Le commerce équitable en chiffres

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Les Débats de Musiques Métisses 2006
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Développement et Droits:
Entre Dettes Et Héritages
PEUT- ON FAIRE DU COMMERCE EQUITABLE EN CHARENTE ?
L’économie sociale et solidaire
L'économie sociale est issue de "l'associationnisme" du XIXème siècle, qui a émergé pour répondre à
des besoins non satisfaits, plus ou moins vitaux selon les époques et les situations de crise. Prenant à
ses débuts appui sur les Bourses du Travail, ce mouvement s'est fondé sur la possibilité de se
regrouper, pour entreprendre, des personnes et non seulement des capitaux. Son originalité vient de
ce que, pour agir, des individualités se réfèrent à une appartenance commune (parfois géographique,
ou culturelle ou sociale...) et à un objectif partagé. Ainsi dans l'économie sociale, le "principe de
nécessité" se conjugue-t-il de façon systématique avec le "principe d'identité collective". Depuis une
vingtaine d'années, un certain nombre d'acteurs de la société civile, engagés ou non dans les réseaux
de l'économie sociale, se sont mobilisés afin de proposer une réponse alternative aux mutations
sociétales auxquelles les organisations en place -publiques ou privées- ne permettent pas de
répondre pleinement (crise structurelle de l'emploi qui nécessite de trouver des alternatives au seul
salariat, prise de conscience des risques environnementaux à l'échelle locale et globale...)
L'économie solidaire se positionne comme une approche "culturelle", celle du "faire autrement". Elle
correspond à une volonté affirmée de développer des initiatives fondées sur des principes
d'association, de coopération, de mutualisation...mais aussi, de façon plus large, hors de l'entreprise,
sur des pratiques de partenariat, de réciprocité, de transversalité dans les projets, de mobilisation
territorialisée. Pour les acteurs de l'économie solidaire, ce qui est en jeu c'est de se positionner de
façon marquée dans une ambition, celle du "au nom de quoi on fait". Ici l'acte économique est au
service des nouvelles solidarités et répond à des critères éthiques (la place des salariés et des
usagers, le choix des activités) Il ne se réfère pas seulement au très court terme (la crise ou l'urgence)
mais recherche la mise en perspective, la "viabilité" durable des projets.
L'originalité de l'économie solidaire est d'apporter des réponses précises et concrètes aux difficultés
de liaison entre des actions locales et la possibilité d'une large démocratisation de l'économie. La
diversité des démarches explique que les actions dans une perspective d'économie solidaire ne se
laissent pas enfermer dans un statut juridique. Par contre leur actualité se révèle des différents
contextes au Nord (recomposition et renouvellement associatifs dans l'ensemble de l'Europe,
nouvelles coopératives de solidarité sociale en Italie et en Suède, développement économique
solidaire dans les pays anglo-saxons, groupes d'auto-assistance en Allemagne), et au Sud
(structuration d'un mouvement parti de l'économie souterraine de survie pour aboutir à des
organisations économiques génératrices de statuts et revenus stables que ce soit en Afrique, en Asie
ou en Amérique Latine). (http://www.ardes.org/)
L'économie solidaire ne saurait en aucun cas constituer une "économie-balai" qui ramasserait les
laissés-pour-compte de la compétitivité. Elle manifeste au contraire la volonté de réconcilier initiative
et solidarité, alors que ces deux valeurs ont été trop souvent séparées : à l'économique, l'entreprise et
au social, le partage. L'économie solidaire ne saurait non plus se confondre avec d'autres formes
d'économie dans une espèce de secteur fourre-tout qui légitimerait l'éclatement de la condition
salariale : que ce soit avec l'économie caritative qui présente le risque de substituer la sollicitude et la
bienveillance au droit, nous ramenant plus d'un siècle en arrière quand la philanthropie voulait
soulager la misère en moralisant les pauvres ; ou encore avec l'économie informelle qui ne permet
guère que la survie des plus défavorisés sans leur permettre de reprendre pied dans la vie de la cité.
Le commerce équitable
Le commerce équitable est un des « outils » de l’économie solidaire qui comprend aussi : le microcrédit, le tourisme équitable - durable – solidaire – responsable – éthique – solidaire et le
développement durable. L’économie solidaire c’est enfin et surtout la pierre que chacun apporte à la
construction d’un monde meilleur, encourageant son prochain à s’en sortir dans la dignité (en se
renseignant sur le coût réel du pull en alpaga qu’il va acheter au lieu de marchander avec
acharnement par exemple…). (http://www.pampa-asso.org/commerce/ecosol.php)
Le commerce équitable est un commerce social dont le but n’est pas la recherche du profit maximal
mais l’aide au développement. Il entend intervenir comme un « complément » au commerce
international traditionnel. Apparu dans les années 1960 sur l’initiative d’organisations non
gouvernementales en Angleterre et aux Pays-Bas, il a pour vocation d’encourager l’activité des
coopératives d’artisans dans les pays en développement, et ce de manière durable. La notion de
commerce équitable s’est progressivement précisée dans les pays occidentaux qui ont pris
conscience que les bénéfices de la croissance des échanges et du commerce n’étaient pas partagés
de manière équitable par tous les pays ni par toutes les couches de la population mondiale.
