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GRNSEMXXNOM PRENOM ATN
Cours de philosophie
Classe de deuxième année
2012 2013
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LES TEXTES DE PHILOSOHIE
TEXTE 0
François Jacob, 1981
C'est probablement une exigence de l'esprit humain d'avoir une représentation du
monde qui soit unifiée et cohérente. Faute de quoi apparaissent anxiété et
schizophrénie. Et il faut bien reconnaître qu'en matière d'unité et de cohérence,
l'explication mythique l'emporte de loin sur la scientifique.
Car la science ne vise pas d'emblée à une explication complète et définitive de
l'univers. Elle n'opère que localement. Elle procède par une expérimentation
détaillée sur des phénomènes qu'elle parvient à circonscrire et définir. Elle se
contente de réponses partielles et provisoires.
Qu'ils soient magiques, mythiques ou religieux, au contraire, les autres systèmes
d'explication englobent tout. Ils s'appliquent à tous les domaines. Ils répondent à
toutes les questions. Ils rendent compte de l'origine, du présent et même du
devenir de l'Univers.
On peut refuser le type d'explication offert par les mythes ou la magie. Mais on ne
peut leur dénier unité et cohérence car, sans la moindre hésitation, ils répondent à
toute question et résolvent toute difficulté par un simple et unique argument a
priori.
À première vue, la science paraît moins ambitieuse que le mythe par les
questions qu'elle pose et les réponses qu'elle cherche. De fait, le début de la
science moderne date du moment où aux questions générales se sont
substituées des questions limitées ; où au lieu de se demander : «Comment
l'univers a-t-il été créé ? De quoi est faite la matière ? Quelle est l'essence de la
vie ? », on a commencé à se demander «Comment tombe une pierre ? Comment
l'eau coule-t-elle dans un tube ? Quel est le cours du sang dans le corps ? ».
Ce changement a eu un résultat surprenant. Alors que les questions générales ne
recevaient que des réponses limitées, les questions limitées se trouvèrent
conduire à des réponses de plus en plus générales. Cela s'applique encore à la
science d'aujourd'hui. François Jacob, Le Jeu des possibles (1981), Fayard, pp. 26-28
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TEXTE 1
Bertrand RUSSEL, 1912
La valeur de la philosophie doit en réalité surtout résider dans son caractère
incertain même.
Celui qui n'a aucune teinture de philosophie traverse l'existence, prisonnier de
préjugés dérivés du sens commun, des croyances habituelles à son temps ou à
son pays et de convictions qui ont grandi en lui sans la coopération ni le
consentement de la raison.
Pour un tel individu, le monde tend à devenir défini, fini, évident ; les objets
ordinaires ne font pas naître de questions et les possibilités peu familières sont
rejetées avec mépris.
Dès que nous commençons à penser conformément à la philosophie, au
contraire, nous voyons, […], que même les choses les plus ordinaires de la vie
quotidienne posent des problèmes auxquels on ne trouve que des réponses très
incomplètes.
La philosophie, bien qu'elle ne soit pas en mesure de nous donner avec certitude
la réponse aux doutes qui nous assiègent, peut tout de même suggérer des
possibilités qui élargissent le champ de notre pensée et délivre celle-ci de la
tyrannie de l'habitude.
Tout en ébranlant notre certitude concernant la nature de ce qui nous entoure,
elle accroît énormément notre connaissance d'une réalité possible et différente;
Elle fait disparaître le dogmatisme quelque peu arrogant de ceux qui n'ont jamais
parcouru la région du doute libérateur,
Et elle garde intact notre sentiment d'émerveillement en nous faisant voir les
choses familières sous un aspect nouveau.
Problèmes de philosophie, trad. Guillemin, Petite Bibliothèque Pavot, 1968, pp. 182-183.
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TEXTE 2
Maurice MERLEAU-PONTY, 1953
Le philosophe moderne est souvent un fonctionnaire, toujours un écrivain, et la
liberté qui lui est laissée dans ses livres admet une contrepartie : ce qu'il dit
d'emblée entre dans un univers académique où les options de la vie sont amorties
et les occasions de la pensée voilées.
Sans les livres, une certaine agilité de la communication aurait été impossible,
et il n'y a rien à dire contre eux. Mais ils ne sont enfin que des paroles plus
cohérentes.
Or, la philosophie mise en livres a cessé d'interpeller les hommes. Ce qu'il y a
d'insolite et presque d'insupportable en elle s'est caché dans la vie décente des
grands systèmes.
Pour retrouver la fonction entière du philosophe, il faut se rappeler que même
les philosophes-auteurs que nous lisons et que nous sommes n'ont jamais cessé
de reconnaître pour patron un homme qui n'écrivait pas, qui n'enseignait pas, du
moins dans des chaires d'Etat, qui s'adressait à ceux qu'il rencontrait dans la rue
et qui a eu des difficultés avec l'opinion et avec les pouvoirs, il faut se rappeler
Socrate.
La vie et la mort de Socrate sont l'histoire des rapports difficiles que le
philosophe entretient - quand il n'est pas protégé par l'immunité littéraire - avec
les dieux de la Cité, c'est-à-dire avec les autres hommes et avec l'absolu figé dont
ils lui tendent l'image.
