C/D C/E C/F
D/E D/F
E/F
En l’absence d’étalon commun à tous les biens, l’évaluation de toutes les valeurs relatives, constitue un
obstacle insurmontable ; ainsi dans le cas où l’on a 40 biens à évaluer, cela signifie 780 combinaisons possibles ;
analyse combinatoire : la formule générique est pour n biens
C<n = n!/(n-2)!*2!
Si on choisit, dans l’exemple précédent, un des biens comme étalon en lui donnant la valeur 1, le nombre de
combinaisons est moins important, il est de n-1 ( 40-1 = 39 ) soit 39 prix.
2. La monnaie comme réserve de valeur : durabilité
Selon J-M KEYNES : "
L'importance de la monnaie découle essentiellement du fait qu'elle constitue un lien
entre le présent et l'avenir
".
Ainsi, elle peut être conservée afin de reporter dans le temps des achats.
Le risque, est toutefois, de voir la valeur de la monnaie décroître pour cause d'inflation ( baisse du pouvoir
d'achat ).
3. La monnaie comme moyen de paiement : acceptabilité
On peut se demander si la fonction de moyen de paiement n'est pas subordonnée à la confirmation des
fonctions précédentes. Par exemple, la notion de réserve de valeur est fondamentale pour celui qui reçoit le
paiement en monnaie, et s’apprête à conserver ladite monnaie ; elle conditionne de fait, l’acceptation de la
monnaie comme moyen de paiement.
La monnaie est acceptée d'autant plus facilement qu'elle bénéficie d'une certaine aura cumulative, que lui confère
son acceptation : le processus de la "
dollarisation
" ( P. SALAMA ) en est un exemple flagrant.
Le choix d’une forme de monnaie particulière résulte donc, de la cristallisation ( autour d’un métal ou d’une
monnaie nationale ) de ces trois fonctions indissociables précitées : le dollar en est aujourd'hui l'exemple le plus
abouti.
B. L'approche "essentielle" de la monnaie
Les origines de la monnaie selon la vision "
morphogénètique
" ( Cf.J-P DUPUY ).
René GIRARD, philosophe français vivant aux Etats-Unis et enseignant à l'Université Stanford de Californie, a
donné une explication universelle du fonctionnement social. Selon lui, le problème fondamental auquel est
confronté tout ordre social, est la canalisation de la violence, née du désir mimétique d'appropriation. En
effet, l'homme est la créature qui, au delà, des besoins essentiels, désire intensément mais sans savoir vraiment
quoi : il en vient donc à désirer ce que l'autre désire ( cette théorie s'oppose à la vision freudienne, où l'homme
désire sa mère par exemple ).
Dès lors, la rareté inhérente à la condition humaine fait que chaque bien est susceptible d'être convoité par
plusieurs individus, qui risquent d'utiliser la violence pour en exclure les autres ( "
rivalité mimétique
" ).
Par l'avènement du sacré, les sociétés vont parvenir à transformer ce mimétisme d'appropriation en mimétisme
d'exclusion. Le stratagème consiste à trouver une victime émissaire, sur laquelle sera focalisée la violence, ainsi
exclue du champ social quotidien ( ex : métaphore de Jésus et du troupeau de porcs ). Cette logique expliquerait
des pratiques extrêmement diverses, telles que les rites sacrificiels ( Abraham sacrifiant un bélier pour
épargner son fils, ou les assertions du grand prêtre CAPHE dans la passion du Christ "
il vaut mieux qu'un seul
homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas toute entière
" Evangile selon St Jean ), ou la
prohibition de l'inceste ( cf. C. LEVI-STRAUSS : cours de seconde ).
Dans ce dernier cas, pour extirper la violence née du désir de possession des femmes, de l'intérieur du cercle
familial, on détourne vers l'extérieur les stratégies de conquête. Ce qui aboutit à la consécration de la logique de
l'échange : un groupe donne un homme, l'autre une femme. Ce type d'unions matrimoniales étaient dans les
sociétés traditionnelles, l'occasion de circulation de richesses matérielles et symboliques ( volonté sous-jacente de
création de réseaux d'influence avec en contrepoids, l'ambiguité de la réciprocité, dans l'échange et le don ).