Variation quantitative de la « MODification » liée à l’Incompatibilité
Cytoplasmique due aux bactéries endosymbiotiques du genre Wolbachia
Sujet de Master proposé dans le cadre de la formation «Ecologie, Biodiversité, Evolution»
par Hervé Merçot - Laboratoire Dynamique du Génome et Evolution, Institut Jacques Monod, Tour 42-4,
Universités Paris 6&7, 2 Place Jussieu 75251 Paris. Tel: 01 44 27 82 84 ou 01 44 27 36 59.
Les Wolbachia sont des bactéries symbiotiques endocellulaires des Arthropodes terrestres.
Elles constituent sans doute l’association symbiotique la plus répandue chez ces derniers. Leur
transmission est de type vertical et maternel, via le cytoplasme de l’œuf. L’invasion des populations
hôtes et le maintien dans celles ci sont assurés grâce à un certain nombre de phénomènes affectant
la sexualité et la reproduction de l’hôte, soit au dépend du sexe non transmetteur (le sexe mâle), soit
au détriment de la descendance des femelles non infectées. Ces phénomènes sont: La féminisation,
l’induction de la parthénogenèse thélytoque, le “male-killing” et l’incompatibilité cytoplasmique.
L’Incompatibilité Cytoplasmique (IC)
L’IC est le phénomène le plus couramment décrit. Elle se traduit par une plus ou moins forte
mortalité embryonnaire dans la descendance d’un croisement incompatible. Typiquement on
distingue deux formes d’IC.
(i) L’IC unidirectionnelle: Elle se manifeste lors d’un croisement entre un mâle infecté et une
femelle non infectée. Le croisement réciproque est fertile, ainsi que le croisement entre deux
individus infectés par la même Wolbachia. En conséquence la proportion d’individus infectés
augmente de génération en génération au sein de la population hôte.
(ii) L'IC bidirectionnelle: Elle se produit lorsque le mâle et la femelle sont infectés chacun par
une Wolbachia différente. La mortalité embryonnaire se manifeste alors dans les deux sens de
croisements selon le niveau d’IC propre à chacune des 2 Wolbachia.
Les fonctions MOD et RESC
On peut décrire l’IC selon 2 fonctions (MODification et REScue), à l’aide d’un modèle
poison-antidote.
Chez un mâle infecté, les Wolbachia, avant leur expulsion des spermatozoïdes, modifient,
via un poison, la structure des chromosomes du gamète. Si un tel spermatozoïde féconde un ovocyte
non-infecté on observe un blocage des chromosomes paternels en plaque équatoriale, un retard dans
la rupture de l’enveloppe du pronucleus mâle et la perte des chromosomes paternels à la première
mitose. Il en résulte un avortement plus ou moins précoce de l’embryon. (Cas de l’incompatibilité
unidirectionelle) Par contre, si l’ovocyte est infecté, les Wolbachia de l’ovocyte vont y produire un
antidote. Deux cas sont alors possibles:
(i) les Wolbachia infectant l’ovocyte sont identiques à celles infectant le mâle. L’antidote
reconnaît la modification due au poison et la corrige. Les chromosomes paternels redeviennent
fonctionnels, l’embryon est sauvé (rescued).
(ii) les Wolbachia infectant l’ovocyte sont différentes de celles infectant le mâle. La
modification n’est pas reconnue par l’antidote (i.e. qu’il existe une variation qualitative de la
fonction MOD). Les chromosomes paternels restent non fonctionnels, l’embryon avorte (cas de l’IC
bidirectionnelle).
Plusieurs modèles théoriques ont été proposés, (“ serrure-clé ”, “ titration-restitution ”,
“ retard ”) pour rendre compte des mécanismes de l’IC. Cependant les bases moléculaires de ce
phénomène restent totalement inconnues, tant du point de vue de la bactérie (fonction MOD et
RESC) que du point de vue des cibles impliquées chez l’hôte.