Conflit et changement social à partir de l`analyse de Marx L`objectif

Conflit et changement social
à partir de l'analyse de Marx
L'objectif de la présentation est de montrer avec l'analyse marxiste que la société capitaliste porte en germes une
lutte des classes à l'origine d'un changement social radical, révolutionnaire et qui signifiera la fin des situations
d'oppression.
Plan -Résumé
I : La lutte des classes est déterminée par les conditions matérielles de la production
A : La base économique détermine les classes sociales, exemple de la société capitaliste
Dans une perspective matérialiste, les classes sociales sont déterminées par le mode de production. L'analyse
théorique conduit à l'identification de deux classes dans le mode de production capitaliste, la classe bourgeoise et
le prolétariat.
B : les classes sociales reflètent des relations de domination
Derrière les rapports de production se dissimulent une relation de domination qui prend les formes de
l'exploitation, de l'aliénation et le capitalisme conduit logiquement à leur exacerbation.
II : ...…et est le ressort du mouvement historique
A : la lutte des classes ; moteur de l'histoire
La lutte des classes concerne toutes les sociétés et l'analyse matérialiste dialectique conduit à comprendre le réel
et son évolution à partir du développement des contradictions au sein des modes de production. La lutte des
classes et le changement social ne peuvent s'envisager que lorsque les forces productives sont suffisamment
développées pour que les contradictions rendent nécessaire le conflit.
B : les spécificités de la lutte des classes dans le mode de production capitaliste
La lutte des classes et le changement social ne peuvent s'envisager que lorsque les forces productives sont
suffisamment développées.
Le capitalisme présente les caractéristiques de simplifier les rapports de domination et d'être la dernière étape
dans l'évolution des sociétés où l'on observe des relations de domination. En effet, la révolution prolétarienne est
la révolution de la majorité sur une minorité et se fera au profit de tous (disparition de l'oppression, affirmation
de l'homme total) ce qui permet de passer de la préhistoire à l'histoire des sociétés. Le prolétariat est défini
comme détenant les clés de l'histoire.
C : la nécessité de l'affirmation d'une conscience de classe
Les conditions d'existence déterminent la conscience de l'individu et éventuellement (si les individus
entretiennent suffisamment de relations sociales) une conscience de classe. Alors, on passe de la classe en soi à
la classe pour soi (classe consciente de ce qu'elle est), véritable agent historique de la révolution sociale. La
notion de classe pour soi est importante car elle signifie que les contradictions économiques (lesquelles d'ailleurs
ne sont pas démontrées par Marx) ne sont pas suffisantes pour qu'on change de mode de production et elle
permet de réintroduire les hommes dans le devenir de la société (même si leur conscience est déterminée
relativement à la perspective dialectique matérialiste). La lutte des classes pose néanmoins le problème du
paradoxe de l'action collective (voir Olson).
III : quelques remises en cause de l'analyse marxiste
A : la disparition du capitalisme ne signifie pas la disparition de l'Etat.
Selon Marx, l'Etat est un instrument de domination et l'apparition d'une société sans classe signifie aussi la
disparition de cet instrument de domination. Or, même s'il ne s'agit plus de faciliter l'extorsion de la plus-value,
l'organisation bureaucratique doit perdurer dans une société complexe pour coordonner les actions individuelles.
Si le prolétariat devient une classe universelle, cela ne signifie pas pour autant que l'Etat cesse d'orienter de façon
plus ou moins coercitive les actions des individus.
B : lutte des classes et moyennisation de la société
La moyennisation de la société déjà envisagée par Tocqueville, puis par d'autres auteurs classiques (Weber,
Simmel), remet en cause la bipolarisation de la société envisagée par Marx et au delà , la séparation irréductible
entre les bourgeois et les prolétaires. Les salariés se satisfont du système capitaliste. Ainsi doit-on admettre la fin
de la lutte des classes au sens marxiste (cf le thème de la crise du syndicalisme).
COURS
I : La lutte des classes est déterminée par les conditions matérielles de la production
Au 19ème siècle, de nombreux auteurs s'interrogent sur le devenir de la société industrielle naissante où les
divergences d'intérêts entre les capitalistes et les ouvriers sont toujours plus visibles. Pour la plupart et en
particulier pour Auguste Comte, la divergence d'intérêts entre les ouvriers et les capitalistes est le résultat de
dysfonctionnements que la société industrielle saura corriger. Telle n'est pas la position de Marx qui envisage
plutôt une analyse en termes de lutte des classes, inhérente au système et porteuse d'un changement social
révolutionnaire.
A : la base économique détermine les classes sociales, exemple de la société
capitaliste
fiche
auteur
(document 1)
Dans une perspective théorique, on ne s'intéresse pas à l'individu pour mieux montrer que la classe sociale est
déterminée par des conditions matérielles et qu'elle s'impose aux individus mais aussi pour montrer l'opposition
irréductible (puisqu'elle ne tient pas à l'attitude des individus) entre ces différentes classes. Cela renvoie à une
analyse matérialiste, à savoir que ce sont les conditions matérielles de la production des moyens de la
subsistance qui déterminent et structurent l'ensemble de la société, les rapports de production ainsi que leur reflet
dans la superstructure.
