1. Séminaire de Jean-Claude Milner
"Les pièges du Tout; réflexion sur les penchants criminels de l'Europe
démocratique".
Du 19 au 23 janvier 2003
Résumé de J.C. Milner
La société européenne moderne se veut illimitée. Tout extérieur possible
est donc pensé par elle comme un problème. Il appartient alors aux
politiques d'en trouver la solution, sans hésiter, s'il le faut, à user de
la force armée. Tel est l'espace matériel et conceptuel où le nom de Juif est devenu au
XIXe s. le nom d'un problème. Diverses, les solutions ont toutes un point
commun: elles tendent à l'extinction du problème. A cet égard, la "solution
définitive" (mal dite "solution finale") de Hitler est seulement la mise en
oeuvre criminelle d'un paradigme issu d'une politique des Lumières.
Ce dispositif, né en 1815, ne prendra définitivement fin qu'en 1945. Sous
l'effet d'une victoire presqu'entièrement non-européenne, il s'effondre et
laisse progressivement place à ceci: 1) l'Europe n'est plus un lieu pour
les armes; 2) la question des armes étant devenue non-pertinente, la
gouvernementalité perd toute autonomie; elle n'a qu'une seule fonction;
refléter avec une fidélité illimitée la société illimitée; le nom de la
relation de reflet fidèle est "démocratie"; 3) l'Europe démocratique a
résolu tous les problèmes du XIXe s. Dans cette Europe, qui est celle que nous
connaissons, le nom de Juif n'est plus licite: il ne peut plus nommer un problème, puisque
ce serait un problème du XIX e s. Il ne peut plus nommer une solution, puisque la seule
solution qui, au XXe s., ne ramène pas à Hitler, est la solution d'Israël.
Or cette solution suppose non seulement la possibilité de la guerre, mais
aussi la possibilité de la victoire. Mais il est essentiel à l'Europe que
la question des armes n'ait plus jamais à être posée d'aucune manière, et
surtout pas dans la distinction claire et distincte entre victoire et
défaite.
Conclusion: il y a place en Europe pour un antisémitisme de type nouveau; cet
antisémitisme est propre à devenir un point d'unité entre les diverses couches de la
société et les diverses nations du continent. Pour éclairer le parcours, le séminaire
posera les questions suivantes :
-quels sont les fondements du paradigme problème-solution ?
-quels sont les rapports entre les deux figures du Tout: le Tout illimité et le Tout limité ?
-la constitution de la politique classique, depuis Aristote, comme théorie des touts limités;
-l'émergence moderne des touts illimités comme acteurs historiques;
-la statistique comme mathématisation des tous illimités: le Léviathan moderne est-il
statistique ?
-le geste qui dit non au Léviathan statistique, et qui du même coup dit
qu'il y a un extérieur au socio-politique, est-il licite de le dire Juif ?
2. Séminaire de Jacques Taminiaux (Université catholique de
Louvain et Boston college)
« Le thème du retour chez Heidegger à l’époque de sa compromission
avec le nazisme. »
Du 23 au 27 mars 2003.
3. Séminaire de Jean Bollack (Université de Lille)
a) « Celan, poète juif ? Oui, entièrement, si la définition convient et
inclut le regard sur la tradition quelle qu’elle soit. Non, s’il s’agit