
Diarrhée chronique (303) - 5 -
suspectée, on fera ensuite un transit du grêle et parfois un scanner.
A ce stade, le diagnostic est fait dans plus de 90% des cas. Les principaux diagnostics qui auront été
faits sont les suivants:
cancer colorectal (coloscopie): le cancer n’est responsable d’une diarrhée que s’il est sténosant
(sténose incomplète), donc à un stade avancé avec une altération de l’état général, des douleurs
abdominales, une alternance diarrhée-constipation, parfois des métastases (foie, Troisier, carcinose
péritonéale) (très fréquent)
diabète (glycémie) (mais le mécanisme précis de la diarrhée doit parfois être étudié par d’autres
examens) (cf plus loin) (très fréquent)
causes médicamenteuses (très fréquent): de façon générale, les médicaments susceptibles d’induire
une diarrhée et non indispensables doivent être arrêtés (cf liste) ; toutefois le mécanisme de la
diarrhée doit parfois être étudié : par exemple colite microscopique induite par les veinotoniques,
colite pseudomembraneuse induite par les antibiotiques
hyperthyroïdie (TSH) (fréquent)
tumeur villeuse rectosigmoïdienne étendue (coloscopie): émission de grandes quantités de mucus,
hypokaliémie (très rare)
maladie inflammatoire de l’intestin (Crohn, RCH) (iléocoloscopie) (assez fréquent)
colite microscopique (lymphocytaire, collagène) (biopsies coliques) (rare)
maladie cœliaque (biopsies duodénales) : première cause de diarrhée par malabsorption (cf plus
loin) (rare)
amibiase intestinale (examen parasitologique des selles), lambliase (parasites vus sur l’analyse
anatomopathologique des biopsies duodénales) (rare)
pancréatite chronique et cancer du pancréas (échographie et scanner du pancréas) (assez fréquent)
consommation excessive d’alcool (très fréquent): suffit à elle seule à expliquer une diarrhée, car
cesse à l’arrêt, mais d’autres maladies induites par une consommation excessive d’alcool sont
souvent en cause (pancréatite chronique). Compte tenu de la fréquence de la consommation
excessive d’alcool, on doit se méfier de ne pas passer à côté d’une maladie sans lien avec l’alcool
conséquences de la chirurgie abdominale (interrogatoire, analyse des antécédents), mais le
mécanisme précis de la diarrhée doit parfois être étudié par d’autres examens (rare)
troubles fonctionnels intestinaux (diagnostic le plus fréquent) : c’est un diagnostic d’élimination,
mais que l’on suspecte d’emblée à l’interrogatoire
Ces différents examens de base permettront également de faire ou de suspecter la plupart des autres
diagnostics (rares ou exceptionnels) des maladies digestives responsables de lésions macroscopiques
ou microscopiques du tube digestif accessibles aux explorations endoscopiques standard (gastroscopie
avec biopsies duodénales et iléo-coloscopie avec biopsies iléales et coliques) : Whipple, amylose,
infections parasitaires, mycobactériose ou infections virales (cytomégalovirus) des immunodéprimés
(SIDA), lymphome.
III- Approche diagnostique physiopathologique
Nous allons maintenant détailler les différentes causes de diarrhée chronique en fonction des
mécanismes physiopathologiques. Les principales causes de diarrhée déjà citées vont être reclassées
selon leur mécanisme.
Les principaux examens fonctionnels pratiqués si la cause n’est pas évidente ou si on désire connaître
le mécanisme physiopathologique de la diarrhée sont :
le test au rouge carmin : le malade ingère le matin au petit déjeuner du rouge carmin et surveille
l’aspect des selles. Le temps d’apparition du carmin dans les selles mesure la vitesse du transit
oro-anal. On considère qu’il y a accélération du transit si ce temps est inférieur à 8 h (en général il
est inférieur à 5-6 h dans les diarrhées motrices). Attention à arrêter les médicaments ralentisseurs
du transit avant le test. Facile à faire, mais n’est pas disponible partout.