Les politiques de l’emploi Thème DPECF-JMK
Introduction :
Après la période des trente glorieuses, les économies occidentales s’engagent dans une longue phase marquée par l’apparition et le développement
de nombreux déséquilibres économiques entretenus par une croissance économique ralentie. L’Etat de par son intervention, cherche alors à recréer les
conditions d’une croissance saine et équilibrée en agissant via les outils à sa disposition.
Le principal soucis auquel se retrouve confrontés les décideurs politiques concerne la montée continue du taux de chômage (cf. tableau 1). Le
chômage, phénomène presque inexistant jusqu’à la fin des années 70, semble devenir une constante dans nos sociétés modernes.
La réponse à ce déséquilibre peut, et a pris différentes formes selon les pays et les périodes et les résultats obtenus sont disparates (cf. tableau
2). Il ne s’agit pas ici de juger de l’efficacité de telle ou telle politique, mais d’aborder le problème de la lutte contre le chômage dans sa diversité.
1 / Une problématique aux multiples aspects :
La problématique des politiques de l’emploi :
La politique de l’emploi ne se limite pas à la lutte contre le chômage, mais s’interroge plus généralement sur l’analyse de la situation du marché
du travail.
Marché du travail : lieu de confrontation entre d’une part, les offres d’emplois émanant des entreprises et d’autres part les demandes de travail
émanant des individus.
Si les offres d’emplois sont égales au demandes d’emploi, alors le marché est en situation de plein emploi, ce qui signifie d’une part, que les
entreprises peuvent satisfaire leurs besoins en main d’œuvre, et d’autre part que la force de travail disponible est pleinement employée.
La politique de l’emploi agit sur ces deux aspects et cherche donc à faire coïncider l’offre et la demande de travail afin de tenter d’assurer le
plein emploi.
Comme tout sujet portant sur le facteur travail (cf. chapitre relatif au facteur travail), la réflexion sur le marché du travail peut se faire autour de
deux axes :
o
Un aspect quantitatif :
le chômage a pour origine une insuffisance des offres d’emploi par rapport à la demande exprimée par les
individus.
o
Un aspect qualitatif
: qui renvoie à la notion d’employabilité de la main d’œuvre, et qui considère que le chômage provient en partie
de la non adéquation entre les offres d’emploi et les demandes d’emplois (problèmes de qualification…). En France par exemple, on évalue à plusieurs
centaines de milliers le nombre de postes de travail non occupés car la main d’œuvre nécessaire n’est pas disponible sur le marché.
Les différents moyens de mener une politique de l’emploi :
D’un point de vue général, l’Etat intervient via les politiques économiques qu’il met en place pour assurer et pérenniser une croissance économique
durable et équilibrée. Ainsi, l’Etat dispose d’un certain nombre de moyens pour agir directement ou indirectement sur le marché du travail.
o
L’outil budgétaire
: l’Etat peut soutenir l’activité économique en pratiquant une politique budgétaire de type contra-cyclique (
Exemple :
politique de grands travaux…).
o
L’outil juridique
: l’Etat encadre le fonctionnement du marché du travail de manière plus ou moins directe (
Exemple :
autorisation
administrative de licenciement…).
o
L’outil fiscal
: l’Etat peut favoriser l’utilisation du facteur travail au détriment du facteur capital (
Exemple :
baisse des charges sur les
salaires…).
o
L’outil éducatif
: l’Etat agit sur l’employabilité de la main d’œuvre au travers de la formation des individus.
o
Autres outils :
L’Etat agit selon une orientation générale de lutte contre le chômage (Exemple : emplois-jeunes, réduction du temps
de travail…).
Une approche à divers facettes :
D’une manière générale, la politique de l’emploi mise en place par les pouvoirs publics visent à agir selon des axes différents, ce qui explique la
diversité des actions engagées. On distingue :
o
Action conjoncturelle / action structurelle
: une action conjoncturelle cherche à compenser une baisse temporaire de l’activité économique
alors qu’une action structurelle cherche à modifier en profondeur le fonctionnement du marché du travail.
o
Action sur l’offre / action sur la demande
: une action centrée sur l’offre de travail vise à rendre la croissance économique riche en
emplois, alors qu’une action sur la demande cherche à réduire la quantité de travail disponible dans une économie ou à l’adapter à l’offre.
o
Action directe / action indirecte
: l’action directe de l’Etat sur le marché du travail s’accompagne d’actions indirectes mais dont les buts
recherchés visent à améliorer la situation de l’emploi.
o
Action passive / action active
: l’action passive se contente de réagir au phénomène du sous-emploi en limitant la quantité de main
d’œuvre inemployée alors qu’une politique active vise à prévenir toute situation de sous-emploi en agissant en amont du phénomène.