Le commerce équitable garantit ainsi à des petites coopératives de producteurs un contrat à long
terme et la fixation d’un prix minimum pour éviter la fluctuation des cours. Cela doit leur permettre de
mieux répondre à leurs besoins fondamentaux (santé, éducation, logement) et d’investir dans le
développement de leurs communautés. En ce sens, il n’obéit pas aux règles du marché classique. De
plus, la vente se fait sans intermédiaires et la production est en partie préfinancée pour éviter le
recours à des crédits exorbitants. En contrepartie, le producteur s’engage à fournir un produit de
qualité, à respecter les normes sociales établies par l’Organisation Mondiale du Travail et à consacrer
une partie du produit de la vente à des projets de développement (éducation, amélioration des
conditions de vie…). Visant à établir un rapport d’échanges satisfaisants pour tous - du producteur au
consommateur - le commerce équitable est fondé sur les principes suivants :
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Assurer une juste rémunération du travail des producteurs et artisans les plus défavorisés,
leur permettant de satisfaire leurs besoins élémentaires : santé, éducation, logement,
protection sociale,
Garantir le respect des droits fondamentaux des personnes (refus de l’exploitation des
enfants, de l’esclavage...),
Instaurer des relations durables entre partenaires économiques,
Favoriser la préservation de l’environnement,
Proposer aux consommateurs des produits de qualité.
Les femmes et le commerce équitable
« Il y a toujours quelqu'un de plus pauvre que l'homme pauvre. C'est sa femme. » Du berceau à
la tombe, les femmes connaissent une discrimination sociale et économique (variable selon les pays).
70% des personnes vivant dans la pauvreté absolue sont des femmes. Il y a un fossé énorme
entre le rôle que les femmes jouent dans la société et le bénéfice qu'elles en reçoivent.
Les femmes sont au centre du mouvement de commerce équitable. Elles représentent plus de
80% des bénévoles qui travaillent dans les magasins et une part importante des groupes de
producteurs. Outre les bénéfices escomptés de l’expansion de ce marché naissant sur les petits
producteurs des pays en développement, la plupart des programmes de commerce éthique/équitable
intègrent la dimension du genre dans leurs grandes orientations : elles tiennent compte du respect du
rôle des femmes dans leurs critères, à la fois au Nord et au Sud, et s'engagent à fournir une formation
et une éducation appropriées. Elles tendent aussi à reconnaître le travail des femmes, de maintenir
leur emploi, d'améliorer leur niveau de revenu, d'assurer leur accès aux technologies, au crédit et aux
prises de décision.. S’il importe de reconnaître et de traiter les limites de ces programmes 1 et de les
examiner plus avant du point de vue du genre, ils constituent des exemples positifs du potentiel du
commerce éthique/équitable en matière d’autonomisation des femmes. Une évaluation d’impact du
programme Fair Trade d’Oxfam a montré que quand les revenus du commerce équitable vont
directement dans les mains des femmes, leur autonomie augmente dans la sphère domestique et
dans la communauté. Néanmoins, c’est la participation des femmes à la prise de décision dans les
groupes de producteurs qui détermine véritablement les bénéfices économiques et sociaux qu’elles
tirent du commerce équitable.
Le commerce équitable en chiffres:
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Les organisations de commerce équitable importent en provenance de 45 pays du Sud et
sont en contact avec environ 800 partenaires commerciaux. Cet échange a permis à près
de 800 000 familles productrices, soit quelque 5 millions de personnes, d'améliorer leur
niveau de vie au quotidien. Les revenus des producteurs de la filière du Commerce Equitable
sont supérieurs des 2/3, voire du double, à ceux des producteurs du commerce traditionnel.
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Volume des produits faisant l’objet d’un commerce équitable (en 2000) : 200 millions
d’Euros, soit à peine 0,1% du commerce européen avec le Tiers Monde, avec un taux
annuel moyen de croissance : 5%.
2500 produits « équitables ».
3000 magasins du mouvement équitable dans 18 pays (120 en France contre 60 en 1995),
impliquant près de 100 000 volontaires.
Points de vente de produits équitables : 70 000 points de vente, 33 000 commerces ordinaires
et 50 chaînes de supermarché.
Produits alimentaires : en moyenne 60% du chiffre d’affaires au détail du commerce
équitable.
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Re-politiser les enjeux du commerce équitable dans l’économie solidaire…
La perspective d'économie solidaire renoue avec l'origine de l'économie sociale mais elle se doit aussi
de tenir compte des enseignements fournis par l'histoire de cette économie sociale. Avec le temps
dans l'économie sociale, le rôle économique des organisations s'est renforcé aux dépens de la
dimension politique. La démocratisation des rapports sociaux a été envisagée uniquement à l'intérieur
des organisations et en termes de propriété collective. Or les expériences ne peuvent se développer
qui si les cadres institutionnels leur sont favorables et la propriété des moyens de production, si elle
est nécessaire, n'est pas suffisante pour assurer la démocratie interne. Des initiatives de mise en
réseau entre des organisations de l’économie solidaire de par le monde son entrain de voir le jour.
