Chapitre 2 : La participation politique
2.1- Quelle est l’influence de la culture politique sur les attitudes politiques ?
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Définitions
Culture : ensemble des normes, valeurs sociales et modes de vie socialement hérités et transmis
qui orientent les comportements des membres d’un groupe.
Culture politique : ensemble des normes, valeurs et connaissances forgées par une histoire
commune (qui fait donc référence à un passé et futur commun) qui orientent les opinions et les
comportements publiques.
Révolution anthropologique : expression employée par Rymarski pour désigner la
transformation des structures sociales et le rétrécissement de la sphère familiale.
Filiation politique : partage de la même orientation politique entre parents et enfants.
Identification partisane : attachement affectif transmis par les parents à un des deux grands
partis politiques.
Vote sur enjeu : vote lié au contexte politique, aux enjeux.
Libéralisme économique : doctrine selon laquelle les activités économiques doivent être
orientées par la concurrence, régulées par les mécanismes de marché.
Libéralisme culturel : système de valeurs qui défend les valeurs de l’individu, son
épanouissement, son mode de vie
Synthèse du cours
A. La diversité des cultures politiques
La culture politique est inscrite dans le temps et comporte deux dimensions : un rapport
au passé (mémoire de l’histoire passée et jugements effectués dessus) et une projection vers
l’avenir. Elle comporte trois caractéristiques : cognitive (connaissances sur la vie politique),
affective (affection pour un événement) et évaluative (jugements sur la vie politique).
Dans la société esquimaude traditionnelle, il n’y a pas d’Etat distinct du peuple. La
violence légitime est donc confiée directement aux membres de la société (accords unanimes de
la communauté).
Il existe deux types de participations protestataires : elles peuvent être offensives
(améliorer les salaires, conquérir des droits) mais sont davantage devenues défensives
(conservation des droits acquis).
La droite pense qu’il y a un ordre social, elle est conservatrice. Au contraire, la gauche,
héritière de la révolution française, a pour but un progrès social, qui passe par la lutte
(manifestations). Pour la gauche, certains sont plus avancés que d’autres ; certaines sous-
cultures peuvent se transformer en contre-culture quand elles sont hostiles à la culture
dominante. D’autres peuvent être intégrées à la culture dominante (hip-hop).
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Les ouvriers votaient en majorité à gauche (une partie pour la gauche communiste et une
partie pour la gauche non communiste) et une fraction des ouvriers votait à droite. A partir des
années 1980, suites aux chocs pétroliers et aux politiques de libéralisation du marché
(capitalisme actionnarial), certaines industries ont disparues (textile par exemple) et le chômage
a augmenté. Suite à ces évènements, les ouvriers délaissent leurs votes à gauche pour se tourner
vers la droite, voire l’extrême droite ou vers l’abstention.
Les valeurs des français ont évoluées depuis les années 1980. Avec l’effacement du
christianisme, on constate une plus grande tolérance envers l’euthanasie, le divorce,
l’avortement ou encore l’homosexualité. En revanche, lorsque des comportements portent sur
des biens (voler une voiture, tricher dans sa déclaration d’impôts), la tolérance a diminué.
Cette évolution a une influence sur les comportements politiques : les votes se penchent
plus à gauche et les partis modifient leur offre électorale afin de toucher un maximum
d’électeurs.
Il existe trois facteurs à l’origine des révolutions du monde arabo-musulman : la hausse
du taux d’alphabétisation, la baisse des indices de fécondité et la hausse de l’individualisme (qui
conduit à une baisse de la religion). Ces révolutions sont une période de transition dans laquelle
la culture se transforme (baisse des faits religieux, apparition de revendications, transformation
des structures familiales...).
Pour Todd et Courbage, on assiste à une homogénéisation des cultures politiques civiles
dans le monde avec une hausse de l’individualisme et de la culture démocratique.
La « révolution anthropologique » aboutit à un recul des faits religieux et des rapports
sociaux. A long terme, on pourrait voir apparaître un « rendez-vous des civilisations » autour de
la démocratie.
B. Comment s’opère la socialisation politique ?
La politique se « transmet » souvent de parents à enfants (Jean-Marie et Marine Le Pen,
Nicolas et Jean Sarkozy, Jacques Delors et Martine Aubry) pour de multiples raisons :
La vie familiale est tournée vers la politique (chez eux, repas de famille…)
Une forte culture politique est transmise (capital politique, capacité d’évaluation..)
Le capital social est important ; les enfants bénéficient des réseaux de militants des
parents, de leurs connaissances politiques…
Cependant, au sein d’une même famille, des différences peuvent apparaître (entre Marine Le Pen
et Marion Maréchal Le Pen).
