maximum les alizés et met le cap sur le sud-ouest. Elle touche sans s'en douter la côte de
l'Amérique, au Brésil. Cabral la baptise terre de la Vraie-Croix (Vera Cruz, qu'on
transforma en Santa Cruz), la longe pendant une journée en descendant vers le sud, puis
reprend sa route vers l'Afrique après avoir détaché un navire pour apporter à Lisbonne la
nouvelle de sa découverte. Après des tentatives infructueuses de commerce sur la côte
orientale africaine, il arrive en août devant Calicut. Il ne lui reste que six vaisseaux.
D'abord en bons termes avec le zamorin, il se brouille peu après avec lui, doit abandonner
la ville en incendiant quinze navires maures et rentre en Europe.
C'est alors que Vasco da Gama organise sa seconde expédition. En février 1502, il part
avec quinze navires, suivi en avril par son neveu, Estevão da Gama, à la tête de cinq
autres unités. Il ne s'agit plus d'explorer, mais d'imposer la domination portugaise. Vasco
da Gama reprend le chemin de l'Europe en février 1503, laissant dans les mers des Indes
une petite escadre de surveillance sous les ordres de Sodré. Ce dernier s'étant perdu corps
et biens sur la côte d'Arabie, une nouvelle expédition arrive, en 1504, sous les ordres
d'Alphonse d'Albuquerque, qui construit un fort près de Cochin : c'est le premier
établissement permanent des Portugais en Inde.
• Les vice-rois Almeida et Albuquerque
Cochin ne doit pas rester le seul poste portugais, si l'on veut briser définitivement le
monopole arabe et la coalition de tous ceux qui en profitent au Moyen-Orient et jusqu'à
Venise. Aussi le roi Manuel envoie-t-il un « vice-roi », Francisco d'Almeida, avec une
flotte de quinze vaisseaux, dont certains atteignent 1 500 tonneaux, et l'ordre d'organiser
le nouvel empire. Le vice-roi non seulement lève des tributs et construit des forts, mais
encore organise des flottilles, dont certaines unités sont construites sur place ; il crée
même un service de pilotage. Dès lors le commerce des épices, des pierres précieuses et
des parfums est aux mains des Portugais, dont les bases principales sont Cochin et
Cananor. Ils y apportent en échange des métaux, plomb et cuivre, cinabre et mercure, du
corail, surtout des monnaies. Les navires arrivent en septembre et repartent en janvier.
Les plus rapides sont rentrés à Lisbonne pour le mois de juin, les plus lents pour l'année
suivante.
Le successeur d'Almeida, Albuquerque, est plus ambitieux. La plus grosse partie des
épices, négociée sur la côte de Malabar, n'y est pas produite. Elle vient de plus loin, des
Moluques. Dès 1509, une flotte a atteint Malacca qui jouait alors, entre l'océan Indien et
l'Extrême-Orient, le rôle actuel de Singapour. Mais cette flotte est victime d'un guet-
apens musulman. Pour la venger, Albuquerque quitte sa capitale de Goa en 1511, atteint
Malacca, y obtient le concours des Chinois, puis, grâce à eux, entre en relation avec le
Siam. Il va alors jusqu'à Amboine, puis revient à Ormuz pour écraser une coalition turco-
arabe. C'est à ce moment que se placerait son projet d'affamer l'Égypte en déviant le Nil.
Si vraiment il y pense, il n'a guère le temps de réaliser son dessein : les fièvres
l'emportent en 1515.
Vers cette époque, le Brésil prend plus d'importance dans les préoccupations du roi de
Portugal, qui passe des contrats pour l'exploitation du « bois Brésil ». En 1630 une