Classe sociale = groupe d'individus qui occupent une place donnée dans le processus de production étant
entendu que la place dans le processus de production comporte une double signification :
-place dans le processus technique de production (celui qui travaille / celui qui commande)
-place au niveau juridique (celui qui est propriétaire de la force de travail et qui la vend / celui qui détient du
capital et qui achète de la force de travail)
La classe sociale est donc définie de façon objective par rapport à sa place dans le mode de production.
Mode de production = infrastructure = articulation des forces productives et des rapports de production
caractéristiques d'une société à un moment de son histoire.
Forces productives = Ensemble des relations techniques que l'homme entretient avec son milieu naturel
(quantité et qualité des facteurs de production travail et capital technique).
Rapports de production = ensemble des relations que l'homme entretient avec la société à l'occasion de la
production (nature de la propriété, nature du revenu) Ils se scindent en rapports de propriété (nature de la
propriété et du revenu) et en rapports sociaux (caractéristiques des rapports entre les hommes qui se nouent au
sein de la production).
Superstructure = ensemble des éléments structurels de la société qui s'élèvent au dessus de la base économique
et sont déterminés par elle. Elle est le reflet de l'infrastructure et en particulier des rapports de production qui se
tissent lors de la production (organisation de l'Etat, connaissances scientifiques, lois économiques , droit,
philosophie etc …)
Que les individus aient conscience d'appartenir à telle classe ou pas, qu'ils l'acceptent ou non, importe peu (pour
ce qui est de la classe en soi).
Remarques :
-1 : on fait abstraction ici des propriétaires fonciers qui de toutes façons perdent de l'importance dans la société
au même rythme que la part de la rente dans le schéma théorique on prend en foncière dans le revenu global
diminue compte seulement les capitalistes et les prolétaires (cela se justifie par la bipolarisation et par le fait que
ce sont les seuls agents historiques comme nous le verrons plus loin).
-2 : Les classes sociales en présence changent à mesure que les modes de production changent eux-mêmes
&#xF0E8 on retrouve la perspective matérialiste historique. Chaque société à un moment de son histoire est
caractérisée par un mode de production (et avant tout par l'état des forces productives) et elle crée des classes
sociales. Par exemple, dans la société capitaliste et plus précisément en France au 19ème siècle, Marx présente
dans «les luttes de classes en France», 7 classes sociales (la bourgeoisie financière, la bourgeoisie industrielle, la
bourgeoisie commerçante, la petite bourgeoisie, la paysannerie, le prolétariat et le sous-prolétariat) et ce n'est pas
ce que l'on rencontrait ni dans la société féodale ni dans la société antique. On verra que les 7 classes envisagées
plus haut ne sont pas des agents historiques et donc, elles n'apparaissent pas dans le schéma théorique qui a pour
objectif de comprendre le capitalisme et son évolution.
-3 : Les sociétés successives ne peuvent se comprendre qu'à partir d'une analyse matérialiste dialectique (selon
l'expression de Engels) laquelle stipule que le réel est caractérisé par le changement, qu'il a un sens et que le
changement puise sa source dans l'affirmation des contradictions au niveau de la base matérielle. Ce sont donc
ces contradictions qui génèrent la disparition des classes sociales.
B : Les classes sociales reflètent des relations de domination
Marx s'intéresse plus particulièrement au capitalisme qui est la dernière étape dans la préhistoire des sociétés,
avant l'avènement des sociétés libres. Ce mode de production exacerbe tout en les simplifiant les relations de
domination sur une division manufacturière du travail c'est à dire le salariat.
Division manufacturière du travail = organisation(s) de la production ayant pour caractéristique principale le
fait que les travailleurs parcellaires aient tous vendu leur force de travail au capitaliste. (atelier, fabrique, grande
industrie)
La domination peut prendre plusieurs formes, l'exploitation, la dégradation des conditions de travail et
l’aliénation à mesure que la division manufacturière évolue relativement aux impératifs économiques.
-Analyse de l'exploitation de la force de travail (document 2)
Le capitaliste n'est pas un voleur puisqu'il rémunère la force de travail à sa vraie valeur (selon le théorie de la
valeur travail). L'existence de la plus-value tient au fait que le travail est le seul bien dont la valeur d'usage soit
supérieur à sa valeur d'échange. A ce niveau, la condamnation du système capitaliste n'est pas morale mais
justifiée scientifiquement par le fait que ce mode de production amène inéluctablement le transfert de la richesse
créée pendant le temps de sur-travail du travailleur au bourgeois, situation qui ne s'observait pas avec la division
du travail dans la société. Le problème avec le mode de production capitaliste n'est pas tant l'existence du sur-
travail que celui du transfert de la richesse créée pendant le sur-travail du travailleur vers le bourgeois. Cela est
un premier élément venant légitimer la révolution prolétarienne.
