* Les critiques viennent des naturalistes, systématiciens et paléontologistes : où se situe le lien
entre les changements de fréquence allélique au sein des populations et les faits évolutifs
( évolution des espèces, apparition de nouvelles espèces, apparition de nouveaux taxons ) ?
C - La théorie synthétique ( # 1940 ) ou néo-darwinisme
Julian Huxley, Ernst Mayr, Théodosius Dobzansky, George Gaylord Simpson
En 1942, J. Huxley crée le terme de synthèse évolutive pour cette théorie qui unit les connaissances de
toute la biologie [ biochimie, biochimie de l'hérédité, génétique généalogique et génétique des populations,
cytologie, physiologie du développement, biologies animale et végétale, écologie, éthologie,
biogéographie, paléontologie, systématique ], de la géologie [ en particulier la radiochronologie et la
tectonique globale] et l'analyse mathématique.
Présentée ainsi, la théorie synthétique de l'évolution n'est pas un dogme mais un instrument de travail
susceptible d'évoluer en intégrant sans cesse les derniers progrès et découvertes.
Principes de la Théorie synthétique
1) principe prenant en compte le temps à l'échelle géologique :
* la structure de l'espèce est restée identique du passé à l'actuel ( cf. définition de E. Mayr );
* les mécanismes actuels de l'évolution sont les mêmes que ceux ayant agi dans le passé.
[ " c'est l'actualisme appliqué à l'évolution " ]
2) l'unité évolutive : la population
* l'espèce, constituée de populations, manifeste une variabilité héréditaire;
* l'unité évolutive n'est pas l'individu ni le couple de géniteurs et sa descendance mais la population
[ la génétique généalogique mendélienne s'efface derrière la génétique des populations ].
3) le changement évolutif :
La théorie synthétique reconnait l'existence de 2 modalités évolutives: anagènèse et cladogènèse.
L'anagènèse correspond à l'évolution temporelle d'une lignée unique ( transformation discrète, graduelle
et irréversible : la transformation évolutive ne peut pas être ici une transformation radicale majeure - i.e.
totale, immédiate et de grande amplitude - car elle romprait l'adaptation de l'individu à son milieu ). Dans
ce cas , une lignée descendante remplace une lignée ancestrale dans la continuité.
La cladogènèse correspond à la scission d'une lignée ancestrale en 2 lignées descendantes.
Le gradualisme phylétique postule une évolution lente, progressive par sommations de petits
changements
( micro-évolution ).
4) mécanisme du changement évolutif :
Les transformations évolutives sont dues à des changements génétiques élémentaires aléatoires et
brusques
( mutations ponctuelles, géniques et chromosomiques ====> ou mutation au sens large ).
5) orientation du changement évolutif : la sélection naturelle
A toute mutation s.l. ( et à la transformation correspondante ) peut être attribuée une valeur adaptative et
sélective
* valeur positive si elle procure un avantage par rapport aux individus non mutants;
* valeur négative dans le cas inverse.
Ces transformations sont triées par le milieu via la sélection naturelle: un allèle est retenu ou éliminé en
fonction de sa valeur adaptative.
La sélection naturelle ne doit pas être abordée sous l'angle négatif de l'élimination de l'individu le plus
faible mais sous l'angle positif d'une population qui s'adapte au milieu de vie grâce à la transmission aux
descendants des allèles avantageux pour l'espèce dans ce milieu.
La théorie synthétique concilie la sélection naturelle et la génétique mendélienne.
6) l'effet amplificateur du temps.
Si une ( ou des ) mutation(s) favorable(s) se produi(sen)t en grand nombre dans une population et si
elles se répète(nt) sur plusieurs générations, alors les mutants favorisés envahissent la population qui
évolue naturellement vers une autre espèce. Les processus évolutifs sont ramenés à des changements de
fréquence allélique au sein des populations.
Avec le temps, au fil des générations, et par addition / répétition de changements minimes (
micro-évolution ) se produisent des transformations majeures ( macro-évolution ) .