Gregor Mendel est aujourd’hui reconnu comme le père
fondateur de la génétique, mais il n’en fut pas ainsi de son
vivant. Les travaux de ce moine morave qui cultivait des pois dans un jardin
expérimental n’intéressèrent tout d’abord pas grand monde. En 1866, alors
que Mendel publie l’article retraçant dix années d’expériences d’hybridation
chez les végétaux et l’adresse aux sociétés scientifiques des quatre coins du
monde, les réactions sont mitigées, voire inexistantes. Le monde scientifique
n’est pas prêt à reconnaître la qualité de ses résultats. Ce n’est qu’en
1900 que la publication de trois nouveaux articles signés Hugo
de Vries, Carl Correns et Erich von Tschermark révèle des résultats
similaires à ceux de Mendel. Les trois scientifiques reconnaissent
aussitôt l’antériorité des travaux du moine-chercheur et le réhabilitent. La génétique est
officiellement né, près de cinquante ans après l’élaboration des fameuses " lois de Mendel ".
Johann Gregor Mendel naît le 22 juillet 1822 à Heisendorf, petit village de Moravie, dans une famille
de paysans encore sous le joug féodal. Doué pour les études, le jeune garçon est très vite
remarqué par le curé du village qui décide de l’envoyer poursuivre ses études loin de chez lui.
Mendel est obligé de travailler pour subvenir à ses besoins, le soutien de sa famille ne suffisant
pas. En 1840, il rejoint l’Institut de Philosophie d’Olomouc afin d’y suivre deux années préparatoires
à l’entrée à l’Université. Dans une situation économique précaire, Mendel trouve appui auprès de sa
jeune sœur qui va jusqu’à renoncer à une partie de sa dot pour financer les études de son frère. A
la fin de ces deux années, Mendel est découragé ; devoir lutter pour continuer ses études l’épuise
physiquement et moralement. L’un de ses professeurs lui propose alors d’user de
ses relations auprès de l’abbé Napp afin de le faire accepter au monastère de
Brno. Mendel accepte l’offre et c’est ainsi qu’à vingt et un an, il choisit "une
place dans la société qui lui épargne les rudesses de la lutte pour la vie". En
septembre 1843, Mendel est reçu au noviciat du monastère de Brno ; il sera ordonné prêtre en
1848.
Dès son arrivée au monastère, Mendel sent tout ce qu’ un milieu culturel
particulièrement stimulant peut apporter à ses aspirations. Il consacre
tout son temps libre à l’étude des sciences naturelles.
Parallèlement, il assure des enseignements scientifiques dans les collèges
et lycées des environs, tâche qu’il apprécie beaucoup. Mais en 1849 paraît
un nouveau décret obligeant tous les enseignants à prendre leur grade à
l’Université. Mendel se rend à Vienne pour passer les examens : c’est
l’échec. Loin de se laisser abattre, Mendel montre toujours plus de soif de
connaissance ; sentant les capacités du moine, l’abbé Napp intervient en sa
faveur afin d’obtenir une place d’étudiant à l’Université de Vienne. Mendel
part donc en 1851 pour suivre les cours de l’Institut de Physique de Johann
Christian Doppler ; il y étudie, en plus des matières obligatoires, la
botanique, la physiologie végétale, l’entomologie, la paléontologie, etc, et
suit même un enseignement de physique expérimentale auprès de Doppler
lui-même. Durant deux années, il acquiert toutes les bases méthodologiques qui lui permettront de