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L’Agit propose Eugène ou le choisi
Texte et Mise en Scène :
François Fehner
Cofondateur, de 1984-88, de la
Compagnie Nelson Dumont,
dirigée par le metteur en scène
H.Bornstein, François Fehner joue
sous la direction de ce dernier
dans Andrea (Serge Rafy, 1985),
Dieu Aboie-t-il (François Boyer,
Festival d’Avignon 1985) et Catch
(Création collective 1988).
En 1987, il signe la mise en scène
de Zoo Story d’Edward Albee,
avec Eric Lareine. Il fait du
théâtre de rue, d’abord avec le
Phun (La vengeance des semis,
1987), puis avec Royal de Luxe
(Waterclasch, 1988).
Il est comédien jusqu’à
aujourd’hui et jouera de
nombreuses pièces pour l’Agit et
pour d’autres compagnies
(l’heureux stratagème de
Marivaux, L’Opéra du pauvre de
Léo Ferré, Dom Juan de Molière
(mise en scène Jacques Rosner,
1991). « cendres de cailloux »
Daniel Danis 2000 En votre cie : ;
« La Mouette » : Tchekhov 2004.
François Fehner fonde et dirige la
Compagnie Agit, au sein de
laquelle il se consacre à la fois à
l’adaptation et à la mise en
scène : deux pièces courtes de
Tennessee Williams en 90 Les
Funambules (d’après Jean
GENET 91). La Force de
l’Habitude (Thomas Bernhard,
1993), Cabaret Tchekhov
(1995/97), Jacques et son
maître (Milan Kundéra, 1998/99)
Les fraises salées (J.M
Laclavetine) en 2000. En 2002 il
crée et met en scène une pièce
écrite pour lui par Alain Gautré
Poucet.
Il se lance à son tour dans
l’écriture en 2003 avec Eugène.
Assistanat et mise en
Scène : Hélène Sarrazin
De 1987 à 1999, elle co- dirige
avec Patrick Abéjean «Les
Cyranoïaques».
Elle travaille avec la Cie l’Agit
depuis le Cabaret Tchekhov,
1995.
Assistante de nombreux metteurs
en scène, elle est aussi, elle-
même, metteur en scène : La
Noce (Denise Bonal), Monsieur
Marcel (d’après M.Proust), Les
Fraises Salées (Jean-Marie
Laclavetine, 2000).
Scénographie et décors :
Pierre Dequivre
Travaille depuis 20 ans à la
réalisation de décors, d’objets
spéciaux, de machines, de
maquettes ou de moulages dans
divers domaines artistiques.
Chef constructeur, accessoiriste
décor, menuisier, serrurier sur de
nombreuses productions
cinématographiques, collabore
avec « la Machine » à la
sculpture du bestiaire géant du
Royal de Luxe, réalise les décors
de Mladen Materic, du
« Théâtre de l’Acte », de la
« CIE 111 », des moulages pour
les « Acrostiches » ou « 12
Balles dans la peau ».
NOTES DE L’AUTEUR
Inspirée d’une histoire familiale cette pièce retrace l’histoire
d’une famille alsacienne de Colmar entre 1940 et 1946. Cette
tragi-comédie au petit goût de « Festen » nous rappelle que
l’enfer est pavé de bonnes intentions et que l’Alsace est une
région bien particulière.
… Ce sont des souvenirs d’enfance - rêvés - L’Alsace nourricière - les
odeurs de bonne bouffe - la ravissante charcutière qui remplaçait
avantageusement la boulangère dorée d’autres imaginaires. Et cette
ambiance, tout le temps.
Cette langue que je ne comprenais pas. Les aînés qui tous la parlaient
mais qui ne voulaient pas que ça leur « survive », qui parfois faisaient
semblant de ne pas la comprendre. Les mots jetés ; boches, petits
juifs - sans malignité dans l’oreille d’un enfant mais qui en vieillissant
prirent du sens, des sens, vrais ou faux -Visionnaires ou fantasmés.
L’histoire n’est pas toujours racontée et oublie des morceaux. Surtout
quand ceux qui pourraient dire, si tant est qu’ils l’aient voulu, ont
disparu.
Et après il y a moi qui veux écrire, l’apprenti sorcier, l’empêcheur
d’arrangements.
Alors on se dit que le scénario peut venir éclairer quelques unes de
nos lanternes. Tester les conséquences, de nos actes, mettre en
scène, concentrer les actes, voulus, inconscients, justifiés -
justifications - histoires de conscience - de bonnes consciences, qui
avec le temps glissent vers... affreux, sales et méchants !
Mais c’est dans l’excès qu’on s’explique à soi-même, qu’on ressent
parfois. Le théâtre est là pour ça. En exagérant, en enfonçant le clou,
en laissant aller vers « si ça c’était réellement passé comme ça,
jusqu’où ça pourrait aller »
Entre la curiosité, la nausée, et un peu de honte d’avoir vu si noir, on
bâtit une histoire. Et l’histoire est là, parle d’autres histoires, raconte
d’autres gens qu’on ne connaît pas, recréant une autre réalité. Une
fiction totale. Mais éclairante. Tout ça est faux, mais tout ça, on le
sait, pourrait être vrai.
Et puis il y aura les acteurs, le grotesque des situations, l’humour, la
tendresse et la drôlerie des complicités, qui panseront, le temps de la
pièce, la violence des mots. Peut-être avec le temps, comme la queue
d’un parfum, elle ressortira avec le souvenir.
François FEHNER