Le commerce équitable, qui ne représente que 0,02% du commerce mondial, enregistre pourtant une
hausse annuelle de 50%.Alors que 9% des Français connaissaient l’expression "commerce équitable"
en 2000, ils sont désormais 74%, selon une enquête Ipsos. Principale explication : la vente
progressive des produits issus du commerce équitable dans les supermarchés a fortement contribué à
sa renommée. Malgré cela, le commerce équitable demeure un levier marginal en termes d’impact sur
les conditions de vie et de travail des groupes de producteurs au Sud et sur les règles du commerce
international.
La perspective du « commerce transparent » essaie d’ouvrir d’autres débats sur la responsabilité
sociale des organisations du commerce équitable et de la grande distribution. En effet, la grande
distribution commerciale jusqu’à 70% des produits équitables. Aujourd’hui, les grandes enseignes de
la distribution ont compris que la vente des produits du commerce équitable était un moyen efficace
de lutter contre la méfiance grandissante des consommateurs. Les grands supermarchés ont
désormais des linéaires réservés au commerce équitable, redorant par la même occasion leur image
de marque. Ceci donne lieu à une « dénaturation et la banalisation du terme « Commerce équitable »
et à son utilisation sans aucune garantie ni traçabilité. L’attrait d’un marché à très fort potentiel de
croissance attire les convoitises d’une multiplicité de structures existantes qui ne se sont jamais
préoccupées de l’équité dans leurs relations commerciales, et d’une course à la labellisation entre
1
Sur ce sujet, voir CNUCED 2004 et Carr 2004.
différents organismes certificateurs. Ces labellisateurs mettent en place des chartes ou des cahiers
des charges plus ou moins exigeants afin de pouvoir certifier le plus grand nombre de «clients». La
grande distribution profite de cette nouvelle niche commerciale pour séduire le consommateur avec
une image qui ne correspond pas à sa politique commerciale et salariale. (http://www.transparenttrade.org/)
Finalement, la pertinence de faire du commerce équitable et solidaire Nord-Nord est de plus en plus
présente dans les débats, notamment au regard de la grande distribution qui, bien que
commercialisant les produits équitables du Sud persiste à des pratiques de commerces très
inéquitables avec les producteurs du Nord. En Bretagne par exemple, l’alternative prônée par
quelques pionniers est de supprimer les intermédiaires entre producteur et consommateur. Le
magasin Brin d’Herbe, implantée en périphérie de Rennes, est ainsi tenu par des agriculteurs qui
vendent directement leur production aux consommateurs. Certes, dans ce cas précis, les petits
producteurs du Sud ne sont pas les grands gagnants. Mais les agriculteurs locaux, eux, y ont trouvé le
moyen de survivre…
S’informer et s’impliquer tout Net
IUCN, Fair Trade: Gender Makes a Difference
http://app.iucn.org/congress/women/Fair%20Trade.pdf
OXFAM, Evaluer l’impact du commerce équitable (en anglais)
http://www.oxfam.org.uk/what_we_do/issues/gender/links/0700ft.htm
Promotion du commerce éthique avec prise en compte des femmes (en anglais) : Cet article se
penche sur les stratégies des organisations de femmes du Nicaragua et Honduras pour promouvoir
les droits du travail des femmes http://www.cawn.org/newsletter/14/ethical_trade.html
Commerce éthique dans l’horticulture africaine: Relations de genre, droits et participation (en anglais)
http://www.ids.ac.uk/ids/bookshop/wp/wp223.pdf
- Jaffee, D., Kloppenburg, J. and Monroy, M, 2004, 'Bringing the "Moral
Charge" Home: Fair Trade within the North and Within the South', Rural
Sociology 69.2: 169-196
http://www.globalexchange.org/campaigns/fairtrade/moralcharge.pdf
Organisations
1. Commerce transparent http://www.transparent-trade.org/
2. Plateforme du commerce équitable http://www.commercequitable.org/fra/plate.php
3. ARDES http://www.ardes.org/S2%20en%20savoir%20plus.html
4. Articles d’actualité sur l’économie solidaire
http://www.territorial.fr/PAR_TPL_IDENTIFIANT/18/TPL_CODE/TPL_LDC_NEWS_FICHE/130-lettresd-information-de-la-collectivite-territoriale.htm&choix=last
5. International Fair Trade organisation - http://www.ifat.org/
6. Medialter http://www.educ-pop.org/401
7. Mediasol http://mediasol.penelopes.org/xdossier.php3 (archives)
Organisations à contacter en Charente
COLLECTIF COMMERCE EQUITABLE
MPP
50 rue Hergé
16000 Angoulême
05 45 92 48 32
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