Construire et animer une sortie-découverte
On se place ici dans le cadre de sorties-découvertes, pour le grand-public, d’environ une demi-
journée et appelées à se répéter régulièrement (saison touristique, programme d’animations…).
1 - Attitude de l’animateur
L’animateur a une importance fondamentale dans le bon déroulement de la sortie et dans son impact
sur le public. Entre validité du contenu, vulgarisation du discours, mise en scène théâtrale, chaleur
humaine, médiation homme/nature, homme/environnement… Un équilibre à trouver, chacun à sa
manière, mais en connaissance de causes ! Et avec la maîtrise de techniques d’animation à ne pas
négliger.
1-1 Quelques généralités techniques
Présentation indispensable de l’animateur : qui il est, son métier, la structure pour laquelle il
travaille, les objectifs de la balade,ses intentions par rapport au public…
- L’animateur s’assure que tout le monde est là avant de commencer. Par la suite, il veille à ce que
le groupe reste bien constitué, ne s’effiloche pas, notamment en début de balade (vitesse lente).
Remarque : commencer de parler un peu avant le regroupement total peut être une tactique pour
faire accélérer les retardataires.
- L’animateur est en position « centrale » par rapport au groupe, tout du moins, au début de la
sortie. Il tourne le dos à un beau paysage qui, déjà, invite le public à la découverte. Il se
positionne entre l’objet du discours et le public. Classiquement, le « cheminement mental » se
fait en effet du public vers l’animateur, puis de l’animateur vers le paysage. Le premier regard du
public va donc à l’animateur. De plus, la nature fait plutôt « peur »au public (cf. François
Terrasson-« La peur de la nature »), l’animateur se trouve donc comme un intermédiaire entre le
public et la nature (accès peur / envie), il est là pour « rassurer » les gens, les guider, les mener
vers...
- L’animateur doit prendre soin du confort du public, y compris de son « confort intellectuel ». Le
public peut craindre de ne pas comprendre un discours trop scientifique, trop pointu, un jargon...
L’animateur commence donc par des choses simples.
- Il parle fort
- L’animateur est face au public (personne dans son dos !) ; il balaye l’auditoire du regard, il
s’adresse à tous et à chacun.
- C’est l’animateur qui a le soleil dans les yeux et, en cas de vent, c’est le public qui est « sous »
le vent.
- L’animateur se place en avant du groupe pour indiquer le chemin.
1-2La position et l’attitude de l’animateur ont une influence sur la dynamique du
groupe
Position un peu en hauteur (pas trop). L’animateur qui monte sur un piédestal permet de
donner un caractère plus théâtral à la séquence, à condition d’avoir quelque chose
d’important à dire : consigne, discours important, …
Animateur inclus dans un cercle : permet de se mettre au même niveau que son public,
les échanges sont plus équitables, l’animateur est soumis aux mêmes règles que les
autres. Cela favorise les échanges entre participants. Chacun peut voir et entendre les
autres.
Animateur au centre de l’espace pendant un moment de récolte « en boucles » :il envoie
les gens en mini mission, et ce sont eux qui viennent le retrouver toujours au même
endroit.
…etc. Voir polycop. « L’animateur en scène »
L’animateur peut avoir un équipement adapté à l’image que le public se fait. C’est un
naturaliste-randonneur ? Il a des chaussures de marche, des jumelles, une petite loupe,
un sac à dos… Aspect « mise en scène ».
L’animateur suscite l’intérêt sur des objets. Il va « gratter » quelque chose puis laisse
les groupes se former et en discuter… cela favorise ensuite la dynamique de boucles
évoquée précédemment.
L’animateur communique son enthousiasme, il donne vraiment le sentiment de
« s’éclater », se positionne comme passionné par la nature, à plat ventre pour montrer
ou observer quelque chose au ras du sol … Attention, il faut cependant rester attentif au
public, il s’agit ici de « forcer le trait », c’est réellement une question de mise en scène.
L’animateur se met dans une position inhabituelle. Exemple : regarder le même objet
mais sous un angle différent, la mise en commun est intéressante.
L’animateur peut aussi renvoyer sur des personnes ressources qui font partie du public.
Lors d’une marche avec un grand groupe, l’animateur est « chef » au départ, il mène le
rythme. Petit à petit il ralentit, peut se placer au sein du groupe et discuter avec les gens.
D’ailleurs, de manière naturelle, des petits groupes se forment classiquement après une
heure ou 1h30 de balade. Il devient alors plus difficile de reformer le groupe dans son
ensemble et de s’adresser à lui de façon collective.
L’animateur est toujours « en attention » : attentif à la sécurité physique, attentif au
questionnement des participants, attentif aux relations dans le groupe… Il invite aussi à
la réaction (quitte, parfois, à provoquer), à l’expression des opinions individuelles et,
pourquoi pas, à l’émergence de débats contradictoires (Attention cependant aux
polémiques… et aux individus polémistes).
