c’est-à-dire les résultats de l’activité (exemple des assistantes maternelles qui tricotent pour ne pas
s’endormir). Il montre également que mesurer le travail par des indicateurs quantitatifs simples n’est pas
recevable. La méthode de l’évaluation par les compétences qui dote l’évaluateur d’un référentiel de
compétence sur lequel il doit cocher les compétences démontrées par le salarié au cours de l’année ne
permet pas non plus d’obtenir une évaluation totalement objective : car toute évaluation est un compromis
social dont le contenu dépend des rapports de force existant entre les acteurs qui réalisent cette évaluation :
alors que le travail peut se constater, la performance doit nécessairement se juger. Certains auteurs
soulignent également la nécessité de prendre en compte la spécificité culturelle de la France qui peut
expliquer l’échec de certaines évaluations fondées uniquement sur l’atteinte de résultats préalablement
définis[
]. Enfin, les derniers travaux militent en faveur d’une co-construction des outils d’appréciation entre
évaluateurs et évalués.
En quoi les outils et procédures d’évaluation favorisent-ils l’implication de la hiérarchie ? le système
d’évaluation permet aux responsables hiérarchiques de définir précisément les contributions attendues de
la part des membres de leur équipe : à cet égard, les critères de performance identifiés sont une forme de
prescription du travail. H. Mintzberg parle de standardisation par les résultats, plus adaptée aux
organisations actuelles que les formes de standardisation plus anciennes (règles, procédures, modes
opératoires…). Cela rejoint ce que nous a appris la DPO : le simple fait de fixer des objectifs à quelqu’un
contribue à développer sa performance.
Alors pourquoi chercher à tout prix à articuler appréciation des performances et rémunération ?
Pour lier rétributions et contributions. Cela donne l’occasion au manager d’aborder le volet des
rétributions avec les membres de son équipe, de se sentir investi de cette responsabilité, d’être crédible aux
yeux de ses collaborateurs non pas seulement sur la définition et le suivi des contributions mais aussi au
niveau d’une partie de leurs rétributions. Difficulté : s’il évalue les performances des membres de son
équipe, son rôle en matière de rémunération, au mieux consultatif, est souvent quasi nul (décision
d’augmentation prise par le N+3/N+4).
Conclusions : il serait vain de chercher à combattre les pratiques de saupoudrage, qui n’empêchent pas de
produire de la performance, ne disposer que d’enveloppes réduites pour rémunérer le mérite n’est pas un
argument pour ne pas le faire. => La mise en place d’un système de rémunération au mérite est une bonne
porte d’entrée pour faire évoluer le management et surtout les managers.
Ce raisonnement est-il applicable à la FP, autrement dit, faut-il payer les fonctionnaires au mérite pour
développer un nouvel état d’esprit ? Certains pays se sont déjà lancés (RU, Australie, Nouvelle Zélande,
Canada), en France le débat est récurrent depuis de nombreuses années.
Un rapport de l’OCDE du 4/11/2004 sur la rémunération des agents publics liée aux performances
(RLP) fait le point sur les principales tendances dans les pays de l’OCDE. Il montre qu’il y a une extension
continue des systèmes de RLP puisque deux tiers de pays de l’OCDE ont tenté de relier formellement la
performance à la rémunération. De plus les politiques de RLP ne sont plus limitées à l’encadrement, elles
évoluent vers des systèmes de plus en plus décentralisés et les systèmes de RLP collective sont les plus
répandus (RLP se faisant au niveau de l’équipe ou d’une direction parfois en complément des systèmes de
RLP individualisés). Dans le même temps, le rapport constate que la part des paiements liés à la
performances est limitée (moins de 10 % du salaire de base au niveau des employés, autour de 20 % du
salaire de base au niveau de l’encadrement), les primes ayant tendance à remplacer les augmentations au
mérite. Les difficultés de mise en œuvre de la RLP sont énumérées (difficulté à évaluer les performances,
problèmes associés aux systèmes de notation très formalisés et détaillés, résistance des syndicats, des
employés et de l’encadrement intermédiaire, coûts financiers mais aussi temps et travail de mise en place
sous-estimés…). Enfin le rapport note que la RLP a un impact limité sur la motivation des employés,
mais par ses effets dérivés, elle peut avoir un impact sur la performance individuelle et collective : elle
est en effet une opportunité pour des changements culturels plus larges (incitation à adopter une gestion des
performances basée sur les objectifs, à clarifier les descriptions des emplois et des tâches, effets positifs
potentiels sur le recrutement, effets positifs des systèmes de primes collectives) et un levier pour des
changements dans l’organisation du travail (accent mis sur les politiques de formation, encouragement du
travail d’équipe à travers des primes collectives). En conclusion le rapport liste les principales leçons tirées
[
] P. D’Irirbane a ainsi bien exploré la relation existant entre les modes de management des entreprises et la culture
nationale du pays dans lequel elles sont implantées. Les observations qu’il a effectuées ont montré qu’à la différences des EU
ou des Pays-Bas, la France est particulièrement marquée par la « logique de l’honneur », c’est-à-dire l’importance que chacun
des salariés, à son propre niveau, accorde à la réalisation de sa tâche, non pas selon des procédures définies, mais en fonction
de la conception qu’il a intériorisée de son rôle, de ses responsabilité et selon l’interprétation qu’il fait de la mission qui lui
incombe. Au lieu de simplement respecter un contrat, il s’agit plutôt d’accomplir par amour-propre les devoirs que la
coutume fixe à la catégorie à laquelle on appartient. L’évaluation formalisée à travers une procédure et des critères où par
comparaison à des objectifs préalablement fixés, semble être avant tout en phase avec le modèle américain, fondé sur la
conclusion d’une contrat équitable entre le supérieur et son subordonné.