L’apprentissage politique des enfants se fait par la transmission de normes et de valeurs
(récits des parents, pratiques….). Il se fait par imprégnation ; les explications ne sont pas
explicites.
La famille tient une place importante dans la socialisation politique d’un enfant :
Précoce : dès la naissance
Intense : tout au long de la vie
Affective
D’autres instances entrent en jeu dans la socialisation politique d’un enfant : les médias,
l’école, les groupes de pairs, les institutions, les syndicats…
La filiation politique est très importante. 2/3 des enfants partagent les mêmes
convictions politiques que leurs parents (la transmission est plus forte à gauche et aux
extrêmes).
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De nombreux facteurs entrent en compte dans la filiation politique :
Intérêt des parents pour la politique (facteur le plus important)
Force des préférences parentales
Homogénéité des choix politiques des parents
Visibilité des choix politiques des parents
Même si la reproduction politique peut être très forte, elle ne peut pas atteindre les 100% pour
plusieurs raisons :
La famille n’est pas le seul facteur qui entre en jeu
La mobilité sociale peut aboutir à un changement de vote
La famille peut être « brouillée » (famille recomposée)
La sensibilisation politique débute donc dès la socialisation primaire. Lors de cette période,
les médias peuvent entrer en jeu. Les Guignols de l’info :
Contribuent à former des représentations politiques
Donnent un sens aux évènements (grille de lecture)
Cependant, les politiques étant caricaturés, les Guignols désacralisent la politique et créent
ou renforcent une crise de confiance entre les élites et le peuple.
C. Le rôle du clivage gauche-droite dans la formation des attitudes politiques
Dans les années 1950, les américains étaient très attachés à un des deux grands partis, ce
qui garantissait la stabilité des votes : c’est l’identification partisane (ou le paradigme de
Michigan). Le modèle s’est importé en France dans les années 1960 sous le nom de clivage
gauche-droite. La majorité des citoyens s’identifient à un parti, mais une part de la population ne
s’identifient pas et sont susceptibles de changer de vote (volatilité électorale) en fonction de
différents facteurs : c’est le vote sur enjeu.
Aujourd’hui, l’identification partisane est beaucoup plus faible : l’hérédité politique a
diminué, les valeurs sont davantage individualistes, les individus sont plus informés, instruits et
contestataires ; ils sont donc plus affranchis des clivages politiques.
Traditionnellement, le libéralisme économique est une valeur de droite, tandis que le
libéralisme culturel en est une davantage de gauche. Aujourd’hui, il existe un « brouillage » de
plusieurs idées politiques (libéralisme partagé à gauche, redistribution, droite moins
conservatrice…)
Selon René Rémond dans Les droites de France de 1815 à nos jours, il existe trois types
de droite :
Légitimiste : cette droite est contre-révolutionnaire, chrétienne, conservatrice,
antirépublicaine
Orléaniste : ce sont les libéraux
Bonapartiste : cette droite prône un Etat très fort, l’ordre, l’autorité.
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Différences
Gauche
Droite
Culturelles et idéologiques
Egalité, libéralisme culturel
Responsabilité individuelle,
autorité
Economiques
Etat-providence
Libéralisme économique
Historiques
Progrès social, émancipation des
individus
Ordre social immuable,
conservatisme
Sociologiques
Salariés du publique, plus
diplômés, classe populaire et
moyenne
Cadres du privé, propriétaires,
indépendants
Politiques
Grands principes (liberté égalité
fraternité), priorité aux
parlementaristes
Indépendance de la France, figures
fortes, exécutif fort, appel direct au
peuple par référendum
Selon les domaines, le clivage gauche-droite est plus ou moins présent aujourd’hui en
France :
Libéralisme économique : le clivage gauche-droite est toujours présent (gauche contre la
limitation du droit de grève dans les transports et droite très favorable par exemple)
Libéralisme culturel : dépend des sujets. Sur l’autorité parentale, gauche et droite
s’accordent pour dire qu’elle a quasi disparue (effacement du clivage). Sur le droit
d’adoption pour les homosexuels, le clivage est présent (droite hostile)
Valeur humanistes : le clivage n’est plus trop présent (sauf immigration)
Le brouillage du clivage gauche-droite a de nombreuses raisons :
Changement des structures sociales
Mobilité sociale
Hausse du niveau de diplôme
Brouillage des classes sociales
Homogénéisation culturelle
Pluralité des instances de socialisation
Evolution des valeurs
Cependant la filiation politique reste forte.
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