon, elle s’écroulerai.
La paix en justesse
Il s’agit de situations ou les objets sont distribués dans le sens des
attentes des personnes sans même que ce soit consciemment exprimé. On peut
dire que la paix en justesse caractérise les situations routinières, dans cette
situation l’épreuve ne peut survenir que par un élément perturbateur.
La paix en amour
Ici la relation d’équivallence n’a pas d’importance puisque on ne « compte
pas », ce genre d’accord caractérise les relations amoureuses, filiales, amicales
fortes,…
Beaucoup d’utopies sociales font appel a la paix en amour.
Le changement de régime
Les régimes d’action ont une inertie, sans interventions extérieure ils
tendent a se perpétuer. Les acteurs ne sortent de leur régime que lorsque ils
sont confrontés a une personne usant d’un autre registre. (exemple :Scènes de
fraternisation sur les champs de bataille.)
3.
L’épreuve de justification, les principes supérieurs communs.
Le moment crutial de la dispute est l’épreuve, le moment ou les acteurs
s’affrontent. Dans l’épreuve de justification, les acteurs se réfèrent a un
principe ou encore un bien commun que l’on revendique au nom d’une conception
qui est juste dans cette circonstance, « les principes supérieurs communs ».
Boltanski appelle cette épreuve de justification ou les acteurs revendiquent
des principes généraux supposés opposables à l’interlocuteur la « montée en
généralité » ou l’acteur cesse de défendre son cas particulier en soutenant des
arguments à portée générales valant dans tous les cas semblables et faisant
référence à un bien commun. Il s’agit donc de présenter son cas particulier
comme une instance d’une situation générale.
La montée en généralité peut se poursuivre quand les acteurs ne peuvent se
mettre d’accord sur un principe, ils remontent alors jusqu'à un principe supérieur
qu’ils auraient en commun.
L’épreuve de force deviens épreuve de justification lorsque les acteurs
s’imposent de produire des arguments publiquement défendables et ces
arguments osnt pris au sérieux par les acteurs, le sociologue doit alors
s’interroger sur les conditions dans lesquelles se fait cette « prise au sérieux ».
Cette montée en généralité dans l’épreuve de justification ayant pour but
d’arrêter la dispute n’en enlève pas le rapport de force, car dans les situations,
les acteurs n’ont pas toujours le même poids (exp ; enseignant et étudiant). La
force est contrainte par la recherche d’un accord et l’exigence de référence à
un principe, ou bien commun que les acteurs devraient accepter.
L’idée de mise en équivallence suppose une forme de proportionnalité au cœur
de la théorie de Boltanski, il s’agit d’établir « une juste proportion entre la valeur
des choses et des personnes » en ros donner a chacun ce qu’il mérite. Mais cette
échelle doit à la fois préciser la valeur des choses et la valeur des personnes ; ce
qui implique que tout accord implique un jugement sur les personnes, organiser
la distribution implique qu’il faille aussi hiérarchiser la valeur des personnes
participant à la dispute.
Boltanski appelle « grandeur » le positionnement des acteurs relativement
aux principes ; la justification invoque l’idée d’estime sociale.
Principe plutôt que valeur ;
 Le terme principe est réservé a la justice, valeur est plus tourné vers la
morale, la religion…
 Les valeurs peuvent être quelquonques (xénophobes,…)le principe vise plus
à l’universalité.
 Les valeurs sont attachées aux individus, les principes aux situations.
Certains principes ne sont pas toujours mobilisables, comme la
représentativité politique, le député fraichement arrêté par la police peut
faire valoir son statut d’élu de la nation pour exiger des excuses des policiers,
mais il ne peut utiliser cet arguments devant sa famille, c’est un autre
registre. La représentativité n’est pas attachée au député mais elle est
mobilisable par lui dans certaines circonstances.
Dans la montée en généralité, l’acteur ne parlant qu’au nom de ses intérêts
aura moins de chances de convaincre que celui s’exprimant au nom d’une cause
ou d’un principe supposé reconnu
4.
La déclinaison des principes : les cités.
La montée en généralité s’attache a un principe supérieur commun
succeptible d’emporter l’adhésion des autres acteurs en cause, elle construit
l’accord en mettant en équivallence les personnes et objets et donc les
hiérarchisent.
Chacun de ces grands principes est l’élément central d’une cité ; une cité
est une logique de justification basée sur une conception du bien commun.
