République Islamique de Mauritanie Organisation des Nations Unies pour
Ministère de Développement rural l'Agriculture et l'Alimentation - FAO
Atelier à mi-parcours
États des lieux et des perspectives du secteur agricole et rural en Mauritanie
Palais des Congrès
1er et 2 Novembre 2006
Alioum Diallo
RESUME EXECUTIF DE LA CONSULTATION
ANALYSE DES MARCHÉS ET DU DÉVELOPPEMENT
DES ENTREPRISES AGRICOLES
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1- Problématique
Le secteur agro-pastoral revêt une importance capitale et stratégique pour le développement
économique et social de la Mauritanie. Sa contribution au PIB est de l’ordre de 17% 4% pour
l’agriculture et 13% en ce qui concerne l’élevage). Il est le premier employeur au niveau
national avec près de 48% des emplois occupés.
Cependant, l’on constate que la contribution des sous secteurs, agricole et élevage au PIB
réel est restée quasiment identique entre 1992 et 2004, avec des variations de faibles
amplitudes au gré des pluviométries enregistrées.
Malgré la place qu’occupe le secteur agro-pastoral dans l’économie nationale, l’agriculture
demeure de façon nérale, peu performante, malgré les efforts consentis par le
Gouvernement depuis plusieurs décennies, en termes de financement et d’investissement.
La Mauritanie souffre d’un déficit chronique pour satisfaire ses besoins alimentaires. Les
importations et l’aide alimentaire dont elle bénéficie permettent de combler ce déficit
structurel essentiellement aux conditions agro-écologiques et pluviométriques
défavorables. La quasi-totalité de la production nationale est autoconsommée et faiblement
transformée. La Mauritanie reste tributaire des importations pour une grande partie de ses
besoins alimentaires.
Par ailleurs, la contribution du secteur au commerce extérieur est en deçà de ses
potentialités du fait du volume important des importations et de la faiblesse quantitative des
exportations qui se limitent à quelques productions maraîchères, et des animaux sur pieds
dont les chiffres ne sont pas maîtrisés. Pourtant, la Mauritanie dispose d’un potentiel
considérable pour l’exportation du cheptel et de ses produits dérivés.
Les efforts consentis à travers les projets et programmes mis en œuvre par le
Gouvernement depuis plusieurs décennies ont certes contribué, en partie, à la modernisation
de l’agriculture, à limiter les effets dévastateurs de la sécheresse et l’avancée du désert,
mais n’ont pas réussi à hisser le secteur à un niveau lui permettant d’assurer la sécurité
alimentaire du pays. Au plan commercial, ces formes ont-elles permis d’accroître la
productivité du secteur tel qu’il puisse être compétitif aussi bien au niveau interne que par
rapport aux marchés externes?
En Mauritanie, le Gouvernement qui poursuivait par le passé une politique d'autosuffisance
alimentaire, grâce à un important programme d'investissements publics notamment dans le
secteur de l'agriculture irriguée, a libéralisé le secteur afin de mieux le dynamiser et
permettre aux opérateurs du secteur privé de prendre le relais de l’État en ce qui concerne la
production proprement dite, et pour certaines types de prestations.
Le désengagement de l’Etat a-t-il permis l’émergence de marchés agricoles dynamiques, à
même de contribuer efficacement à la lutte contre la pauvreté et la sécurité alimentaire, tout
en étant compétitifs sur les marchés intérieurs et extérieurs ?
Dans cet ordre d’idées, force est de reconnaître que ces marchés n’ont pas joué leur rôle
moteur pour le développement du secteur agro-pastoral en Mauritanie. L’organisation
desdits marchés n’a pas été adaptée à l’évolution du contexte économique et social de ces
dernières années. Ils ont plutôt souffert de dysfonctionnements aggravés par des chocs
intérieurs et extérieurs.
La question à présent, est de savoir comment rendre les marchés agricoles mauritaniens
plus efficaces? Et comment appuyer les entreprises et les groupements de production afin
qu’ils participent directement à la dynamisation de ces marchés?