Si le philosophe était un révolté, il choquerait moins. Car, enfin, chacun sait à
part soi que le monde comme il va est inacceptable ; on aime bien que cela soit
écrit, pour l'honneur de l'humanité, quitte à l'oublier quand on retourne aux
affaires. La révolte donc ne déplaît pas.
Avec Socrate, c'est autre chose. Il enseigne que la religion est vraie, et on l'a
vu offrir des sacrifices aux dieux. Il enseigne qu'on doit obéir à la Cité, et lui obéit
le premier jusqu'au bout. Ce qu'on lui reproche n'est pas tant ce qu'il fait, mais la
manière, mais le motif. Il y a dans l'Apologie un mot qui explique tout, quand
Socrate dit à ses juges : « Athéniens, je crois comme chacun de ceux qui
m'accusent. » Parole d'oracle : il croit plus qu'eux, mais aussi il croit autrement
qu'eux et dans un autre sens. Eloge de la philosophie, col. Idées, Gallimard
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TEXTE 3
HUSSERL, 1978
En premier lieu, quiconque veut vraiment devenir philosophe devra «une fois dans
sa vie» se replier sur soi-même et, au-dedans de soi, tenter de renverser toutes
les sciences admises jusqu'ici et tenter de les reconstruire. La philosophie - la
sagesse - est en quelque sorte une affaire personnelle du philosophe. Elle doit se
constituer en tant que sienne, être sa sagesse, son savoir qui, bien qu'il tende
vers l'universel, soit acquis par lui et qu'il doit pouvoir justifier dès l'origine et à
chacune de ses étapes, en s'appuyant sur ses intuitions absolues.
Du moment que j'ai pris la décision de tendre vers cette fin, décision qui seule
peut m'amener à la vie et au développement philosophique, j'ai donc par là même
fait vœu de pauvreté en matière de connaissance. Dès lors il est manifeste qu'il
faudra d'abord me demander comment je pourrais trouver une méthode qui me
donnerait la marche à suivre pour arriver au savoir véritable.
Les méditations de Descartes ne veulent donc pas être une affaire purement
privée du seul philosophe Descartes, encore moins une simple forme littéraire
dont il userait pour exposer ses vues philosophiques. Au contraire, ces
méditations dessinent le prototype du genre de méditations nécessaires à tout
philosophe qui commence son œuvre, méditations qui seules peuvent donner
naissance à une philosophie.
Méditations cartésiennes, trad. E. Levinas, Ed. Vrin 1978, pp.1-5.
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TEXTE 4
Descartes, 1648
Reconnaissant qu'il y avait certaines pensées qui ne procédaient ni des objets de dehors, ni
de la détermination de ma volonté, mais seulement de la faculté que j'ai de penser : pour établir
quelque différence entre les idées ou les notions qui sont les formes de ces pensées, et les
distinguer des autres qu'on peut appeler étrangères, ou faites à plaisir, je les ai nommées
naturelles, mais je l'ai dit au même sens que nous disons que la générosité, par exemple, est
naturelle à certaines familles, ou que certaines maladies, comme la goutte ou la gravelle, sont
naturelles à d'autres ; non pas que les enfants qui prennent naissance dans ces familles soient
travaillés de ces maladies aux ventres de leurs mères, mais parce qu'ils naissent avec la
disposition ou la faculté de les contracter.
Quiconque a bien compris jusqu'où s'étendent nos sens, et ce que ce peut-être précisément
qui est porté par eux jusqu'à la faculté que nous avons de penser, doit avouer au contraire
qu'aucunes idées des choses ne nous sont représentées par eux telles que nous les formons
par la pensée ; en sorte qu'il n
'y
a rien dans nos idées qui ne soit naturel
à l'esprit ou à la faculté
qu'il a de penser ; si seulement on excepte certaines circonstances qui n'appartiennent qu'à
l'expérience : par exemple, c'est la seule expérience qui fait que nous jugeons que telles ou
telles idées que nous avons maintenant présentes à l'esprit se rapportent à quelques choses
qui sont hors de nous ; non pas à la vérité que ces choses les aient transmises en notre esprit
par les organes des sens telles que nous les sentons, mais à cause qu'elles ont transmis
quelque chose qui a donné occasion à notre esprit, par la faculté naturelle qu'il en a, de les
former en ce temps-là plutôt qu'en un autre.
(…) D'où il suit que même les idées du mouvement et des figures sont naturellement en nous : et à
plus forte raison les idées de la douleur, des couleurs, des sons, et de toutes les choses semblables,
nous doivent-elles être naturelles, afin que notre esprit, à l'occasion de certains mouvements corporels
avec lesquels elles n'ont aucune ressemblance, se les puisse représenter. Mais que peut-on feindre de
plus absurde que de dire que toutes les notions communes qui sont en notre esprit procèdent de ces
mouvements, et qu'elles ne peuvent être sans eux ? Je voudrais bien que notre auteur m'apprit quel est
le mouvement corporel qui peut former en notre esprit quelque notion commune, par exemple celle-ci :
que les choses qui conviennent à une troisième conviennent entre elles, ou telle autre qu'il lui plaira ; car
tous les mouvements ne sont que particuliers et les notions sont universelles, et mêmes elles n'ont
aucune affinité avec ces mouvements, et ne se rapportent en aucune façon à eux.
Réponse au placard de Régius
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