Dès le début du XVème siècle, les navigateurs portugais cherchent la route des Indes.
Ils procèdent par étapes successives en lançant des expéditions annuelles le long des
côtes d’Afrique. En 1498, Vasco de Gama atteint les Indes.
Pourquoi peut-on dire que l’expédition de Cabral en 1500 se situe à la charnière des
découvertes et de l’exploitation des mondes extra européens ?
Dom Manuel (que I'on surnomma le Fortuné) était un roi heureux. Chaque jour il rendait
grâce à Dieu d'avoir concédé à ses vaisseaux le privilège de naviguer sur des mers
nouvelles et à ses capitaines de découvrir de nouveaux mondes, permettant ainsi
I'agrandissement et la prospérité croissante de son royaume. Et il rendait surtout grâce à
Dieu de lui avoir, par ces moyens, donné le pouvoir de répandre la foi de Notre Seigneur
Jésus-Christ parmi ces grands peuples lointains et nombreux.
Il résolut donc […] de conquérir et de soumettre les royaumes de l'Inde en y envoyant
chaque année une armada.
Sur toutes ces questions, il tint beaucoup de conseils avec les principaux de son royaume
[…] et il parlait de la grande valeur du poivre et des épices qui s'obtenaient en échange de
marchandises d'Europe, d'où il s'ensuivait un grand profit; et il leur disait que ce profit serait
encore augmenté lorsque ce commerce se ferait d'une manière régulière et juste, quand on
n'aurait plus besoin de faire les dépenses […] qui avaient été inévitables pendant le premier
voyage de Dom Vasco de Gama et le premier contact avec ces peuples orientaux.
Tous approuvaient les saintes intentions du roi Dom Manuel. Le commencement était bon;
on connaissait déjà la route maritime de I'Inde et toute la côte orientale d'Afrique, Dom
Vasco avait ramené avec lui de bons pilotes de ces pays lointains...
L'armada se composait de dix grands vaisseaux pourvus de tout le nécessaire pour un
voyage […] d'une durée de deux ans : beaucoup de vivres, d'artillerie. Pour le
commandement général de I'armada, le roi choisit Pedro Alvares Cabral, gentilhomme de
bonne noblesse très savant et très compétent...
DAMIÂO DE GOES. Chronique du Sérénissime Seigneur Roi Dom Manuel. Publiée entre
1563 et 1567.
Le Brésil, une découverte due au hasard ? Le traité de TORDESILLAS de 1494 qui
repousse la ligne de partage entre domaine espagnol et domaine portugais très à
l’ouest des îles du Cap Vert peut donner à penser que le Brésil était déjà connu des
navigateurs portugais.
L'armada, afin d'éviter la côte de Guinée où les calmes plats sont fréquents et auraient pu la
retarder, poursuivit sa route en prenant très au large dans l'espoir de doubler ainsi avec plus
de sécurité le Cap de Bonne Espérance. Il y avait plus d'un mois que la flotte naviguait en
pleine mer […], lorsqu'elle arriva en vue d'une terre. […] Cependant. tous ces hommes
étaient tellement convaincus qu'il n'y avait point de continent à I'occident de I'Afrique, que les
pilotes croyaient fermement se trouver devant une grande île comme […] celles découvertes
par Christophe Colomb, appartenant maintenant à la Castille sous le nom d'Antilles... Mais
Pedro Alvares Cabral, voulant quand même savoir si cette terre était une île ou un continent,
navigua le long de la côte pendant toute une journée et, n'en voyant point la fin, s'arrêta […]
JOÂO DE BARROS Décades de l'Asie. Publiées au Portugal entre 1552 et 1570
Cabral ne resta que dix jours à Porto Seguro mais entra en contact avec les
Amérindiens.
Ils ont le teint sombre, tirant sur le rougeâtre, les traits réguliers, le nez bien dessiné, la
stature de belles proportions. Ils sont nus et ne portent aucun vêtement. Ils n'éprouvent pas
plus de gêne à exposer leurs parties basses qu'à montrer leur visage et sur ce point, ils sont
d'une extrême innocence. […] Lorsqu'ils montèrent à bord, I'un d'eux, apercevant le collier
du capitaine tendit la main vers la terre ferme, puis vers le collier comme pour nous dire qu'il
y avait de I'or dans son pays.
Lettre au roi Manuel de PEDRO VAZ DE CAMINHA, secrétaire de la flotte de Cabral, datée
de Porto Seguro , le 1er mai 1500. Corografia Brasílica 1817 .
Pedro Alvares (Cabral) trouva ces gens si innocents et si simples qu'il décida de faire
célébrer une messe à terre, le lendemain, par Frère Henrique.. Avant son départ de Porto