Une politique de l’emploi qui évolue dans le temps :
Les politiques de l’emploi évoluent en même temps que ce modifie la situation du marché de l’emploi. Pour résumer on peut dire que :
o la situation au début des années 80 s’est traduite par la mise en place d’une politique essentiellement conjoncturelle tournée du côté
de la demande d’emploi.
o L’apparition d’une situation de sous-emploi durable conjuguée à l’augmentation du chômage de longue durée s’est accompagnée d’un
réajustement des politiques de l’emploi au profit d’actions menées du côté de l’offre d’emploi.
o En définitive, la politique de l’emploi est devenue de plus en plus complexe entraînant une multiplication des interventions de l’État et
a nécessité la mobilisation de moyens humains et financiers de plus en plus importants. Les différents gouvernements qui se sont succédé depuis le début
des années 80 ont d’ailleurs tous placé la politique de l’emploi au cœur de leur discours de politique générale.
2 / L’analyse économique au service de l’emploi :
Toute tentative de compréhension des politiques de l’emploi passe par la connaissance des principales théories économiques servant de fondement
à l’action de l’Etat dans la sphère économique. La grande diversité des actions menées dans les pays développés pour lutter contre le chômage provient en
partie du fait que les actions menées se sont inspirées de courants de pensée qui n’apportent pas la même interprétation du phénomène du chômage en
économie. La politique de l’emploi n’est que le résultat de la mise en application concrète des recommandations apportées par l’analyse économique dans
son approche des déséquilibres existants sur le marché du travail. On oppose d’un point de vue théorique deux courants de la pensée économique :
Approche classique (ou libérale) de la politique de l’emploi :
o Principe général :
Pour l’école classique, le rôle central de la résolution des déséquilibres économiques est dévolu au marché : il faut laisser agir le marché qui va
de lui même s’ajuster pour favoriser l’équilibre entre l’offre et la demande de travail. Pour les classiques, une situation de sous-emploi doit se traduire par
une diminution du « prix » du facteur travail (le salaire). Cette baisse de prix accroît la demande de travail de la part des entreprises, ce qui résout le
déséquilibre initial de sous-emploi.
o La persistance d’un déséquilibre sur le marché du travail provient de l’intervention même de l’Etat dans la sphère économique qui
empêche les règles du marché de fonctionner correctement.
o Types d’intervention :
Action structurelle :
les actions conjoncturelles ne sont pas efficaces à long terme et constituent un frein à l’action de régulation du
marché. Il faut par contre rendre au marché sa liberté naturelle de fonctionnement (déréglementation du marché du travail), et redynamiser l’initiative
individuelle qui est au cœur de l’activité économique.
Action sur l’offre :
L’action de l’Etat doit donc se situer sur l’offre de travail afin d’accroître les quantités de facteur travail
demandées par les entreprises. Les interventions de l’Etat ne font que créer une distorsion entre le coût du facteur travail (accru par les charges
sociales…) et celui du facteur capital ce qui se traduit par une substitution du capital au travail et donc par la persistance d’une situation de sous-emploi.
Action indirecte :
les interventions directes dans la sphère économique étant prohibées, l’Etat doit se concentrer sur sa mission
fondamentale qui est de garantir le libre fonctionnement des lois du marché.
o Principales mesures de lutte contre le chômage :
Déréglementation du marché du travail afin d’accroître sa flexibilté, c’est à dire sa capacité à s’ajuster aux fluctuations de l’activité
économique : suppression de l’autorisation administrative de licenciement, développement de nouvelles formes de contrats de travail plus précaires…
Diminution du coût du facteur travail : abaissement ou suppression des charges sociales sur les bas salaires.
Stimulation de l’activité économique par une diminution des taux d’imposition sur les salaires et sur les bénéfices.
Approche keynésienne de la politique de l’emploi :
o Principe général :
L’approche keynésienne est diamétralement opposée à l’approche classique puisque le chômage a pour origine une insuffisance
de la demande adressée aux entreprises. Un accroissement de la demande permettrait donc d’accroître les perspectives de production des entreprises ce qui
se traduirait par des embauches supplémentaires.
