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GRNSEMXXNOM PRENOM ATN
Cours de philosophie
Classe de deuxième année
2012 – 2013
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TEXTE 4
Descartes, 1648
Reconnaissant qu'il y avait certaines pensées qui ne procédaient ni des objets de dehors, ni
de la détermination de ma volonté, mais seulement de la faculté que j'ai de penser : pour établir
quelque différence entre les idées ou les notions qui sont les formes de ces pensées, et les
distinguer des autres qu'on peut appeler étrangères, ou faites à plaisir, je les ai nommées
naturelles, mais je l'ai dit au même sens que nous disons que la générosité, par exemple, est
naturelle à certaines familles, ou que certaines maladies, comme la goutte ou la gravelle, sont
naturelles à d'autres ; non pas que les enfants qui prennent naissance dans ces familles soient
travaillés de ces maladies aux ventres de leurs mères, mais parce qu'ils naissent avec la
disposition ou la faculté de les contracter.
Quiconque a bien compris jusqu'où s'étendent nos sens, et ce que ce peut-être précisément
qui est porté par eux jusqu'à la faculté que nous avons de penser, doit avouer au contraire
qu'aucunes idées des choses ne nous sont représentées par eux telles que nous les formons
par la pensée ; en sorte qu'il n
'y
a rien dans nos idées qui ne soit naturel
à l'esprit ou à la faculté
qu'il a de penser ; si seulement on excepte certaines circonstances qui n'appartiennent qu'à
l'expérience : par exemple, c'est la seule expérience qui fait que nous jugeons que telles ou
telles idées que nous avons maintenant présentes à l'esprit se rapportent à quelques choses
qui sont hors de nous ; non pas à la vérité que ces choses les aient transmises en notre esprit
par les organes des sens telles que nous les sentons, mais à cause qu'elles ont transmis
quelque chose qui a donné occasion à notre esprit, par la faculté naturelle qu'il en a, de les
former en ce temps-là plutôt qu'en un autre.
(…) D'où il suit que même les idées du mouvement et des figures sont naturellement en nous : et à
plus forte raison les idées de la douleur, des couleurs, des sons, et de toutes les choses semblables,
nous doivent-elles être naturelles, afin que notre esprit, à l'occasion de certains mouvements corporels
avec lesquels elles n'ont aucune ressemblance, se les puisse représenter. Mais que peut-on feindre de
plus absurde que de dire que toutes les notions communes qui sont en notre esprit procèdent de ces
mouvements, et qu'elles ne peuvent être sans eux ? Je voudrais bien que notre auteur m'apprit quel est
le mouvement corporel qui peut former en notre esprit quelque notion commune, par exemple celle-ci :
que les choses qui conviennent à une troisième conviennent entre elles, ou telle autre qu'il lui plaira ; car
tous les mouvements ne sont que particuliers et les notions sont universelles, et mêmes elles n'ont
aucune affinité avec ces mouvements, et ne se rapportent en aucune façon à eux.
Réponse au placard de Régius