 La cité civique
Ici, le principe supérieur est la représentativité, le fait de parler au nom
de la collectivité. (exemple le député)
 La cité domenstique
Le bien commun est ici définis comme la tradition, la justification
s’appuiera sur des valeurs comme la fidélité ou la loyauté.
Ce modèle était fort d’application du temps de la féodalité et perd de son
importance dans la société individualiste ; cette cité a encore une influence
dans le domaine politique ou on peut encore retrouver de la loyauté a un chef.
 La cité industrielle
Le principe supérieur est ici l’efficacité, on reconnais la grandeur à la
capacité de mettre en œuvre efficacement les moyens qu’il faut pour obtenir ce
que l’on veut. La cité industrielle est un bon exemple de la rationnalité
instrumentale.
 La cité de l’opinion
Logique argumentative s’appuyant sur la renommée (gloire), dès que la
grandeur relative des personnes dépends de leur notoriété, on est dans le monde
de l’opinion.
 La cité inspirée
Immaginée a partir de la « cité de Dieu » de St Augustin, le principe
supérieur commun est la créativité, la fidélité à sa propre inspiration. On peut
rapprocher a cette cité la notion « d’authenticité ».
 La cité marchande
Inspirée d’Adam Smith, l’intérêt ou encore la convoitise y est le principe
supérieur commun. L’intérêt y est une notion historiquement construite,
l’économie classique est fondée sur la « main invisible » du marché qui
transforme l’égoïsme de chacun en bien collectif.
La cité marchande ne glorifie pas l’intérêt comme une caractéristique
« naturelle » des individus, mais comme une construction sociale qu’il a fallu des
siècles pour imposer.
Conclusion
Chaque cité se caractérise par une forme particulière du bien commun,
chaque cité a donc une logique de justification mobilisable dans certaines
situations. Les cités ne sont pas exclusives, les acteurs peuvent bouger entre les
cités, ils sont supposés capables de changer de logique argumentative en fonction
des circonstances.
5.
Les règles de l’argumentation : l’architecture des cités.
Quelques remarques sur le concept de cité ;
 Les personnes en désaccord s’engagent dans des épreuves, la
dispute en violence est un rapport de force aucour duquel on ne se
soucie pas de la justification.
 Les individus qui se disputent en justice argumentent leurs
prétentions, leurs revendications s’appuient sur un certain type de
justice, c’est la montée en généralité.
 Dans la culture occidetale, il y a différentes façons d’envisager le
bien commun, à chaque façon correspond un principe supérieur
commun.
 Ces principes supérieurs communs sont pour Boltanski et Thévenot
des cités car on les retrouve dans la philosophie politique
occidentale.
On pourrai dire des cités qu’elles sont des argumentaires abstraits qui
obéissent a certaines contraintes, ces contraintes sont une sorte d’axiomatique
générale de l’argumentation, caractéristique de la dispute en justice.
Toutes les cités obéissent a des axiomes communs ;
 Le principe de commune humanité
Les êtres humains ne sont pas des choses. La théorie de Boltanski et
Thévenot ne s’appliquerai pas a une société comme la Grèce ou la Rome antique
qui ne reconnaissai pas l’humanité de leurs esclaves.
 2 états ordonnés
Les cités doivent comprendre deux états possibles des personnes et ces
états doivent être hiérarchisés. Une justice « à chacun son dû » doit distinguer
un catégorie méritante et une catégorie non-méritante.
Définir ce qui reviens à chacun implique que les chacuns ne soient pas
identiques et la notion de mise en équivallence qui implique la justice n’est pas
possible si il n’a a pas au moins 2 états différents pour pour les personnes.
 Le principe d’égale dignité
Pour la sociologie classique, le statut est ; « la position qu’occupe un
individu dans un groupe ou qu’un groupe occupe dans une société ».
Le statut est attaché a une personne d’une façon plus ou moins
permanente alors que la grandeur n’est attachée à une personne qu’a l’issue d’une
épreuve. La grandeur est souvent remise en cause parce que les épreuves sont
vites renouvelées.
 La formule d’investissement
Etre grand dans une cité implique nécessairement un coût, le coût du
renoncement à la grandeur dans les autres cités. L’axiome de l’investissement
(sacrifice)permet de comprendre comment les personnes en concurrence vont
être classés en plus ou moins grandes et petites : à travers l’ampleur du sacrifice
conscenti dans les autres cités.