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II Caractéristiques des marchés agricoles en Mauritanie
L’offre alimentaire agricole se compose de la production nationale à laquelle se sont
ajoutées les importations ainsi que les dons dans le cadre de la sécurisation alimentaire.
Cette offre demeure structurellement insuffisante face à la demande. D’ailleurs elle a été en
recul ces cinq dernières années suite à la baisse des superficies cultivées en particulier, en
ce qui concerne la production céréalière. La conséquence immédiate de ce déficit devenu
chronique, est l’augmentation du niveau des importations alimentaires et de l’aide
internationale.
La structure des importations se caractérise par la primauté du blé et de la farine. Les bilans
céréaliers réalisés ces dernières années montrent que la production nationale couvre
rarement plus de 30% des besoins alimentaires de la population.
En revanche le pays est autosuffisant en matière de viandes rouges dont la production est
excédentaire du fait du taux de croissance des cheptels assez significatif. Néanmoins, les
importations de lait et de viandes blanches congelées demeurent relativement importantes.
Les sous-produits de l’élevage (peaux, cuirs et cornes) constituent un potentiel énorme sous
utilisé.
Quant aux produits maraîchers, l’on note une consommation en forte croissance mais
saisonnière et très concentrée en milieu urbain. Le secteur offre de réelles opportunités en
matière de production, de diversification et d’exportation vers des marchés extérieurs
porteurs.
Les marchés agricoles mauritaniens sont caractérisés par des dysfonctionnements dans ses
modes d’organisation et des circuits de commercialisation et distribution ou prédominent des
pratiques informelles. Cela se traduit par :
- une rigidité de l’offre liée aux systèmes de productions nationaux;
- une instabilité des prix, et leur sensibilité aux chocs internes et externes;
- une formation de prix le plus souvent inéquitable du fait de l’asymétrie de
l’information, et de l’absence de systèmes d’information formels et
performants accessibles à tous;
- des difficultés d’accès au marché, en particulier pour les petits producteurs ;
- des problèmes de productivité et de qualité des produits ;
- des services d’appui insuffisants à la production et à la commercialisation ;
- des services financiers inexistants ou insuffisants ;
- une forte influence des marchés frontaliers qui jouent un rôle régulateur.
L’instabili des marchés agricoles limite l’accès des ménages pauvres aux denrées
alimentaires, aussi bien dans les centres urbains, que dans les milieux ruraux et nomades.
Enfin, l’on note que la faible articulation entre l’agriculture et l’industrie mauritanienne limite
la contribution des unités agro-alimentaire au veloppement des marchés agricoles et par
voie de conséquence, à la lutte contre la pauvreté et à la sécurité alimentaire.
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III- Analyse de l’environnement, des stratégies et politiques en faveur du
secteur rural
Les stratégiques et politiques menées en faveur du développement du secteur agro-pastoral
ont-elles été efficaces? Ont-elles permis l’émergence de marchés agricoles dynamiques et
des entreprises performantes dans le secteur?
Ces dernières années, l’agriculture mauritanienne a été modernisée en partie, et l’élevage
est resté excédentaire cela, malgré les aléas climatiques et les fléaux auxquels le secteur a
été confronté.
Les politiques menées par le Gouvernement (libéralisation des prix et du commerce,
désengagement des activités productives etc…) n’ont cependant pas apporté des
améliorations significatives par rapport à la situation de précarité dans laquelle se trouve le
secteur agricole, ni levé les contraintes à son développement (les rendements sont restés en
deçà de ceux escomptés). L’incapacidu pays à satisfaire la demande de produits de base
autrement que par les importations et dons internationaux, témoigne de l’état de fragilité
dans laquelle se trouve le secteur.
L’examen de la situation actuelle montre que les résultats obtenus par la mise en oeuvre des
stratégiques et politiques adoptées sont plutôt mitigés en ce concerne le développement des
marchés et des entreprises agricoles. Si dans l’ensemble, les marchés de produits de base
sont bien approvisionnés, le système de commercialisation quant à lui est resté peu
performant, avec des répercussions évidentes sur la vulnérabilité des ménages les plus
pauvres.
Bien que ces stratégies et politiques couvrent les principaux aspects des différentes
problématiques liées au secteur, il n’en demeure pas moins qu’elles restent centrées sur les
conditions permettant d’améliorer l’offre qui structurellement reste rigide.