L’insuffisance de la demande se traduit par une sous-utilisations des facteurs de production disponibles dans une économie.
Cette situation de sous-emploi ne peut se résoudre par elle-même puisqu’elle est synonyme de demande faible et donc d’activité économique réduite.
o Type d’intervention :
Action conjoncturelle
: l’Etat doit favoriser une inversion des perspectives de production en soutenant l’activité économique dans les
phases de ralentissement de la croissance. Cette action à court terme de l’Etat a, grâce au principe du multiplicateur keynésien, des incidences durables sur
l’activité économique (cf. le multiplicateur keynésien).
Action sur la demande
: l’Etat doit être l’initiateur d’un accroissement de la demande adressée aux entreprises en augmentant les
dépenses publiques. L’impact expansionniste de la politique de l’Etat sa traduit d’un point de vue comptable par l’apparition d’un déficit du budget de l’Etat.
Action directe
: à l’inverse des classiques, keynes préconise une action directe dans l’économie pour contrecarrer les risques de
ralentissement durable de l’activité économique.
o Principales mesures de lutte contre le chômage :
Augmentation des dépenses (hausse de l’investissement public via des politiques de grands travaux…) de l’Etat et/ou
réduction des prélèvements fiscaux.
Politique d’embauche publique et accroissement des salaires pour relancer la demande des ménages.
Rappel : approche socialiste
L’approche socialiste ne traite pas du problème du chômage puisque celui-ci ne peut exister (le chômage fut interdit dans les économies
socialistes). En effet, l’Etat en temps que seul producteur, organise, dans le cadre de la planification, la pleine utilisation des ressources économiques
(facteur travail et capital) et détermine lui-même le niveau de la demande (qui est égale aux quantités produites).
Il ne peut donc pas y avoir de déséquilibre entre l’offre et la demande car les ressources disponibles sont utilisées en totalité.
3 / La politique de l’emploi en France :
Approche générale :
o L’évolution du marché de l’emploi en France :
Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 marquent la fin de la
période de forte croissance appelée « trente glorieuses » et plongent les
pays développés dans une phase durable de « stagflation » marquée par
une croissance faible accompagnée d’une forte hausse des prix. En
conséquence, dans les 80, les politiques économiques sont orientées vers la
mise en place de politiques économiques de lutte contre l’inflation. Cet
arbitrage se fait parfois au détriment de la lutte contre les déséquilibres du le
marché de l’emploi.
Il en ressort que le chômage ne pas cesser d’augmenter au cours
de cette période. L’apparition d’un chômage de masse est une nouveauté
pour les pays développés qui n’avaient pas connus de tels taux de chômage
depuis les années 30.
Tableau 1 : Évolution du taux de chômage en % en France entre
1970 et 2001
Année
Taux de chômage
1970
1,6 %
197
3,7 %
198
6,2 %
198
10,3 %
199
9,2 %
1995
12,2 %
1999
10,8 %
2000
10 %
2000
9 %
o Une évolution des mesures mises en œuvre :
La première réaction des pouvoirs publics français a été la mise en place de politiques à l’accent clairement keynésien allié à une politique
passive d’indemnisation des chômeurs via les organismes de la Protection Sociale.
Les années 90 se caractérisent pour leur part par le succès des politiques économiques de lutte contre l’inflation. Cette victoire sur le front
monétaire se double d’une croissance économique faible (1,4 % en moyenne). En conséquence, les déséquilibre du marché du travail continue de
s’aggraver et le taux de chômage atteint 12,5 % de la population active. La persistance d’un chômage de masse pousse les pouvoirs publics à faire de la
lutte contre le chômage la priorité de la politique économique.
De plus, les résultats obtenus par certains pays dans la lutte contre le chômage incite les pouvoirs publics français à faire évoluer les modalités
de la lutte contre le chômage en adoptant une démarche s’inspirant de l’analyse classique.
En fait, la diversité des interventions de l’Etat sur le marché de l’emploi témoigne de la prise en compte de la complexité du phénomène du
chômage qui tient pour partie à des raisons conjoncturelles (« chômage keynésien ») et pour d’autre à des raisons d’ordre structurelles (« chômage
classique »).
