Chapitre 2 : Mondialisation, finance internationale et intégration européenne 2.2 Quelle est la place de l’Union européenne dans l’économie globale ? Qu’est-ce que le projet européen ? I. Naissance de l’Union européenne Première puissance commerciale du monde (1/3 des IDE entrants et sortants sont réalisés dans l’UE et cette dernière représente 20% du PIB mondial), l’Union européenne doit, grâce à des institutions et des politiques communes, favoriser le commerce entre les différents territoires (le « doux commerce » selon Montesquieu), favoriser les rapports entre les peuples ou encore la paix pour éviter de nouvelles guerres fratricides. L’UE est un partenariat économique et politique unique entre 28 pays européens qui, ensemble, couvrent la plus grande partie du continent. Elle repose sur deux piliers essentiels : -Une monnaie unique ; -Un marché unique (avec une libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes). L’UE cherche donc les conditions d’une concurrence pure et parfaite (libre entrée et sortie des produits, atomicité, transparence des prix et informations, mobilité des facteurs et homogénéité). Depuis le traité de Rome, les pays cherchent l’intégration économique (élimination des obstacles au commerce pour créer un vaste marché intégré et homogène) ainsi que l’intégration politique. L’UE a été marquée par son élargissement (de 6 membres_ l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas_ à 28, sans compter les membres en négociation) qui s’est fait au détriment de l’approfondissement de l’Europe. De plus, les pays ont des objectifs et des situations très différents ; chose qui complique l’organisation. II. Intégration des pays dans L’UE Le niveau d’intégration diffère d’une zone à l’autre. Il existe 5 étapes : -La création d’une zone de libre échange (faire circuler les marchandises en minimisant les quotas, les droits de douanes…) ►ALENA -L’union douanière (le tarif extérieur est commun) ►MERCOSUR -Le marché commun (suppression de tous les obstacles entravant la libre circulation des facteurs de production) -L’union économique (harmonisation des politiques économiques) ►Royaume Uni -L’union économique et monétaire (abandon de la politique monétaire et création d’une monnaie unique) ►Zone euro Bela Balassa est l’auteur de cette typologie d’intégration III. Débat sur l’élargissement de l’UE L’UE est créée en 1958. Dès la signature du traité du Rome, certaines politiques communes sont instaurées mais la libre circulation des facteurs n’est pas encore mise en place. Ainsi, l’ordre d’intégration n’a pas été respecté, d’où l’originalité de la création de l’UE. Certains aspects négatifs entrainent des débats quant à l’élargissement de l’UE : - Plus il y a de monde, plus les accords sont difficiles à trouver ; -Il existe de nombreux écarts de richesse et de compétitivité entre les différents pays ; -La politique européenne doit alors trouver des politiques pour combler ces écarts : chose qui fait baisser le budget de l’UE ; -Il existe des différences culturelles avec essentiellement le cas de la Turquie (faut-il uniquement accepter les cultures européennes ?) ; -Il y a des différences de conceptions politiques et économiques (pays très libéraux qui souhaitent bénéficier des avantages du libre-échange et d’autres qui sont prêts à accepter une Europe fédérale) ; -Il y a différentes conceptions de la défense (protection de l’OTAN, protection européenne, défense propre). IV. Politiques de cohésion Une politique de cohésion est une politique permettant de corriger les écarts entre les régions. Il y a donc des fonds structurels (limités) qui permettent d’aider les régions les plus pauvres. Il n’y a pas d’autonomie du budget européen. Ce dernier dépend des contributions des Etats membres (les impôts sont impossibles au niveau européens, par exemple). L’UE ne peut être en déficit. Les bénéficiaires de la PAC (Politique Agricole Commune) sont la France, l’Allemagne l’Italie et le Royaume Uni. La PAC (1962) repose sur le contrôle des prix (prix plancher, prix plafond), les subventions et représente la plus grosse dépense de l’UE. Elle doit permettre l’interdépendance alimentaire des pays, la garantie d’un salaire respectable pour les