De plus, la demande comme levier de changement dont l’impulsion entraînera
inéluctablement des ajustements de l’offre, la concurrence régionale et internationale, la
protection des professions du secteur et des consommateurs, l’organisation et la planification
des marchés, les systèmes d’information, le partenariat public/privé et partenariats inter-
entreprises, et les articulations intra et intersectoriels, a été peu ou pas couvert par ces
orientations stratégiques.
Par ailleurs, est à noter que ces stratégies et politiques ne sont pas explicites en ce qui
concerne l’ajustement entre l’offre et la demande de produits alimentaires dans leurs
différentes dimensions: qualité, gularité, quantité, prix ainsi que distribution des revenus.
En outre, l’accent n’a pas été mis sur les dispositifs de coordination entre les acteurs privés
du secteur alimentaire (entreprises, exploitants agricoles, consommateurs etc…), qui sont au
centre des ajustements par le marché. Cependant, les sources de croissance du secteur et
sa contribution à la réduction de la pauvreté ont occupé une part importante dans ces
stratégies et politiques.
En matière de commerce extérieur, la Mauritanie a souscrit plusieurs engagements
bilatéraux, régionaux et internationaux qui auront des impacts évidents sur le développement
du secteur et des marchés agro-pastoraux. Les mutations attendues des accords
internationaux sur le commerce et le développement n’ont pas été prises en compte par les
stratégies et développement du secteur agro-pastoral.
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IV- Conditions de performance
Les stratégies et politiques menées par le Gouvernement devraient être en mesure
d’assurer une meilleure optimisation de la production agro-pastorale par rapport aux
potentialités du pays avec une vision intégrée, celle d’un secteur performant à triple finalité :
répondre aux besoins croissants du marché interne, lutter contre la pauvreté en assurant la
sécurité alimentaire, et en même temps répondre aux exigences des marchés
internationaux.
Comment les marchés du secteur agro-pastoral peuvent-ils contribuer efficacement à la
réalisation des objectifs fixés en matière de productivité, de lutte contre la pauvreté et de
sécurité alimentaire?
Les marchés agro-pastoraux mauritaniens reposent avant tout sur des filières de production
qu’il convient d’étudier avec précision avant d’envisager des actions visant à optimiser leur
fonctionnement et cela, dans la perspective de la dynamisation des marchés qui leur sont
associés.
En Mauritanie, les besoins financiers et/ou non financiers des entreprises agricoles sont mal
ou pas assurés, en particulier pour les petits exploitants.
Le renforcement des capacités de production et la promotion de systèmes de production
durables constituent une condition incontournable d’amélioration des performances du
secteur agro-pastoral national. A cet égard, l’amélioration de la compétitivi des
exploitations agricoles est une étape indispensable pour le développement du secteur.
Pour cela les autorités devront s’atteler à :
- promouvoir la Recherche /Développement dans le domaine de l’agriculture et de
l’élevage en partenariat avec les professionnels du secteur;
- poursuivre le développement des infrastructures publiques, en particulier la
construction de routes pour désenclaver les zones de production, l’électrification de la
vallée et la réalisation de plusieurs ouvrages d’endiguement;
- mettre en place une normalisation et le contrôle qualité de la production, des
approvisionnements en intrants du secteur (semences, produits phytosanitaires,
engrais, etc…) ;
- mettre en oeuvre un système performant pour la gestion des conséquences des
calamités naturelles, impliquant les sociétés d’assurances, les promoteurs privés et
l’État ;
- consolider et développer le crédit agricole et l’étendre au secteur de l’élevage ;
- appuyer le développement de l’appui conseil aux producteurs ainsi que les services
de maintenance de la machinerie agricole;
- encourager le développement des stations d’embouche bovine et l’implantation
d’unités de production d’aliments pour bétail.
Le renforcement des capacités du système agro-pastoral passe aussi par des actions de
formation à tous les niveaux des filières de production et de commercialisation, et la mise en
place de systèmes d’information sur les marchés performants à même de favoriser la
transparence et l’équité.
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