RESPEL/Vérité
Document de formation/Initiation aux soins palliatifs et à l’accompagnement
juillet 2007
La vérité.
Le droit des malades à l’information.
Vérité / Annonce / Information
« Dire la vérité au malade » cette affirmation se transforme d’emblée en questionnement « dois-
je lui dire ? » « Comment lui dire ? » « Sait-il ? » « Que veut-il savoir ? »
La vérité se décline pour les soignants en annonce de mauvaises nouvelles, en diagnostic
meurtrier.
Le médecin et l’équipe soignante détiennent bien une part de savoir qu’il leur appartient de
restituer. C’est cette vérité factuelle, parfois pronostique donc souvent incertaine, douloureuse,
qui met les soignants en difficulté. Une vérité à ce point violente, extrême, s’avère informulable.
La question ne consiste pas à se demander s’il convient ou non de restituer cette information
mais selon quelles modalités et avec quels objectifs.
Annoncer un diagnostic n’est pas informer sur la maladie. Les vérités diagnostiques et
pronostiques ne constituent pas toujours l’enjeu immédiat.
En effet ce n’est qu’une des facettes car la vérité c’est aussi ce que va vivre la personne malade :
que se représente-t-elle de sa maladie ? que vit elle de ses pertes ? quelles difficultés
rencontre-t-elle ? qu’est-ce ça va changer pour elle ?
La formulation d’une vérité n’est pas seulement un savoir sur une réalité, mais énoncer ce savoir
contribue à créer la réalité.
La vérité se situe dans la vérité d’une relation.
Que disent les textes sur le droit à l’information ?
La Loi du 4 mars 2002
1
Article 1111-2 : Toute personne a le droit d’être informée sur son état de santé. Cette
information porte sur les différentes investigations, traitements ou actions de prévention qui sont
proposés, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents ou graves
normalement prévisibles qu’ils comportent ainsi que sur les autres solutions possibles et sur les
conséquences prévisibles en cas de refus. Lorsque, postérieurement à l’exécution des investigations,
traitements ou actions de prévention, des risques nouveaux sont identifiés, la personne concernée doit en
être informée, sauf en cas d’impossibilité de la retrouver. Cette information incombe à tout
professionnel de santé dans le cadre de ses compétences et dans le respect des règles professionnelles
qui lui sont appliquées. Seules l’urgence ou l’impossibilité d’informer peuvent l’en dispenser. Cette
information est délivrée au cours d’un entretien individuel. La volond’une personne d’être tenue
dans l’ignorance d’un diagnostic ou d’un pronostic doit être respectée sauf lorsque des tiers sont exposés à
un risque de transmission.
Article 1111-4 : Toute personne prend, avec le professionnel de santé et compte tenu des
informations et des préconisations qu’il lui fournit, les décisions concernant sa santé. Le
médecin doit respecter la volonté de la personne après l’avoir informée des conséquences de ses choix. Si
la volonté de la personne de refuser ou d’interrompre un traitement met sa vie en danger,
le médecin doit tout mettre en œuvre pour la convaincre d’accepter les soins indispensables.
1
Loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé précise les éléments
essentiels concernant l’information qui est un droit.
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Article 111-7 : Tout personne a accès à l’ensemble des informations concernant sa santé
détenues par des professionnels et établissements de santé.
Article 35 du code de déontologie médicale
2
:
Le médecin doit à la personne qu’il examine, qu’il soigne ou qu’il conseille une information
loyale, claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu’il lui propose. Tout
au long de la maladie, il tient compte de la personnalité du patient dans ses explications et veille à
leur compréhension. Toutefois, sous réserve de l’article L. 1111-7, dans l’intérêt du malade et
pour des raisons légitimes que le praticien apprécie en conscience, un malade peut être tenu
dans l’ignorance d’un diagnostic ou d’un pronostic grave sauf dans les cas l’affection dont il
est atteint expose les tiers à un risque de contamination.
ANAES.
3
Six recommandations sont émises :
- Fixer un contenu à l’information à donner au patient
- Garantir aux patients des informations validées.
- Réfléchir à la manière de préserver les risques et à leur prise en charge (risque qui fait
partie intégrante des soins)
- Veiller à la compréhension de l’information par les patients
- Veiller à ce que les documents d’information aient une fonction strictement informative
- Veiller à ce que l’information soit intégrée comme un élément du système de soins
L’information constitue le pivot de la prise en charge des personnes malades et constitue pour
eux un droit affirmé par la loi. L’information doit être une démarche active permettant à la
personne malade, en tant que partenaire, de choisir tout en étant conseillé par son praticien qui
détient un savoir. L’information est alors la condition même du dialogue et de la démarche de
soin.
La vérité est au cœur de la relation, elle est autre chose qu’une information.
La relation soignant soigné autour de la vérité.
Plutôt qu’une « vérité médicalisée », il s’agit de respecter la demande du malade qui demande une
relation de vérité.
Emmanuel Hirsh
4
nous explique que :
« En soi, la vérité n’a de signification, de pertinence, qu’inscrite, intégrée, vécue et partagée à
travers une relation maintenue, toujours possible et porteuse de projet, de réciprocité.
S’affirmer en charge comme en responsabilité d’une vérité humaine, c’est accepter d’assumer, au-
delà d’une rhétorique ou d’une parodie, des devoirs d’humanité qui ne peuvent jamais se satisfaire
d’une parole de renoncement ou d’évitement.
On ne délivre pas une vérité comme s’il s’agissait d’une charge dont on se démettrait ! On assume
une parole et une présence interpersonnelles certainement plus fortes que toute révélation
impromptue.
2
mise à jour du 14/12/06
3
Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation de la Santé. Information des patients :
recommandations destinées aux médecins (mars 2000)
4
Revue JALMALV n° 70 septembre 2002 « Au-delà de l’annonce » p13
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La vérité renvoie au courage d’être présent à l’autre dans son attente humaine, donc, à cet effort
de perception d’écoute, de mesure, de pondération et plus encore de considération.
Il m’arrive même de concevoir, dans certaines circonstances, en quoi la vérité inassumable, pour
reprendre une formule du philosophe Emmanuel Lévinas, assénée sans autre forme à la personne
qui s’éprouve intimement menacée, s’avère perversion, falsification et mensonge radical : meurtre
de la personne dans sa faculté d’exister. L’homme n’est pas en mesure de survivre à ce que serait
le seul verdict d’une vérité de mort. Il convient même de le reconnaître et de le respecter dans
sa faculté de s’y refuser, de s’en protéger.
Respecter la vérité de l’homme, c’est lui permettre de la vivre selon son attente »
La vérité relationnelle renvoie donc à la prise de conscience des soignants des mécanismes de
protection des personnes malades, ces mécanismes sont aussi les leurs. C’est ce qui va permettre
l’accompagnement pas à pas de la personne malade sans devancer sa demande
Par ailleurs, seul le travail d’équipe peut lever les équivoques, les incertitudes, quand au niveau de
connaissance relative à la maladie de la personne prise en charge. Ainsi la parole libérée va
permettre de créer une confiance dans la relation soignant soigné mais aussi du sens dans le
projet de soins.
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