agriculteurs… V. Ce que l’on attend de l’UE & ses objectifs *L’unification des marchés de capitaux ; -Harmoniser les taux de TVA d’un pays à l’autre ; -La création de normes (juridiques, environnementales…) ; -Ouverture des services financiers à la concurrence de manière à favoriser la circulation de capitaux ; -Suppression des monopoles des grandes entreprises (atomicité) ; -Suppression du contrôle des changes ; -Favoriser la libre-circulation des travailleurs (suppression des VISA, réforme des diplômes pour que ces derniers soient reconnus partout) ; -Construction d’un grand marché (gouverné par différentes institutions). *Favoriser la croissance, la création d’emplois, la paix ; -La baisse des prix et hausse du pouvoir d’achat ; -Augmentation de la demande et offre de qualité ; -Renforcement des spécialisations ; -Economies d’échelle et compétitivité prix importante ; -Meilleure allocation des facteurs de production ; -Baisse des coûts de financement et coûts d’intérêt faibles. La mise en œuvre d’une monnaie unique I. L’installation d’une monnaie unique 1978 est une période marquée par l’instabilité monétaire (dépréciation de la monnaie, spéculation...). Les régimes souhaitent alors retrouver un système monétaire stable. La monnaie unique doit permettre la stabilité des taux de change afin de faire baisser les taux d’intérêt. Elle doit redonner une autonomie aux politiques monétaires de la zone (qui a adopté un régime de change fixe ► Dans ce régime le taux de change est fixé arbitrairement par les autorités monétaires. L'équilibre du marché des changes est assuré par l'intervention de la banque centrale qui vend les devises étrangères si l'offre dépasse la demande des devises et achète les devises si l'offre est inférieure à la demande même). La mise en œuvre de la monnaie unique se heurte à quelques obstacles. Le triangle d’incompatibilité ou triangle de Mundell, est un principe économique développé par Robert Mundell et Marcus Fleming dans les années 1960, selon lequel, dans un contexte international, une économie ne peut pas atteindre simultanément les trois objectifs suivants : -Avoir un régime de change fixe ; -Disposer d’une politique monétaire autonome ; -Avoir une parfaite liberté de circulation des capitaux (intégration financière). En revanche, si l’un de ces objectifs est abandonné, les deux autres deviennent réalisables. II. Les avantages de l’euro -Supprimer le risque de change (moins d’incertitude vis-à-vis des échanges, moins de coûts de transaction, amélioration des marges des entreprises) ; -Transparence au niveau des marchés ; -Empêcher les dévaluations ; -Réduire les déficits et endettements publics ; -Faciliter la circulation des capitaux. III. Critères de convergence Après la signature du traité, un taux de change fixe est mis en place (avec l’ECU_European Currency Unit_ comme monnaie commune). Des marges de fluctuations sont autorisées (lorsque les marges sont dépassées, il y a intervention de la BC pour dévaluer ou réévaluer la monnaie). Le système ne fonctionnant pas du fait des situations économiques différentes des pays (rajustements permanents, spéculations, dévaluations compétitives…), on décide de mettre en place une monnaie unique en mettant en place des critères de convergence : -Une inflation qui ne dépasse pas 1.5 point la moyenne des trois pays les moins inflationnistes ; -Un déficit budgétaire contenu en-deçà de 3% du PIB ; -Une dette publique inférieure à 60% du PIB ; -Un taux d’intérêt à long terme ne dépassant pas 2 points le taux moyen observé dans les trois pays où les taux sont les plus faibles. Ces normes sont en rigueur mais ne sont pas toujours respectées par les différents pays. IV. Stabilité budgétaire et croissance économique La stabilité budgétaire peut influencer la croissance et l’emploi de manière positive. En effet, les politiques visant à réduire les déficits des administrations publiques et l’accumulation de la dette publique vont permettre de maintenir la stabilité des prix et ainsi favoriser la baisse des taux d’intérêt. Ainsi, les investissements sont de plus en plus nombreux et le stock de capital augmente. De plus, en faisant intervenir les stabilisateurs économiques en cas de