Résumé : la division manufacturière du travail est inhérente au système capitaliste puisqu'elle consiste en du
salariat et elle sert les intérêts des bourgeois en créant les conditions de la domination.
Néanmoins, la domination peut-être jugée insuffisante par les bourgeois relativement à l'intensité de la
concurrence. Ils vont donc continuer à révolutionner les forces productives, en particulier en passant de l'atelier à
la fabrique puis à la grande industrie. Alors, à l'exacerbation s'ajoute l'aliénation.
- fabrique et aliénation
Dans l'atelier, les ouvriers sont des ouvriers de métier, ils utilisent les outils et maîtrisent techniquement le
processus de production. Dans la fabrique, le travail est conçu par un " bureau des méthodes " et relayé par des
machines. L'ouvrier n'est plus un ouvrier de métier mais un OS au service de la machine.
L'indiscipline des ouvriers de métier est pénalisante pour le capital lequel pour faire face aux conditions de la
concurrence doit accroître la productivité du travail (et donc l'exploitation) afin d'accumuler du capital technique
et de moderniser le procès de production.
Pour améliorer l'efficacité dans le processus de production, les capitalistes doivent impérativement confisquer
aux salariés la maîtrise du processus de production et développer des techniques de production plus efficaces
d'où le développement du machinisme (augmentation de la composition organique (c/v)), le passage de l'atelier
rudimentaire à l'usine où les machines sont essentielles dans le procès de production tandis que l'homme est
ramené au simple rang d'accessoire. Il est soumis au rythme de la machine dans l'exécution d'une tâche
rudimentaire. Il n'a plus aucune emprise sur son activité. Au final, le salarié est aliéné.
Aliénation = situation où l'homme devient étranger à lui-même ou bien abandonne une partie de lui-même. Un
homme est aliéné lorsqu'il ne peut pas se réaliser (modifier son environnement et en avoir conscience), lorsqu'il
est empêché dans l'affirmation de son humanité.
Remarques :
- l'aliénation n'est pas un seul abrutissement relatif à la dégradation des conditions de travail. Elle est le «
génocide du peuple ouvrier » dans le sens où le prolétaire n'a pas la possibilité de devenir un homme.
- les conséquences de la division « technique du travail » sur l'aliénation sont déjà appréciées par Jean-Baptiste
SAY pour lequel « c'est un triste témoignage à se rendre que de n'avoir jamais fait que la dix-huitième partie
d'une épingle ; et qu'on n'imagine pas que ce soit uniquement l'ouvrier qui toute sa vie conduit une lime et un
marteau qui dégénère ainsi de la dignité de sa nature, c'est encore l'homme qui par état exerce les facultés les
plus déliées de son esprit ».
La confiscation de la maîtrise du processus de production est une condition de l'accroissement de la plus-value.
De là l'apparition des travailleurs parcellaires complètement assujettis au travailleur collectif, la dégradation des
conditions de travailleurs , le développement de facultés physiques chez le travailleur parcellaire tout à fait
spécifiques aux besoins du procès de production et finalement l’aliénation puisque ce travail déqualifié,
abrutissant n'offre pas à l'individu les possibilités de se réaliser. Les besoins du capitalisme amènent
l'exploitation et le génocide du peuple ouvrier (aliénation) ce qui légitimera la lutte des classes et accélérera
l'effondrement du mode de production capitaliste. Cette lutte des classes est d'autant plus légitime que
l'exploitation et l'aliénation sont le résultat d'un processus historique qui n'a pas de nécessité naturelle et doit
donc être dépassé (puisque le capitalisme conduit à cette situation, il faut supprimer le capitalisme).
Remarques :
- Les bourgeois oppressent les prolétaires parce qu'ils ont une conscience de bourgeois relative à leur position
dans le mode de production. Comme les prolétaires, ils vivent une forme d'aliénation en consacrant leur vie à
l'accumulation du capital.
- Les contradictions économiques ne sont pas suffisantes pour qu'il y ait effondrement du capitalisme lequel
suppose l'émergence d'une conscience politique prolétarienne
Synthèse : Puisque les classes sociales sont déterminées par leur position dans le processus de production, elles
reflètent les relations de domination caractéristiques du mode de production. Ainsi, les capitalistes sont la classe
dominante tandis que le prolétariat est la classe dominée. Nous avons vu dans le thème « Marx et la division du
travail comme élément historique de domination » que cette domination découle de la vente par les prolétaires de
leur force de travail au capitaliste et qu'elle se manifeste par l'exploitation et l'aliénation. La domination est plus
ou moins prégnante selon le niveau de développement des forces productives (production dans l'atelier ou dans
la fabrique) et finit par ajouter l'aliénation à une exploitation toujours plus forte. La logique du capital (nécessité
de faire face à la concurrence en augmentant la composition organique du capital, recherche immodérée du
profit) conduit inexorablement à l'affirmation de ces relations de domination (qui apparaîtront comme autant de
contradictions (cf II ; B)).
II :…...et elle est le ressort du mouvement historique
A : la lutte des classes ; moteur de l'histoire
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