Le polycop « Consignes pour l’animateur de sorties-nature » reprend certains des éléments ci-
dessus et apporte quelques considérations complémentaires.
1 - Commentaires sur la fiche « Préparation d’une animation »
Une sortie-découverte se prépare avec soin.
2-1 Inventorier le potentiel du site
Il s’agit de repérer les éléments les plus démonstratifs, les plus pédagogiques, ainsi que leur
localisation (et donc le moment de la balade où on va les rencontrer). Il conviendra ensuite de parler
de ces éléments au moment où on les a sous les yeux (si nécessaire, attendre d’être arrivé au bon
endroit pour répondre à d’éventuelles questions).
NB : ce potentiel n’est pas forcément utilisable en toutes saisons, en toutes circonstances (est-ce
judicieux de parler d’adaptation à la sécheresse en automne, sous la pluie ???).
Par ailleurs, le potentiel du site correspond aussi à ses possibilités «d’accueil», aux possibilités
d’organiser telle ou telle séquence. Ex : Présenter un point important alors que le groupe ne peut
être qu’en file indienne satisfera peut-être les deux premières personnes mais les 20 suivantes se
sentiront frustrées et exclues = objectif non atteint, et même impact négatif.
2-2 Choisir ses messages
Prévoir un ou deux messages forts = le thème de la balade, l’idée avec laquelle on veut
que le public reparte. D’où la nécessité de choix !
Les différentes séquences de la balade seront intégrées logiquement à ce thème.
Le titre de la sortie doit bien annoncer ce message, tout en étant « excitant » pour la curiosité.
Remarques :
1°) le titre est un élément de communication important (affichage, communiqués de presse…).
2°) outre la thématique générale, l’annonce de la sortie par voie d’affiche, presse…renseignera
aussi sur la durée, la difficulté technique de la balade (dénivelé, types de chaussures, apporter de
l’eau…), le public visé,etc.
3°) dans les centres de vacances, sur la place du village… on peut effectuer des petites animations
« spontanées » susceptibles d’intéresser et « d’accrocher » du public la veille de la sortie par
exemple.
2-3 et 2-4 Ecrire le scénario.
Choisir judicieusement l’enchaînement des séquences = fil conducteur pour faire passer le
message (entre 6 et 10 séquences en moyenne). Il faut trouver le compromis entre ce qu’on veut
dire et ce que le site met à notre disposition pour le dire, d’où l’importance donnée à l’inventaire
des potentiels.
Choisir le ton de la balade (dans quel langage, avec quels mots, avec quel rythme ?).
On peut mettre le public en situation plus ou moins réceptive par l’utilisation d’astuces (jeux
d’écriture, dessin de paysage…), par une mise en scène du public lui-même ou de l’animateur. « On
va faire un truc que vous serez les seuls à faire » (introduire de l’extraordinaire dans l’action, de
l’exceptionnel). Dans tous les cas, il faut oser… aller au bout de ses astuces (si on veut que les gens
s’imaginent être un chêne vert, il faut s’en donner les moyens).
Le fait d’écrire le scénario, de prévoir précisément la durée des séquences, ce qui va être dit ou
fait, la façon de le dire… libère l’animateur, qui pourra rapidement consacrer toute son attention
au public. Par ailleurs, l’écriture précise du scénario n’empêche pas de le modifier ou, au bout de
quelques temps, d’improviser. Cette écriture est un cadre où la spontanéité a sa place.
2-5 Quels outils va t-on utiliser ?
Il s’agit de tout le matériel qui va avoir une fonction pédagogique. Panneaux portables, cartes,
planchettes-supports, crayons et feuilles de papier, éléments surprenants cachés par avance en un
lieu précis …
Ces outils ne seront pas forcément très sophistiqués ; c’est leur impact qui compte (le résultat
obtenu par l’usage d’un instrument de mesure, la surprise provoquée…).
Remarque : Dans tous les cas, il est important de bien mesurer le temps que nécessite l’usage ou
l’exploitation de ces outils.
2-6 Evaluer la sortie
L’évaluation est un souci permanent de l’animateur. La satisfaction du public en fin de sortie est,
dans le cadre de telles animations, le principal élément concret d’évaluation et le plus facile à
recueillir (demander explicitement aux gens ce qu’ils en ont pensé !).
Cependant, il peut être utile de solliciter une tierce personne un collègue, un autre animateur
pour repérer d’éventuels dysfonctionnements, proposer des améliorations concernant le contenu
Là, ce n’était pas très clair », « trop pointu») ou les techniques d’animations (repérage des tics de
langages, de la bonne dynamique du groupe…).
On pourra aisément modifier le scénario : supprimer, déplacer, ajouter telle ou telle séquence…
Changer le ton, créer un nouvel outil…
Bonnes balades !
Ecologistes de l’Euzière
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