récession, les Etats ont l’occasion d’atténuer les effets cycliques. Quand un pays a un déficit budgétaire, il va se financer par la dette ; chose qui va créer de l’argent et entrainer une inflation. Si la demande n’est pas satisfaite, alors il y a une augmentation, des taux d’intérêt. Le service de la dette représente la part du budget de l’Etat que l’on est obligé de consacrer au remboursement de l’Etat. Les stabilisateurs automatiques représentent l’effet de stabilisation de l’économie grâce au budget de l’Etat. En périodes de récession, les recettes baissent, les agents consomment moins, la TVA diminue, ce qui aboutit à un déficit budgétaire. Les stabilisateurs, en distribuant du pouvoir d’achat, va permettre aux entreprises de survivre à la récession. Processus inverse lorsqu’il s’agit d’une expansion. (Un euro fort entraine des importations moins chères, des exportations pénalisées et des effets sur les salaires. Lorsque l’euro est déprécié, les entreprises qui exportent à l’extérieur de la zone euro sont avantagées). La difficile coordination des politiques économiques dans l’UE I. Pacte de stabilité et de croissance Le Pacte de stabilité et de croissance (PSC) est l’instrument dont les pays de la zone euro se sont dotés afin de coordonner leurs politiques budgétaires nationales et d’éviter l’apparition de déficits budgétaires excessifs. Il impose aux États de la zone euro d’avoir à terme des budgets proches de l’équilibre ou excédentaires. Il correspond au souci de l’Allemagne d’éviter qu’une fois entrés dans la monnaie unique, certains pays profitent de leur appartenance à la zone euro pour mener à nouveau des politiques laxistes. En effet, les critères de Maastricht réglementaient l’entrée dans l’UEM mais aucune règle n’avait été fixée pour contrôler les finances publiques des États une fois qu’ils en étaient membres. Une politique conjoncturelle permet de corriger les déséquilibres de la politique macroéconomique (politique budgétaire & politique monétaire). Une politique mixte est une politique qui combine la politique monétaire et la politique budgétaire. L’UEM ne peut mettre en place des politiques mixtes puisque les politiques budgétaires sont faites par les pays (un pays= une politique. Il n’y en a pas une de semblable). Fitoussi pense que l’inertie économique empêche la résolution des problèmes économiques à cause des règles (PSC). II. La crise de la zone euro *Différentes positions sur la responsabilité de la crise de la zone euro -Il existe une analyse sur les erreurs de conception de la zone euro ; -Et une autre analyse sur la mauvaise gestion des pays du Sud qui ont profité des taux d’intérêt bas pour s’endetter de manière excessive. *Différentes positions sur les stratégies pour sortir de la crise de l’euro -Il faut imposer des politiques de rigueur et faire des réformes pour que les entreprises regagnent en compétitivité (politique de l’offre) ; -Il faut mener des politiques budgétaires de relance pour soutenir la demande ainsi que des politiques monétaires (rachat de la dette publique par la banque centrale européenne). *Différentes positions sur les marges de manœuvre des politiques budgétaires des Etats -Soit on instaure des règles rigides pour obliger les Etats à réduire leur déficit budgétaire ; -Soit on tente de retrouver des marges de manœuvre des politiques budgétaires. III. Politiques non coopératives de l’Allemagne Les réformes du chancelier Schröder permettent l’installation de la TVA sociale allemande dont le but est de taxer davantage les produits et plus particulièrement les produits importés, diminuer les cotisations sociales pour favoriser les exportations (augmentation de la compétitivité et rééquilibrage de la balance commerciale). Il s’agit d’une politique non coopérative puisqu’elle profite uniquement au pays en question et se fait au détriment des autres pays. Les politiques ne sont donc pas harmonisées entre les différentes zones. De plus, les écarts se creusent davantage du fait des différentes situations des pays entrants dans l’Union Européenne. Ces derniers ont un niveau de développement faible, une protection sociale faible et une structure de production archaïque (industries lourdes, polluantes…). Suite