Les principales actions entreprises dans le temps :
o
Action structurelle (sur l’offre):
Tableau 3 : Évolution de la précarité du marché du travail
Le maître mot des politiques engagées du côté de l’offre d’emploi est la recherche d’une flexibilité croissante du marché de l’emploi. Cette
flexibilité croissante, qui a pour but de rendre la croissance économique plus riche en emplois se traduit par une montée croissante de la précarité des
emplois. A ces CDD et autres temps partiels, la précarité du marché du travail se traduit par une montée des contrats aidés (424 000 en 1999 contre
moins de 100 000 en 1983) et surtout par un essor de l’Intérim qui atteint en équivalent le niveau de 447 000 emplois en 1999 contre un peu plus de
100 000 au début des années 80).
Actuellement, environ les deux tiers des emplois crées ne sont pas des contrats à durée déterminée.
De plus, les politiques économiques cherchent à rendre plus compétitif le facteur travail par rapport au facteur capital : suppression de l’autorisation
administrative de licenciement,
o
Action conjoncturelle (sur la demande) :
Le budget de l’Etat proche de l’équilibre pendant la période des trente glorieuses se creuse progressivement dés le premier choc pétroliers. Le jeu
normal des stabilisateurs automatiques se double d’une action de plus en plus volontariste des pouvoirs publics pour soutenir l’activité économique (embauche
de fonctionnaires…). De 43 milliards de Francs en 1975, le déficit budgétaire plonge à 153 milliards en 1985 et dépasse les 300 milliards au milieu des
années 90.
Tableau 4 : Une politique budgétaire expansionniste
1989
1990
1991
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
Croissance économique
(en volume)
4,3
2,5
1,1
1,8
1,9
1,1
1,9
3,2
2,9
3,7
Déficit public
(en milliards)
100
93
132
299
323
294
267
247
206
n.d.
Solde des APU
(% du PIB)
- 1,8
- 2,1
- 2,4
- 5,5
- 5,5
- 4,1
- 3,0
- 2,7
-1,8
- 1,4
Dette publique
(% du PIB)
39,9
39,5
40,3
55,3
59,3
62,4
64,7
65,2
65,0
63,9
Depuis 1975, le budget de l’Etat a toujours été déficitaire. La dette publique a donc considérablement augmenté pour atteindre plus de 65 % du
PIB en 1998.
Les principales mesures actuelles :
Le gouvernement Jospin a engagé un certain nombre de mesures à la fois conjoncturelles et structurelles pour lutter contre le chômage. Ces
principales mesures sont les suivantes :
o
Relance de la Demande
: hausse du SMIC, baisses d’impôts en faveur des ménages, moindre effort de réduction des déficits publics.
o
Réduction du temps de travail
: le passage aux 35 heures cherche à partager le travail disponible entre un plus grand nombre de
travailleurs (cf. fiche d’approfondissement).
o
Mise en place des emplois-jeunes
: pour lutter plus efficacement contre un chômage qui touche fortement la population active des
moins de 25 ans.
Rappel concernant le dispositif « emplois-jeunes »
L'enjeu de ce programme est double. Il s'agit à la fois de créer et de développer de nouvelles activités socialement utiles, qui
correspondent à des besoins locaux émergents ou non satisfaits, de permettre à 350 000 jeunes d'exercer ces activités et de se
professionnaliser dans les métiers correspondants.
Le succès de ce programme repose sur la capacité d'initiative de tous les citoyens et, en particulier, de ceux qui exercent des
responsabilités : élus, dirigeants d'association, d'établissement de droit public ou assurant la gestion d'un service public.
o
Ministère de l’emploi et de la solidarité
EMPLOI AIDÉ DANS LE SECTEUR NON MARCHAND :
CES ,CEC,CEV, EMPLOIS JEUNE :
Entrées
Entrées Cumulées
Entrées Cumulées
Effectifs
Août 2 001
Janv.01
à Août 01
Janv.00
à Août 00
fin
Août 00
Contrats Emploi-Solidarité : nouveaux contrats et
avenants
18 341
184 700
243 270
199 155
Contrats Emplois consolidés : nouveaux contrats et
avenants
9 730
94 012
89 063
119 647
Contrats Emplois ville : nouveaux contrats et avenants
53
779
1 445
2 396
Contrats Emploi Jeune :Total des embauches
3 258
3 776
43 233
186 234
o
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