 Le bien commun
Le régime de la dispute en justice implique que l’on argumente ses
prétentions en référence au bien commun ; dans la logique des cités, il y a
plusieurs formes du bien commun donc plusieurs façons de monter en généralité.
-->La logique des cités rejoins d’autres conceptions plus familières de la
justice.
 La vision proportionnaliste de la justice, il y a un rapport entre
rétribution (la grandeur) et contribution (sacrifice).
 Il est impossible d’être grand dans toutes les cités a la fois, la théorie
est comparable aux sphères de justice de Walzer.
Le modèle des cités et celui des sphères de justice partent de l’idée de
l’irréductible pluralité des conceptions du juste.
6.
Les mondes communs.
La justification se fait dans des situation concrètes dans lesquelles des
« objets » de nature diverse peuvent être impliqués. Lorsque la cité, comme
argumentaire de justification publique, est appareillée, étayée par toute une
série d’êtres qui lui sont propres ; B et T parlent alors de « mondes ».
« la référence à des choses qualifiées entrainent donc une extention du cadre de
cohérence par lesquels les cités se déploient dans des mondes communs. »
En effet, l’épreuve ne se déroule jamais dans un pur monde d’arguments
(ce serai interminable), il faut montrer que les objets engagés dans les situations
sont typiques d’une cité plutôt que d‘une autre ; il y a ainsi un « monde civique »,
« un monde domestique », « un monde de l’inspiration », « un monde industriel »,
«un monde marchand », « un monde de l’opinion ». on pourrai écrire l’équation
suivante « cité - objets = mondes ».
La justification se fait en situation et cette situation est définie par des
personnes, des axiomes et des objets, ces objets ne doivent pas nécessairement
être matériels ou physiques. Le monde des objets est indispensable pour arrimer
les arguments de la justification publique agençés en cités.
7.
Retour sur l’épreuve et les personnes : le litige et le différent.
Revenons maintenant sur quelques axiomes du modèle ;
Principe d’égale dignité
Personne ne peut être définitivement considéré comme petit ou grand, il
peut toujours passer l’épreuve ; il y a épreuve dès qu’il y a contestation. Un état
de grandeur sera attribué aux protagonistes à l’issue de l’épreuve.
L’égale dignité ne signifie pas que les chances de remporter l’épreuve sont
égales au départ, celui qui se sent inévitablement réduit à l’état de « petit » peut
tenter de faire appel à un autre monde, redéfinir l’épreuve de manière à se
donner plus de chances.
Exemple : le boxeur qui se couche volontairement moyennant une somme d’argent
pourra sa nouvelle grandeur dans la cité financière pour compenser sa petitesse
dans la cité industrielle (monde sportif).
La nature de l’épreuve est double ;
 Simple litige : l’accord est fait sur le monde et les personnes
adéquates, l’épreuve sert seulement à « clarifier » qui est le plus
grand et qui est le plus petit.
 Un différent : l’accord n’est pas fait sur le monde qui est pertinent,
les acteurs font appel a leurs ressources pour « faire émerger » le
monde qui lui parrait le plus favorable.
Ce que l’on peut tirer de ce jonglage des personnes entre les mondes, c’est
que celles ci ne sont pas « attachées à un monde », l’interprétation d l’axiome de
commune humanité est que les modes de justification ne sont pas caractéristique
des personnes mais des situations, les personnes peuvent réinterpréter la
situation de façon a faire apparaître un monde qui leur est plus favorable.
8. Conclusions.
Certaines remarques sont a ajouter ;
 Le modèle de Boltanski a une portée limitée, il décris les situation
de « dispute en justice », de justification publique. Il existe
plusieurs régimes d’action cités à la page 1 et 2, l’impératif de
justification n’épuise pas le réel social l’hypocrisie existe mais ne
peut pas être pratique noramle, les justifications doivent être
prises au sérieu comme des contraintes réelles pesant sur l’action.
 Les formes de justification correspondent aux grandes
métaphysiques politiques qui se sont dévellopées au long de l’histoire
de nos sociétés. Mais ces métaphysiqes sont contingentes, elles
auraient pu évoluer autrement.
 La validité du modèle ne peut s’éprouver qu’empiriquement.
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