à l’entrée de ces pays, il existe de fortes inégalités de développement et les moyens ne sont pas suffisants pour combler ces écarts : il y a donc une compétition interne très forte entre les pays. L’UE a du mal à harmoniser les effets des politiques non coopératives. Les pays du nord ont pour objectif la compétitivité et les exportations tandis que les pays du sud ont pour objectif la hausse de la consommation finale. IV. La situation de la zone euro Du fait de la convergence des taux d’inflation, les pays signataires de l’euro ont bénéficié de taux bas. Les taux d’inflation, cependant, varient d’une zone à l’autre. La BCE ne pouvant pas agir au cas par cas, n’a pas la possibilité de mettre en place des politiques différentes pour chacun des pays. Un taux d’intérêt réel négatif à la possibilité de faire diminuer la valeur de la dette : Les pays ont une dette fixe. L’inflation est présente. Donc les pays remboursent moins que ce qui a été emprunté. Les pays perdent moins d’argent que ce qui était prévu : ils ont financé leur croissance par l’endettement, ce qui les a empêché de mettre en place des spécialisations efficaces. Les pays du sud sont en situation de surendettement. Ils voient leur compétitivité diminuer et leur déficit commercial augmenter. Ex : Les pays du sud s’endettent ► ils consomment beaucoup ► en profitent pour consommer davantage de produits importés ► l’Allemagne augmente alors ses exportations. V. La zone euro, une zone monétaire optimale ? Selon Mundell, pour mettre en place une monnaie unique, il faut que la zone soit homogène. S’il n’y a pas d’homogénéité, il faut faire en sorte que des mécanismes compensent les différences. Il faudrait alors : -La mobilité du travail et du capital (afin qu’ils circulent là où ils sont les plus efficaces). Dans la zone euro, la mobilité des facteurs est en théorie possible, cependant, dans la réalité, le facteur travail se heurte à la barrière linguistique et la barrière culturelle ; -L’existence d’un budget fédéral (qui permet d’injecter de l’argent dans les régions qui en ont besoin). Les régions dynamiques sont prélevées au profit des régions moins dynamiques. Dans la zone euro, le mécanisme de stabilisation automatique n’est pas respecté (le budget européen est trop limité) et la mobilité des facteurs n’est pas toujours possible. Ainsi, la monnaie unique ne devrait pas avoir lieu d’être. VI. Les réponses à la crise de la zone euro Avant l’euro, pour restaurer leur compétitivité prix, les pays dévaluaient leur monnaie. Maintenant, les pays réalisent des déflations volontaires : chose qui entraine une baisse des prix, des salaires, du pouvoir d’achat et donc une diminution de la croissance. Pour atténuer les effets indésirables, les pays du nord doivent rééquilibrer les moteurs de la demande globale en soutenant le moteur de la consommation. Dans les pays du sud, au contraire, il est préférable de diminuer le moteur de la consommation intérieure afin de retrouver une compétitivité prix (augmenter les exportations et diminuer les importations). Pour résoudre les dysfonctionnements de la zone euro, il faudrait mettre en place une harmonisation fiscale, un budget fédéral, un renforcement des institutions européennes afin de pouvoir coordonner les politiques économiques. Les pays du sud pouvant profiter de crédits à un cout très bas, en ont abusé, créant ainsi une croissance artificielle et une dette très importante. Il y a eu une triple crise avec la crise de la dette, la crise de la zone euro et la crise bancaire. Pour mettre fin à a crise de la zone euro, des mécanismes ont été mis en place : -Le traité pour la stabilisation de la coordination et de la gouvernance (TSCG) : les déficits structurels ne doivent pas dépasser 0.5% du PIB ; -Le MES, Mécanisme Européen de Stabilité : fonds alimentés par les Etats, disposant de 80 milliards d’euros. Pour en bénéficier, il faut avoir signé le pacte ; -L’Union bancaire : qui permet de surveiller l’activité des banques, d’intervenir en cas de problèmes… Cependant, ces mécanismes ont des limites (le dumping fiscal n’est pas évités, le MES ne règle pas les problèmes de fond : l’hétérogénéité de la zone euro, tous les pays n’ont pas signé les accords…)